Le suicide de Danyèle X...
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Le suicide de Danyèle X... , livre ebook

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Description

Danyèle X... s’est suicidée !


C’est du moins ce qu’affirme le Docteur Létoffé, son fiancé qui, depuis le cabinet de toilette où il se préparait pour sortir avec la jeune femme, l’a entendue crier avant de la retrouver morte, un poignard planté dans la poitrine.


L’arme appartenant à une panoplie accrochée au mur, et le couple étant seul dans l’appartement, deux clans s’affrontent au sein du voisinage : ceux qui pensent que Danyèle X... s’est suicidée et les autres qui voient en le Docteur Létoffé son meurtrier.


Mais l’inspecteur VIGEON, qui assiste le juge dans cette affaire, imagine rapidement une troisième théorie...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9791070032329
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR VIGEON
LE SUICIDE DE DANYÈLE X…
Récit policier

René TROTET DE BARGIS
*1*
UNE MORT SINGULIÈRE
 
Le concierge de l'immeuble sis au numéro 125  bis de la rue de Rome était en train de somnoler sur son journal, ce soir-là.
Dix heures allaient sonner et le brave portier attendait, pour aller se coucher, le retour de deux ou trois locataires habitués à rentrer de bonne heure.
Subitement, il leva le nez de dessus la feuille, tendant l'oreille vers la cage de l'escalier d'où provenait le bruit d'une course éperdue.
C'était une véritable dégringolade de marche en marche et M. Putois, la mine courroucée, se leva.
Au moment où il arrivait à la porte de la loge, un homme apparut devant lui. Le nouveau venu semblait en proie à une extrême agitation. Ses yeux exorbités, son teint livide, ses lèvres frémissantes, ses gestes hagards et saccadés, tout en lui dénotait un bouleversement des plus intenses.
M. Putois en fut frappé et, reculant d'un pas avec effroi, il s'écria :
— Vous ?... Monsieur le docteur !... Qu'avez-vous donc ?...
L'homme s'appuya de la main au chambranle de la porte d'entrée, chancela, souffla à trois reprises avec effroi, puis balbutia :
— C'est affreux !... Elle est morte !... Elle s'est tuée !...
Cette fois, le digne concierge regarda son interlocuteur avec trouble, demandant :
— Elle s'est tuée ?... Qui donc ?....
— Elle !... Danyèle !...
— M lle  Danyèle ?... fit le portier, saisi de stupeur... Oh !... Comment ?... Pourquoi ?...
Le docteur défaillait de plus en plus. M. Putois s'en aperçut et lui avança une chaise, juste à point pour l'empêcher de choir.
S'asseyant machinalement, le docteur passa la main sur son front.
Puis ses doigts étreignirent sa gorge avec angoisse et, baissant tout son buste avec accablement, il murmura :
— Je ne sais pas !... Je ne sais rien !...
M. Putois s'était ressaisi :
Il s'empara également d'un siège, s'installa en face du médecin.
La mine grave, il questionna :
— Voyons !... Faut pas perdre la tête !... Comment c'est-il arrivé ?...
Le docteur, toujours prostré, ne répondit pas, semblant ne pas avoir entendu.
Le concierge répéta son interrogation d'une voix plus pressante encore.
Brusquement l'autre se dressa d'un bond et déclara vivement :
— Je monte auprès d'elle... Allez prévenir la police !...
Et, franchissant avec hâte la porte de la loge, il s'engouffra dans les escaliers, laissant M. Putois tout ahuri.
Ce dernier suivit des yeux la silhouette fuyante de son locataire et, lorsqu'il ne put plus le voir hocha la tête en grommelant :
— Non, mais !... En voilà des manières qu'il a de parler au monde !...
« Il ne répond même pas quand on lui cause, eh bien vrai alors !
Il haussa les épaules, l'air vexé, et ajouta :
— J'ai bien envie de ne pas aller lui chercher la police pour lui apprendre !...
Mais, à ce moment, apparut sur le seuil de la porte de communication une grosse masse blanche, déformée, débordante, qui prononça :
— Qu'est-ce qu'y a, mon Toto ?... Avec qui que tu parlais donc ?
C'était M me  Putois qui se prénommait Zoé.
Elle dormait dans la chambre voisine lorsque le bruit de la conversation l'avait réveillée et, poussée par une curiosité féminine bien naturelle, elle venait aux nouvelles.
Sa longue chemise de nuit, chastement fermée au cou par un col festonné, dissimulait mal un corps imposant, épais, aux chairs flasques.
