MIROIR, MIROIR
136 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
136 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Charlie Johnson, jeune psychologue, reçoit dans son cabinet un nouveau patient. Celui-ci prétend entendre des voix qui lui donnent des ordres. Parmi ces voix, celle du frère jumeau du thérapeute, disparu mystérieusement à l’âge de sept ans. Toute la vie bien rangée du psychologue va basculer dans un cauchemar. Il lui faudra faire face à ses vieux démons, tout en essayant de tenir à distance ce nouveau patient aux intentions nébuleuses.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2016
Nombre de lectures 4
EAN13 9782334211697
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-21167-3

© Edilivre, 2016
La rencontre
Debout devant la grande fenêtre qui donnait sur le parc, je contemplais les gens qui se hâtaient dans les allées, surpris par la pluie. Mon prochain patient devait bientôt arriver. Je vérifiai que mon costume était impeccable, ma cravate parfaitement nouée. Je ne pus m’empêcher de me contempler dans le miroir ovale doré de style baroque fixé au-dessus de la grosse cheminée en marbre noir. Mes cheveux étaient eux aussi parfaitement coiffés. Je jetai un rapide coup d’œil à la pièce, tout était exactement à sa place, pourtant il me sembla que quelque chose clochait. J’eus vite fait de remarquer un long cheveu blond tombé sur le tapis persan situé au centre de la pièce. Celui-ci était la réplique exacte du tapis d’Ardabil que l’on pouvait admirer au Victoria and Albert Museum de Londres : le dessin traditionnel comportait un médaillon central entouré de motifs floraux, les couleurs étaient saturées avec des dominantes de rouge et de bleu. Je pris le cheveu du bout des doigts, il devait appartenir à M me Beauchamp. J’avais remarqué, lors des précédentes séances, que le sommet de son crâne était de plus en plus clairsemé. Je mis le cheveu dans un mouchoir en papier que je jetai aussitôt dans la corbeille, ravi d’avoir rétabli l’ordre dans mon bureau. Il était l’heure de rencontrer mon nouveau patient, je me dirigeai vers la porte d’un pas ferme et décidé. Lorsque je posai ma main sur la clenche en laiton poli, je m’assurai que la manche de ma chemise dépassait de la veste d’environ un centimètre, laissant apparaître les boutons de manchette en argent sur lesquels mes initiales, C. J., écrites en ivoire sur fond noir, étaient magnifiées sous un dôme de verre clair. La première impression était la plus déterminante, je ne voulais rien laisser au hasard. Tout était sous contrôle.
Dans la salle d’attente était assis un jeune homme. Sa jambe droite croisée sur la gauche en direction de la sortie, une main posée sur le genou, il essayait de cacher son hostilité, mais il estimait visiblement qu’il perdait son temps et qu’il ferait mieux de partir. Il n’était donc pas ici de sa propre volonté. Je m’avançai vers lui et lui tendis la main en me présentant :
– Bonjour, monsieur Travis, je suis le D r Johnson.
Il me présenta sa main à l’horizontale, paume vers le bas. La pression exercée par sa poigne était très importante : c’était un individu dominateur et autoritaire. Cependant, une poignée de main trop marquée dissimulait souvent un manque de confiance en soi ou un sentiment d’infériorité surcompensé par des signes de confiance trop appuyés pour être parfaitement honnêtes.
Je l’invitai à entrer dans le bureau, il y pénétra avec beaucoup d’assurance. Il observa la pièce rapidement, attendant que je lui propose de s’asseoir mais je n’en fis rien. Il y avait dans la pièce devant mon bureau un siège en cuir marron sur roulettes dont le dossier était capitonné, au centre de la pièce aux extrémités du tapis persan étaient placés deux fauteuils dont la structure était en acier recouvert d’un cuir marron italien ; ceux-ci se faisaient face. Au fond de la pièce, juste devant la grande fenêtre, se trouvait un divan de type méridienne qui invitait à la détente, lui aussi en acier et en cuir. Il me tardait de découvrir où M. Travis déciderait de poser son séant et je ne fus pas surpris qu’il choisisse le siège à l’extrémité droite du tapis. Je vins m’installer dans l’autre siège juste en face de lui. Il était correctement assis, jambes jointes et mains posées sur les genoux, il me fixa dans les yeux attendant que je brise le silence.
Je pris mon cahier de moleskine noir ainsi que mon stylo-plume Montblanc noir rehaussé d’un quadrillage chromé dont la plume était en or quatorze carats rhodié. Je replaçai mes lunettes en écaille de marque italienne sur mon nez et j’attendis quelques secondes avant de parler.
– Par quoi souhaitez-vous commencer, monsieur Travis ?
Je le vis dérouté par ma question, c’était exactement la réaction que j’attendais. Malgré cela, il me répondit très calmement :
– Je ne sais pas docteur, que voulez-vous que je vous dise ?
– Vous pourriez commencer par la raison de votre présence ici ?
Le jeune homme marqua une pause, croisa à nouveau ses jambes et prit un peu plus ses aises.
– J’aimerais ne plus entendre les voix que j’ai dans la tête.
Il venait de me dire cette phrase simplement, sans détour, comme s’il m’avait demandé l’heure.
– Et que vous disent ces voix ?
– Cela dépend de la voix, parfois elles veulent simplement parler mais parfois elles me demandent de faire des choses affreuses, des choses que je ne peux pas faire.
J’étais surpris qu’il me parle déjà de ses tourments, la plupart du temps il fallait plusieurs séances pour en arriver à ce stade, c’est pourquoi je pensai qu’il ne me racontait pas la vérité. Peut-être cherchait-il à m’impressionner ?
– Que se passe-t-il, docteur ? Vous ne me croyez pas ?
Le jeune homme me regardait droit dans les yeux sans un clignement de paupières ni même un froncement de sourcils, encore cette histoire de domination. Il n’y avait aucune expression sur son visage, juste ses yeux marron telles des billes. Soudain je pensai à cette citation qui dit que les yeux sont le miroir de l’âme, alors à cet instant précis son âme était bien sombre. Je lui répondis calmement :
– Je ne suis pas ici pour vous croire ou non, pour le moment, je me contente de vous écouter.
– C’est exactement ce qu’il m’a dit que vous répondriez.
– Qui ça ? Une des voix ?
– Oui, il n’est pas dans ma tête depuis longtemps, c’est à cause de lui que je suis ici.
– Pourquoi à cause de lui ?
– Il voulait que je vous rencontre, il sait ce que vous avez fait et il veut se venger.
Évidemment, je ne crus pas un traître mot de ce qu’il racontait. Pourquoi cherchait-il à me déstabiliser ?
– De qui parlez-vous ?
– De votre frère.
– Je regrette, monsieur Travis, je n’ai jamais eu de frère.
Il me fixa à nouveau avec beaucoup d’insistance et me fit un léger sourire ; désormais il se moquait de moi. Il courba l’échine, son visage fut un peu plus proche du mien. Il fit pivoter son poignet pour regarder l’heure sur sa montre au cadran rond noir satiné dont le bracelet était en cuir foncé. Je ne parvins pas à en lire la marque.
– Je dois y aller, on se revoit la semaine prochaine ?
Je regardai à mon tour ma montre :
– La séance n’est pas terminée.
– J’ai autre chose à faire et de toute façon, je dois vous laisser un peu de temps pour réfléchir.
Pour qui se prenait-il à la fin ? Qu’avait-il de plus important à faire pour ainsi écourter sa séance ? Et n’était-ce pas à moi d’en décider ? J’étais dérouté par le comportement du jeune homme mais je décidai de rester stoïque.
– À quoi dois-je réfléchir, monsieur Travis ?
– Pourquoi me mentez-vous, docteur ? Vous avez eu un frère. Un frère jumeau.
Il se leva, me tourna le dos et quitta la pièce en m’affirmant qu’il serait présent la semaine suivante. Je restai figé : comment pouvait-il savoir pour mon frère ?
En eaux troubles
L’eau coulait doucement, la mousse onctueuse au délicieux parfum exotique de fleur de frangipanier envahissait la baignoire satinée à pattes de lion. J’avais placé çà et là quelques bougies pour donner une ambiance tamisée à la salle de bains sombre. Au sol étaient posées de grandes dalles de marbre noir, les murs étaient noirs laqués, les rideaux moirés bleu nuit aux reflets ondulés brillants et irisés apportaient une touche de sophistication à cet intérieur. Sur le mur face à la baignoire se trouvait ma collection de flacons de parfum en verre ou en cristal de Baccarat, dans des nuances de bleu roi, vert émeraude et rouge rubis. Le tourne-disque qui crépitait au loin diffusait la Neuvième symphonie de Schubert, j’avais ouvert une bouteille de champagne millésimé que je sirotais avec délectation tandis que chaque membre de mon corps s’imprégnait de la douceur du bain moussant. Tous les éléments pour une relaxation profonde étaient réunis. Mais bien que je voulusse me détendre, mon esprit, lui, tournait en tous sens, incontrôlable. Je ne cessai de penser à la rencontre avec M. Travis mais surtout à cette révélation concernant mon frère jumeau. Était-il réellement possible qu’il soit en communication avec mon frère ? S’il s’était agi de quelqu’un d’autre, j’aurais tout de suite diagnostiqué une schizophrénie mais en ce qui concernait M. Travis, j’étais en proie à de nombreux doutes, quelque chose en lui me perturbait. En quelques minutes, il avait réussi à troubler la quiétude parfaite de mon esprit.
Rester dans mon bain ne servirait à rien alors j’en sortis assez rapidement, j’enfilai ma robe de chambre en soie rouge dont l’intérieur était en cachemire, je me dirigeai vers la cuisine afin de remplir à nouveau mon verre et m’installai sur la méridienne en velours gris anthracite. Et pour ne plus penser à rien, je continuai de boire jusqu’à ce que la bouteille soit vide. Il me fallut peu de temps pour plonger dans un sommeil profond. Je n’y avais plus pensé depuis des années mais une simple allusion à mon frère et je retombai malgré moi dans mon passé.
C’était une fin de journée d’hiver, il avait fait particulièrement froid cette année-là. Mon frère et moi avions joué tout l’après-midi dans le grenier. Nous nous étions déguisés, avions fait un puzzle et pour finir avions commencé une partie de cache-cache. Lorsque ce fut au tour de Richard de se planquer, je me souviens avoir passé beaucoup de temps à le chercher. J’avais fini par renoncer et malgré mes appels, jamais il ne quitta sa cachette. Je commençai à m’impatiente

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents