Les Amants de baufort
160 pages
Français

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Description

Belgique - 1915. Première Guerre mondiale, bataille d’Ypres. Dans les tranchées boueuses, Gervais, Maurice et Désiré se retrouvent coincés sous le feu de l’ennemi. Un meurtre a déjà été commis en leurs noms. Au milieu de la canonnade, le drame survient.
Québec - 2009. Un groupe de jeunes gens qui ne se connaissent pas se rencontrent par hasard et se découvrent des attirances et des antipathies. Des meurtres restés impunis par la justice des hommes, quelque cent ans plus tôt, refont surface.
Les personnages de ces deux histoires font partie d’une même famille d’âmes réincarnées. Un siècle après les événements tragiques, amours, passions, désirs de vengeance ressurgissent d’une mémoire oubliée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2012
Nombre de lectures 3
EAN13 9782894358115
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fredrick D’Anterny
LES AMANTS DE BAUFORT
CRIMES & RÉINCARNATIONS
Conception de la couverture et infographie : Marie-Ève Boisvert, Éditions Michel Quintin
Conversion en format ePub : Studio C1C4

La publication de cet ouvrage a été réalisée grâce au soutien financier du Conseil des Arts du Canada et de la SODEC.
De plus, les Éditions Michel Quintin reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
Tous droits de traduction et d’adaptation réservéspour tous les pays. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par procédé mécanique ou électronique, y compris la microreproduction, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
ISBN 978-2-89435-811-5 (version ePub)
ISBN 978-2-89435-541-1 (version imprimée)
© Copyright 2011
Éditions Michel Quintin C.P. 340, Waterloo (Québec) Canada J0E 2N0 Tél. : 450 539-3774 Téléc. : 450 539-4905 editionsmichelquintin.ca
AVERTISSEMENT
Ceci est une œuvre de fiction. Les événements et les personnages mis en scène par l’auteur sont le fruit de sa seule imagination. Toute ressemblance avec des personnes et des événements existants ou ayant existé ne pourrait qu’être le résultat d’un pur et véritable hasard.
PREMIÈRE PARTIE

XX E SIÈCLE
PROLOGUE
Sur la route de Montélimar, juin 1914

L’homme attendit que l’on allumât les becs de gaz plantés devant l’auberge avant de sortir de derrière les buissons. Attentif au moindre bruit, il se faufila entre les automobiles stationnées, dont l’élégante Panhard & Levassor effilée, couleur bronze clair modèle X19, qu’il connaissait bien. Précis et soigné en toute chose, il ajusta ses gants, sa cravate, boutonna son gilet, ferma son paletot, fixa le loup de velours noir sur son visage. Il se hissa ensuite sur le treillis et commença à escalader la façade. D’après ses renseignements, la chambre qui l’intéressait était située au premier étage, à l’extrémité est du bâtiment.
Tout étonné et somme toute assez fier de lui, il parvint à l’étage. Son cœur cognait dans sa poitrine. Il se dirigea à tâtons dans le couloir obscur en pestant contre le plancher qui craquait à chaque pas. Mieux valait qu’il ne réfléchisse pas trop à ce qu’il comptait faire, car cela le mènerait immanquablement à retourner la question dans tous les sens, à trouver des excuses à chacun. Cela le rendrait faible.
Mais, Dieu aidant, la faiblesse n’avait jamais figuré dans ses traits de caractère.
La porte de la chambre 9 n’était pas verrouillée de l’intérieur. Il entra et demeura quelques minutes le dos collé au mur. La lumière blafarde de la lune perçait au travers des lourdes draperies et dessinait à demi la silhouette d’un couple endormi. L’odeur fadasse d’un bouquet de roses lui chatouilla les narines.
Il se permit un sourire amer, car l’homme et la femme n’étaient pas tendrement enlacés. En temps normal, ce détail cocasse aurait dû lui faire plaisir, sinon le soulager. Mais plus rien n’était normal dans sa vie depuis quelques heures.
Ne pas penser.
Agir.
S’approchant du bord du lit, il sortit son long couteau et l’abattit.
Il entendit des gargouillis, des glapissements. Et, enfin, des hurlements.
Dionysos vous salue et vous tue, murmura-t-il sous son loup à l’effigie du dieu grec de l’ivresse.
Des chambres voisines, des voix s’élevèrent presque aussitôt. Des pas se rapprochèrent. Un chien aboya.
L’assassin frappa un dernier coup au hasard sans se rendre compte que sa lame avait atteint son avant-bras. Il écarta ensuite les rideaux, monta sur le rebord de la fenêtre et se laissa choir dans le vide.
Il courut longtemps dans les sous-bois. Une rivière comme celle qui traversait son village coulait entre des berges hérissées de roseaux. Parvenu sur une rive caillouteuse, il entra dans l’eau jusqu’à mi-cuisse.
Il éprouva un sentiment de satisfaction à l’idée que seuls la lune, les grillons et les grenouilles étaient les témoins impuissants de son drame. Le bras endolori, il lâcha son couteau, déchira son masque, en éparpilla les morceaux.
Le froid engourdissait ses membres, apaisait sa colère. Comme vidé, il laissa couler ses larmes.
Il n’était pas un véritable meurtrier. Jamais il n’avait songé à en devenir un. Il aimait son travail, sa famille, sa communauté. Il existait simplement des circonstances, dans l’existence, qui poussaient les hommes aux pires extrémités.
1.
Mars-juin 1900, vendredi, 16 heures

Franche, lourde, chassée des montagnes par de violentes rafales de mistral, la pluie s’abattait en paquets sur la gare déserte. Lorsque le vent faiblissait, elle s’égrenait avec une insolente légèreté. Dans ces moments-là, le mauvais temps semblait reprendre son souffle.
Assis sur un vieux banc, Maurice ne savait pas s’il aimait ou non cette pluie. À onze ans, il en avait déjà trop vu dans la vie des gens, le long des rues grises de Paris. Dans les yeux de sa mère surtout, quand, sur son misérable lit d’hôpital, toussant à en cracher ses poumons, elle lui avait expliqué qu’elle allait mourir.
Le mistral se remit à souffler. La pluie se changea en giboulées.
Le garçon était venu par le train de Marseille. On lui avait dit que les Arcs était le nom de son arrêt. Quelques personnes étaient descendues. Il les avait suivies.
Le train n’était pas resté plus de quelques minutes. Déjà, l’orage grondait. Le jour virait lentement à la nuit.
En descendant de voiture, des paysannes l’avaient dévisagé. Où allait-il ? Quelqu’un l’attendait-il quelque part ? Les villages ne manquaient pas, alentour ! Trans, Les Nouradins, Taradeau.
Il écouta le va-et-vient de quelques ouvriers déchargeant des outils, le bêlement des chèvres qui voyageaient dans le wagon à bestiaux. Un colporteur pressé rajusta la sangle de sa hotte sur ses épaules. Puis, plus rien, que la pluie drue et froide.
Maurice tira sur la visière de sa casquette. Avant qu’il ne sorte de l’hôpital, les gens de l’Assistance publique lui avaient donné une valise en carton et un vieux ciré trop grand dans lequel il se sentait comme dans un sac de pommes de terre.
Le garçon possédait l’instinct des choses vraies qui ne se disent pas. Il savait ainsi qu’on avait récupéré cette valise et ce manteau sur un cadavre. Malgré tout, il s’était laissé faire sans rien dire.
Un homme vêtu de noir à l’air sévère lui avait parlé de sa tante Antoinette qui habitait en Provence. C’est là qu’il vivrait, désormais.
Comprenait-il ?
Un hennissement perça les rideaux de pluie. Un vieux cheval aux flancs détrempés s’arrêta devant lui. Il tirait une charrette couverte qui fleurait le foin et le crottin. Maurice cligna des yeux sous la vive clarté de la lanterne à pétrole tendue dans sa direction.
Tu es Maurice dit « Le Brumel » ? s’enquit le conducteur.
L’homme ramassé sur son banc comme un félin sur un arbre raccrocha sa lanterne à un clou. En se balançant, la lampe étira son arc de lumière vers l’intérieur du chariot. Maurice vit alors qu’un autre garçon se tenait tristement recroquevillé dans l’ombre.
Eh bien ! qu’est-ce que tu attends pour monter ? glapit l’homme en constatant, fâché, le manque de réaction de l’enfant.
2.
Vendredi, 15 heures

Blanche et Gervais s’amusaient à imaginer toutes sortes de créatures étranges dans les lacis créés par la pluie qui dégoulinait sur les carreaux. À cause des croisillons en fer, l’eau ne pouvait tomber droit. Alors, elle se trouvait d’autres chemins. Grâce à la lueur du feu de cheminée et à la condensation, des silhouettes fantasmagoriques de lapins, de gerbilles et de souris apparaissaient devant les yeux de Gervais, et des fées et des lutins surgissaient devant ceux de Blanche.
La pluie était venue comme une voleuse. La veuve Jeannotte, qui savait pourtant lire la course des nuages, n’avait rien annoncé de si terrible pour l’après-midi. Les femmes avaient donc été surprises et forcées de rentrer au plus vite.
Depuis, elles restaient cloîtrées autour du feu dans la plus grosse des baraques compo

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