Lignes de mort
166 pages
Français

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Description

Un excès de zèle, un accident, une carrière brisée. Handicapé à vie, Ludovic, ex-lieutenant du SRPJ de Toulouse, voit son quotidien se résumer aux quatre murs de son appartement et à ses rendez-vous multi-hebdomadaires chez son kiné.

Il n’a même pas eu le courage de devenir alcoolique ou dépressif. Mais Vanessa, sa nouvelle voisine, entre dans sa vie comme une tornade. Vanessa et sa bonne humeur permanente, qui l’a accepté comme il était.

Aussi, quand un drame frappe de près la jeune femme, il retrouve ses réflexes de flic. Sans savoir qu’il ouvre la porte de l’enfer !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 août 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414480739
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-48110-1

© Edilivre, 2020
Du même auteur
Les supplices de la passion (Edilivre 2014)
Les secrets des Cabanes (Edilivre 2015)
La justice des fous (Edilivre 2017)
Lola (Edilivre 2017)
Le reflet du mal (Edilivre 2018)
L’IL d’EX (Edilivre 2019)
L’attente (samedi 20 octobre 2018)
Ludovic était prêt. Comme à chaque fois depuis deux mois, il se sentait ridicule. Ridicule d’être aussi impatient et fébrile qu’un ado avant un premier rendez-vous, ridicule d’être prêt au moins une demi-heure trop tôt. Pour la cinquième fois il s’observa dans la glace et ne put réprimer une grimace. C’était plus fort que lui, il détestait voir ce qu’il était devenu, mais il s’y contraignait, comme une punition de plus qu’il se sentait obligé de s’infliger. L’image de l’homme que lui renvoyait le miroir possédait le teint gris de ceux qui passent trop de temps enfermés. Le teint des prisonniers. Lui, l’était en quelque sorte, prisonnier de sa vie, prisonnier de ce corps. Le survêtement difforme qu’il portait n’aidait pas à le mettre en valeur mais c’était pour la bonne cause, et cela ne l’empêchait pas de savoir ce qui se cachait dessous. Ce corps fatigué, traumatisé, ce corps qui le faisait souffrir, ce corps qu’il haïssait. Ce corps, qui faisait que, depuis quatre ans, il n’était plus rien. Juste un sous-homme qui laissait la vie s’écouler sans plus rien en attendre. Pourtant, voilà qu’il trépignait d’impatience en attendant que l’on vienne frapper à sa porte. Voilà qu’il retrouvait un tant soit peu d’envie de vivre, à défaut d’estime de soi. Tout ça grâce à elle. Grâce à Vanessa. Il sourit tristement face à la glace. Quelqu’un qui aurait lu dans ses pensées à ce moment-là aurait pu s’imaginer que cette Vanessa et lui… mais non, n’importe quoi ! Vanessa l’avait empêché de tomber définitivement au fond du gouffre, mais il n’était pas question d’amour dans leur relation. Il était peut-être infirme, ok, mais il possédait encore un peu de goût. Il savait bien qu’il était devenu transparent pour les femmes qui le regardaient auparavant, mais ce n’était pas une raison pour se jeter dans les bras de la première g…
« Arrête putain ! »
Il avait conscience d’être devenu aigri, de ne pas mériter l’attention que lui portait Vanessa. Durant ces années de souffrance il avait souvent souhaité en finir, mais maintenant il réalisait que si elle le lâchait cela lui arriverait pour de bon. Elle seule le regardait encore comme un homme, comme celui qu’il était avant…
Dégoûté de son reflet dans le miroir, il s’avachit sur le canapé et replongea une fois de plus dans l’horreur de cette soirée qui avait fait de lui ce sous-homme qu’il haïssait.
Il revivait toujours les mêmes flashs, les mêmes images en boucle, une poignée de secondes où tout basculait, le réflexe d’un flic qui aimait son métier allié à une putain de malchance !
L’appel radio défilait en boucle dans sa tête depuis quatre ans « A toutes les unités, suspects en fuite quartier Matabiau, deux individus non casqués sur scooter 125 Yamaha bleu. »
Un simple appel comme il en tombait malheureusement par poignées tous les jours, un simple appel qui ne le concernait pas. Chacun son boulot, le SRPJ n’était pas là pour s’occuper de la petite délinquance, les unités de terrain avaient été créées pour cela.
Mais Ludovic restait flic avant tout et en voyant le scooter passer devant lui il n’avait pas réfléchi ; il ressentait encore l’adrénaline s’emparer de son corps, il se voyait passer la première, tout en positionnant le gyrophare sur le toit et en actionnant le deux tons avant de déboîter pour doubler les deux véhicules qui patientaient devant lui au feu rouge. Putain de deux tons ! S’il ne l’avait pas mis il aurait entendu celui du Kangoo de la BST 1 arriver à fond derrière le scooter, il ne lui aurait pas coupé la route et il serait encore un homme !
Il rouvrit les yeux, stoppant le film qui défilait dans sa tête, refusant de revivre encore une fois l’enchainement des événements. Pas maintenant. Fixant le mur au papier peint défraîchi devant lui, il soupira. Son appartement reflétait ce qu’il était devenu, quelqu’un de triste, sans avenir, quelqu’un qui laissait les jours s’écouler, attendant juste celui où le robinet se fermerait à jamais. Son regard se posa sur le bouquet de fleurs colorées acheté au Carrefour City où il se traînait régulièrement pour faire ses courses. Les couleurs du bouquet tranchaient avec la grisaille ambiante de l’appartement et cela parvint à lui décrocher un sourire. C’était le dixième depuis sa rencontre avec Vanessa, en fait le neuvième acheté, puisque le premier c’est elle qui lui avait offert, peu de temps après leur rencontre, en décrétant, du haut de sa franchise et de son insouciante jeunesse, que même une église à l’abandon paraissait plus gaie que cet appartement. De quoi lui ouvrir un peu les yeux. Depuis, chaque semaine il changeait le bouquet. Ce n’était pas grand-chose, mais il ne se sentait pas encore la force de faire plus pour redonner à son appartement un peu de gaieté. Des fleurs, Vanessa en mettait partout chez elle, des fleurs et des plantes qui semblaient dévorer tout l’espace. Pourtant, Ludovic devait bien l’admettre, il se sentait un autre lorsqu’il pénétrait chez elle ; il semblait y régner un fouillis indescriptible et presque rassurant, mais chaque chose était à la bonne place. Une fois, en achetant son bouquet hebdomadaire, il avait pensé en prendre un deuxième pour l’offrir à Vanessa, mais il s’était ravisé. Vanessa incarnait sa bouée de sauvetage, la corde qui le retenait au bord du précipice et il n’allait sûrement pas risquer de la perdre en lui offrant un bouquet de fleurs, risquer qu’elle s’imagine qu’il la draguait malgré leur différence d’âge, malgré le fait qu’elle ne lui plaisait pas. Précaution sans doute inutile puisque de toute façon aucune fille, belle, moche, maigre ou grosse, jeune ou vieille ne pouvait éprouver de sentiments pour celui qu’il était devenu.
Trois coups dynamiques frappés à sa porte le firent bondir du canapé. Avant de tourner la poignée, il se surprit à se regarder furtivement dans le miroir et à passer une main dans ses cheveux poivre et sel.
— Salut beau gosse ! Tu es prêt ou tu préfères débuter une thérapie de deux heures qui te décidera à mettre un pied dehors ?
Avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, la jeune femme avait fait un pas à l’intérieur en lui claquant deux bises chaleureuses sur les joues.
Elle jeta un œil inquisiteur dans l’appartement.
— Waouh ! Mais ça a changé ici ! Attends ! Laisse-moi deviner, tu as essuyé une tache de gras sur le canapé ? Tu as jeté un emballage de pizza ? Non, je sais, tu as déplacé la table de deux centimètres.
Ludovic sourit. Fidèle à elle-même, Vanessa le taquinait, appuyait là où cela faisait mal. Si on exceptait Leila, son ex collègue, un bouledogue dans un corps de femme, c’était la seule personne qui ne s’apitoyait jamais sur son sort. Vanessa c’était son coup de pied au cul et c’est pour ça qu’il ne voulait pas la perdre.
Il la laissa rejoindre le palier, sortit à son tour et referma la porte, trop heureux de pouvoir passer les prochaines heures avec cette amie si particulière qui, en deux phrases, venait de le mettre face à ce qu’il était. Deux phrases, deux coups de pied au cul. Vanessa c’était ça pour lui et cela suffisait largement à son bonheur. Pourtant, avec un peu plus d’attention, en refermant la porte de son appartement, il aurait pu voir que le bouquet n’avait pas échappé au regard de la jeune femme, il aurait pu voir également un petit sourire éclairer son visage. Et une lueur fugace passer dans ses yeux.
L’été indien avait définitivement fait ses valises et, en cette fin octobre, même si les températures restaient clémentes, le gris du ciel semblait se répandre sur les briques rouges des immeubles toulousains pour les ternir.
Ludovic claudiquait tant bien que mal, s’appuyant désespérément sur sa canne, tentant de faire suivre sa jambe droite récalcitrante, pour ne pas perdre de terrain sur Vanessa. Pour cela aussi il remerciait intérieurement la jeune femme qui aurait pu ralentir son allure, se mettre à son niveau, compatir… avoir pitié. Mais Vanessa ne le considérait pas comme un sous-homme, du moins ne l’avait-elle jamais laissé paraître, et il lui arrivait souvent, lorsqu’il peinait réellement à suivre, de se retourner en lui lançant une petite phrase dont elle détenait le secret, dans le style « j’aurais mieux fait de me faire pote avec un vieux, au moins avec son déambulateur il aurait pu me suivre ». Alors Ludovic souriait, et il forçait sa jambe droite à lui obéir. Même si cela ne durait que quelques mètres, c’était à chaque fois une petite victoire. En deux mois, Vanessa lui avait fait plus de bien moralement et physiquement que les quatre ans passés à écumer les kinés en alignant séances sur séances.
Le vieux monospace de Vanessa se trouvait garé de guingois, comme à son habitude, une roue sur le trottoir, l’avant dépassant sur la route. La jeune femme plaisantait souvent sur le fait que, depuis son emménagement dans ce quartier et sa fréquentation d’un ancien flic, elle n’avait jamais été la récupérer à la fourrière, chose qui apparemment, dans sa vie d’avant, était devenue monnaie courante.
Et elle ne se savait pas si bien dire, Ludovic conservait peu de contacts avec ses anciens collègues, qui pour la plupart le considéraient comme un pestiféré, mais le peu qui lui restait lui avait permis de faire glisser le numéro d’immatriculation du vieil espace dans la liste verte – qui bien sûr officiellement n’existait pas – de la fourrière, class

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