Léon, Marie, Marcel et Jeanne
84 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Léon, Marie, Marcel et Jeanne , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
84 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Vous n'avez connu vos parents qu'après votre naissance et durant une partie de votre vie, mais avant que vous ne veniez au monde, qui étaient-ils vraiment, qu'ont-ils vécu ?



Jean quitte Paris, ses parents sont morts. Il emménage dans leur maison, dans un petit village, près de Villars-sur-Var dans les Alpes-Maritimes, pour changer de vie. Il va découvrir, en se penchant sur le passé de ses parents, des événements qui vont bouleverser sa vie et celle de la femme qu'il aime.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414009527
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-00950-3

© Edilivre, 2017
Prologue de l’Évangile de Jean
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu ».
On peut interpréter la Parole comme étant le Verbe, Mais quel verbe ? « Aimer » pourrait être le plus approprié, quoique, a mon humble avis, et après avoir longuement parcouru notre histoire de France, il apparaît clairement que nos ancêtres passaient plus de temps à s’étriper qu’à se parler.
Chapitre I Jean et Paule
Au début des événements qui vont suivre il y eut des lettres, pas les petites pâtes en forme de lettres majuscules que ma mère mettait dans la soupe, et, avec lesquelles, quand nous étions enfants nous écrivions notre nom sur le bord de l’assiette, pendant que le bouillon refroidissait au grand désespoir de nos parents.
Ma mère avait pourtant des assiettes qui incitaient à manger rapidement, car sur le fond, peint sur la céramique, se cachait derrière la soupe épaisse, une gravure en noir agrémentée d’un proverbe. On ne pouvait découvrir les deux que quand tout avait été consommé.
Parfois je trichais en inclinant l’assiette au risque de renverser le précieux liquide, mais ma mère veillait attentive et caressante.
Ma gravure préférée était « tant, va la cruche à l’eau qu’elle se casse »
Je ne comprenais strictement rien à l’aventure de cette cruche dans l’eau, mais j’adorais le dessin en noir sur fond blanc représentant un pauvre homme se tenant la tête a deux mains, s’arrachant les cheveux a poignées en regardant sa cruche filer dans le courant du ruisseau et voler en morceaux contre un gros caillou.
Je reviens à mes lettres, simplement un petit ballot renfermant des enveloppes aux papiers jaunis par le temps, serrées les unes contre les autres, cerclées d’un ruban cramoisi, soigneusement noué avec une large ganse, la même que ma mère faisait a mes lacets sur mes bottines quand j’étais encore un enfant, avant que je ne sache les nouer moi-même.
À l’heure de quitter la maison, malgré sa petite taille et sa nature chétive, elle me soulevait dans ses bras et m’asseyait sur une chaise paillée de la cuisine, toujours la même, près de la porte, puis, courbée, un genou à terre, prosternée a mes pieds, elle croisait lentement les lacets pour former le nœud, cet exercice avait pour but de m’apprendre à nouer, en fait je ne voyais rien de ce que ma mère faisait à mes lacets, ses cheveux cachaient ses doigts.
J’adorai cet instant ou je pouvais en toute quiétude admirer son abondante chevelure blonde, je glissai alors tendrement ma main sur sa tête inclinée, dans ses cheveux que je décoiffais, a ce geste quotidien, elle riait aux éclats, je savais qu’elle attendait cet instant, et qu’elle se pliait à cette cérémonie avec un grand bonheur, nous étions à cet instant complices.
Quand j’ouvris le coffre que j’avais découvert, masqué par un tableau dans la chambre de ma mère, il n’y avait à l’intérieur qu’une boîte habillée de velours rouge, et, au fond de cette boîte, soigneusement rangée, des lettres, toutes adressées à ma mère Marie-Louise, j’ai porté ces lettres à mes lèvres pour sentir l’odeur du passé, mais je n’ai senti que le papier moisi. J’avais un instant espéré pouvoir faire resurgir d’autres souvenirs de ma mémoire.
Fils unique j’avais hérité de mes parents, leur maison, dans un petit hameau près de Villars-sur-Var dans les alpes maritimes.
J’étais né dans ce mas bâti de pierres claires, qui avait été par le passé une dépendance du manoir voisin qui lui, régnait sur une grande propriété vinicole dans laquelle avaient travaillé toutes leurs vies mon grand-père et mon père.
Mon Grand-père avait acquis la maison avec un petit arpent de terre.
Il se prénommait Marius, c’était un homme austère et autoritaire avec une moustache droite et fournie qui lui cachait sa lèvre supérieure.
Il ne riait ni ne plaisantait jamais, car disait-il le rire est l’apanage des crétins, il me paraissait grand et fort, mais j’étais alors un tout petit enfant, sa vie, sa passion était la vigne et le vin, il était maître de chais dans le Domaine vinicole voisin qui faisait vivre une grande partie du village.
L’angélus sonnait aux carillons de l’horloge quand il s’écroula raide mort entre les rangées de ces vignes qu’il avait soignées avec ferveur, une grappe de Carignan à la main, un cépage qui donnait un vin de piètre qualité, et qui a pratiquement disparu aujourd’hui.
