Les bijoux de Mrs Dorfing , livre ebook

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Jack DESLY, le célèbre gentleman cambrioleur, est fort surpris de recevoir la visite du père Yabok, un receleur avec qui il a eu maille à partir dans un récent passé.


Pourtant, celui-ci vient lui proposer une affaire juteuse : les bijoux de Mrs Dorfing. Il lui vend même tous les renseignements nécessaires.


Jack DESLY ne tarde pas à suspecter un piège de la part du vieux grigou, mené en collaboration avec l’inspecteur Arthème Ladon, son ennemi juré.


Mais la tentation est grande autant que la valeur des joyaux, et Jack DESLY voit là un moyen de faire d’une pierre trois coups : remplir ses caisses, se venger de Yabok et ridiculiser le policier...

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1

EAN13

9791070037485

Langue

Français

- 17 -

Les bijoux de Mrs Dorfing
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
UNE VISITE ET UNE PROPOSITION
 
L'homme marchait à petits pas pressés le long de l'avenue. À sa droite, la Marne coulait, indolente et d'un vert transparent sous le soleil. À sa gauche, c'étaient les coquettes villas de La Varenne.
De temps à autre, il s'arrêtait pour vérifier les numéros et reprenait son trottinement.
Il était vêtu assez correctement. Certes, le faux col n'était pas d'une éblouissante fraîcheur et la cravate toute faite que dissimulait, en partie, une barbe où le gris le disputait à la couleur de chanvre, révélait la fatigue, mais enfin, Samuel Yabok, le père Yabok, comme il était appelé par les initiés, avait tout de même accompli un effort pour donner l'impression qu'il appartenait — à peu près — à la classe bourgeoise ; il avait presque l'air d'un honnête homme.
Les quelques cartes de visite contenues dans son portefeuille indiquaient, comme profession, « chargé de contentieux ». Il possédait, dans la Cité, un cabinet dans lequel il faisait des affaires et où Joseph, un commis au visage boutonneux, grattait consciencieusement du papier tous les jours.
Mais le père Yabok avait d'autres occupations plus secrètes et plus lucratives. Elles s'étendaient de l'usure au recel. C'était là qu'il fallait chercher l'origine de ses relations avec Jack Desly, le personnage à qui il allait, présentement, faire visite.
Il s'arrêta devant une grille à travers laquelle il voyait un jardinier, armé d'un sécateur, en train de tailler des rosiers.
— Pas mal, le nouveau logis, marmonna-t-il, et il sonna.
Un homme, vêtu d'un gilet à manches, au torse couvert de rayures en long, apparut en haut des quelques marches, au bout de l'allée. Le père Yabok reconnut le visage plat, aux pommettes proéminentes, le nez camus et les yeux bridés du domestique. C'était Nan-Dhuoc, l'Annamite, l'homme à tout faire, le collaborateur de Jack Desly, gentleman-cambrioleur.
Le Jaune parut stupéfait de la présence du vieil homme, mais ne l'en introduisit pas moins dans le petit salon.
— Mon maître dans son atelier... articula-t-il.
— Son atelier ? répéta machinalement le père Yabok.
Déjà, Nan-Dhuoc avait gravi les deux étages qui menaient aux combles de la villa. Il poussa une porte, après un coup léger, et pénétra dans une pièce mansardée, éclairée par un vitrage qui occupait la presque totalité du toit.
Jack, avec l'autorisation du propriétaire, avait fait élargir le vasistas et cela donnait une pièce agréable, ensoleillée, un atelier d'artiste, en quelque sorte.
Le maître de céans, en longue blouse blanche, se trouvait devant une sellette sur laquelle se voyait un petit bronze représentant un pugiliste en garde, et le contemplait attentivement.
Plus loin, une grande motte de terre glaise sur une table. Puis une autre sellette sur laquelle se trouvait une réplique du modèle.
— Maître. Une visite...
Jack tourna la tête vers Nan-Dhuoc.
— Ah ?... Ce n'est pas Arthème Ladon, j'espère ?
Le domestique hocha négativement la tête, pendant que ses yeux obliques se plissaient de gaieté.
Arthème Ladon, inspecteur de la Sûreté Nationale, était l'adversaire inamovible de Jack Desly. Ce dernier ne souhaitait qu'une chose : que ce fût toujours Ladon qui se chargeât de le poursuivre. C'était une garantie de sécurité pour lui.
Non pas que l'inspecteur fût un incapable. Mais Jack en connaissait si bien le tempérament, les manières et la méthode de travail, que sa propre besogne était, assurait-il, considérablement simplifiée par ce fait.
— Qui est-ce ? demanda Desly en reculant de quelques pas, un œil fermé.
Il murmura :
— Tu ne trouves pas que cette garde est mauvaise ? L'auteur du bronze s'y connaît en formes harmonieuses, mais ne pige rien à la boxe... Regarde... Le moindre crochet à l'estomac passerait comme une lettre à la poste...
— Moi, pas très fort, boxe, déclara Nan-Dhuoc, moi préférer jiu-jitsu... Beaucoup plus savant...
Il enchaîna, avec un mouvement de tête vers le bas de la maison :
— Père Yabok, en bas...
— Hein ? Le père Yabok ?... Cet escargot est sorti de sa coquille ? Que se passe-t-il ? Nan Dhuoc, prends une cigarette dans la boîte et place-la entre mes lèvres... Là... Allume... Merci...
Il avait les mains tachées de terre glaise. Après deux bouffées, il se mit à pétrir une grosse boule qu'il avait détachée du bloc principal et marmonna :
— Fais-le monter... Je me demande ce que me veut le vieux bouc...
On entendit le souffle pénible du vieillard dans l'escalier, puis le père Yabok apparut sur le seuil.
— Diable !... (il prononçait « tiaple !... » ) c'est haut, chez vous !
— Installez-vous sur le divan, Yabok, et reprenez votre respiration. Je n'ai jamais pensé que vous viendriez me voir, sinon j'aurais prévu un monte-charge...
Yabok laissa échapper un rire saccadé et se laissa choir sur un fauteuil, plus près de lui que le divan.
— Vous faites du modelage ?...
— Vos yeux ne vous trompent pas, dit Jack, paisiblement. Ce n'est pas du tir aux pigeons, comme vous pouvez le constater...
— Toujours drôle, ce Jack Desly... Toujours drôle...
— Mais vous, vous l'êtes moins...
Le vieillard battit précipitamment des paupières derrière ses lunettes et s'exclama :
— Pourquoi ?... Qu'est-ce qui n'est pas drôle, chez moi ?
Jack, qui lui tournait à demi le dos, pivota sur ses talons.
— Votre visite, Yabok... Il avait toujours été convenu que vous ne mettriez les pieds chez moi sous aucun prétexte... Je ne voudrais pas vous désobliger, mais, tout de même, vous êtes moins représentatif que... que le duc de Windsor, par exemple...
Le vieux coquin se gratta la barbe.
— Voui... C'est chuste !... Fous avez raison, Chack...
— Écoutez, si ça ne vous fait rien, appelez-moi monsieur Desly...
Un éclair jaillit une seconde sous les paupières lourdes du père Yabok et sa bouche se contorsionna. Mais, déjà, il souriait obséquieusement de nouveau.
— Oui, monsieur Desly. Je vous prie de m'excuser... Mais l'affaire est tellement bonne, tellement merveilleuse que...
— Quelle affaire ?
— Celle que je viens vous proposer...
— Vous ne pouviez pas me donner rendez-vous par téléphone, chez vous ?... dit Jack, en haussant les épaules.
— Vous n'êtes pas chic... Je me dérange et c'est comme cela que vous me remerciez... D'abord, je ne connaissais pas votre numéro... Il n'est pas encore sur l'annuaire...
Desly songea que le vieux bonhomme n'avait pas tout à fait tort. Il n'avait quitté son appartement parisien que depuis peu de temps et ce n'était pas une habitude, chez lui, que de proclamer aux échos ses faits et gestes.
— Comment avez-vous découvert l'adresse, alors ? demanda-t-il à brûle-pourpoint.
Yabok montra ses dents jaunes et sa main se promena de nouveau dans sa barbe aux poils raides.
— Le concierge de votre ancienne maison, voyons...
La vie de Jack Desly avait ceci de remarquable qu'elle s'écoulait d'une manière fort claire, en apparence. Le jeune homme n'avait nul besoin de se travestir — en dehors de ses expéditions — ni de changer de nom. Seuls, quelques rares personnages — dont le père Yabok et aussi l'inspecteur Ladon — savaient à quoi s'en tenir.
Le premier n'avait nul intérêt à parler. Le second ne parvenait pas à réunir les preuves indispensables.
— Alors... cette affaire ?... prononça Jack.
Il s'était mis à modeler de ses mains adroites, tout en parlant. La glaise prenait forme. Bientôt apparut une première ébauche générale.
— Oh ! c'est vraiment bien, murmura Yabok.
— Parlez-moi de ce qui vous amène, dit le jeune homme, sans relever la flagornerie.
Secrètement, il avait horreur de ce Yabok, mais comme le vieux gredin lui était nécessaire pour l'écoulement de certains bijoux, il se résignait à le fréquenter, professionnellement.
— Une affaire en or, Jack... pardon, monsieur Desly...
— Je vous écoute...
...

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