Le rocher maudit
104 pages
Français

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Description


Une instit emblématique, un ermite branché et un duo d'enquêteurs vaillants face à une énigme surprenante !




L’été indien, 2019, un village dans les Alpes, près des frontières suisse et italienne. Le « meilleur flic de France » est délégué sur place pour enquêter sur une longue série de crimes. Il découvre en la personne sereine de la commissaire-adjointe locale une collègue valeureuse. Sans perdre leur humour, ils se faufilent, à travers le passé et le présent, entre deux clans, en quête de la vérité.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381538020
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISBN : 9782381538020
 
L’œuvre présente sur le fichier que vous venez d’acquérir est protégée par le droit d’auteur. Toute copie ou utilisation autre que personnelle constituera une contrefaçon et sera susceptible d’entraîner des poursuites civiles et pénales.
 
 
 
Le rocher maudit
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
 
Jacques Prange
Le rocher maudit


 
Frank Ricci n’aimait pas enquêter en province.
Il avança vers l’unique taxi stationné devant la petite gare du lieu « Vallée des trois lacs » et s’adressa au chauffeur qui somnolait derrière son volant, vitre baissée :
— Bonsoir maestro, pouvez-vous me conduire au village des trois lacs ?
Pris un peu à vif et à moitié assommé, le chauffeur répliqua :
— Au village des fous ? Les-Trois-Lacs-Village ?
— Volontiers, si ce n’est pas trop vous demander.
— Eh, oui, bien sûr. Montez devant si vous voulez. Vous pouvez mettre votre sac sur la banquette arrière.
Frank s’installa et la Mercedes hybride glissa sans bruit vers la sortie pour rejoindre la départementale D66 qui monte au village.
— C’est loin ? demanda Frank.
— Une vingtaine de minutes, grogna le chauffeur, et j’espère que vous avez du cash, c’est trente euros avec facture et vingt euros sans. Vous n’êtes pas des impôts j’espère ?
— Non. Brigade criminelle de Marseille, en mission. Mais je connais bien les gars des impôts de cette circonscription. Nous n’allons pas en faire un cas, vous me devrez une faveur, c’est tout. Ce sera avec facture, mais pourquoi en espèces ?
— Parce que, dans leur village de riches, là-haut, il n’y a presque pas de réseau, alors les systèmes d’encaissement par carte ne fonctionnent pas.
— Pas de problème pour le règlement. Mais, dites-moi, vous ne semblez pas aimer les gens de ce village. Vous n’avez pas envie de me raconter d’où vient cette animosité ?
— Eh bien, ils nous engagent pour des courses de temps en temps et je ne veux pas être ingrat ni leur faire de procès, mais certains d’entre eux sont arrogants, de nouveaux riches de la deuxième génération pour qui la géologie locale a tout simplement été une bénédiction, sans qu’ils n’en aient le moindre mérite. C’est un peu comparable aux fermiers qui, un peu partout, ont trahi leur métier quand l’urbanisation a gagné les villages et que l’extension des périmètres, votée souvent par des conseillers corrompus, leur a mis de l’or dans les assiettes au lieu de leur traditionnelle soupe aux flocons d’avoine.
— Mais comment devient-on riche ici, dans une pampa où il n’y a rien, sauf un peu d’agriculture ?
— Quand l’État a décidé, dans les années soixante, de construire le barrage au niveau du lac inférieur pour produire de l’électricité, il y en a certains qui se sont bien servis avec leurs terrains et champs. Il paraît que quasiment toutes les familles du village possédaient une ou plusieurs parcelles dans le coin et ainsi, presque personne n’a été victime de cette opération. En plus, elles ont conclu des contrats perpétuels avec la société qui exploite le site pour recevoir l’électricité au village au prix de revient.
— Ceci explique la richesse, mais pourquoi sont-ils fous là-haut ?
— Façon de parler. Mais si vous y êtes pour le travail, et je suppose que c’est en relation avec le meurtre de la jeune femme, vous aurez le temps de voir vous-même et de vous faire votre propre avis . Je vais juste vous donner deux, trois exemples.
— Je vois que vous êtes bien au courant, mais est-ce que ça ne ragote pas un peu aussi dans les villages comme celui-ci ?
— Oui, bien sûr, mais j’ai de bonnes sources. En bas du village, il y a un centre de langues dans une maison qui appartient au maire de la commune. Dans cette maison, pendant une période de six mois, trois jeunes femmes roumaines, très belles, résident et apprennent le français le matin. Le soir, deux de ces trois femmes travaillent comme serveuses à l’auberge « Le Poisson doré ». Elles ne sont pas beaucoup plus habillées que les pauvres poissons qui sont frits avant d’atterrir dans les assiettes des clients. Je vous laisse imaginer la scène quand je vous dis que les pauvres filles, après leur service, sont raccompagnées en bas du village par les copains du maire, ou celui-là même, pour soi-disant les protéger contre les malfrats qui n’existent pas au village, sauf exception aléatoire. Deuxième cas intéressant au village : en haut, vers le chemin qui mène au parc naturel, habite un ermite, personnage apparemment très intéressant qui plante et cultive sa dope et se tape, le soir, des joints célestes dans sa cabane où personne, sauf sa petite-fille, n’a le droit de mettre un pied. Il a un fusil chargé, toujours à proximité, et on ne le dérange pas, police municipale incluse. Troisième cas louche, le curé. Un gigolo d’origine italienne, d’une quarantaine d’années, aux mains magiques qui apaisent les dames du village délaissées par leur mari fatigué ou atteint du démon de midi. Vous voyez le cirque ? Vous en voulez encore ? Nous n’allons pas tarder d’arriver. Je vous laisse où ?
— Au Poisson doré, c’est là que l’administration m’a réservé une chambre.
— Alors, dans l’antichambre du vice, vous n’allez pas vous ennuyer. Voici ma carte si vous avez besoin de prendre l’air hors d’ici. Cyril Corbeau, pour vous servir.
Frank lui paya les 30 euros contre facture, et monta les escaliers de l’auberge.
Décidément, il n’aimait pas enquêter dans les villages.
 
 
Le chauffeur de taxi avait raison. Le manège commença à tourner dès que Frank se pointa devant le comptoir de la réception et activa la cloche en cuivre posée sur un petit morceau de tissu blanc en dentelle brodée. Une jeune femme, petite jupe plissée bleu marine, top beige léger en soie, chignon bien ficelé et quelques mèches de cheveux crépus virevoltant autour de son visage, rouge à lèvres rubis assorti à son vernis, apparut, d’un pas élégant, dans la porte du bureau et observa Frank quelques secondes avant de chuchoter, avec un brin d’accent :
— Coucou, je suis Ilonka, de Timisoara. Je remplace Harriet, notre nouvelle réceptionniste métisse. Le directeur lui explique les nouvelles consignes à appliquer avec le groupe des golfeurs qui arrivent bientôt. Il a dû se rendre dans une chambre avec elle pour lui montrer sur place. Je suis tout à vous, qu’est-ce que je peux faire pour vous rendre service ?
Frank n’en avait rien à secouer qu’elle fût origine de Timisoara, ville roumaine qu’il avait visitée adolescent, du temps de Ceausescu qui y avait d’ailleurs sa résidence d’été. Il n’en gardait pas vraiment les meilleurs souvenirs.
— Timisoara ? fit-il, un peu agacé, est-ce que le café est toujours aussi mauvais à l’Hôtel Continental comme en 1988 ? Il était vraiment moche, je vous assure.
Calmée dans son élan, Ilonka, le regard à la hauteur des yeux de Frank, ne fut pas vexée pour autant et entreprit son travail de réceptionniste remplaçante :
— Alors, Monsieur ? Dites-moi, que puis-je faire pour vous ?
— Ricci, Frank, répliqua-t-il d’un ton neutre, Madame Aliosha Tourmalet de la police de Marseille a réservé une chambre pour moi, pour plusieurs jours.
— Ah oui, tout le village en parle. Alors, c’est vous ?
Le ton choisi « tourna au chocolat », elle mit un peu de velours sur sa langue. Elle le dévisagea de haut en bas et comme Frank était un bel homme, la quarantaine passée, sportif et bien musclé, elle n’avait pas envie de gâcher le premier contact avec ce monsieur qui, qui sait, allait devenir, peut-être, un projet intéressant dans les jours à venir.
— Oui, on vous attendait. Bienvenue au village des trois lacs ! Je vous montre votre chambre ?
Frank avait ce pif de flic qui ne le trompait que rarement et il avait bien senti la mèche qui s’allumait en face. Mais il ne put s’empêcher d’imaginer cette belle femme, élancée, marcher droit dans sa jupette, au milieu du corps des majorettes en formation pour la cavalcade du 14 juillet dans le « village des fous ». Elle devançait alors les conseillers communaux qui, à chaque fête nationale, parce que leur foie et leur estomac gonflaient suite aux excès de table, étaient de plus en plus étriqués dans leur frac élimé.
Après un moment d’évasion dans cette scène burlesque, il conclut qu’elle ne serait peut-être pas au centre de ses intérêts dans l’enquête qui l’attendait, mais il se ravisa, se disant que ce sont parfois les témoins les moins attendus qui apportent le détail qui manque à la résolution de l’affaire.
Il resta donc poli, mais ne suivit pas son invitation.
— Non, ça ira, c’est vraiment très aimable de votre part.
Ilonka avait perdu cette première manche, mais elle lui lança un sourire complice et charmant.
Elle continua à s’affairer, dansant sur ses talons de dix centimètres derrière son comptoir, tandis que Frank prenait sa chambre, grande, mais aucunement extraordinaire. Un vaste balcon donnait sur la vallée, ce qui ne lui déplut pas. Il pouvait ainsi prendre l’air à toute heure et n’était pas logé du côté de la rue où les chauds lapins embarquaient le soir les pauvres étudiantes, de Timisoara ou d’ailleurs. Le lit double qui avait déjà accueilli du monde, propre et un peu mou, n’allait certainement pas enchanter ses lombaires, mais il avait l’habitude, quand il était logé pour son travail, qu’une ou deux des quatre étoiles des grands hôtels brillent par leur absence. Il n’était de toutes les façons pas venu dans ce bled pour bronzer ou passer des vacances.
Il était 19 h. Frank défit son sac, rangea ses affaires et s’assit dans le fauteuil à côté d

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