Un haut mur de pierres couronné de tuiles rondes et rouges et un bosquet de grands chênes séculaires protégeaient la propriété et nous séparaient des vignes et de son château.
Après le décès de mon grand-père, mon père avait fait rénover et moderniser soigneusement cette vieille bâtisse en préservant le style et le caractère provençal des lieux.
Cette maison blanche, car les pierres extraites des carrières de la vallée sont claires, avec son toit à quatre pans recouverts de tuiles vernissées bleus, fait toujours l’admiration des visiteurs et des touristes qui traînent dans le village.
J’ai vécu dans ce foyer une enfance et une adolescence heureuse, fils unique entre un père souvent absent, mais pourtant très présent dans mon cœur de par la dimension qu’il avait su donner a notre famille et une mère effacée, attentionnée, souriante douce et fragile.
Mon père est mort comme son père, au milieu des vignes qu’il choyait, qu’il aimait. Je l’ai toujours connu employé au Domaine Viticole de mm veuve De Bressac. Le Comte, son mari est mort à la guerre disait-on. Mon père dirigeait comme maître de chais ce domaine auquel il vouait une passion sans bornes, c’est souvent les choses que vous aimez avec addiction qui vous tue, mon père adorait le vin, mais en buvait très peu, non ce n’est pas le vin ou l’alcool qui l’ont tué, mais une machine, un engin a moteur qui laboure le sol, qui creuse un sillon entre les rangées de vigne pour désherber, pour aérer le sol, une machine toute neuve que la patronne venait d’acheter, mon père avait tenu à l’essayer. Jusqu’à ce jour l’arrachage de l’herbe et le bêchage se faisaient avec un cheval et une charrue qu’il fallait guider a la force des bras entre les rangées de vigne, pour éviter d’accrocher un cep, une tache a vous casser les reins, le tracteur avançait entre les rangs avec mon père au volant, tout à coup il s’arrêta, descendit de la machine pour passer devant, il semblait que l’engin avait buté sur un obstacle, il y eut une violente explosion, le soc de l’engin avait buté et déterré une bombe qui fit long feu, elle n’a pas explosé de suite, mais seulement quand mon père s’est approché et l’a touché.
Après avoir traversé la guerre sans blessure, il est mort longtemps après, a cause de la guerre, un obus de mortier, qui s’était enfoui la et qui attendait sournoisement son heure pour continuer à tuer.
J’étais à Paris quand ma mère m’a appelé, elle m’a dit simplement dit entre deux sanglots, ton père est mort, viens.
Nous l’avons fait enterrer près de ses parents dans le caveau familial, beaucoup de gens étaient là, Jeanne De Bressac sa patronne tenait ma mère par les épaules, je me souviens avoir été étonné de la proximité qui liait ma mère à cette femme encore belle que je connaissais peu.
Ma mère mourut deux ans plus tard, sans doute l’absence de mon père a-t-elle hâté son départ et peut être aussi n’ai-je pas été assez présent auprès d’elle après cette épreuve, elle s’est éteinte doucement sans plus aucune force ni envie de vivre, c’est presque avec soulagement qu’elle quitta ce monde pour rejoindre mon père.
Cette maison avait été la mienne jusqu’à ce que mes études, puis ma vie professionnelle m’éloignent de ma région natale.
Cette terre âpre et sauvage, mélange de calcaire, de silices, et de bien d’autres éléments dont je serai incapable de dresser une liste, m’avait nourri, comme elle avait fait vivre bien de génération de notre famille.
Ce sol nourricier est pourtant cruel et calculateur, car tout au long d’une vie, il n’a de cesse de reprendre ce qu’il vous a donné, l’attraction terrestre est un phénomène insidieux. Cette gravité qui nous frappe, nous attire vers cette terre, vers ce sol, dont les éléments qui nous composent ont été extraits.
La nature insensible accomplit implacablement son œuvre.
C’est une nourrice sanguinaire folle qui élève ses enfants et à peine mûrs les fauches de sang-froid.
Un jour, la mort nous rattrape, et nous retournons d’où nous venons, nos molécules et nos atomes dispersés par la crémation ou l’enfouissement, retournent là où ils étaient quelques années auparavant, aux tréfonds, dans le sol.
Une poésie d’Omar Kayan me revient en mémoire :
« Dans ce monde qui naît et qui se décompose »
« Nous sommes un instant, peut-être rien »
C’est sans doute pour essayer de vaincre cette inéluctable destinée que l’être humain ne cesse de vouloir s’élever, intellectuellement, spirituellement et physiquement. Inconsciemment, les créatures que nous sommes cherchent désespérément à fuir cette attraction.
Notre planète, comme des sables mouvants, engloutit, tout ce qu’elle crée.
La Terre, comme Saturne dévorant son fils, se nourrit des êtres qu’elle a mis au monde, et qu’elle a plus ou moins bien engraissés, après tout c’est ce que nous faisons avec les cochons.
Dans la mythologie romaine, Saturne a ses raisons, il conjure ainsi l’annonce des oracles. Ils lui ont prédit qu’il sera dévoré par ses propres enfants.
La Terre, sent la menace que fait peser sur sa propre existence, les diverses formes de vie qu’elles soient humaines, animales ou végétales.
Je revenais chez moi plusieurs fois par an pendant mes études, soit pour les grandes vacances, soit pour mes con

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents