Monsieur Lagavulin
218 pages
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Monsieur Lagavulin , livre ebook

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Description

Les ruelles tortueuses du cœur de Rome sont la toile de fond d’une course-poursuite entre le passé et le présent, de la fuite d’un homme qui croit connaître un remède contre les souvenirs. Maxime Romero, homme politique français ne voyageant jamais sans sa bouteille de Lagavulin, atterrit à Rome pour un voyage d’affaires anodin. Il n’avait pas prévu que les merveilles de cette ville feraient se rouvrir en lui une plaie qu’il pensait cicatrisée. Une spirale destructrice se forme alors sous ses pieds, dont on n’aperçoit pas le fond. Rita Milazzo, jeune Italienne séduisante, se retrouve embarquée à son insu dans une aventure dont elle ne sortira pas indemne. Un désamour à sens unique se dessine dans un drame sous tension, ponctué d’humour, avec l’alcool comme rehausseur de goût.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 juillet 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414259243
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-25925-0

© Edilivre, 2021
Chapitre I Une rencontre anguleuse
 
 
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Il est dix-huit heures, mon chauffeur attend. Je cherche la clef de ma chambre, la carte magnétique, elle est dans mon portefeuille. Evidemment. Ma vie se trouve dans mon portefeuille. Si je le perds, ma vie s’arrête, le monde se met sur pause , la panique . Il m’est arrivé de le perdre, mon portefeuille, c’était à Rome d’ailleurs, la ville qui me reverra cette nuit.
Je déteste Rome, si je ne connaissais pas cette ville comme le fond de mes verres de whisky, jamais je ne pourrais y remettre les pieds. Je connais les endroits à ne surtout pas visiter, je connais le bruit de la foule idiote et ahurie qui s’entasse et s’enfile pour prendre le plus de photos mal cadrées que leur carte pourra supporter.
Quand on a vu le Colisée, on l’a vu.
Quand on a vu le Vatican, on l’a vu.
Je constate que ma veste se situe sur le porte-manteau qui lui est destiné, je constate que mon portefeuille se situe dans la poche intérieure gauche qui lui est destinée et je constate, sourire aux yeux, que la fameuse carte se trouve elle aussi dans le rangement qui lui est destiné.
Je n’ai besoin que d’une valise et de mon porte-documents, dans lequel se trouve la feuille de papier la plus précieuse au monde.
Au rez-de-chaussée, j’aime prendre le temps de quelques regards, quelques brefs échanges. Peu de mots, mon chauffeur attend.
– Bonjour Paul.
– Bonjour Monsieur. Comment allez-vous ce matin ?
– Pourquoi ce regard Paul ? Vous savez que je vous connais assez pour deviner vos sous-entendus, n’est-ce pas ?
– Comment sentez-vous ce voyage Monsieur ? répondit le conducteur dans un sourire, tout en engageant la Mercedes dans la dense circulation du Boulevard Rivoli.
– Mmmh… Ennuyeux. Cette réponse vous convient-elle ? Ennuyeux, en un mot, tout simplement.
– Bon.
– Vous connaissez Rome, Paul ?
– Non Monsieur, à vrai dire j’adorerais.
– Je vous comprends, Rome est magnifique. Vraiment magnifique. Mais quand on a vu Rome, on a vu Rome. C’est tout.
– Très bien Monsieur.
– Vous savez, j’échangerais volontiers ma place avec la vôtre. Sans vouloir vous manquer de respect et Dieu sait que je respecte votre travail Paul, votre implication également. Mais je donnerais tout pour avoir un boulot aussi simple que le vôtre. Rester des journées au volant d’une belle voiture confortable, Mercedes toute équipée, sans responsabilité autre que de ne pas finir dans le fossé… Et puis conduire, piloter ce bolide, combien de chevaux déjà ?
– 476 chevaux Monsieur. Oui, elle est agréable cette voiture !
– Je peux vous confier quelque chose, Paul ?
– Bien sûr Monsieur.
Maxime Romero prit quelques secondes de réflexion avant de continuer. Il ouvrit l’accoudoir à sa gauche, attrapa à l’intérieur sa bouteille de whisky fétiche et s’en servit un verre.
– Ce matin, je me suis vu tout arrêter. Tout plaquer. Je ne devrais pas vous dire ça, mais bon… De toute façon je divague, ça n’arrivera pas.
– Je ne sais pas quoi répondre Monsieur.
– Vous n’êtes pas obligé de répondre Paul.
– Si je peux me permettre, vous semblez très impliqué, très « à l’aise » avec ce poste. Bien sûr je ne suis pas expert en politique, mais au regard des médias, vous ne souffrez pas d’une mauvaise critique, bien au contraire. Je pense que vous faites un excellent ministre Monsieur Romero, je le pense vraiment.
– Merci Paul, mais 500 chevaux ça me tenterait bien aussi ! Allez, faites-vous plaisir sur le périph’, j’ai envie d’entendre la symphonie des cylindres avec mon Lagavulin.
C’est vrai qu’il sonne bien ce moteur. Cela fait longtemps que je n’ai pas conduit de voiture. Trop longtemps. Il faudra que j’essaie de me faire une virée à l’occasion.
Ah ! Mais oui, j’oubliais, voilà pourquoi cela fait si longtemps, c’est qu’il faudrait pour cela que je m’évade en douce de mes draps de soie pour pouvoir me faire ce plaisir. Que je me fasse la belle en catimini en nouant les linges de ma suite pour escalader mon balcon puis, sans faire de bruit et sans me faire remarquer, entrer dans un concessionnaire Mercedes et dire « Chhhhht, je veux cette voiture, là, la plus chère et la plus puissante s’il vous plait ! Merci beaucoup ! » Je suis devenu une princesse, Cendrillon ou je ne sais pas qui ! Tiens voilà, je suis Audrey Hepburn dans ce film, Vacanze Romane … Une foutue princesse. À vouloir gagner tous les droits, à vouloir faire partie des plus grands, tout ce que l’on obtient, c’est un bon gros frein à main, mal placé, qui vous colle fixement à votre place, qui vous empêche d’en sortir. Même si l’envie de se laisser accélérer au point mort dans la descente est grande, quitte à se faire emplafonner par un quatre-tonnes au milieu du carrefour.
Non… Juste envie de pouvoir se faire quelques éraflures contre les voitures sagement garées entre leurs lignes, de frôler la mort au carrefour, l’éviter de justesse.
Ça donne envie.
Mais j’ai déjà assez d’éraflures au compteur. Des problèmes techniques qui ne m’autorisent plus à rouler.
« Réveillez-moi quand on sera à l’aéroport, Paul. »
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Je n’ai pas réussi à m’endormir. Des démons, comme certains pourraient dire. Des araignées au plafond… J’ai fermé les yeux et j’ai savouré quelques secondes le mélange parfait de la tourbe et du V8. Puis elles sont réapparues, ces démoniaques araignées. Elles ne me font plus vraiment peur, mais elles m’ont gâché le plaisir.
Paul est mon chauffeur attitré quand je suis à Paris. Il lui arrive d’être plus bavard qu’aujourd’hui, mais c’est justement l’avantage d’avoir un chauffeur qui vous connaît, qui vous « suit », c’est qu’il savait, aujourd’hui, que c’était à moi de parler. L’humeur n’est pas légère, il a bien fait de ne pas me parler de ses adorables rejetons, de sa femme Isabelle, infirmière, de ses clashs avec ses prétentieux supérieurs auréolés de leur stéthoscope. Il a bien fait car je n’aurais pas entendu. Et pour écouter, il faut d’abord entendre. Logique.
Paul est un type en or.
Je finis mon verre d’une traite, j’ouvre la porte et dois presque me retenir pour résister à une rafale de vent glacé, liée à cette fine pluie perçante, qui ne me manque jamais lors de mes voyages d’affaires plus au sud. Paul s’est déjà chargé d’attraper mes bagages dans le coffre, il ouvre un parapluie au-dessus de moi sans même s’y protéger.
– Allez-y Paul, rentrez, merci. On se revoit dans une semaine.
– Bon voyage Monsieur.
Je ne comprendrai jamais ces gens, devant les portes, prêts à braver le froid, le vent, la pluie, pour pouvoir tirer sur leur cigarette. Pour moi, la cigarette ne va qu’accompagnée par de l’alcool, c’est une équation simple. Sans alcool, la simple pensée de la cigarette me dégoûte.
L’aéroport est presque vide en cette heure tardive. Un groupe de jeunes filles hétéroclites attend assis par terre dans un coin, pas une seule ne détache son regard du petit rectangle tactile à la lumière blême.
Il y a vingt ans j’achetais mon premier téléphone portable, en 1998. Un Motorola, noir, avec son clapet qu’on ouvrait d’un geste. Quelle classe. On le sortait de sa veste quand quelqu’un cherchait à nous joindre, ou bien quand on cherchait à joindre quelqu’un. C’est ça un téléphone non ? J’ai eu beaucoup de mal à m’en séparer, de ce téléphone. Quand il s’était arrêté de fonctionner j’avais repris exactement le même. Je me souviens parfaitement en quelle année j’ai accepté de me mettre au smartphone , c’était il y a six ans, juste avant le drame.
«  Smartphone  »… Ou comment la technologie devient de plus en plus smart pour que les humains puissent l’être de moins en moins.
Ils les cachent où leurs foutues toilettes ?
Le téléphone est devenu une partie intégrante du corps humain. À quoi bon essayer de le rendre plus petit, on ne le range plus, jamais ! Les gens parlent de ce projet fou d’implanter des puces électroniques à la naissance pour faciliter et multiplier les possibilités technologiques. On en parle comme d’une légende urbaine, comme nos parents parlaient de l’an 2000, avec une excitation remplie de terreur, comme Georges Orwell parlait de Big Brother .
C’est si compliqué de remplir un distributeur de savon ?
Mais les gens ne semblent pas comprendre que ça ne changerait pas grand-chose. À chaque achat, à chaque appareil électronique relié en Wi-Fi à tous les autres, à chaque navigation internet, un fichier s’ajoute dans les dossiers des données centrales.
Un pas de plus, rien d’autre.
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Un pas de plus et la voilà sous les filets d’eau brûlante de sa douche. Non, ce n’était pas vraiment sa douche et non, elle ne se sentait pas vraiment chez elle dans cette chambre. Mais l’espace disponible sous ce jet d’eau lui suffisait pour le moment à se sentir bien. Détendue. Cette journée avait été longue, elle était loin de se terminer.
Dix-huit heures, Rita Milazzo allait bientôt devoir se préparer. Le rendez-vous de ce soir était important, elle n’avait pas le droit à l’erreur. À son grand regret, ce n’était pas dans le dynamique quartier sud de la ville que la rencontre de ce soir se ferait. Ce ne serait certainement pas au coin d’une de ces joyeuses ruelles sombres et colorées, pas non plus dans un bar, ni dans une salle de concert, mais sûrement sur une place froide et sombre, à proximité d’un bâtiment officiel gardé par de sinistres militaires, sous la lumière blanche d’un réverbère. Elle ne connaissait pas encore le lieu du rendez-vous et ne savait même pas à qui elle aurait à faire. Elle prendrait connaissance de ces informations en temps voulu par son supérieur.
Elle prenait donc son temps, elle aimait prendre son temps. Elle ouvr

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