Les Enfants du Dragon
90 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
90 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

À la prison Saint-Pancrace de Londres, c’est jour d’exécution.


Un Chinois va être pendu pour avoir assassiné un célèbre archéologue qui refusait de rendre à la secte des « Enfants du Dragon », une momie d’un souverain mongol et une idole aux yeux de rubis découverts lors de fouilles.


Une fois son œuvre effectuée, l’exécuteur de Sa Majesté se volatilise mystérieusement sur le trajet le menant à son domicile.


Pendant que Scotland Yard peine à retrouver la trace du disparu, à White Chapel, un trio de brigands fomente un mauvais coup. Les trois hommes ont prévu de subtiliser un coffre en bois précieux dans l’entrepôt d’un riche mandarin, espérant qu’il recèle une cargaison d’opium.


Le plan réalisé sans faux pas, à l’ouverture du caisson ils ont la désagréable surprise d’y trouver le corps embaumé du bourreau...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070031766
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENFANTS DU DRAGON
Roman d'aventures

par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER

La prison de Saint-Pancrace, à Londres, présente l'aspect lugubre et morose que les édifices de ce genre affectent généralement dans tous les pays du monde ; les briques rouges de la façade étaient devenues d'un gris sale, presque noir, et les pierres bleues qui encadraient les fenêtres grillagées du greffe disparaissaient sous la patine épaisse de la couche de crasse qui les recouvrait.
Un brouillard visqueux et puant enveloppait la ville énorme, mais il paraissait plus dense aux environs de l'établissement pénitentiaire, comme s'il voulait pudiquement voiler les crimes et les turpitudes qui y étaient encloses.
Il faisait encore nuit, puisque cinq heures du matin venaient à peine de sonner au clocher d'une église toute proche ; et la lumière des deux globes électriques qui éclairait le porche d'entrée du bâtiment n'était d'aucune utilité : elle n'atteignait même pas les pavés, se contentant de dessiner, trop haut, des halos, sinistres comme des auréoles maléfiques.
Une silhouette confuse émergea tout à coup de cet océan de grisaille ; elle s'approcha de la porte monumentale, et par trois fois, elle en laissa tomber le lourd marteau de bronze.
Le vantail du portillon s'ouvrit automatiquement, et le visiteur matinal, d'un pas pressé, en homme qui connaît les lieux, traversa un couloir long et obscur, humide comme une champignonnière, où l'écho multipliait le bruit de ses pas.
Il parvint ainsi à une porte vitrée, brillamment illuminée, où des lettres d'émail formaient le mot « concierge » . Il la poussa sans façon et entra, accueilli dès le seuil par une exclamation joviale :
— Bonjour, monsieur Smith ! Vous êtes en avance ; je ne vous attendais pas encore !
— En effet... admit le nouvel arrivant en présentant la paume de ses mains à la bienfaisante chaleur du poêle de fonte ; je m'étais levé une heure plus tôt à cause de ce satané brouillard. Mais arrivé au coin de la rue, j'ai rencontré Dicky, le laitier, qui m'a offert de prendre place dans sa camionnette. Il m'a déposé à cent mètres d'ici... J'ai eu une veine de pendu !
Cette réflexion, pourtant anodine, eut pour effet de provoquer, chez le gardien concierge de Saint-Pancrace, une véritable explosion d'hilarité :
— Une veine de pendu ! exulta-t-il. Toujours le mot pour rire, ce bon Mr Smith !
Son interlocuteur lui jeta un regard réprobateur, et c'est un ton de dignité offensée qu'il riposta :
— Je ne plaisante jamais lorsqu'il s'agit du service, Joe ! Et si j'avais supposé que vous auriez interprété mes paroles comme une allusion malsonnante à mon honorable profession, je me serais exprimé autrement. Les maris trompés passent, eux aussi, pour avoir une chance insolente !
— Excusez-moi... fit Joe, acceptant la semonce en philosophe. Mais lorsqu'on vous regarde, l'on a peine à s'imaginer votre profession !
C'était l'exacte vérité : Samuel Smith, exécuteur des Hautes Œuvres de S. M, Britannique, ressemblait bien plus au sacristain d'une riche paroisse qu'au bourreau qu'il était en réalité. Il se présentait en effet sous l'aspect imprévu d'un petit homme replet, avec une grosse figure réjouie de bébé rose à cheveux blancs. Sa bonne humeur était légendaire, et l'on chuchotait même qu'il parvenait à faire rire ses « clients », en leur passant autour du cou la cravate fatale !
Ces commérages, il est vrai, ne plaisaient que médiocrement à l'homme méthodique et consciencieux qu'était Samuel Smith ; il se montrait intraitable pour tout ce qui touchait le service, de près ou de loin, et il en fit la preuve au moment même, en refusant avec héroïsme le verre de gin que lui proposait son interlocuteur :
— Merci, mon cher... répondit-il avec une souveraine majesté. Vous connaissez mes principes : jamais de boissons fortes avant une exécution ; après, tant que vous voudrez !
— Cela vous réchaufferait cependant, car il ne fait pas chaud !
— Certes ; mais que dirait l'Attorney général si j'empestais l'alcool ? De plus il serait inhumain de faire respirer mon haleine saturée de liqueur au condamné ! Ces relents lui rappelleraient les joies de ce monde, et il n'en aurait que plus de regrets de passer de vie à trépas !
— Vous êtes véritablement un brave homme ! s'écria le concierge avec admiration.
L'éloge de ce modeste employé fit plaisir à monsieur Smith qui se rengorgea :
— Mon activité ne m'empêche pas d'être humain, souligna-t-il avec toute la modestie désirable. Et personnellement, si je devais être exécuté, je trouverais déplaisant que mon justicier sentît la boisson !
Un silence suivit cette déclaration, et Joe ne le rompit que pour s'enquérir, avec la curiosité professionnelle inhérente à son état :
— En l'honneur de qui avez-vous fait le déplacement ce matin, Monsieur Smith ?
— Hièng Fou, le Chinois !
— L'assassin de Lord Malcolm Hellensby ?
— Exactement ! Avez-vous suivi le procès de cet odieux criminel ?
— Dans ses moindres détails. L'affaire m'a semblé passablement embrouillée !
— Elle peut en effet paraître telle ; mais si on la débarrasse de tous les éléments accessoires que les défenseurs de Hièng ont mis en relief pour sauver la tête de leur client, elle devient limpide comme de l'eau de roche, et se présente sous l'aspect banal d'un assassinat longuement prémédité.
Le gardien concierge de Saint-Pancrace connaissait sur le bout des doigts le pedigree et les exploits de tous ses pensionnaires ; et le qualificatif de « banal » accolé à ceux du chinois lui paraissait profondément déplacé. Mr Smith lut le reproche que traduisait le regard de Joe, et il se hâta de s'expliquer :
— Résumons les faits, dit-il d'une voix posée ; et je suis persuadé que vous y verrez bientôt aussi clair que moi ! Lord Malcolm Hellensby, l'archéologue universellement réputé, découvre un temple souterrain à Pé-Tcha-Chang, aux confins du Pétchili et de la Mongolie. Il y effectue des fouilles méthodiques et met au jour des objets d'une haute valeur scientifique, propres à nous éclairer sur le degré de civilisation atteint dans ces régions.
— Notamment le corps momifié d'un souverain mongol de la troisième dynastie, une idole dont les yeux sont remplacés par des saphirs de Ceylan aussi gros que des œufs de poulette, des...
— Laissons de côté, je vous prie, ces détails sans importance ! L'illustre savant revient en Angleterre avec le fruit de son labeur, et il y reçoit, après un certain temps, une lettre de menace.
— Missive étrange, qui le somme de restituer le corps embaumé de l'ancien roi à l'Association des « Enfants du Dragon de Lumière » .
— C'est là une de ces Sociétés secrètes comme il en existe d'innombrables en Asie ; elles poursuivent des buts à la fois politiques et religieux.
— Toujours est-il que Lord Hellensby ne tient aucun compte de ce qu'il appelle dédaigneusement « un chiffon de papier » !
— Obéir lui eût du reste été impossible, remarqua sévèrement Mr Smith ; puisque Lord Malcolm avait fait don au British Museum du sarcophage de teck contenant les restes de l'ancien monarque !
— Hellensby reçut alors un télégramme, si mes souvenirs sont exacts.
— En effet ; le câble avait été déposé à Southampton, et annonçait au noble archéologue qu'il mourrait de mort violente trente jours plus tard, s'il ne donnait pas satisfaction complète aux « Enfants du Dragon » .
— C'est à ce moment qu'il alerta Scotland Yard !
— Aussitôt, la police passa au crible tout le quartier d'East India Dock ; on arrêta une bonne centaine de suspects ; un service sévère de surveillance fut organisé autour du domicile du savant, et deux détectives en civil s'attachèrent à sa personne.
— Tout ce luxe de précautions s'avéra inutile !
— Ce n'est hélas que trop vrai ! Lord Hellensby fut poignardé en pleine rue, sous les yeux épouvantés de ses gardes du corps qui le suivaient à trois pas. Les policiers ne purent qu'appréhender le meurtrier qui n'opposa pas la moindre résistance et reconnut le crime avec la meilleure bonne grâce du monde !
— Déjà à l'enquête du Coroner, il plaida coupable !
— Ses avocats le défendirent avec talent, s'attachant à démontrer qu'il n'était que l'instrument dont s'était servie la secte puiss

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents