Ludo Mage
212 pages
Français

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Description

Oyez oyez, venez dévorer goulûment, sans chichi, ces 4 récits pour sourire et grimacer, avec, en toile de fond, ma ville de cœur, et trinquer à la bonne humeur. Polar croustillant et déconnant, "Le Petit Beurre dans la chantilly" nous balade dans la cité des Ducs de Bretagne et dans une intrigue truffée de personnages coquins ou hors du commun. "Vie via mort" nous plonge dans une atmosphère angoissante et morbide, mais avec le verbe fleuri pour garder la banane. "La ville de glace" nous propose une fiction écologique pour nous interroger sur notre attentisme. Enfin, "Retour maison" s'attache à reconsidérer notre idée de la mort pour tenter de l'apprivoiser. Tchin-tchin !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 octobre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414369003
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-36901-0
 
© Edilivre, 2019
Avertissement
« La bourse ou la vie »
Toi, mon lecteur qui vient de sacrifier une toute petite partie de ta bourse pour acheter ce bouquin, dis-toi bien que tu viens ni plus ni moins de gagner ta vie. Pas ta vie matérielle, bien sûr ! Ne sois pas aussi mesquin ! Non, ta vie spirituelle, celle qui t’élève au-dessus de tout. Tu vas rattraper le temps perdu à user tes fonds de culotte sur les bancs de l’école, tout ce temps consacré à une instruction douloureuse. Tu vas t’apercevoir qu’on peut grandir dans le plaisir. Prépare-toi à changer de vie car tu entres en religion. Ma littérature est une drogue dont tu ne sauras te défaire.
« La bourse »
Toi, mon éditeur, tant aimé, qui va récolter toutes les petites parties de bourse évoquées ci-dessus, simplement, pense à moi !
« La vie »
Enfin toi, Ludo Mage, mon personnage, surtout, garde bien les pieds sur terre et dis-toi que ton esprit, ton charme et ton succès auprès des femmes, c’est à moi seul que tu les dois. Je sais qu’un jour, tu me seras infidèle en changeant de plume puisque je n’ai pas, comme toi, cette chance d’être immortel. Mais dis-toi bien aussi qu’en revanche tu n’as droit à aucun moment d’intimité et que lorsque tu trousses une frangine, des millions de lecteurs se rincent l’œil.
Invitation
Ce polar est comme un repas bien arrosé, de muscadet bien sûr puisque nous sommes à Nantes 1 , et te procure les mêmes plaisirs que ceux de la table, à la différence près qu’il va t’apporter plus de phosphore que de cholestérol. Tu y trouveras à boire et à manger, notamment du Petit Beurre et de la chantilly. Il est truffé de scènes érotiques, de situations cocasses, de jeux de mots, je l’avoue, rarement taillés dans la dentelle. D’ailleurs, la dentelle, sur les fesses bien rondes d’une jolie demoiselle, encore j’admets, à condition qu’elle finisse par voler en éclats en ma présence.
Bon, si tu veux bien te donner la peine de passer à table !
 
Le tramway pousse un long soupir et s’immobilise. Trois gueules béantes avalent les six clients qui l’attendaient sur le trottoir. Je soupire itou, découragé par cette morne matinée que le soleil a négligée. Et pour tout arranger, le père Jupiter nous a concocté un petit orage maison. Je remonte le col de mon imper et m’enfonce dans mon feutre pour me protéger avant d’allumer une sèche. La flotte ruisselle entre les pavés. J’accompagne son cours comme une épave à la dérive. La pluie me lave.


Je remonte la rue De Lattre De Tassigny et adresse de loin un salut à la statue de Pierrot, le général au célèbre mot, que les rosbifs n’ont toujours pas oublié, en passant devant son cours. Le cours Cambronne, bien sûr, avec ses façades harmonieuses, ses balcons ouvragés, ses grilles, ses tonnelles, ses jardins d’hiver.
A hauteur de « La Cigale », je jette l’ancre histoire de faire le plein de carburant pour me revigorer les méninges. Quand on ne sait pas où aller fourrer son nez dans une enquête, surtout ne pas hésiter à le plonger dans un bon caoua bien chaud avant que votre matière grise ne se croise les bras. Pour contempler la rue, je m’installe près de la vitrine. La pauvre est autant criblée de gouttelettes que peut l’être l’aquarium ambulant du pape. A travers elle, la vie semble plus triste encore. Mais les piétons n’en ont cure. Ils essuient les larmes de cette journée chagrine à grands coups d’invectives. Les automobilistes en prennent plein leur grade. Faut dire que ces cons usent d’un malin plaisir à rouler sur le bas-côté de la chaussée transformé en ruisseau comme si chacun participait au concours de la plus belle gerbe d’eau. Les passants douchés s’égosillent de rage, perpétuant ainsi l’éternel conflit.
A travers un écran protecteur, le traintrain de tes semblables tient du vaudeville. Sans tomber dans le voyeurisme, paie-toi ce luxe de temps en temps. Observer les petits bobos de tes voisins te ramène à ta propre condition humaine, fragilement exposée aux agressions quotidiennes, composantes fondamentales de ton existence de simple mortel que le confort a tendance à te faire oublier. En cette époque où le virtuel t’égare, c’est un très bon exercice.
Une scène attire soudain mon attention. Une ravissante jeune femme se pointe au pas de course vers la brasserie, ce genre de femme qui ne saurait bien malgré elle passer inaperçue tellement son corps incarne les valeurs érotiques de notre société. Cheveux filasse, elle porte une légère robe bleutée échancrée et décolletée à souhait.
Dans sa précipitation, elle manque de trébucher, fait volte-face et s’accroupit pour récupérer le talon aiguille qu’elle vient de décoller de sa chaussure en heurtant le trottoir. C’est l’instant précis que choisit un camionneur pour venir faire un brin de cour à ce dernier. Quelle douche ! Pour elle mais aussi pour moi. Sa robe trempée lui colle à la peau et épouse les formes voluptueuses qu’elle était sensée laisser deviner. Lorsqu’elle se relève, elle ressemble à une sirène sortant de l’océan, la poitrine gonflée comme une montgolfière s’élevant dans les airs. Tous les yeux se tournent vers elle, comme éblouis par l’apparition de la vierge Marie dans son halo miraculeux. Quelques hommes s’attardent même à la déshabiller davantage de leur regard mouillé, emportés par leur concupiscence. Ces cons au cul pissant doivent ignorer que la nudité trouve sa beauté dans son dernier voile. David Hamilton, lui, ne me contredira pas. Son flou artistique donnait plus de poésie aux jouvencelles qu’une radiographie de leurs poumons.
Prenons une œuvre d’art, nous aurions beau l’examiner à la loupe pendant des heures, nous n’atteindrions jamais ce degré d’émotion qu’elle peut nous procurer en nous apparaissant dans un flash par la fenêtre du T.G.V. Je milite d’ailleurs pour que le Louvre parte faire le tour de France avec la SNCF. Il nous suffirait de nous poster au premier passage à niveau pour avoir la chance d’admirer la Joconde.
Le serveur vient s’enquérir de ma commande. Je lui accorde une seconde, le temps de lui réclamer mon caoua. De nouveau seul, je jette un œil à l’extérieur. La souris s’est éclipsée. Sa disparition me laisse tout chose. A deux pas de ma table, dans l’entrebâillement d’une porte, je distingue la présence d’un seau d’eau. En catimini, j’y propulse ma cigarette consumée d’une pichenette habile et m’amuse du résultat innocemment obtenu : seau d’eau, mégot mort !
J’en grille une autre dans la foulée.


La Cigale, de style 1900, est une brasserie magnifique. Son décor exubérant, son luxe incroyable témoignent de la prospérité nantaise du XIX ème siècle. Flaubert disait qu’elle était le lieu de rendez-vous des riches bourgeois, des belles inutiles et des notables qui soupent au sortir du théâtre. En effet, la brasserie donne sur le théâtre Graslin, temple du lyrique, trônant sur la place du même nom, avec ses huit colonnes et ses huit muses de style antique.
Je me sens bien dans ce café, bercé par une douceur propice à la méditation. Je regarde le cendrier se remplir d’un peu de ma vie, le filet de fumée danser au bout de mes doigts avant de décrire des méandres grises au-dessus de ma tête et de se disperser dans l’atmosphère colorée du lieu.
Doucettement, un sentiment étrange s’installe en moi. Mon enveloppe magnétique m’alerte d’une présence étrangère. Troublés, mes fusibles postillonnent trois ridicules points de suspension, points que mon esprit cartésien s’empresse de couronner de trois crosses interrogatives qui, m’obligeant à me retourner instinctivement, se redressent en un éclair pour laisser place à trois fiers points d’exclamation.
Et alors, la lumière se fait en moi et réanime mes sens. Que dis-je, elle les embrase ! La sensation que j’éprouve à cet instant doit ressembler à celle d’un esquimau se réveillant un beau matin en plein équateur. La sirène de tout à l’heure est installée à la table voisine et me scrute des pieds à la tête. Voilà la cause de mon malaise. On m’observait à mon insu et mon sixième sens m’alertait de la chose.
La fille ne détourne pas les yeux. Tout au contraire, une lueur perle en eux. Sa robe lui colle encore aux endroits qui pointent vers moi leur proéminence. Je me sens sous le feu de plusieurs canons, aussi redoutables les uns que les autres.
J’ai envie de crier pouce et de déposer mes armes à ses pieds avec du « peace and love » plein les mains et plein la queue. Mais je reste de marbre, ou plutôt scellé au sol comme une statue de marbre car intérieurement je bous.
Elle a le teint pâle et sa chevelure est d’un blond naturel. C’est flagrant maintenant que seulement deux mètres nous séparent. Mais si quelqu’un me soutenait le contraire, je me ferais un plaisir d’en établir la preuve. Ses yeux sont d’un bleu azur et vous sonde l’intime avec une délectation manifeste. Sa bouche est gourmande.
Moi, ça me donne des fourmis dans les pieds. Alors, je me lève, un sourire éclatant de promesses au coin des lèvres pour refouler mes craintes, sourire qu’elle me rend illico. Et comme il n’y a rien de tel que l’action pour s’enhardir, qui plus est lorsqu’un petit signe d’approbation vous y encourage, je vais m’installer à sa table.
– Vous permettez ? me-crois-je obligé de murmurer de ma voix la plus suave qui soit.
Elle ne répond pas. Aussi déposé-je la partie la plus charnue de mon individu sur la chaise qui lui fait face, car, c’est bien connu, qui ne dit rien consent.
Sur ces entrefaites, le garçon se pointe avec mon café, marque un temps, glisse un œil globuleux sur ma toute fraîche compagne et attend.
– Que désirez-vous prendre ? interviens-je.
– La même chose 

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