Les lignes de l'aube

Marie-Laure Urbain

Description

Un collectionneur de figurines emménage dans un appartement parisien. Il éveille la curiosité d'un jeune voisin taciturne. Un jour, le collectionneur disparaît.
Une trentaine d'années plus tard, son ancien admirateur, ayant incidemment retrouvé sa trace, décide de partir à sa rencontre.

Sujets

• Policier & Thriller
• Thriller
• Thriller psychologique
• Nouvelles de genre
• Romans de genre
• Fiction
• Littérature

Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 31 août 2015
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782332963079
• Langue: Français

Extrait

Couverture
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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
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ISBN numérique : 978-2-332-96305-5

© Edilivre, 2015
Dédicace


À ma mère, partie en douceur un dimanche d’été.
Les Lignes de l’aube
“… – Tu t’appelles comment ?
– Erwan.
– Bonjour, Erwan. Moi, c’est Jacques…”
… Jacques Ivarres avait emménagé une trentaine d’années auparavant au 112, rue Diderot. Les cheveux bruns grisonnants, des yeux bleus derrière des lunettes à la monture zébrée, le visage anguleux, il avait aiguisé la curiosité de sa voisine de palier, madame Bekarian.
– J’ai vu le nouveau locataire, avait-elle dit à sa mère en adoptant la mine de circonstance lorsqu’elle flairait du gibier goûteux. « Il est d’un genre… spécial. »
– Ah, oui ? Pourquoi ?
Madame Bekarian avait décrit l’homme et parlé de ce pantalon à carreaux de facture écossaise tombant sur des chaussures à boucles. « Je me demande où il s’habille. »
– Il est peut-être anglo-saxon… Il a un fournisseur personnel.
– Ma foi… Il a un air British , de dandy British… D’après le contenu de ses cartons, on a un profil original.
– Vous êtes entrée chez lui ?
– J’y ai mis un orteil… Je voulais m’assurer que tout était normal.
« Elle croit que je suis dupe… Ça la démangeait, elle n’a pas résisté » lui avait déclaré sa mère avant de lui livrer des commentaires de madame Bekarian. « On le verra sans doute prochainement. » Il n’avait pas répondu, alternant son attention entre le récit de sa mère et son livre de bande dessinée. « Un nouveau voisin ? Un schnock en pantalon écossais qui déballe des cartons barrés de l’inscription “figurines”… Ça changeait quoi ? »
Il freina brusquement au feu rouge. Un peu plus, et c’était l’effraction. Les rues étant désertes, il n’aurait pas renversé de piétons mais une caméra aurait pu filmer… Le froid de l’hiver incitait à se calfeutrer. Même les malfrats restaient dans leur tanière. Tant mieux, la charge de boulot était moindre. Il avait quatre jours de congé ; une parenthèse qu’il avait décidé de commencer en ce début de soirée, impatient d’entamer un périple concocté de longue date… La ville était derrière lui, il atteindrait bientôt l’autoroute. La lumière des phares perçait la nuit ; un vague crachin brouillait la visibilité. Ambiance en adéquation avec son humeur. Un frisson d’excitation l’envahit. Fouler des territoires étrangers était une perspective synonyme de poussée d’adrénaline. Sa feue voisine, madame Bekarian, et lui, avaient des similitudes ! Le gamin de l’époque, qui s’était plu à se draper de supériorité par rapport à « cette commère », avait fini par admettre qu’elle avait été un de ses mentors. Friande de dossiers à éplucher, la retraitée qui fut contrôleuse des impôts, était dans les starting-blocks dès que jaillissaient des anecdotes épicées hors du ronronnement quotidien. L’investigation était un de ses domaines de prédilection. Avec « le nouveau locataire », elle avait un spécimen qu’elle n’aurait loupé pour rien au monde… La portion de périphérique avalée, il aborda un ultime rond-point et déboucha sur l’A6, direction Lyon. La blancheur des lignes de marquage se détachait du goudron humide, un ruban nocturne qu’il suivrait jusqu’à son étape à Dijon.
Cette aventure serait-elle une charnière ? La découverte fortuite d’éléments du passé avait allumé des étincelles. Déstabilisé par ces résurgences inattendues, il s’était interrogé sur l’opportunité d’y replonger. Était-il indispensable de rembobiner les séquences d’antan ? Les tergiversations avaient agité le spectre du renoncement. Heureusement, il se ravisait. Se confronter aux dérèglements, rétablir l’ordre, étaient intrinsèques à son métier. La finalité était d’aboutir à une résolution. Reculer était exclu...