Le Tsar de Bénodet
92 pages
Français

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Description

Curieuse destinée que celle de Cyril Shahovskoï, descendant d'un lieutenant du Tsar. Débarqué à Bénodet après une vie tumultueuse à travers la Sibérie, la Chine et la Californie, il va armer le Natacha, le gros sablier de l'Odet qui puise le maërl des Glénan.


À sa mort, sa fille Maria reprendra l'affaire pour la faire fructifier. Fière de cette réussite, elle fait appel à Gwenn Rosmadec, l'écrivain public de Sainte-Marine, pour coucher sur le papier l'épopée familiale.


Comme d’habitude avec les missions de Gwenn, les choses vont vite se compliquer : une association protectrice de l'environnement menée par une matrone, "Écololo", tente de couler le Natacha. Un prêtre orthodoxe, venu de Moscou, joue un jeu trouble, tandis qu'un ancien agent du KGB, retourné par les services français de contre-espionnage, distille ses informations. Tous courent après le secret du vieux Cyril...


Gwenn parviendra-t-il à élucider cet imbroglio ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2017
Nombre de lectures 56
EAN13 9782374534466
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Curieuse destinée que celle de Cyril Shahovskoï, descendant d’un colonel de la garde impériale du Tsar. Débarqué à Bénodet après une vie tumultueuse à travers la Sibérie, la Chine et la Californie, il va armer le Natacha, le gros sablier de l’Odet qui puise le maërl des Glénan. À sa mort, sa fille Maria reprendra l’affaire pour la faire fructifier. Fière de cette réussite, elle fait appel à Gwenn Rosmadec, l’écrivain public de Sainte-Marine, pour coucher sur le papier l’épopée familiale. Comme d’habitude avec les missions de Gwenn, les choses vont vite se compliquer : une association protectrice de l’environnement menée par une matrone, « Écololo », tente de couler le Natacha. Un prêtre orthodoxe, venu de Moscou, joue un jeu trouble, tandis qu’un ancien agent du KGB, retourné par les services français de contre-espionnage, distille ses informations. Tous courent après le secret du vieux Cyril…


***




Comme beaucoup de Bretons, Alex Nicol a longtemps été un « expatrié ». La Bretagne, de ce fait, était un lieu magique, un fantasme d’autant plus rêvé qu’elle était difficile à atteindre. Et lorsqu’à quarante-cinq ans il a enfin pu poser son ancre sur la terre de ses ancêtres, il a mesuré à quel point vivre sur cette terre était un grand bonheur.
Après une carrière de chef d’établissements scolaires aux quatre coins du globe, il a envisagé de créer un cabinet d’écrivain public. Puis très rapidement l’idée d’écrire des romans s’est imposée. Il crée le personnage de Gwenn Rosmadec, Breton expatrié qui revient sur ses terres et va les célébrer. Profondément épris de son pays, de sa culture et de ses traditions, Gwenn Rosmadec, la quarantaine, roux, d’allure sportive, est Bigouden de cœur, et Quimpérois de racines. Ancien journaliste, il aspire à la paix, et pose ses valises à Sainte-Marine, petit port cornouaillais niché entre la forêt et l’Atlantique, en bordure de l’Odet. Il y développe une activité d’écrivain public...
C'est ainsi que nait la série de romans policiers Enquêtes en Bretagne .
Alex Nicol a coutume de dire que le premier héros de ses romans c’est la Bretagne. La Bretagne et sa grande beauté, qui accompagne chacune des enquêtes de Gwenn Rosmadec et emporte le lecteur dans un parcours vivifiant, au son des cornemuses et du bruit du ressac.
Et le résultat final, c’est un chant d’amour de la Bretagne partagé par beaucoup de ses lecteurs.
Le Tsar de Bénodet
Alex Nicol
38, rue du Polar
À Cyril et Olga
Chapitre 1
Gwenn Rosmadec passa sa main droite dans sa tignasse rousse en regardant le soleil lancer ses derniers tisons avant de glisser paisiblement derrière la ligne de chênes que l’automne finissant avait commencé à dégarnir. Des odeurs mêlées de feuilles mortes, d’humus et d’air salin chatouillaient agréablement ses narines. Un mur de pierres sèches courait le long de l’allée, parfois emmitouflé d’une couronne de lierre luisant. Le vent avait amassé les feuilles récemment tombées en petits tas dans lesquels des oiseaux fouillaient une éventuelle pitance.
Un petit chien noir sauta en aboyant vers eux, provoquant une envolée paniquée. Son maître, un vieux bonhomme enveloppé dans une parka bleu marine, le siffla et l’animal, obéissant, revint vers lui en bondissant. L’homme porta sa main à sa casquette et salua poliment. Gwenn ignorait son nom et l’homme ne devait pas le connaître. Mais ils étaient tous deux de Sainte Marine et ce lien était assez fort pour renforcer ce sentiment d’appartenance tribal. Les grandes villes avaient anéanti depuis longtemps ce lien social qui perdurait dans les villages. L’homme continua sa route, précédé de son chien.
Entre les chênes, quelques rhododendrons maintenaient une verdeur surprenante dans ce paysage mauve. Le sol était jonché de glands et de bogues de marrons dont certains, éclatés, avaient projeté le fruit à l’entour. Sur une pelouse adjacente, la multitude de petites touches de couleurs des feuilles séchées et torturées rappelait la toile d’un peintre pointilliste. Dans ces moments de rêverie romantique, Gwenn ne cherchait pas à analyser l’environnement ; il laissait la nature imprégner ses sens en une fusion inconsciente pétrie de bien-être doucereux.
Il atteignit bientôt l’accès au port de plaisance et descendit vers l’Odet. Il appréciait particulièrement cette promenade vespérale sur les pontons de Sainte Marine. Après vingt ans de baroud aux quatre coins du monde en tant qu’envoyé spécial, il avait posé son sac dans ce petit port de Cornouaille et changé de profession. Il n’écrivait plus pour raconter à la collectivité les malheurs de la planète, mais proposait ses services aux familles qui recherchaient un monteur de leur histoire : il recréait en mots le passé d’un groupe, d’un individu, d’un couple en les interviewant. Mais son souci de qualité l’amenait à vérifier la fiabilité des informations, à contrôler les zones d’ombre en creusant les archives disponibles ou en se mettant en quête d’un témoin imprévu qui apportait son éclairage. Ce choix de vie l’avait ancré ici et amené à rencontrer les gens du pays dont beaucoup étaient devenus des confidents. Gwenn s’était ainsi constitué un réseau d’informateurs, tous fiers de participer, à leur niveau, à la pérennité d’une mémoire commune.
Amarrés aux catways, les grands voiliers hauturiers se laissaient paisiblement bercer par le courant de la marée montante. Un léger vent sifflait dans les haubans dont certains cliquetaient contre les mats. Les petits navires de moins de cinq mètres avaient depuis peu regagné leur abri d’hivernage, libérant une grande zone d’eau de part et d’autre du ponton. Seul le Diaoulig ar Mor, le semi-rigide de Gwenn, continuait de se balancer au rythme des courants en attendant le bon vouloir de son maître. En face, l’église de Bénodet captait les derniers feux du soleil. Amarré au vieux quai proche de la chapelle, le Corentin, une superbe réplique d’un lougre de l’Odet, somnolait sur ses béquilles. La marée descendante avait laissé des lignes successives de goémon sur le sable, défloré par les pas innocents d’un enfant.
Un coup de sirène retentit du large. Le Natacha, le gros sablier de l’Odet, venait de pénétrer dans l’embouchure de la rivière. Depuis que le cours de la Loire avait failli être modifié du fait des incessants prélèvements de sable dans son lit, une loi avait interdit cette pratique et le Natacha, comme tous les autres, avait dû chercher ailleurs. Et c’était dans les eaux limpides de l’archipel des Glénan qu’il récoltait à présent son trésor blond. Bien qu’immatriculé à Morlaix, il sillonnait inlassablement l’Odet d’amont en aval, pour approvisionner le port de Quimper de son précieux chargement et au fil du temps s’était incrusté dans le paysage sonore et visuel de la rivière.
Gwenn s’arrêta pour le regarder passer. La panse remplie à en faire craquer sa ligne de flottaison, le mastodonte se faufilait entre les navires au mouillage dans le canal qui lui était réservé. Les vibrations du moteur se transformèrent progressivement en ondulations qui vinrent soulever le ponton flottant et Gwenn se laissa porter par le mouvement, comme pour en absorber un peu de son énergie. Bientôt, le son décrut et la bête s’estompa dans l’obscurité, ne laissant pour seul témoin de son passage que son fanal bâbord rouge.
Gwenn poursuivit sa route et atteignit le quai Jacques de Thézac, nommé en hommage au fondateur des abris du marin. De fait, c’était là sa destination : dans son enveloppe de crépi rose, le bâtiment de l’abri ne servait plus de centre social pour les équipages de chaloupes sardinières en transit. Il accueillait des expositions de peintures et abritait la bibliothèque municipale.
Un flot de lumière jaillissait de ses vastes fenêtres en ogive, tandis qu’une musique joyeuse accompagnait le brouhaha d’une foule d’admirateurs. Jean Le Page, peintre local, exposait ses nouvelles huiles, suscitant l’admiration des invités.
Gwenn s’assit sur le parapet qui donnait sur la mer, juste devant le bâtiment. Sa patience ne fut pas mise à rude épreuve, car bientôt, il aperçut Soazic, son épouse, qui sortait de l’abri. Elle le vit tout de suite et courut vers lui en l’embrassant tout son saoul. Gwenn calma son tempérament fougueux et la prit par l’épaule :
— Comment était-ce ?
— Magnifique ! Jean a beaucoup évolué et je lui ai réservé deux toiles.
Gwenn sourit mentalement et ne put s’empêcher de répliquer :
— Et je suppose que tu vas les accrocher dans le garage, vu que les murs sont recouverts de tes collections !
Soazic avait l’habitude de ces réactions et ne lui en tint pas rigueur. Elle se tourna vers une dame de leur âge qui attendait patiemment à quelques mètres.
— Gwenn, je voudrais te présenter madame Maria Castric.
— Enchanté madame. Vous aussi vous vous intéressez à la peinture ?
— Occasionnellement. En fait j’habite en face, à Bénodet.
Petite, enveloppée dans un grand manteau de laine à bordure de renard, Maria Castric fascinait par l’éclat de ses yeux bleus pétillant d’intelligence. Ses cheveux jaune paille, rassemblés en une longue queue-de-cheval qui lui tombait sur la nuque, enfouissaient leurs racines sous une toque de fourrure blanche. Elle portait d’élégantes bottes fourrées aux talons fins. Un rouge vif et luisant surlignait ses lèvres, finement ourlées.
Elle tendit la main vers le phare du coq qui dressait son index sur l’autre rive. Une bouffée de parfum poivré accompagna son geste.
— Là-bas, la maison aux volets verts.
Gwenn eut l’air un peu surpris :
— Mais c’est la maison du Russe… Enfin, c’est comme ça qu’on l’appelle par ici.
— C’est la maison de Cyril et Olga Shahovskoï. Je suis leur fille.
Gwenn dévisagea discrètement Maria. Ces pommettes légèrement saillantes, ces yeux bleus un peu plissés, il les avait attribués à une possible ascendance bigoudène. En fait, c’était du sang slave qui coulait dans les veines de la nouvelle venue. Sa sensibilité de journaliste monta d’un cran : il sentit une histoire intére

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