Les crédits du diable
210 pages
Français

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Les crédits du diable , livre ebook

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Description

Il s’avance près de la table à manger. Il remarque une réclame qu’il n’avait jamais prise en considération auparavant, une publicité parmi tant d’autres. Pourquoi, ce soir, retient-elle son attention ? Puisqu’elle ne l’intéresse pas, il devrait, au contraire, l’ignorer. Mais elle attire son regard comme une étincelle qui, dans les ténèbres et pour un instant, laisserait entrevoir tous les démons qui y vivent ! Il passe à côté sans empoigner ce torchon afin de le déchirer et le brûler. Il passe à côté sans savoir...


Une publicité pour les crédits à la consommation.


Les crédits du diable !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414321636
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-32164-3

© Edilivre, 2019
Dédicace


À toutes les victimes d’escroquerie, de faux et d’usage de faux.
À tous ceux qui, comme moi, doivent se défendre parce que des organismes de crédits à la consommation ont prêté de l’argent sur des faux à des escrocs.
Je remercie tout particulièrement Maïna qui a participé à la correction de ce roman.
Chapitre I
Recroquevillé sur ce lit d’une personne aux draps sales et dont l’odeur n’invite pas à y rentrer, il pense. Les yeux ouverts et rivés sur le mur tapissé d’un papier démodé et usé de cette chambre de bonne qu’il loue quelques euros par jour, il ne voit pas la crasse, non qu’il soit aveugle, mais son regard est ailleurs. Il se souvient jadis du quai de la gare dans le brouillard matinal du mois de novembre. Tout au bout, dans le froid, le train gris apparait. Comme lui, ils sont tous debout dans l’obscurité avant l’aurore, transis par la bise et l’humidité qui attaquent les chevilles, les oreilles, le bout du nez. Ils attendent l’arrêt complet pour monter et enfin s’asseoir, sur les sièges durs. À l’intérieur des rames qui ne communiquent pas entre elles, mis à part pour les contrôleurs avec leur clé carrée, le chauffage ne fonctionne pas. Cela depuis qu’une femme s’est plainte de brûlures pour avoir mis sa jambe trop près du radiateur. Alors, les responsables ont décidé de couper le chauffage pour tous, sous prétexte qu’une seule personne se serait blessée. Néanmoins, jamais personne n’a rien fait pour envisager d’améliorer le système. Soit cela fonctionne, et il ne faut pas se brûler, soit cela ne fonctionne pas. C’est une logique binaire qui ne laisse percevoir que le blanc ou le noir. Et malgré bien des plaintes de l’ensemble des voyageurs, le chauffage ne sera jamais remis. Parfois, quand l’hiver est rude, il gèle à l’intérieur. On remarque une légère couche de glace qui se forme sur les vitres. Évidemment, lorsque la chaleur de l’été accable les corps, c’est l’inverse qui se produit. Il y fait si chaud que l’on pourrait se croire dans un sauna. Parfois, certains voyageurs font des malaises. Dans le froid de l’hiver, bien des gens attrapent la mort, comme souvent ils se le disent entre eux. Cela passe par les chevilles, remonte le long des jambes et finit par glacer tout le dos.
Le système préfère que les individus contractent des rhumes ou même des grippes qui génèrent les arrêts de travail plutôt que de mettre du chauffage à une température acceptable. Tous les voyageurs sont donc punis à cause d’une seule personne qui se serait brûlée et qui aurait porté plainte. Si tant est que cette histoire soit vraie et qu’il ne s’agisse pas là d’une fausse excuse dans le but de faire des économies.
Cela étant, monter dans le train et être transporté jusqu’à Paris, même avec du retard, est une chance qu’il faut apprécier. En effet, on ne sait jamais quel nouvel événement va se produire pour empêcher le train de rouler, même avec une grande imagination. Un jour, les portes ne se referment plus. Un autre jour, le conducteur n’a pas pris son service. Une autre fois, l’agent de sécurité de la rame est absent et le train ne peut partir. Un jour, trop de feuilles mouillées recouvrent les rails. Un autre jour, une vache est sur la voie. Et enfin, un jour, c’est le débrayage total parce qu’un conducteur de train est passé au rouge. Sa direction l’a sanctionné et le syndicat ne l’a pas accepté. Une grève qui a duré plus de quinze jours sans aucun trafic à cause d’une erreur humaine qui, d’ailleurs, aurait pu avoir des conséquences graves. Les express ont parfois l’autorisation exceptionnelle de s’arrêter dans ces gares de banlieues, mais ils sont tellement bondés que tous les individus ne peuvent y monter. Bref, il ne se passe pas une semaine sans retard important, sans parler de la suppression de train.
Un jour de grogne des voyageurs, un contrôleur avait répondu :
– Estimez-vous déjà heureux qu’on vous transporte, car ces trains ne sont pas rentables !
Parfois, le covoiturage s’organisait pour rejoindre une autre gare sur une ligne différente où le trafic semblait meilleur. Mais, là aussi, des situations cocasses se produisaient. À ce propos, il se souvenait d’une anecdote. Le train s’approchait. Il patientait, comme tous les autres, alignés le long du quai. À l’ouverture des portes, tous les voyageurs à l’intérieur sortent. Ceux qui attendaient, étonnés, montent et prennent place, tout heureux de trouver des sièges disponibles. C’est alors que le mécanicien, depuis sa cabine, annonce :
– Terminus du train, tout le monde descend.
Surpris, tous les individus obtempèrent et se suivent comme un troupeau de moutons. Et là, les haut-parleurs sur le quai se mettent à crier :
– Le train à destination de Paris est sur le quai, départ imminent !
Les voyageurs, des plus étonnés, mais obéissants, remontent tous à bord, ceux qui y étaient dedans à son arrivée, et ceux qui attendaient sur le quai. Du coup, il n’y avait plus assez de place pour que tous puissent s’asseoir. Et là, le mécanicien renchérit :
– Terminus du train, tout le monde descend.
Ahuris, tous les voyageurs sortent de nouveau, mais la surprise se mue en énervement désormais. Le petit jeu dure un certain temps. Jusqu’à ce que le train parte enfin pour Paris !
Une situation amusante s’il en est, mais qui n’égaie plus personne, car chacun sait qu’il va arriver, de nouveau, en retard au bureau. Beaucoup vont, une nouvelle fois, courir dans les couloirs du métro même s’ils savent qu’ils vont, tout de même, se faire alpaguer par leur patron ou leur responsable ! Il se remémore que certaines personnes avaient perdu leur travail à cause des retards fréquents qui excédaient les employeurs. D’autres avaient même déménagé pour se rapprocher d’autres lignes où les trains circulaient dans de meilleures conditions.
Il se souvient aussi un soir, en gare de l’Est, afin de rentrer chez lui, après une journée éprouvante, comme beaucoup de salariés, de son train annoncé en panne sur les panneaux d’informations et par les haut-parleurs. Tous montent alors dans l’express qui a obtenu l’autorisation de s’arrêter dans les gares de banlieue. Celui-ci doit partir à 18h14. Il a, comme d’habitude, couru dans la rue et dans les couloirs du métro pour ne pas manquer son train. En arrivant à la gare, il apprend que celui-ci est en panne. Il va devoir encore galérer pour rentrer. Mais surtout, il sait qu’il va rentrer bien trop tard pour profiter de sa petite famille correctement. Cela le désespère. Il prend place dans l’express, comme tout le monde, et patiente. Ils attendent tous. Mais le train ne part pas. Alors, un voyageur excédé décide d’aller à la rencontre d’un contrôleur, quelque part. Il revient s’asseoir quelques minutes plus tard :
– Le train n’a pas de locomotive ! Elle est sur la voie d’à côté, dit-il en soupirant.
Toutes les personnes du compartiment expriment leurs mécontentements et critiquent virulemment la compagnie de chemins de fer. Et puis, chacun y va de ses propres anecdotes et de ses expériences, parfois difficiles à croire.
En effet, la locomotive sur les voies à côté se met en branle et disparaît. Les techniciens l’accrochent aux wagons orphelins. Après plus de trois quarts d’heure, le train finit par partir. Tout le monde alors s’en félicite.
Cependant, quinze minutes plus tard, le train stoppe en pleine campagne. On sent une vague odeur de brûlé dans le couloir. C’est alors que les contrôleurs se mettent à courir dans la rame et tout le monde se regarde, assez interrogatif. Les uns et les autres s’inquiètent de ce qui peut bien se produire maintenant. Puis, un contrôleur repasse et se fait alpaguer.
– Que se passe-t-il ? demande un voyageur.
– Rien de grave. Un petit souci technique. N’ayez crainte, le train va repartir, répond-il, très assuré de lui.
En effet, le train redémarre, après quinze minutes d’arrêt. Puis, quelques kilomètres plus loin, il stoppe encore, avec une odeur cramoisie dans le couloir, mais plus intense que tout à l’heure. Et les agents se mettent désormais à courir. Cette fois, le train ne repartira pas. De nouveau, certains alpaguent un contrôleur pour lui demander :
– Alors, c’est quoi maintenant le problème ?
– Le moteur de la loco vient de brûler.
– Ah oui ! Quand même ! Et… On fait quoi ?
– On attend une autre locomotive pour nous tirer jusqu’à la prochaine gare.
– Et après, tout ira bien ? On pourra enfin rentrer chez nous ! C’est qu’on est tous fatigués !
– Malheureusement, la prochaine gare est le terminus. Il faudra patienter pour le train suivant, dans une heure. J’en suis le premier désolé.
Un sketch qui pourrait faire rire dans un théâtre ou un film, mais qui n’amuse plus les voyageurs harassés.
Savoir qu’il va rentrer à vingt-trois heures chez lui ne le ravit pas. Encore une fois, il ne verra pas son fils. Il mangera tout seul puis il ira au lit, pour de nouveau entendre biper le réveil à 6h00 du matin. Une sonnerie qui annonce une nouvelle journée stressante au bureau et des transports qui n’en finissent pas d’être des problèmes ambulants. C’est un cauchemar quotidien comme si on vivait la même journée de soucis qui recommence sans cesse, en boucle.
La nuit tombe, et dans cette chambre qui semble se rétrécir jour après jour, il sent la faim le tirailler et le froid l’envelopper. Les mains coincées entre ses cuisses, en chien de fusil, il n’a plus aucune volonté. Une araignée tisse sa toile dans l’angle de la chambre, près des rideaux tout gris de poussière et de saleté. Il n’a rien avalé depuis la veille. Tous les soirs, il se traine jusqu’au premier kebab ou au premier fast-food. Il ingurg

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