Mais la tête se montrait tout entière et l'on pouvait contempler une maigre chevelure déjà grisonnante, ornée de bigoudis sur le devant et de petits chignons sur l'occiput.
Elle avait deux ou trois mentons régulièrement disposés l'un au-dessous de l'autre, jusqu'au cou qui, lui-même, se cerclait de trois plis profonds séparant autant d'énormes bourrelets de graisse.
Ses deux joues tombantes montraient une peau jaunâtre, huileuse, parsemée de verrues sur lesquelles frisottaient de petits poils blancs.
M me  Putois appelait cela des « grains de beauté », avec une coquetterie plutôt marquée.
Ses petits yeux tournaient dans leurs orbites avec une rapidité vertigineuse.
Ils semblaient ne pouvoir tenir en place et être sans cesse occupés à fureter de tous les côtés.
Il faut dire que M me  Putois était la vigilance même et que, grâce à ses petits yeux clairvoyants, rien ne lui passait inaperçu dans la maison.
M. Putois avait tourné la tête vers son épouse et avec une nuance de mécontentement, il murmura :
— Va donc te coucher !... Poupoule !... C'est pas raisonnable de venir pieds nus ! Il y a de quoi attraper la grippe et tu sais qu'elle court dans le quartier...
— J'ai mes mules, Toto... répondit-elle avec une moue gracieuse.
Mais il n'était rien moins que rassuré.
Les mules de M me  Putois étaient de vieilles savates éculées sur lesquelles se distinguaient encore des fleurs jaunes à tapisserie, mais qui ne dénotaient aucune élégance même passée.
— Va te recoucher !... conseilla M. Putois.
Il poussait sa femme vers l'autre pièce en frappant de petits coups affectueux les reins puissants qui saillaient, gonflant l'étoffe.
— Eh bien !... Dis-moi, alors ?... minauda M me  Putois.
Son époux eut soudain une attitude solennelle.
— Il arrive quelque chose de grave, Zoé !... déclara-t-il à voix basse.
— Mon Dieu !... fit la portière en pressant vivement sa main sur son opulente poitrine, à la place du cœur... Qu'est-ce donc ?...
— La petite Dany qui vient de se tuer !...
— Dany !... Elle !... Que me dis-tu là ?...
— La vérité !... prononça M. Putois, l'air de plus en plus important. Le docteur vient de me le dire !... Lui-même !...
« C'est avec lui que je parlais !... Il faut même que j'aille chercher la police !...
« Il me l'a demandé.
M me  Putois eut une exclamation étouffée et, saisissant le bras de son mari, s'écria :
— Mon Dieu !... Antoine !... La police ici !... Dans la maison !... Et qu'est-ce qu'on va dire dans le quartier ?
Le mari prononça d'un ton supérieur :
— Évidemment !... Ce sont des choses désagréables pour un immeuble comme le nôtre... mais, au fond, Poupoule, cela ne nous regarde pas !...
— Ah !... s'écria M me  Putois... J'avais toujours dit que cette petite nous ferait avoir des désagréments !...
— Tu exagères !... fit M. Putois... On ne peut lui garder rancune d'une chose pareille !... Tu comprends bien que pour avoir été se suicider, il a fallu vraiment des raisons extraordinaires !...
« On ne « se périt » pas comme ça pour un oui, pour un non !...
« Rends-toi compte !...
— Va donc !... repartit M me  Putois !... C'est une petite rien du tout !... Je l'ai toujours dit, moi !...
Le portier ne répondit pas.
Il était d'ailleurs fort occupé à remonter les pattes de ses bretelles et cette besogne semblait présenter quelque difficulté, étant donné le petit bedon que possédait le brave homme.
— Moi, vois-tu... reprit M me  Putois, il y avait longtemps que je pensais que ça finirait mal !...
Son époux ne répondait toujours pas...
Il s'occupait maintenant à remplacer ses chaussons par des brodequins, dans lesquels il peinait à rentrer, à voir les grimaces qu'il faisait.
— D'ailleurs, poursuivit M me  Putois, en remuant la tête si fortement que les bigoudis en tremblèrent... on dira ce qu'on voudra, mais un homme de l'âge du docteur n'aurait pas dû tomber bêtement amoureux d'une gamine de dix-huit ans !...
— L'amour !... déclara gravement M. Putois, ça tombe sur quelqu'un à l'improviste et ça ne regarde ni l'âge ni le sexe !...
— L'amour !... s'écria la grosse dame... tu appelles ça de l'amour, toi ?...
Et, venant se camper devant son mari, les deux poings sur les hanches, ell

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