Les Deux Jours inoubliables de Nicolas Sinoranovitch à Fréjus
210 pages
Français

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Les Deux Jours inoubliables de Nicolas Sinoranovitch à Fréjus , livre ebook

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Description

M. Sinoran est un ancien citoyen russe qui vit en France. Amateur d’histoire et d’archéologie, c’est un père de famille tranquille. Un matin, des coreligionnaires l’entretiennent de leur projet de mettre en lumière le rôle important de certaines personnes dans l’histoire contemporaine. Leur entreprise étant à ses débuts, ils demandent à Sinoran de se prêter au jeu. Mais, au fur et à mesure que se dévoile son passé, Sinoran finit par faire de la résistance. Que cache-t-il ? Et ses nouveaux amis, que veulent-ils exactement ? Cette fiction nous entraîne dans l’ex-URSS des années 1980 lorsque ce pays était en guerre en Afghanistan.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414367832
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-36784-9

© Edilivre, 2020
Dédicace

A mon ami et regretté André Menu
En souvenir de son aide et ses encouragements
Comme tous les matins, tu es sorti à l’aube de la villa que nous avons louée à Fréjus à l’occasion de vacances en famille. Tu vas retrouver une boulangerie du centre-ville où tu achètes du pain et diverses viennoiseries pour le petit déjeuner. Tu t’engages dans une avenue commerçante légèrement en pente, bordée d’imposants bacs à fleurs aux espèces persistantes. Installés après l’effacement des trottoirs, ces bacs en brique sont censés protéger les passants de la circulation. Ils ne laissent qu’un étroit passage encombré par des squatters qui, la nuit, se réfugient dans l’entrée des boutiques.
Au début du séjour, ton épouse te dissuadait de faire cette sortie qu’elle semblait considérer comme une corvée. Tu ne sais si ce que tu apprécies le plus, c’est levé au point du jour, la marche dans la fraicheur matinale tandis que la ville se réveille et que la chaleur du soleil commence à se faire sentir ou bien la perspective de retrouver une chambre douillette où l’obscurité s’éclaircit et où il règne un silence aussi profond qu’à ton départ. Ce que tu apprécies le plus au fond, c’est le contraste qu’offrent ces différentes situations, contraste qui permet de mieux se rendre compte de ce qu’on profite habituellement sans trop faire attention. Tout cela tu ne l’avais que partiellement dit à ta femme.
En poursuivant ta promenade, tu passes comme d’habitude devant un imposant immeuble en pierres de taille de style 1900. Il est entouré de petites constructions aux façades crépies qui épousent davantage avec leur balcon en surplomb l’architecture du midi. Le bâtiment s’ouvre sur trois portes en fer forgé dont l’une est entrouverte. Grâce à sa prestance, cet ouvrage aurait pu convenir par exemple à l’étude d’un notaire. Ce n’était pas du tout le cas.
Un matin, une jeune femme habillée d’une manière assez chic en était sortie pour fumer une cigarette. Toi, en tenue estivale, teeshirt, short, espadrilles, tu eus l’impression en comparaison d’être nu. C’était la même personne vêtue d’une robe un peu longue et d’un fichu sur la tête que tu avais vu émerger quelques jours plus tôt d’un véhicule qui était reparti aussitôt.
Les mèches de cheveux bouclées qui s’échappent de son foulard tirent sur le roux, le teint est pâle, les pommettes sans fard, de même les lèvres, sans apprêts inutiles. Elle avait fait un signe de la main au conducteur en montant prestement les trois ou quatre marches qui permettent d’accéder à l’entrée principale. Tu t’étais vaguement promis de lui parler à cette femme, histoire de satisfaire ta curiosité… L’absence de plaques en cuivre à l’entrée de l’immeuble ; c’était cela qui pouvait permettre d’engager la conversation.
Tu n’avais pas eu à faire le premier pas : c’est cette femme qui t’interpela, et par ton nom sans plus de cérémonie. Puis, elle te considéra longuement comme pour jauger l’effet de surprise qu’elle provoquait. A la réflexion, elle campait une attitude plutôt commerçante qui se modifia en adoucissant les traits de son visage. Il se fit avenant, presque bienveillant, tout cela successivement, ce qui te fit penser bêtement qu’elle avait vu en toi le touriste et qu’elle avait quelque chose à te proposer. Sur ce point, tu ne te trompais pas tout à fait.
Cette personne avait l’air bien disposée à ton égard. Du coup, tout te parut plus simple que ce que tu avais cru. Comme si elle avait interprété tes pensées, le sourire qu’elle arborait s’était modifié pour préparer ce qu’elle allait te dire.
« Bonjour Monsieur Sinoran… Nicolas Sinoran, je crois ? »
Comme elle se trouvait deux marches plus haut, elle s’était ostensiblement inclinée vers toi en faisant le geste de te tendre la main qu’elle renonça à atteindre, tant tu étais encombré des achats que tu ramenais de la boulangerie. Elle paraissait si sure d’elle que tu cherchas d’une manière effrénée dans ta mémoire si cette femme avait déjà traversé ton existence. En vain. Tu hésitais à donner un sens à ce regard. Tu peux dire ce qu’il n’était pas : ce n’était pas vraiment celui d’une femme qui cherche à séduire, ni celui d’une mère malgré la sollicitude qui s’en dégage. Ce n’était pas non plus le regard complice d’une copine. Elle connaissait ton nom, surtout ton nouveau patronyme. Et cela même t’a incité à faire face. Tu notes son prénom, Olga, inscrit sur un pin’s fixé un peu plus haut sur sa poitrine.
Histoire de ne pas laisser un silence embarrassant s’installer entre nous et bien décidé à satisfaire ta curiosité, c’est toi qui avais commencé la conversation. Tu lui demandas de te parler de ce travail qui l’amenait à heure fixe devant cet immeuble mystérieux. Question bien mal formulée puisque la régularité des allées et venues est pour les salariés davantage une généralité qu’une exception ; tu avais oublié d’évoquer l’absence de plaques sur l’immeuble. Cet oubli avait certainement une signification sur laquelle tu t’étais abstenu de t’interroger.
C’est la voix bien timbrée et pédagogue de gens qui ont un certain niveau d’études que tu entends. Mais cette voix présente un léger accent qui te frappe. La femme évoque tout d’abord l’intérêt touristique de la ville et de ses environs. Elle te connait par l’office de tourisme où nous avons eu l’occasion de passer… Elle doit travailler pour un tour opérateur. Elle doit être guide ; tu l’anoblis, guide agréée même. Elle poursuit ainsi :
« Les gens en faisant du tourisme s’intéressent aux monuments parce que comme les archéologues, ils cherchent à retrouver les traces d’une vie passée. Il la reconstitue en imagination mais leur émotion est limitée dans la mesure où ils ne peuvent malheureusement pas se situer dans ce passé. Alors pourquoi tenter de remonter des centaines d’années en arrière ? Il y a une histoire contemporaine à laquelle on a été plus ou moins mêlé. Et dans cette histoire on peut s’y trouver impliqué » poursuit-elle.
Tu as trouvé que ça démarrait très fort comme ça, de bon matin. Il te fallait être à la hauteur.
« Oui. Mais est-ce déjà de l’histoire ? N’est-ce pas de l’histoire inachevée, je veux dire… encore de la politique ? Au moins, les vieilles pierres, les archives poussiéreuses, on ne peut pas les faire mentir » dis-tu doctement et tu ajoutes. « Vous savez, mis à part les hommes politiques, il doit y avoir bien peu de gens impliqués dans l’histoire avec un grand H. Sauf à considérer qu’on a fait l’objet d’une réincarnation. J’ai peut-être été Napoléon ou Gambetta mais je n’en ai pas le souvenir. »
Tu te targues d’avoir une bonne connaissance de l’histoire de France ; position qui conforte ton souci d’intégration dans la communauté nationale que tu as choisie.
« Vous avez une conception élitiste de l’histoire » te répond-elle aussitôt « Celle qui se fonde sur l’action de quelques célébrités. L’histoire a été faite par des millions de gens pris individuellement. Que cette histoire soit animée par des chefs n’y change rien. Prenons par exemple l’individu qui a donné le premier coup de pioche dans le mur qui séparait l’est et l’ouest de Berlin et coupait l’Allemagne en deux. Même s’il a tendance a exagéré sa participation à cet évènement, il est probable que cette personne sera loin de saisir toutes les implications de son initiative. Alors voilà, c’est ce genre de réflexion que nous proposons aux gens que ça peut intéresser. »
En entendant évoquer le mur de Berlin, tu n’avais pas pu t’empêcher de tressaillir en songeant aux conséquences que cet évènement avait eues pour toi et des millions de gens. Elle semble avoir deviné ton trouble. Tu objectes :
« Celui ou ceux qui ont donné les premiers coups de pioche sur le mur ont certainement constaté au fil des années, les conséquences de leurs actes…, à moins d’être complètement stupides. Leur participation à la grande histoire est incontestable. Ont-ils vraiment besoin qu’on leur mette les points sur les i ? »
« C’est le cas le plus simple » concéda la jeune femme.
Après ce bref échange, tu t’étais excusé d’un coup de menton en direction de tes achats. Et tandis que tu t’éloignais, voilà qu’elle te souhaite la bienvenue en langue russe, langue que tu ne pratiques plus depuis bien longtemps.
Un peu plus tard, tu te demandas si tu devais te réjouir ou au contraire t’inquiéter d’avoir rencontré une coreligionnaire. Tu cherchais des raisons de te rassurer. Au fond cette femme et ses comparses de l’immeuble avaient fait la même chose que toi. Ils étaient venus en Occident refaire leur vie lorsque les circonstances l’avaient permis. Ce Mur érigé par les autorités communistes de l’Allemagne de l’Est dans les années 60, accompagné d’un verrouillage hermétique des voies de communication entre les deux Allemagne, avait rendu les passages d’Est en Ouest impossibles. Combien de gens était bloqué par ce mur ? Pas seulement les Allemands de l’Est mais les Polonais, les Russes et bien d’autres peuples encore, si l’idée leur était venue de passer à l’Ouest. Il fallait bien un jour qu’il s’écroule pour pouvoir sortir de la nasse que le système communiste avait créée. Mais pour nous Russes, cet évènement a provoqué en outre une onde de choc inattendue qui a contribué, quelques années plus tard, à la dislocation de l’URSS, à la dispersion des nations qui la constituaient et surtout, à l’effondrement de son système politique.
Pour ce qui te concerne, il t’a fallu attendre quelques années, pour quitter le pays légalement, sans faire de vagues. Tu avais espéré que des jours nouveaux puissent survenir, quelque chose ressemblant à ce qui exist

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