Meurtre boulevard Victor
41 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Meurtre boulevard Victor , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
41 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

M. Grimard, ancien colonial, est retrouvé mort, dans son fauteuil, par la concierge de son immeuble chargée de faire le ménage.


La police de quartier appelée sur place conclut rapidement à un décès de cause naturelle.


L’inspecteur Paul MÉRAL venu en curieux alors qu’il passait dans le secteur ne tarde pas à repérer des éléments discordants qui le poussent à envisager la piste criminelle.


Aussi, quand l’affaire lui échoit, se voit-il contraint d’étayer son pressentiment...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9791070035283
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR MÉRAL

Meurtre boulevard Victor
Récit policier

MARCELLUS
I
DÉCÈS SUSPECT

Ce matin-là, une grande effervescence régnait dans ce moderne immeuble du boulevard Victor construit sur l'emplacement des anciennes fortifs. Des gens étrangers à la maison montaient et descendaient les escaliers durant que d'autres, aussi affairés, mais plus poussifs sans doute, utilisaient l'ascenseur.
En bas, devant la porte cochère, deux agents faisaient circuler les curieux attirés par les voitures de la police stationnant au bord du trottoir.
La concierge, affolée par ce mouvement inhabituel, palabrait avec le brigadier.
— Si c'est pas malheureux, répétait-elle. Un si brave homme !...
L'agent haussait les épaules, indifférent.
— Ce pauvre M. Grimard, mourir comme ça !...
— Comme ça ou autrement, c'est tout pareil. Il s'est peut-être suicidé...
— Sûr que non !... explosa la concierge. Il tenait trop à la vie. On voit bien que vous ne le connaissiez pas, vous. Un homme qui ne sortait jamais, qui ne recevait quasiment personne, qui avait une vie régulière... et je le sais bien puisque c'est moi qui faisais son ménage...
— Faudra dire ça au commissaire.
— Mais je lui ai dit, bien sûr. Et puis je lui ai dit aussi que depuis que sa bonne était partie, voici deux ans, il n'avait pas voulu en engager une autre, rapport à ses habitudes. Il préférait que ce soit moi qui m'occupe de son intérieur. Un peu original peut-être et pas causeur, mais un brave monsieur, vous savez, généreux et tout...
Sans répondre, le brigadier, rejetant sa pèlerine sur son épaule, fit quelques pas vers la porte.
— Faites circuler, voyons !... ordonna-t-il d'une voix rêche à ses hommes qui, débonnairement, contenaient mal le groupe de curieux qui augmentait sans cesse.
Puis, revenant sous le porche vers la pipelette qui continuait à pérorer, il lança philosophiquement :
— Faut pas vous casser la tête comme ça. C'est pas de votre parenté, hein ? Alors !... Faut bien mourir un jour...
— Mourir un jour, bien sûr, mais pas comme ça, tout seul. Hier soir, il me disait encore en rentrant : « Madame Nestor — c'est moi, M me Nestor — vous penserez à prendre mon linge chez la blanchisseuse... ». Un homme qui pense ainsi à son linge n'a pas l'intention de mourir, pas vrai ?
Le brigadier sourit et enchaîna :
— La vie est comme ça... et quand c'est l'heure...
Le silence se fit sur ces paroles qui rappelaient à chacun, un peu brutalement peut-être, que notre chair est, comme on dit, périssable.
À ce moment, il y eut un remous dans la foule des curieux massés, malgré le froid vif, devant la porte de l'immeuble.
Plusieurs hommes graves et cossus, porteurs d'appareils gainés de cuir et de serviettes fauves, descendaient de voiture, traversaient rapidement le terre-plein et, salués par les gardiens, y pénétraient.
— L'Identité judiciaire !... fit le brigadier.
Tiens, tiens !... C'était donc plus grave qu'on ne le supposait. Mort suspecte, crime peut-être ? Le seul fait de déranger tout cet appareil judiciaire dénotait que l'affaire était d'importance ou tout au moins délicate.
Et les conversations d'aller leur train.
— Faites circuler, brigadier... fit l'un des arrivants d'un ton rogue tout en assurant de volumineuses lunettes d'écaille sur son nez pointu.
Dans le brouhaha qui suivit l'exécution de cet ordre, il prit l'ascenseur.
Au troisième étage, la porte d'un appartement confortable était ouverte toute grande sur le palier et les uniformes sombres des agents se mêlaient aux pardessus démocratiques des inspecteurs.
Lorsqu'ils entrèrent, le silence se fit comme par enchantement et après les prises de contact d'usage, les releveurs d'empreintes et photographes commencèrent leur travail.
— Voyez-vous, patron, dit le secrétaire du commissariat du quartier qui avait procédé aux premières constatations, à son chef qui venait d'arriver : le corps est affalé, rien ne paraît avoir été dérangé ni touché, aucun désordre autour du mort. On pourrait presque croire à un accident mortel naturel, embolie, rupture d'anévrisme, syncope fatale ou hémorragie cérébrale...
— Nous allons voir, rétorqua le commissaire en ajustant à nouveau ses lunettes à grosse monture qui semblaient avoir une fâcheuse tendance à glisser au long de son nez. M. le médecin légiste va nous renseigner à ce sujet.
— D'accord, cher ami... fit le toubib.
— Quant à nous, procédons par ordre, continua le magistrat. C'est curieux ici, ne trouvez-vous pas ? Quel étrange ameublement exotique certainement de grand prix. Chinois ou malais sans doute. Voyez ces armes, kriss et yatagans, ces gravures bouddhiques et tous ces bibelots sacrés d'ivoire et de jade... Ceci prouve que notre victime était la proie d'un asiatisme incontestable.
— Nous avons noté cela... quant au vol possible...
— Difficile de s'en rendre compte, je vous l'accorde. Toutefois, si vous avez demandé l'Identité, c'est que quelque chose dans ce décès ne vous semble pas naturel quoiqu'il puisse le paraître.
— Peut-être un suicide par empoisonnement !...
Le commissaire daigna sourire.
— Possible, mon ami... mais un poison foudroyant alors, car notre victime n'a pas l'air d'avoir souffert, reposant paisiblement dans son fauteuil. Mais nous ne pourrons rien établir de précis avant de connaître les résultats de l'autopsie, donc demain. Moi, voyez-vous, je crois à une mort naturelle.
— Quand ces messieurs de l'Identité auront terminé, je pourrai probablement éclairer votre lanterne, dit à ce moment le médecin légiste, qui s'était contenté jusqu'alors d'écouter.
— Les fenêtres n'ont pas été fracturées ni la porte, ce qui, a priori, peut écarter l'idée du crime possible. Les meubles de laque, les portes des vitrines, le coffre-fort n'ont pas été touchés. Cet homme vivait seul. De l'interrogatoire des voisins et de la concierge de l'immeuble qui faisait son ménage, il résulte qu'il se passait depuis deux ans de domestique bien que ses moyens puissent sembler au-dessus de cette restriction certainement volontaire. Sa vie était celle d'un rentier aisé et paisible qui prenait ses repas au-dehors et rentrait tôt chaque soir, sauf le vendredi où il allait au cinéma.
— Pas d'indices de jalousie, pas de papotages ?
— Rien pour l'instant.
— Cet ensemble indonésien me donne à penser que ce M. Grimard était un ancien colonial ou un grand voyageur.
— La concierge nous a déclaré, en effet, qu'il avait vécu longtemps aux Indes, sans pouvoir préciser où. Ce n'est que depuis une dizaine d'années que, revenu à Paris, il avait loué cet appartement.
— Avez-vous vérifié ses papiers ?
— Pas encore, je n'ai voulu toucher ni au corps ni a rien avant votre arrivée pour éviter de brouiller les empreintes, s'il y en a.
— Vous avez bien fait.
Durant ce colloque et plusieurs fois, le pistolet à magnésium avait éclaté, emplissant la pièce d'une fumée qui semblait s'accrocher au plafond. La victime avait été photographiée sous tous les angles et des empreintes avaient été relevées un peu partout, empreintes auxquelles ces spécialistes essaieraient dans leur laboratoire de donner une identité qui permettrait peut-être la découverte du coupable, si crime il y avait...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents