Né de grand-père inconnu
124 pages
Français

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Né de grand-père inconnu , livre ebook

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Description

Julien découvre un jour que son grand-père n’était pas le vrai géniteur de son père. Il s’invente alors un autre grand-père idéal et très riche qui, un jour peut-être, lui léguera une grande fortune en héritage.
Il ne se doute pas que ce rêve fantasmé pourrait devenir une réalité. Mais, derrière ce rêve se cache un cauchemar.
Des rives du Doubs aux berges du lac Léman, on découvre une galerie de personnages qui vivent des existences parallèles. Mais les parallèles peuvent parfois se rejoindre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414346943
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur



Roger Carret
Né de grand-père inconnu

Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50 Mail : client@edilivre.com www.edilivre.com
Imprimé en France Texte intégral
Dépôt légal : Septembre 2019 ©Edilivre, 2019
ISBN epub 9782414346943



- 1 -
Cologny, 17 mars 2003
De la cabine de son van il regarde fixement la grille de l'Institut.
Il sait enfin depuis hier qu'elle y est scolarisée en classe élémentaire. Il espère que ce van blanc n'attirera pas trop de regards de la part des passants ou des résidents de ce chemin du Nant d'Argent.
Lui, il se sent protégé, derrière ses lunettes noires. La visière de sa casquette dépasse de la capuche qui masque presque entièrement son visage.
Il sent que l'issue est proche.
Sa grand-mère, il en est sûr, le regarde d'où elle est. Elle doit être impatiente de rétablir la vérité, de faire éclater la justice, de redistribuer ce qui a été volé.
Ce n'est pas une vengeance, non. C'est simplement un acte d'équité, qui enfin restituera à sa famille ce dont elle a été spoliée.
Et c'est cette petite fille qui va lui permettre de remettre de l'ordre dans ce monde de mensonges.
Il faudra être prudent, il le sait.
Cela fait maintenant neuf mois qu'il échafaude ce plan, neuf mois pendant lesquels sa colère s'est transformée en hargne.
Neuf mois depuis qu'il a pris conscience de la supercherie.
C'est le deuxième jour qu'il est là, à observer les allées et venues devant l'Institut International de la Dame du Lac. Cet établissement prestigieux accueille les enfants des personnalités, des vedettes du showbiz, des sportifs, des hommes d'affaires qui habitent la commune de Cologny, ou les communes voisines, ou qui viennent même chaque jour de Genève.
S'il avait une fille lui-même, il aimerait que celle-ci bénéficie de ce cadre magnifique et de cet enseignement d'exception.
La vie ne lui a pas fait ce cadeau.
Mais d'ici quelques jours la roue va tourner, et va corriger ce passé fait d'imposture et de trahison.


- 2 –
Julien
Pornic, 11 août 1999
– Si je comprends bien, je suis né de grand-père inconnu.
Il l'a dit sur son ton habituel de la plaisanterie. Sa sœur le regarde prononcer ces mots, sourit, et lui jette un regard amusé. Elle s'approche et le prend dans ses bras. Il fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'elle croit, que je vais pleurer. Ce secret de famille qu'elle vient de lui révéler est certes très surprenant, et peut-être même très perturbant, mais il ne va pas changer sa vie. Enfin, sur le moment il n'a aucune raison de le croire. Il ne le sait pas encore mais son avenir est sur le point de prendre une autre route.
En ce mois d'août 1999 Julien a pris quelques jours de vacances avec son épouse Marie-Hélène et leur fille Aude. Sa sœur Christine est venue les retrouver à Pornic où ils ont loué une petite maison sur la corniche de Gourmalon. Elle a vraiment choisi son jour se dit Julien. Car il attend l'éclipse totale de soleil. Un évènement planétaire qu'il ne reverra sans doute pas et qui aiguise sa curiosité. Marie-Hélène et Aude sont parties faire un peu de shopping au village. Comme si c'était le jour s'est lamenté Julien après leur départ. Les femmes ne s'intéressent décidément pas de la même manière aux évènements stellaires. Il est vrai qu'elles n'ont pas son esprit scientifique d'ingénieur. Il est allongé sur un transat au tissu fatigué, dans la petite cour de cette location, sous un pin malingre à l'ombre peu généreuse, mais qui suffit à son bonheur. Il était prêt pour profiter de cet épisode solaire avec près de lui des lunettes occultantes.
En patientant Julien avait fait part à Christine de ses trouvailles. Depuis quelques mois il avait engagé des recherches sur son nom et sur ses ancêtres. Il avait reçu quelques jours auparavant un livre très documenté, et ses recherches sur internet avaient apporté de nombreuses pistes.
Il n'a pas compris tout de suite le regard fuyant de sa sœur. Jusqu'à ce que celle-ci lui dise :
– Mais Julien, je ne vois pas l'intérêt de tout ça. Tu sais que notre nom ne vient pas de notre vrai grand-père.
– Que veux-tu dire, lui a t'il demandé, très intrigué.
Un peu surprise par le regard étonné de son frère, et après un long silence pendant lequel sa sœur a cherché ses mots, elle lui a tout raconté.
Il garde un souvenir impérissable de sa grand-mère paternelle. Près de Morteau, à quelques encablures de la frontière Suisse, Il allait passer chez elle chaque été deux semaines de vacances. Elle y vivait avec celui qu'on appelait affectueusement grand-père coin-coin. Il gardait dans un petit enclos deux canards col-vert qu'il passait des heures à regarder, assis sur le bord d'un mur de briques, en fumant sa pipe. Il y était tellement attaché à ces deux bestioles que grand-mère n'était jamais arrivée à les faire passer à la casserole. Deux canards, enfermés sur ce petit terrain entouré d'une clôture grillagée, qui ne pouvaient même pas profiter d'une petite mare comme tous leurs congénères, mais qui semblaient malgré tout survivre honorablement. Tous savaient que ce brave homme n'était pas le vrai grand-père. Grand-mère s'était remariée après le décès de son premier mari, bucheron maladroit, écrasé avec brutalité par le chêne qu'il essayait d'abattre. La fratrie n'avait donc pas connu le père de leur père, mais à ce qui se disait ils n'avaient pas perdu au change. Autant coin-coin était un être doux et attentif, autant ce grand-père disparu laissait une réputation d'homme violent, alcoolique et coureur.
Pour Julien l'histoire s'arrêtait là : la grand-mère Albertine avait eu deux enfants, son père d'abord, puis quelques années après la tante Denise. Point final.
Et voilà que sa sœur lui révèle qu'en réalité Albertine avait « fauté » avec un homme de passage, probablement étranger, qu'elle était tombée enceinte, et que rongée par la honte elle avait tout fait pour séduire rapidement un garçon du village. Elle n'avait pas tardé à lui annoncer son état et obtenu qu'il l'épouse, et qu'il reconnaisse l'enfant. Leur père était né ainsi au printemps 1948.
Ce récit, Christine le lui a raconté d'un trait, presque sans reprendre son souffle. Julien n'a pas eu un mot, pas une pensée, non rien, il l'a écouté de la manière la plus passive, comme s'il regardait à la télévision une de ces séries à l'eau de rose, à moitié endormi sur son canapé. Il était un peu estomaqué, mais surtout déçu d'avoir tant dépensé d'énergie, et un peu d'argent, pour reconstituer vainement l'arbre généalogique de cette lignée paternelle.
Lorsque la lune passa devant le soleil en le cachant complètement, une obscurité enveloppa la petite cour. Elle pénétra aussi dans son cerveau, paralysant la moindre pensée logique, le laissant silencieux le regard perdu dans les yeux de la sœur.
Ainsi il ne chaussa pas ses lunettes noires et ne put réagir qu'une fois l'éclipse passée.
Il comprit cependant que s'il s'appelait Julien Marquet, ce nom n'était pas celui de ses ancêtres paternels.
Dans les jours qui ont suivi cette révélation Julien s'est inventé, dans ses rêves éveillés, une ascendance magnifiée.
Il a d'abord imaginé un vrai grand-père allemand, qui de passage dans le Doubs pour y exercer son métier de VRP, avait rencontré cette jolie jeune Albertine et avait commis l'irréparable. Il était retourné dans son pays sans connaître l'issue de cette relation éphémère, n'avait plus jamais entendu parler d'elle, et avait poursuivi sa vie comme si de rien n'était. Un problème cependant se posa à sa conscience : comment cet homme s'était-il comporté lors de la guerre de 39-45. Fut-il un nazi pur et dur, un soldat obéissant mais résigné, un révolté fuyant les horreurs du Reich ? Julien aurait bien aimé la troisième solution, mais la raison lui suggérait que la statistique n'était pas très favorable à cette hypothèse.
Il a ensuite inventé un grand-père américain. Un écrivain amoureux de l'Europe, naviguant d'hôtel en hôtel, accumulant les verres et les rencontres, cherchant l'inspiration dans une existence d'errance et d'abandon. Son inconscient plaquait sans doute l'image d'Hemingway sur ce personnage, mais il aimait l'idée de posséder l'héritage littéraire d'un auteur prolifique, reconnu, encensé, et pourquoi pas nobélisé.
Et pourquoi pas un immigré italien. Ils étaient nombreux dans cette région, venus chercher le travail qui manquait de l'autre côté des Alpes. Un peintre en bâtiment, joyeux et sifflotant, devenu entrepreneur, puis promoteur, puis bâtisseur de gratte-ciel à New-York.
Il a un temps opté pour un brésilien, producteur de café, venu en France chercher de nouveaux marchés. Il le voyait dans ses propriétés au bord du fleuve Iguaçu, se promenant à cheval sur les plateaux battus par les vents, au milieu d'une lande hostile mais qui avait une qualité objective : c'était toute sa richesse, héritée de ses aïeux, une promesse de productions et de fortune à venir.
Quel qu'il soit, ce grand-père imaginaire ne pouvait être qu'un personnage haut en couleur, passionnant, qui vous pousse à lever les yeux au dessus de l'horizon.
Il avait finalement décidé qu'avant sa mort cet inconnu aurait jeté sur son testament un souhait impérieux : que sa vraie descendance soit identifiée et qu'elle hérite de tous ses biens.
Julien attendait chaque jour qu'on vienne sonner à sa porte et qu'on lui annonce qu'il héritait de tout.
C'était bien sûr un de ces rêves que font ceux qui n'arrivent pas à quitter leur enfance insouciante. Il en faisait partie, un grand enfant qui restait présent derrière son masque d'adulte, qui cachait ses désirs profonds dans une existence banale.
Après ses études d'ingénieur il avait exercé un premier emploi dans la métallurgie pendant deux années, puis il

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