Messieurs... la cour !
37 pages
Français

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Description

L’inspecteur principal Odilon QUENTIN n’est pas dans sa meilleure forme physique, mentale et professionnelle. Ses capacités sont amoindries par un gros rhume et il est confronté à un dossier épineux, l’assassinat insolite d’un ancien brigadier de tribunal à coup d’épingle à chapeau.


Si la sœur du défunt – animée par son goût de l’argent et par sa haine fraternelle –, semble être la suspecte idéale, un autre crime étrange va mettre le policier sur une autre piste qui n’aboutira à rien... quoique...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373471014
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 2 *
MESSIEURS… LA COUR !
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
Le 26 novembre marqua une journée particulièrement désagréable dans la carrière de l'inspecteur principal Odilon Quentin. D'abord, il souffrait d'un rhume de cerveau ; son nez coulait comme une fontaine et des frissons désagréables lui parcouraient l'échine, semblables à de furtives caresses d'eau glacée. Il travaillait cependant dans son bureau surchauffé, e mmitouflé dans son gros pardessus d'hiver, qui le faisait paraître plus éno rme encore.
Si le physique n'était pas brillant, le moral ne va lait guère mieux ; et pour comble de malheur, il était embêté du point de vue strictement professionnel ; aussi est-ce avec lassitude qu'il reprit l'étude du dossier étalé devant lui ; une farde en carton léger, chamois clair, qui portait u n titre en ronde, calligraphié d'une écriture appliquée de sergent major :
« Ministère public contre inconnu. »
Et en dessous :
« Affaire Barzac, Eugène. »
Cette affaire Barzac possédait en son essence quelq ue chose d'imprévu, et son extrême simplicité paraissait la compliquer dan gereusement.
Les faits, d'abord ; l'avant-veille, vers la fin de l'après-midi, un gardien de la paix avait trouvé sur un banc du square Montholon, un honorable vieillard affalé dans une posture burlesque, son cigare éteint tombé sur ses genoux.
L'inconnu était mort, ce qui était assez naturel en somme, car il devait incontestablement avoir dépassé le cap des soixante -dix automnes. Mais ce qui l'était beaucoup moins, c'est que ce bon rentier à barbiche blanche, titulaire de la Légion d'honneur et de la rosette d'officier d'A cadémie, portait, enfoncée dans la poitrine, à la hauteur du cœur, une épingle à ch apeau d'un ancien modèle.
Le brigadier Chenu entrait à ce moment, et son patron l'invita à s'asseoir :
— Alors... fit-il d'une voix enrouée, as-tu découve rt quelque élément qui nous permette d'éclairer notre lanterne ?
— Peu de choses à vrai dire... Mais on ne sait jama is.
Malgré le ton désabusé de la réflexion, on sentait l'homme plus satisfait qu'il ne voulait bien le paraître, et ce détail n'échappa pas à Quentin. Il connaissait son subordonné et lui faisait confiance : jeune et ambitieux, Chenu était un policier de valeur qui ferait son chemin ; son seul défaut, c'était la fougue... Il faut bien que jeunesse se passe... que diable...
— Vide ton sac !
— En ce qui concerne le défunt : Eugène Barzac est né à Blois en 1879. Il est le fils d'un garde-chasse et d'une servante ori ginaire de Morlaix. Les parents se saignent aux quatre veines pour permettre à leur rejeton de faire de bonnes études, et ils en sont récompensés : leur garçon so rt brillamment de Condorcet. Grâce à l'un des anciens patrons du père, il entre comme commis au ministère de la Justice, et, deux ans après son service milit aire, il devient greffier au tribunal.
« Il fait une carrière normale, voyageant d'un bout de la France à l'autre bout et termine comme greffier en chef à la Cour d'appel de Nancy. Une seule interruption : pendant la guerre de 1914. Eugène Ba rzac, sergent au e 332 d'infanterie, est grièvement blessé à Charleroi ; évacué dans le Midi, il se rétablit après une longue convalescence, est réform é définitivement, et reprend son service au palais.
— Lui a-t-on volé quelque chose ?
— Il ne semble pas ; on a trouvé sur son cadavre de ux bagues, une montre en or avec une lourde chaîne du même métal, une épi ngle de cravate et des boutons de manchette. Dans son portefeuille, des bi llets pour plus de vingt-trois mille francs, et dans son gousset, pour trois cents et quelques francs de pièces, ainsi que de la monnaie d'appoint.
— Des femmes dans sa vie ?
— Oui. Une fiancée, au début de ce siècle ; elle es t morte huit jours avant la célébration du mariage.
— Et ensuite ?
— J'allais vous en parler ! De 1924 à 1936, un coll age sérieux avec une veuve de la bonne bourgeoisie. Le faux ménage passa it du reste pour vrai, ainsi qu'il arrive si souvent. Conduite irréprochable de part et d'autre.
— Comment cela a-t-il fini ?
— D'une manière que rien ne laissait prévoir ! En d écembre 1935, à une soirée de réveillon, la femme fait la connaissance d'un violoniste tchèque, de vingt-cinq ans plus jeune qu'elle. Démon de midi ?. .. Coup de foudre ?... Appelez ça comme vous voudrez, mais elle plaque son Eugène et lève le pied avec le tzigane aux yeux de velours et à l'archet p uissant !
— Comment Barzac accepte-t-il la chose ?
— Afin de changer de milieu, il demande et obtient sa mutation pour Nancy.
— Et là, nouvelle maîtresse ?
— Non ; il semble adopter délibérément la voie des amours mercenaires qui permettent de satisfaire les sens sans meurtrir le cœur.
— Tout cela ne nous donne pas grand'chose...
— Non, mais je n'ai pas terminé ! En 1949, jouissan t d'une pension importante, il finit par accepter la suggestion de sa sœur de venir habiter en sa compagnie à Paris et de prendre pension chez elle.
— Et cette sœur ?
— Nous y voilà précisément ! Victorine Barzac, de q uinze ans plus jeune qu'Eugène, est une célibataire au cœur sensible et je la crois intégralement piquée. Cheveux platinés, ongles rouges aux mains e t aux pieds, enfin, tout le tremblement ! L'arrangement avec son frère lui étai t éminemment profitable ; elle avait boursicoté dans le temps, quand les affaires marchaient, et amassé un joli pécule. Mais les raz de marée et les dévaluations s e sont chargés de lui nettoyer le portefeuille aussi sûrement qu'un aspir ateur. Elle était à plat lorsque Barzac est venu la rejoindre, et j'ai l'impression qu'il a agi par pitié.
— Comment frère et sœur s'entendaient-ils ?
— Plutôt mal ; chamailleries perpétuelles ; les suj ets de mésentente semblent inspirés par de sordides calculs d'intérêt s : Victorine reproche à Eugène sa ladrerie à son égard, et ses dépenses exa gérées en ce qui le...
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