Les Promesses faites aux morts
210 pages
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Les Promesses faites aux morts , livre ebook

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Description

Gabriel Herbert est un homme tout ce qu’il y a de plus banal, pourtant, en se réveillant le 10 novembre 2025, il est bien décidé à mettre à exécution ses projets de meurtre. Mais dans une société rendue morne par les crises économiques successives, la déception est souvent au rendez-vous, même en matière de crime... Et le cadavre de sa victime est encore chaud lorsqu’il arrive !

Bob Lebrun, jeune lieutenant de police, se lance sur la piste du meurtrier avec détermination. Afin de ne pas être arrêté pour un crime qu’il n’a pas commis, quoiqu’il l'ait pourtant planifié, Gabriel doit lui aussi se mettre à la poursuite de celui qui lui a volé son meurtre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 août 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332963345
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-96332-1

© Edilivre, 2015
1
Cocorico !! Cocorico !! Cocorico !! Dix minutes après la première sonnerie – déjà insupportable – provenant de son téléphone mobile, Gabriel Herbert se décida à tendre le bras pour l’éteindre. La sonnerie allait crescendo et venait d’atteindre son paroxysme, ne laissant pas d’autre alternative que le réveil.
Comme Gabriel s’y attendait, l’air autour de son bras était froid, très froid même. Il avait tellement envie de rester blotti sous sa couette, le seul endroit de l’appartement où il faisait bon. Mais une journée chargée l’attendait, il se résigna donc à sortir ses pieds et à les poser par terre. Le sol était glacé, la température extérieure avait encore dû descendre en dessous de zéro pendant la nuit.
Gabriel se dirigea vers le radiateur de la pièce principale de son studio et y posa les mains en espérant se réchauffer un peu. Il fut à peine surpris de sentir la fraîcheur du métal sous ses doigts. Avec l’augmentation des tarifs du gaz, la copropriété avait décidé, deux ans plus tôt, de ne chauffer qu’à partir du quinze novembre. Malheureusement, la nature se moque des syndicats de copropriété. Et les hivers, de plus en plus rudes, étaient un cruel rappel de ses années de jeunesse où la température de son appartement à cette saison avoisinait les vingt degrés Celsius.
En ce matin du 10 Novembre 2025, le thermomètre affichait tout juste quinze degrés, et cet hiver-là ne faisait que commencer… Cinq jours plus tard, le radiateur commencerait sa lutte héroïque contre le froid. Mais malgré ses efforts, il permettrait probablement de ne gagner que deux, ou peut-être trois degrés, avec de la chance… Mais était-ce si grave ? Gabriel connaissait au moins le luxe d’un appartement pour lui seul.
Il embrassa du regard l’ensemble de la seule pièce qui le composait, et qui contenait la plupart de ses possessions. Le canapé-lit prenait une place considérable et donnait le sentiment d’étouffer. Il le replia donc pour libérer un peu d’espace. Il ramassa ensuite un livre qui trainait par terre pour le ranger sur l’étagère avec ses congénères. Uniquement des livres qui lui étaient chers, car il n’avait pas la place de les conserver tous. Il y avait, entre autre, un vieux manuel d’anatomie, quelques romans de science-fiction, deux petits livres de cuisine, quelques classiques de littérature, ou encore une vieille édition De la terre à la lune, sur la tranche duquel il passa machinalement le doigt. Un peu de poussière s’y était déposée. A force de rester immobile devant ses livres, Gabriel commençait à frissonner. Il se frictionna donc les bras en faisant les trois pas qui le menèrent jusqu’à la kitchenette, où il se prépara un café bien chaud et bien corsé. Il le but tout en regardant par la fenêtre. La seule chose plaisante dans cet appartement sans originalité était la vue sur la cathédrale de Verniville. Il distinguait même, derrière elle, un petit bout de la cathédrale qui se trouvait de l’autre côté de la Seine.
L’agglomération de Verniville incluait la plus petite ville de Vernouville, toutes les deux étant séparées par le fleuve et ne se rejoignant qu’en un seul point, le pont de grès. En concurrence depuis le moyen-âge, les deux villes avaient érigé deux cathédrales, à quelques centaines de mètres d’intervalle, dont le fleuve semblait être un axe de symétrie. L’essor important de Verniville l’avait conduite à assimiler sa petite siamoise, qui n’était plus qu’une ville périphérique.
Le soleil flattait les formes arrondies de la cathédrale qui se trouvait de son côté du fleuve. A défaut de faire chaud, il ferait au moins beau aujourd’hui ! En bon vernivillien, Gabriel trouvait que sa cathédrale était la plus belle des deux. Tout bon vernouvillois pensait évidemment le contraire et gardait au plus profond de lui la rancœur d’être devenu dépendant de Verniville.
Il alla ensuite dans la petite salle de bain prendre une douche rapide, s’habilla, enfila son long manteau de laine noir et attrapa ses clés de voiture. Il était prêt à partir. Pourtant, alors qu’il posait la main sur la poignée de la porte d’entrée, il s’arrêta net. Pris de doute, il resta immobile, tétanisé par cette question repoussée depuis des mois que son cerveau, concentré sur ses préparatifs, avait jusqu’ici réussi à occulter. Il était presque parvenu à ne pas y penser en se levant. Le froid, la Cathédrale, ces pensées auraient dû tenir à distance la seule question importante qu’il refusait de se poser : suis-je capable de tuer un homme ?
Pris d’un début de panique, il promena son regard dans toute la petite pièce où il vivait depuis maintenant presque un an, et s’arrêta sur les cadres posés sur l’étagère. Des photos de famille… Ces photos servirent de déclencheur à son esprit pragmatique qui reprit le dessus, et lui fournit la seule réponse acceptable : il le faudra bien ! Il prit alors une profonde inspiration et souffla lentement pendant qu’il sortait dans le couloir.
En refermant la petite porte verte de son appartement, Gabriel se retrouva dans le couloir qui, bien qu’il fût familier, n’en était pas agréable pour autant. La vieille tapisserie à fleurs à moitié arrachée rendait cet étage particulièrement peu accueillant. Les couloirs des trois étages inférieurs avaient été refaits cinq ou six ans plus tôt. Les travaux du quatrième, dans lequel il habitait, ainsi que ceux du dernier étage, juste au-dessus, avaient été commencés avant que le propriétaire de l’immeuble ne se rende compte que la facture serait trop importante. Depuis ce temps, des petits lambeaux de tapisserie s’arrachaient régulièrement des murs au grand déplaisir du gardien, et des locataires bien évidemment.
Ce triste couloir donnait sur deux portes en plus de celle de Gabriel. Toutes les deux d’un vert aussi terne que la sienne, quoique l’une d’elles était égayée d’un panneau de signalisation STOP un peu usé. La dernière porte, celle juste en face de chez lui, donnait sur l’appartement d’une jeune femme qu’il avait rencontrée la semaine de son arrivée dans la résidence. Elle lui avait dit s’appeler Astrid et il avait découvert sur sa boîte aux lettres que son nom de famille était Aragon. Une voisine agréable et silencieuse, toujours polie et discrète. Pas le genre à se mêler de la vie privée des autres, donc tout ce qui convenait à Gabriel.
L’appartement au STOP était occupé depuis quelques semaines par trois colocataires d’environ vingt ans, possédant vraisemblablement tous un en emploi précaire. Cet appartement ne devait pas être très grand mais il leur permettrait de continuer à y vivre si, ou plutôt quand, l’un d’eux se retrouverait sans emploi. Une nouvelle version de l’assurance chômage qui se développait de plus en plus depuis quelques temps. Ils n’avaient pas encore mis leurs noms sur la boîte aux lettres et Gabriel savait seulement que le plus chevelu des trois s’appelait Adrien. Les trois colocataires faisaient partie des nombreux jeunes qui n’avaient pas la chance de faire des études.
Tout en gardant ses clés à la main, Gabriel se dirigea vers l’ascenseur. Cela pouvait paraître incongru mais il fonctionnait très bien. Les amendes imposées aux propriétaires de résidences sans ascenseurs étaient suffisamment impressionnantes pour permettre qu’au moins une chose fonctionne correctement. Quel dommage qu’il n’y ait pas de loi contre les moitiés de tapisserie à fleurs vieilles de plusieurs dizaines d’années !
En arrivant dans la rue en bas de l’immeuble, il jeta un bref coup d’œil autour de lui. Le ciel était bleu mais le soleil était masqué par un gros nuage blanc et cotonneux, qui s’était interposé depuis que Gabriel avait regardé par la fenêtre. Rien ne venait donc réchauffer les passants, pas encore habitués à ce froid mordant qui annonçait un hiver rigoureux. Ils allaient, la tête rentrée dans les épaules, à cause du froid certes, mais probablement aussi à cause de l’humeur morose que tous les travailleurs partageaient en un lundi matin.
Après deux minutes de marche, le reflet que lui renvoya la vitre de sa voiture fit prendre conscience à Gabriel qu’il était identique à tous ces passants. Le dos voûté, le regard dans le vague et habillé de couleurs sombres, il ressemblait à tous les membres de cette masse triste qui devaient quitter la tiédeur agréable de leur lit pour se rendre à un travail rarement intéressant.
Gabriel savait depuis longtemps qu’il avait un physique commun, pour ne pas dire banal. Pourtant ses yeux marron présentaient des cernes un peu trop marquées pour un retour de week-end. Il fallait dire qu’il avait très mal dormi, ce qui n’étonnerait personne si quelqu’un savait ce qu’il avait l’intention de faire aujourd’hui. Cela paraissait tellement irréel, il était là, un anonyme au milieu de la foule, un homme comme un autre qui partait au travail comme tous les matins… Et pourtant… Pourtant aujourd’hui il allait devenir un meurtrier.
Il s’installa dans sa voiture en ruminant ses sombres pensées et mit le contact. La voiture démarra après seulement trois essais, ce qui eut toutefois le mérite d’apporter une distraction à son esprit et de calmer temporairement son agitation intérieure. La route était plutôt dégagée et il ne mit pas longtemps à apercevoir le panneau qui lui indiquait qu’il quittait Verniville.
Il roula ensuite une dizaine de minutes avant d’entrer dans le quartier résidentiel qui jouxtait la Vallée Verte, une zone d’activité qui avait été construite au milieu des champs de patates, une Silicon Valley du développement durable… Du moins c’était comme ça qu’elle avait été présentée quatre ans plus tôt, lors de son inauguration. Un regrou

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