Nbianma
180 pages
Français

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Description

La génétique est une chose très compliquée, avec des lois implacables. Ce roman est une claque magistrale au racisme. Les personnages, attachants, nous emportent avec leurs émotions à fleur de peau. Tout est rigoureusement précis, viable, parfaitement cohérent.

En région parisienne, un homme tranquille trouve, dans le grenier de sa maison, une sacoche contenant des documents ayant appartenu à son grand-père, décédé. Ce qu'il découvre va déclencher un véritable tsunami qui va submerger toute la famille. Un terrible secret.

Tout cela fera jaillir aussi bien des choses affreuses que des rencontres souriantes. Jusqu'à découvrir ses vraies origines et ses racines profondes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414337095
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nina Padilha
Nbianma Roman
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Chapitre I
Tout avait commencé par le plus grand des hasards. Delano avait eu besoin de faire des recherches dans une encyclopédie d’une édition assez ancienne, qui ne se trouvait pas dans la bibliothèque, près du salon. Elle devait sans doute être dans le grenier de l’immense maison où il habitait avec son père, en banlieue parisienne. Celui-ci avait gardé le rez-de-chaussée alors que lui occupait tout le premier étage avec son fils, Julien. Ce dernier n’y séjournait que provisoirement car il allait bientôt se marier et avait décidé de s’acheter un petit appartement. Son père avait applaudit cette idée. Sage décision que d’investir dans la pierre. C’était une bonne chose en ces temps incertains. Professeur de sport, dans un collège, ses revenus n’étaient pas mirobolants. Avec l’aide de son père, il avait donc pu acheter un deux pièces coquet, dans une banlieue voisine. Il avait emprunté sur vingt ans, à un taux assez raisonnable. Il était jeune. Une bonne affaire, finalement. Il commençait progressivement à le meubler avec soin. L’encyclopédie… Il s’agissait de douze volumes complets avec des planches, des illustrations, des détails
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importants qu’on ne retrouvait plus dans les éditions plus récentes. Ce qui était dommage et le contrariait quelque peu. Comme si le savoir accumulé au fil des siècles partait subrepticement en petits lambeaux anodins. D’excellents ouvrages où la puce n’était encore qu’un petit parasite et non un composant électronique. Il savait que cette édition, datant de 1963, était quelque part, là-haut. Oui, mais où ? L’immense grenier, mal éclairé, regorgeait de choses diverses, entreposées n’importe comment. Il y avait de tout. Un capharnaüm d’objets hétéroclites, démodés, défraichis, décatis… En écartant un vieux tapis du bout du pied, il se promit de ranger tout cela. Un jour.
Son regard fut soudain attiré par une sorte de grosse serviette en cuir à demi cachée par ce qui avait du être un joli fauteuil crapaud dont la couleur, à l’origine verte ou bleue, était tachée de moisissures, par endroits. Elle était recouverte de poussière et ses fermoirs légèrement rouillés. Elle faisait penser à ces sacoches qu’utilisent encore certains médecins de campagne. Curieux, il l’ouvrit avec difficultés. Elle contenait beaucoup de papiers, des liasses jaunies. Certains feuillets étaient pliés et scotchés, d’autres agrafés. Il en parcourut certains en se demandant pourquoi ils avaient atterri au grenier. Au fur et à mesure de ses lectures, il devinait que ces documents avaient du être importants, à une certaine époque. Soudain, ses yeux s’arrondirent de surprise. Ce qu’il tenait, maintenant, au bout de ses doigts, le laissa perplexe. C’était une attestation officielle, émanant du Consulat de France à Lisbonne. Les yeux arrondis, ce qu’il déchiffra lui arracha un petit cri. Il vacilla. Cela concernait son grand-père et cette attestation acceptait et validait son changement de patronyme.
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Francisco Cativo, né au Portugal, devenait François Cativeau. Ses mains tremblaient. Cette découverte le laissa chancelant. Son grand-père avait donc francisé son nom de famille ? Lui qui pensait être français de souche. Il n’en croyait pas ses yeux. Un rapport avec le fait d’avoir servi dans la Légion ? Delano se posait beaucoup de questions sans parvenir à trouver de réponse logique.
Il s’assit sur le fauteuil poussiéreux, sans se soucier des moisissures, la sacoche ouverte devant lui. Il avait complètement oublié ce qu’il était venu chercher dans ce sombre grenier, et « épluchait » les liasses, lentement, en prenant soin de ne pas déchirer les papiers fragilisés par le temps. Dans le silence de la pièce, il entendit des petits couinements. Des souris, se dit-il. Il faudra penser à faire venir le dératiseur. Elles pouvaient vite être très envahissantes, ces petites bêtes. Il continua l’inventaire de la sacoche : des lettres, une carte d’électeur, un reçu du Mont de Piété, rue des Francs Bourgeois, des cartes postales anciennes signées de personnes qui lui étaient parfaitement inconnues. Il y avait même un trousseau de clés. Le piètre éclairage de la pièce lui devenait pénible. Mais il poursuivait son inventaire. Un autre objet attira, subitement, son attention. Un rouleau entouré d’un ruban de soie rouge et or. Une sorte de parchemin, à première vue. Delano, intrigué, le déroula précautionneusement. Le vélin portait de belles enluminures et était libellé d’une écriture italique, tracée avec élégance. Visiblement à la plume d’oie. Il comportait un blason, plusieurs signatures, et un cachet de cire rouge, légèrement abîmé. Insolite et mystérieux. Il remarqua une date : 1873. Il était rédigé dans une langue qu’il pensa être
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du portugais ou de l’espagnol. Peut-être du latin. Il n’en était pas sûr. Qu’était-ce donc ? Il ignorait que son grand-père aimait les antiquités. C’était, apparemment, un objet de valeur. Il savait que son grand-père était né à Lisbonne. C’est tout. Rien d’autre. Car celui-ci n’avait jamais raconté dans quelles circonstances il y avait vu le jour, ni même s’il avait vécu longtemps au Portugal. Un peu comme s’il n’avait pas même eu d’enfance. Il y était né et plus rien jusqu’à son mariage, en France. Et voilà qu’il découvrait ce changement de nom ! Son grand-père était un taiseux. Un homme tranquille qui semblait de pas avoir de passé et encore moins de passif. Il avait recouvert volontairement toutes ses jeunes années d’un voile opaque. Il éludait n’importe quelle question d’un air candide et serein. Sans piper mot. Son fils n’avait pas eu l’audace ou le courage de l’affronter sur ces choses. Puis il avait abandonné l’idée de connaître un peu mieux son père qui semblait ne pas avoir de famille. Décédés, avait-il répondu, une fois, sans détails ou commentaires. Pourtant, son regard se perdait parfois dans un vague triste. Ne pas avoir de famille avait chagriné Delano qui aurait aimé avoir des oncles, des cousins… Non. Personne. Comme si son grand-père était un cas de génération spontanée. Même du côté de sa grand-mère. Il n’avait pas gardé de contacts avec sa belle-famille. Existait-elle ? Avait-elle disparu pendant la guerre ? Comment savoir ? Il ne disait rien. Il n’appelait personne, n’envoyait pas de courrier autre qu’administratif, pas de cartes de vœux, non plus. Il semblait ne pas avoir d’amis et ne s’en formalisait pas. Il ne recherchait d’ailleurs pas la compagnie de ses semblables. Un solitaire.
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Maintenant qu’il était mort, il trouvait ces étranges documents. Voilà qui était bien mystérieux ! Surtout ce certificat consulaire. Francisco Cativo devenant François Cativeau. Il était Portugais ? J’étais sûr d’être français par filiation, pensa Delano. Carte d’identité, d’électeur…
Delano, bouleversé et perplexe, rangea soigneusement tous les papiers dans la sacoche qu’il empoigna. Il avait complètement oublié ce pourquoi il était venu dans le grenier. Il redescendit, le cœur battant, le souffle court et chercha son père qu’il aperçut dans le salon. – Papa, j’ai trouvé une sacoche avec des documents dans le grenier. C’est très bizarre. Il y a plein de papiers rédigés en portugais ou en espagnol. Ils sont certainement à grand-père, non ? Paul Cativeau arrêta la lecture de son journal et regarda par-dessus ses lunettes d’écaille avec étonnement. Son fils avait l’air complètement retourné, livide, même. Il avait les traits tirés, comme après une nuit blanche. Cela l’inquiéta et l’intrigua. – Ce doit être certainement à ton grand-père. Je n’ai pas d’affaires au grenier et tous mes documents sont dans mon bureau. Fais voir. Delano posa la mallette poussiéreuse sur la petite table du salon, en repoussant, sans ménagement, des magazines qui s’éparpillèrent sur te tapis aux couleurs fanées. Il l’ouvrit et en sortit précautionneusement les fragiles documents sous les yeux ébahis de son père. – Je suis comme toi. Dit Paul Cativeau. Je découvre. Oui, je me souviens. Effectivement, cette mallette est celle de mon père. Elle était au grenier ? Ah bon. Paul Cativeau, à son tour, regardait attentivement son
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contenu, maintenant étalé sur la table. Soudain, il s’arrêta. – Qu’est-ce que c’est ça ?! Il tenait l’attestation de changement de patronyme délivrée par le Consulat de France entre ses mains tremblantes. Il lisait et relisait. – Ce n’est pas possible ! C’est énorme ! S’écria-t-il. Les sourcils froncés il déchiffrait le document avec minutie. Mon père aurait changé son nom ? Je me demande bien pourquoi. Ce doit être pour une raison très grave ou importante. Les autorités rechignent souvent à accorder ce genre de privilèges. Et il ne m’a jamais rien dit à ce sujet. Il ne me faisait donc pas confiance ? C’est absurde ! Je me croyais français depuis toujours. – Moi aussi, papa. Les morts ne parlant pas il ne peut donc nous donner des explications. C’est peut-être en rapport avec ses années dans la Légion Étrangère. – Peut-être. Ta grand-mère non plus ne nous sera d’aucune aide. Elle est très âgée et n’a désormais plus toute sa tête puisqu’Alzheimer est devenu maître de ses souvenirs. Quant aux autres papiers, je ne sais pas. Je crois bien que c’est du portugais. Je n’ai jamais appris cette langue. En tous cas, ce n’est certainement pas de l’espagnol. L’absence de certains accents, comme le tilde, est flagrante. Et ce tube, c’est quoi ? Demanda-t-il en désignant le parchemin. – Là c’est encore plus mystérieux. Répondit Delano. Sous les yeux grands ouverts de son père, il ôta le ruban de soie et déroula le document. Paul Cativeau était stupéfait. – Qu’est-ce donc ? Ça m’a l’air très, très vieux, si j’en crois la date ! – Je le crois aussi, papa. Et on dirait que c’est écrit en portugais également.
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– Je ne vois pas ce que cela peut-être. Il aurait acheté ça où ? Je ne comprends pas. Cela ressemble à un parchemin. Comme dans les films de cape et d’épée. Que fait donc ceci dans les affaires de mon père ? Tout cela est bien mystérieux. Paul Cativeau soupira. Il n’avait pas lâché le document consulaire et le relisait, encore et encore. – Je n’en reviens pas. C’est ahurissant. Il était devenu très pâle et se mordait la lèvre inférieure. Il tremblait un peu, livide. Delano posa sa main sur l’épaule de son père. – Je crois bien qu’il nous faudra de l’aide, pour savoir. Dit-il. Puisque c’est du portugais. Pour le parchemin, il nous faudrait un bon traducteur. – Certainement. Le portugais, comme le français a certainement évolué. Ce doit être très ardu de traduire des textes anciens. – On peut demander à Maria, la femme de ménage. Elle est portugaise… – Elle est loin d’être érudite et ça, dit-il en désignant le parchemin, c’est quand même un très vieux « machin »… – Elle pourrait peut-être nous éclairer, suggéra Paul. Elle vient quand ? – Demain matin, je crois.
Maria, avec toute sa gentillesse et sa bonne volonté, ne comprenait rien à cette belle écriture libellée dans une langue qu’elle ne savait pas déchiffrer. Elle avoua qu’elle n’avait que l’équivalent portugais de l’ancien certificat d’études. La seule chose qu’elle avait osé avancer c’est que les enluminures ressemblaient à ce qu’elle avait vu, dans une série télévisée brésilienne. Une novela, un feuilleton,
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qui relatait les amours contrariées de l’Empereur du Brésil. Elle les avait trouvées très belles, alors, elle s’en souvenait un peu. Elle n’en était pas sûre. Quant à ce qui était écrit sur le parchemin, elle ne savait pas du tout. Elle ne comprenait pas. La seule chose dont elle était certaine c’est que c’était très vieux, tout ça. Parce que des rois et des empereurs, à part la reine Elisabeth d’Angleterre, il n’y en avait plus beaucoup et depuis longtemps. Tout cela dépassait leur entendement. – Grand-père ne collectionnait pas d’antiquités, que je sache ! Tu te rends compte de la date, papa ? 1873 ! Il doit avoir beaucoup de valeur ! Comment grand-père a eu cela et pourquoi n’en a-t-il jamais parlé ? – Je n’en sais fichtre rien, fils ! Rien que de savoir sa naturalisation, j’en ai les bras qui tombent. C’est un sacré coup sur la tête, tu ne penses pas ? De la valeur ? C’est possible et même certain. Tout ce qui lui appartenait, est rangé dans ses affaires. Étant donné qu’il est décédé, cela nous revient. En toute logique puisque nous étions sa seule famille. Il nous faut demander de l’aide, oui. Nonobstant, il faut que ce soit une personne de confiance. Si ce truc a de la valeur… – Qui a l’habitude de manipuler de vieux documents ? Ce serait le domaine d’un connaisseur, un antiquaire, non ? Qu’en penses-tu ? – C’est une bonne idée. Peut-être la solution. Tu t’en charges ? – Je vais en trouver un, papa. On saura peut-être quelque chose à propos de tout ça. Ils ont l’habitude de ces choses-là. Le dîner, ce soir-là, fut silencieux. Julien, le visage fermé, n’avait pas ouvert la bouche non plus. Sauf pour
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