Nemezida
196 pages
Français

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Description

Une vengeance accomplie après tant d'années, alors que pour certains le temps l'aurait effacée. Quatre meurtres vont le rappeler à d'autres...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332943361
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-94334-7

© Edilivre, 2015
Préambule
Quelque part en Méditerranée sur le M/S Fanadoly , le 7 octobre 1983 à 11 heures 8 minutes et 6 secondes.
Position du navire : 34°3 de latitude Sud et 18°2 de longitude Est.
Appuyés sur le bastingage du pont C, les deux frères se remémorent leur lointain passé. À l’horizon, de sombres nuages…
Chapitre I Trahir conjugué à quatre temps
Extrait
Vous trahîtes et vous vous égarâtes en enfer.
Nos ennemis jamais ne trahiront.
L’embarras de la vérité les trahissait.
Ma mémoire me trahit, vengeance il n’y a point.
Marcel Olivines
 
 
Une pluie d’abat déversait son trop-plein sur la petite ville endormie. Cela durait depuis trois jours maussades, de quoi abâtardir les plus coriaces bipèdes hors de leurs pénates. Les plaques d’égout aux bouches entrouvertes commençaient à dégurgiter les ramas accumulés par les précipitations abondantes. Quelques surmulots s’étaient risqués à mettre le museau à flot. Le flux dévastateur avait asphyxié la plupart d’entre eux par immersion, au 7 de la rue des Muridés, comble d’ironie, au niveau de la bibliothèque où d’ordinaire ils livraient leur temps… à le ronger.
À l’hôtel Xérus, une autre sorte de rat gris sévissait mais celui-là se noyait pour divergentes raisons : quittant hâtivement l’établissement, expulsé manu militari par le taulier directement dans le caniveau, il pataugeait au milieu d’organes foliacés qui formaient barrage en jonchant le sol. Ces feuilles mortes ne pouvaient se ramasser qu’à l’appel… du service de la voirie et éventuellement de la police pour lever l’individu trempé et relever son identité détrempée… d’usurpation.
Rapidement, les rongeurs indemnes avaient quitté le navire et le faux capitaine la place… ou bien le contraire.
« Après eux le déluge », aurait dit Madame de Pompadour.
Une accalmie s’annonçait pour la nuit prochaine. Assez d’eau du ciel ! L’eau, cette boisson dépréciée d’après Louis, le météorologiste de Rainette FM – une radio locale qui diffuse l’info depuis son bocal en sonals appropriés selon les effets et tonalités du moment. Pour en revenir au bocal attenant au 7 rue des Muridés, ce temple de l’humanité avait été bâti sommairement et architecturé au siècle dernier par des mains maçonniques d’obédience liguro-piémontaises.
D’après la loi du 9 novembre 1981, la radiodiffusion privée avait pignon sur rue et opinion à l’intérieur. Le local de Rainette FM(èrement) était mis à disposition gratuitement par la mairie SE : on pourrait traduire cela par « Sans Entretien », du fait des murs oxydés d’efflorescences au nitrate et au potassium, du plafond aux plaques d’amiante se désagrégeant au filtre du temps sans trop de mal et pan dans le mil… ieu du mur, et de la fresque plombée, archétype de la planète Saturne… mauvaise alchimie, je vous l’accorde.
SOS peinture, allô ! À l’eau bénite des édiles qui plus tard mangeraient la grenouille à des fins électorales : aussi grosse qu’elle soit, le taureau bien averti resterait au toril et les borborygmes dans la panse du maire. L’amphibien du bénitier, radiographié à son tour, respirait encore à pleines branchies malgré les menaces pesantes sur les radios libres, pas faites pour durer en ondes fréquemment modulées. L’avenir nous le dira. Entre quatre murmures humides de joie et de peine, de frimas et de froid, l’imperturbable Alain Gillot Pétré du coin, écharpe au nez et bonnet sur l’antenne(2), évoquait lors de son premier bulletin météo de la journée l’arrivée – enfin – de l’hiver, en ce quatrième jour de janvier 1984.
Nous étions le mercredi de la saint Odilon, qui d’après le proverbe n’amène rien de bon. Plus que trois cents jours avant la date d’une éventuelle fin du monde de notre galaxie.
Croyez-vous aux prédictions fatalistes ?
Celles qui vous précipitent dans une phase finale, directement vers l’abîme… inaccessible dans l’absolu. Pour les plus rationnels d’entre nous, la période hivernale s’annonçait ainsi, toutes les chaumières affines se réchauffaient aux moyens financiers de leurs propriétaires : qui d’une cheminée sans père Noël, qui de radiateurs électriques, qui d’une chaudière à gaz, qui d’un poêle à mazout, kit d’un soleil dans son foyer… quitte à quitter le pays pour s’en procurer un.
L’aurore pointait son commencement, une atmosphère authentique quoique fraîche soufflait sur la principale artère commerçante de l’opulente cité provençale. Un air nouveau passait sur Rainette FM (Franchement Marre) : Renaud Séchan chantonnait Ma chanson ne leur a pas plu . Avec un pareil titre, comment faire carrière dans la variété ? D’autres suivraient sur la bande magnétique diffusée en boucle pour les insomniaques – pour qui d’autre ?
Peu de volontaires pour émettre la nuit en dehors de Louis, le technicien qui posait ses disques vinyles sur la face B quand il ne sommeillait pas. Difficile est le passage entre le nocturne et le diurne mais certains, comme Monsieur Panis, connaissent ce phénomène régulier. Cet homme était un passeur aguerri de la nuit jusqu’au petit jour. Il tenait une boulangerie depuis que son arrière-grand-père se faisait appeler Maître Boulange. La devanture de la boutique de pains, avec son rideau métallique à moitié baissé, laissait entrevoir deux brins de vie, l’un devant être le mitron affairé à fraser et l’autre Raymond Panis enfournant de ses doigts exercés la pâte bâtarde tout en évitant les baisures, heureux d’être au fournil, bien au chaud, l’heure du café-croissant brûlant n’ayant pas encore sonné.
Pourtant, une originelle animation se fit jour : un premier courageux bravant les intempéries à portée de ses actes.
Pauvre malheureux ! L’hère anticonformiste était arrivé en ville, s ans d omicile f ixe, s e d ébrouillant f ièrement. Et de nouveau un vinyle coassait sur Rainette FM . Cette fois-ci, c’était Il est libre Max, chanté par Hervé Cristiani. Notre solitaire en avait un autre en tête comme celui, flegmatique, qui lui fouettait le visage. De même que le vagabond couché, en position SDF, sous une porte-cochère et qui ne distinguait pas la silhouette bien encapuchonnée, à la démarche cocasse et portant une barbe taillée à la Souvarov. Elle filait à longues enjambées, n’ayant rien de félin dans son déplacement. Sans doute un infidèle, dont une drôlesse n’avait pas eu suffisamment pitié pour le garder dans son lit jusqu’à ce que l’aube pointe… Ce personnage étrange semblait de plus dissimuler quelque chose sous son paletot, bien décidé en tout cas à ce que l’on ne l’aperçût point, ce qui n’intriguait nullement les deux énergumènes, préposés au ramassage des ordures et qui s’activaient à faire ingurgiter au broyeur du camion-poubelle son petit-déjeuner merdique : tout le quotidien d’une vie de détritus. Enfin de l’animation… La benne à déchets disparut au coin de la rue, pleinement rassasiée. À hauteur du salon de coiffure Kufia Coiffe, notre énigmatique piéton stoppa soudainement et se réfugia dans un renfoncement de mur servant de pissotière aux mâles éduqués à la « queue dira-t-on »… de leur comportement. Il avisa un couche-tard et une lève-tôt. Chacun d’eux avait en poche un motif valable et ils se croisèrent sans même un regard de considération ; leurs corps opaques se hissaient déjà aux derniers étages des édifices de la venelle : effet d’ombre garanti. Il attendit que la piétaille du macadam ait disparu pour poursuivre sa route tout en évitant les dispositifs de la voie publique : sa forme surdimensionnée projetée sur les façades des immeubles pouvait le mettre en évidence. Il s’interdisait ce simulacre d’ombre chinoise, surtout face au théâtre municipal : seul l’esprit d’un mort peut conserver une apparence humaine immatérielle mais, jusqu’à preuve du contraire, même les plus judicieux ne l’expliquent pas.
Mais restons dans le secret et laissons-le courir se livrer à ses expériences chimériques dans un secteur d’incertitude.
Aux dernières nouvelles, il filait en direction de la maison de retraite Les Fagacées, cet ex-hospice toujours en place rue des Presque-Adieux. Cette dénomination tombée dans le domaine public avait été choisie non sans humour par le conseil municipal, qui avait nommé la rue qui la prolongeait rue de Londres plutôt que de l’Ombre, à cause d’une portion de route de la ville où l’on roulait à gauche. Après tout, les chemins mènent tous à Rome… encore faut-il trouver celui de Damas.
On le devinait mal à l’aise, au regard de son ardeur à quitter les lieux. Au chant du coq, girouette grinçante passe du vieux coq au rico… Chez Lane, traiteur en vain qui le marine depuis l’apparition du soleil, « le coq au vin cela va de soi ». Tout ça pour arriver au matin place Platea, où le concepteur éponyme de l’endroit avait pris ses vessies pour des lanternes en guise d’éclairage… et bien d’autres choses pour d’autres choses. L’endroit était cocagne, design et concept : faire de tout avec n’importe quoi. Imaginez les artistes d’hier, peintres, photographes, statuaires qui ont coloré, portraituré, sculpté les belles esplanades de notre chère Provence, et vous voilà sur la place Platea redessinée dans le style des années 80. Les noisetiers plantés loin de leur zone tempérée, cernés de tuteurs à bâtons rompus, cherchaient noise aux écureuils de la banque Sciurolus Investissements, qui n’épargnaient pas même les micocouliers en léger retrait de Celtis Courtage et Spéculations, la rivale.
« C’est au banquier que l’on reconnaît l’argent et qu’on sacrifie une source de profit pour un avantage immédiat. Gardez vos bas de laine, c’est un conseil de mammifère rongeur arboricole ! »
Imaginez le reste. Place Platea, on y stationnait, on y klaxonna

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