Non coupable
151 pages
Français

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Description

Après le suicide de son fils, Lise engage un détective privé pour connaître la vérité, car elle ne croit pas à un acte volontaire. Mais voilà que ce dernier lui apprend une nouvelle qui la pétrifie. Les événements auront-ils raison de sa santé mentale et pourra-t-elle tout gérer comme elle l’a toujours fait ? Les morts se multiplient. Sa famille qu’elle croyait si parfaite cache de lourds secrets.
Découvrira-t-elle le pourquoi de ces décès et quel est le lien qui les unit ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 novembre 2019
Nombre de lectures 3
EAN13 9782897752927
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Non coupable
 
 
 
 
 
 
 
 
Lorraine Richard
 
 
 
 
 

 
À ma sœur qui a toujours été pour moi un modèle et une inspiration. Merci pour ta générosité, ta compréhension, ton sourire qui égaie nos rencontres. Tu as su garder ton émerveillement et ton cœur d ’enfant ce qui fait de toi une personne exceptionnelle. Je suis privilégiée d’avoir une sœur telle que toi.

 
 
 
1
 
 
 
En ce beau dimanche matin, Lise était enroulée dans sa vieille couverture écossaise, elle se prélassait dans sa magnifique berceuse en bois sculpté. Malgré le début de la soixantaine, les lignes du temps ne marquaient pas trop son visage, c’était une belle femme sans artifice, une naturelle aux cheveux poivre et sel avec juste un léger maquillage qui mettait en valeur le bleu océan de ses yeux. Elle fixait la fenêtre le sourire aux lèvres, ses pensées tournées vers le passé inondaient son cœur et son âme. De belles images se déroulaient sur le ruban de sa mémoire, formant de jolis tableaux lui montrant ses enfants à différentes étapes de leurs vies. Elle se reposait en se remémorant tout ce qu’elle avait vécu. Le soleil ardent de cette fin de matinée lui baignait le visage et réchauffait ses souvenirs. Elle avait cette sensation d’avoir relevé tous les défis de la vie même si celle-ci l’avait privée de deux amours. Son mari l’avait quittée, lui laissant cinq jeunes enfants.
Pire que la mort, la disparition d’êtres chers laisse des cicatrices indélébiles. Il y a, dans ces départs, quelque chose d’intemporel : un espoir de retour, un espoir incessant qui tue peu à peu.
Elle revoyait le film de sa vie, observant les scènes principales qui l’avaient marquée et qui lui auraient mérité un Oscar s’il y avait eu un concours pour les mères monoparentales. Son premier objectif avait toujours été le bonheur de ses enfants et c’était le pourquoi de tant d’années de travail et de privation. Tous étaient maintenant adultes et deux d’entre eux lui avait donné des petits-enfants avec lesquels elle pouvait rire et s’amuser, chose qu’elle n’avait pu faire faute de temps, il fallait les loger et les nourrir. Elle respirait doucement, ressentant du bonheur en tournant les pages de sa vie. À la joie se succédait la satisfaction, elle était le metteur en scène et ses enfants les comédiens qui, disons-le, avaient souvent outrepassé les règles. Elle était satisfaite de sa réussite, comblée par des enfants dorénavant matures et responsables.
Le carillon de la sonnette la sortit de sa rêverie. Isabelle et Jean-François, ses deux plus jeunes, arrivaient à l’improviste comme cela leur arrivait souvent, mais rarement ensemble. Elle en était doublement heureuse.
— Quelle belle surprise ! Mes deux célibataires qui viennent voir leur mère un dimanche matin !
— C’est que…
Le visage de ses enfants d’un blanc macchabée la frappa comme un direct en pleine figure. Elle sentait qu’un autre malheur s’abattait sur sa famille.
— Viens t’assoir, maman.
D’une voix caverneuse et d’un regard suppliant, elle osa les questionner sans vouloir réellement de réponse.
—  Il est arrivé un malheur ? Vos visages expriment tant de douleur. