Meurtre dans l ombre
54 pages
Français

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Meurtre dans l'ombre , livre ebook

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Description

Angélique Tavernier, une riche quinquagénaire volage, est assassinée d’une balle dans la tête durant la nuit.


Le commissaire MAZÈRE, chargé de l’affaire, ne tarde pas à placer ses soupçons sur le Beau Gaston, le dernier gigolo en date ayant partagé le lit de la défunte.


Pourtant, difficile de croire le type capable d’un crime passionnel, les bijoux et l’argent n’ont pas été volés.


Mais un étrange petit personnage falot entre en jeu et vient apporter des éléments qui vont mettre MAZÈRE sur la piste de plusieurs autres suspects...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791070034989
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DU
COMMISSAIRE MAZÈRE

MEURTRE DANS L'OMBRE
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
L'INÉVITABLE MEURTRE

La main eut une hésitation et retomba, comme happée par l'ombre : un curieux bruit prenait naissance brusquement dans un coin de la pièce.
Mais ce n'était que le ressort de la pendule qui s'apprêtait à déclencher la sonnerie. Onze coups tintèrent, auxquels répondit seule la respiration de la dormeuse.
Rassurée, la main se tendit à nouveau vers la forme allongée sur le lit. Un rayon de lune filtrant à travers les volets jetait une touche claire sur la tête blonde. En vérité, voilà qui allait faciliter la besogne !
D'ailleurs, les yeux s'habituaient aux ténèbres. Il était facile de viser, maintenant, et de loger la balle là où elle devait tuer net.

* * *

Le premier rapport se terminait ainsi :

« Malgré son âge et son physique peu engageant, Angélique Tavernier ne refusait pas les aventures. D'après un voisin, serveur dans un bar de la place Pigalle, elle entretenait de tendres relations avec un danseur professionnel qui s'est vanté auprès de ses amis « d'avoir trouvé le bon filon ». En effet, depuis qu'il a fait la connaissance de M me Tavernier, l'individu en question, connu sous le sobriquet de « Beau Gaston », mène une vie des plus joyeuses, alors qu'auparavant, il faisait l'effet d'un petit aventurier besogneux. Des recherches ont été entreprises pour retrouver le « Beau Gaston » dont le témoin a fourni un signalement précis ».

Le commissaire Mazère soupira, fourra le document dans sa poche et ne put s'empêcher de grogner :
Toujours la même chose !
Car c'est toujours lorsque la première enquête a été menée de travers, lorsque les témoins commencent à se lasser d'avoir affaire à la police, lorsque « l'atmosphère » du crime s'est dissoute, que l'on réclame l'aide de la Brigade Spéciale. Fausse manœuvre qui rend plus hasardeux le travail des nouveaux venus et accorde au criminel une chance appréciable.
Dès son arrivée à Brunoy, Mazère s'était rendu au poste de police de la localité. Le commissaire, un brave homme qui n'aimait pas les histoires, selon sa propre expression, reconnut sans s'émouvoir que si l'enquête « bafouillait » c'était à lui qu'il fallait s'en prendre.
Vous comprenez, mon cher collègue, on perd la main à ne rechercher que des voleurs de lapins. J'ai voulu faire du zèle au lieu de vous appeler tout de suite, et je suis parti du mauvais pied.
Le magistrat, qui décidément ne se frappait pas, avait éclaté de rire en lançant :
Regrets ! Je tâcherai de faire mieux la prochaine fois !
Il avait tendu un maigre dossier.
Tenez, voici le rapport des premières constatations, les interrogatoires des témoins, enfin la routine habituelle. Si ça vous chante de plonger dans cette paperasse… Je m'empresse de vous prévenir que vous n'y trouverez rien d'intéressant. À mon humble avis – si tant est qu'on puisse se permettre de formuler un avis après un échec aussi complet –, il faut tout reprendre depuis le début… Alors, bonne chance ! Moi, je retourne à mes vols de lapins…
Cette franchise mit Mazère à l'aise. Pas besoin de ménager la police locale puisqu'elle ne se ménageait pas elle-même. Il allait donc pouvoir travailler à son idée, selon sa méthode, c'est-à-dire, il l'avouait volontiers, sans méthode. N'empêche qu'après chaque enquête d'importance menée à bien par le commissaire, il se trouvait toujours des journalistes pour analyser gravement une méthode que chacun accommodait à sa manière. Selon les uns, Mazère se classait dans la catégorie des policiers intuitifs. Il prenait le vent, flairait les lieux à la manière d'un chien de chasse, et filait sur la piste, la bonne, bien entendu. Comme ça, du premier coup. Selon les autres, l'importance qu'il accordait aux indices matériels le rattachait indubitablement à l'équipe des scientifiques. Selon d'autres encore… Mais tous ces commentaires, issus de cervelles professionnellement imaginatives, se marquaient de la plus complète fantaisie. Mazère faisait son métier consciencieusement, comme les milliers de fonctionnaires, ses semblables, comme l'épicier du coin, et le portrait que traçaient de lui les spécialistes du reportage criminel le plongeait dans une douce jubilation.
Après avoir abandonné le commissaire de Brunoy à ses captivantes enquêtes, il se rendit au domicile de la victime, afin de lier connaissance avec le cadre dans lequel se mouvait feu Angélique Tavernier et avec l'espoir d'y recréer une ambiance capable de lui restituer son caractère et ses habitudes.
À cinquante ans, Angélique Tavernier, veuve d'un négociant en charbons, de qui elle tenait une coquette fortune, subissait encore l'ardeur de sa prime jeunesse et, dans la banlieue aux clairs pavillons, ses frasques se chuchotaient de porte en porte.
Pensez, ma chère, qu'elle est rentrée chez elle, hier soir, en compagnie d'un homme, d'un individu plutôt, qui avait une allure… Je ne vous en dis pas davantage. Oh ! Pour être bien habillé, il était bien habillé. Trop bien, vous me comprenez. Et il avait des mains blanches ! Un qui ne doit pas travailler tous les jours !...
Et la semaine dernière ? Elle a ramené un nègre ! Parfaitement, un nègre. Même que j'en ai rougi pour elle !
Les commères en ajoutaient, comme il se doit. Si bien qu'on avait fait à la pétulante veuve une réputation d'une noirceur d'encre.
« Cela finira mal », disait-on en manière de conclusion, d'un ton tragique où perçait cependant le secret espoir d'une belle aventure propre à rompre la monotonie banlieusarde.
Comme prévu, cela finit mal, puisque l'ardente quinquagénaire gisait maintenant sur une dalle de l'institut médico-légal, un petit trou dans la tempe, juste à la racine des cheveux décolorés et plus blonds que ceux d'un nouveau-né.
M me Tavernier habitait un pavillon de construction récente, cossu et entouré d'un parc en miniature. Le commissaire fut surpris de la coquetterie qui avait présidé à l'aménagement de la villa. La décoration simple et gaie faisait ressortir le charme des vieux meubles ; des rideaux de cretonne ornaient les fenêtres et, partout, on devinait la main d'une femme sensible, bien différente de la créature insatiable et grotesque qu'évoquaient les rapports.
Seul dans cet intérieur sympathique, Mazère ressentait une sorte de gêne. Il lui répugnait d'imaginer l'Angélique Tavernier assoiffée d'émotions, proie des gigolos et autres représentants de la faune montmartroise, évoluant dans ce décor qui trahissait des sentiments que son tempérament passionné devait sans cesse refouler.
Une malheureuse, quoi ! murmura le policier qui pensa in petto que, si la veuve avait manifesté autant de bon goût dans le choix de ses amours, une nouvelle unité ne se serait pas ajoutée à la liste pourtant trop longue des faits divers à scandale.
Mais la blonde Angélique n'avait pas su freiner ses débordements et, deux jours auparavant, en prenant son service, vers huit heures du matin, sa femme de ménage l'avait trouvée morte dans son lit, une balle dans la tête.
Or, les diverses issues du pavillon étaient fermées de l'intérieur et c'est parce que, contre ses habitudes, sa patronne ne lui ouvrait pas que la domestique s'en était allée quérir un serrurier.
Le meurtre ne laissait place à aucun doute et l'arme, un revolver automatique de calibre 6,35, assurait le médecin légiste qui avait fixé à onze heures du soir l'heure du décès, avait été emportée par l'assassin, personnage avisé, et à qui le fait d'avoir supprimé une vie humaine n'avait pas fait perdre son sang-froid.
Quant au motif du crime, il semblait difficile de l'établir à la suite des premières investigations. Pas de vol. Le joli secrétaire Empire renfermait argent, bijoux et valeurs auxquels le meurtrier ne paraissait pas s'être intéressé.
Fallait-il admettre l'hypothèse étonnante d'un drame de la vengeance ? Ou celle, plus improbable encore, d'un drame passionnel ? En l'occurrence, M me Tavernier ne recevant que des amants dûment rémunérés, il était risqué de croire au geste d'un amoureux jaloux d'un de ses concurrents plus chanceux.
Non, rien ne permettait d'envisager l'affaire sous ce jour. La veuve n'avait que

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