Le Temple du Néant
38 pages
Français

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Description

James Hawking n’est pas un enfant de chœur, mais quand il pénètre nuitamment dans le manoir de Darkmore où vit un vieux couple paisible, il ne pensait pas tomber dans un tel piège.


Échappant malgré tout à la meute lancée à ses trousses, il finit par se faire arrêter et accuser de vol et de meurtres.


Ne parvenant pas à prouver son innocence et à dévoiler la face cachée des habitants de Darkmore, il ne peut plus compter que sur une personne en espérant éviter la potence : Edward Warency alias « L’Ange »...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 janvier 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385011000
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE TEMPLE DU NÉANT

Par
Paul TOSSEL
CHAPITRE PREMIER
 
Hawking accéléra pour passer devant le poste d'essence dont les tubes fluorescents éclairaient violemment l'asphalte. Bien qu'il eût besoin de carburant, il ne se souciait pas de se faire remarquer dans cette région, sur cette route et à cette heure. Il passa en trombe devant le petit bâtiment blanc, mais ne put réprimer une grimace en apercevant la silhouette du préposé, debout sur le seuil.
— Il existe, dans le monde, une quantité d'idiots qui s'amusent à noter les numéros des voitures qui passent, dans l'unique but de connaître leur origine, grogna-t-il... Souhaitons que cet homme n'appartienne pas à cette catégorie !
La campagne était maintenant déserte, sinistre même. La route serpentait à travers les landes couvertes de buis, hérissées de rocs ruiniformes qui revêtaient, sous la clarté de la lune, des apparences fantomatiques. Il était dix heures du soir, la voiture devait se trouver à environ trois milles du poste d'essence et à douze milles au moins du hameau le plus proche. Hawking découvrit le chemin de terre qu'il cherchait, y engagea le véhicule puis, après une avance cahotante au ralenti, l'immobilisa dans l'ombre d'un bosquet d'acacias.
Après quoi, il mit pied à terre et demeura plusieurs minutes immobile, écoutant, scrutant des yeux cet étrange paysage nocturne. Dans le lointain, la tache argentée d'une nappe d'eau rompait la monotonie désespérante du décor, tandis que, sur la gauche, une masse sombre révélait l'existence d'une parcelle boisée.
— C'est bien ici !... Devant moi, le lac Greengan, à gauche, les terrains et le parc de Darkmore.
James Hawking était âgé d'une trentaine d'années. Il était de haute taille, bâti en force, vêtu d'un costume de tweed de bonne coupe. Par contre, les nuances et les teintes des chaussures, de la chemise, de la cravate et du feutre au bord rabattu, révélaient un goût douteux et le classaient immédiatement dans la catégorie des citoyens cherchant leurs revenus ailleurs que dans le travail. Cette impression devenait une certitude lorsque l'on détaillait sa magnifique tête de brute au nez cassé, aux yeux petits et noirs, au menton massif. Seule la bouche était correctement dessinée, mais avait le défaut, lorsqu'elle devenait rieuse, de découvrir des mâchoires outrageusement aurifiées.
L'année précédente, il avait passé plusieurs semaines en touriste dans cette région désolée des Wranggers. Ce n'était pas par dilettantisme qu'il avait planté sa tente sur les bords du Greengan, mais seulement pour se faire oublier des inspecteurs de Shephell, à la suite d'une affaire de faux dollars. Il avait pensé, fort judicieusement, que quelques semaines de camping dans les solitudes du Haut-Nebraska constituaient le plus sûr moyen de faire perdre sa trace tout en calmant l'ardeur des représentants de la loi fédérale. Tandis qu'il méditait dans les landes des Wranggers et s'abandonnait à l'amère nostalgie des bars et des boîtes de nuit, il avait découvert par hasard le manoir de Darkmore et surpris l'existence de ceux qui l'habitaient. Deux vieillards et un domestique âgé pour garder cette vaste demeure, c'était insuffisant. Il est vrai, qu'à certaines périodes, les Blumerfield recevaient beaucoup : il suffirait de choisir une époque où les visites seraient rares. L'imagination de Hawking avait aussitôt travaillé sur cette situation exceptionnelle. De toute évidence, les Blumerfield devaient être très riches à en juger par leur mise, la quantité et la qualité des approvisionnements qu'ils recevaient de la ville, les trois Packard luxueuses qu'ils utilisaient. En outre, Darkmore se trouvait dans l'isolement le plus total, son plus proche voisinage étant le poste d'essence à cinq milles plus au nord. Pour Hawking, il s'agissait d'un travail de tout repos qu'il s'était promis d'exécuter un jour prochain... Ce jour était arrivé. Les affaires allaient mal à Shephell, deux combinaisons savantes venaient d'échouer lamentablement et le compte en banque de l'aventurier tendait vers zéro. Darkmore, enveloppé de solitude et gorgé de richesses l'appelait irrésistiblement.
Il jeta sa cigarette éteinte pour se mettre en marche à travers la lande. Au bout d'une demi-heure, il atteignait la clôture du parc, l'escaladait sans peine et se glissait dans l'ombre des arbres.
 
* * *
 
William Stratful, le pompiste du poste d'essence des Wranggers, s'apprêtait à mettre son éclairage en veilleuse et à s'étendre sur son lit de camp. Minuit approchait, les clients seraient rares jusqu'à l'aube et peut-être n'y en aurait-il aucun. Les faisceaux des phares d'une automobile balayèrent le ciel dans le lointain, au sommet de la côte des Sevenoaks. Stratful décida d'attendre le passage de cette voiture. Il eut raison, car bientôt une Hudson stoppait devant l'une de ses pompes. Une jeune femme la pilotait, aucun passager ne se trouvait auprès d'elle. Elle demanda le plein du réservoir et diverses vérifications. Stratful, qui se plaisait à détailler ses plus belles clientes, constata qu'elle l'emportait de loin sur toutes celles qui avaient fait escale aux Wranggers depuis le début de la saison. Grande, élancée, mais conservant une plénitude de formes remarquables, elle séduisait également par la régularité du visage où la bouche plaçait une nuance de sensualité par le dessin de ses lèvres tandis que les yeux exprimaient une sorte de perversité attirante. Ses cheveux blonds épars sur les épaules s'efforçaient en vain de frapper cette physionomie à la marque de l'ingénuité.
Lorsqu'elle partit, Stratful suivit longtemps du regard le rubis du feu arrière, mais ses yeux s'agrandirent de surprise : la voiture venait de bifurquer sur le chemin du lac Greengan. En...

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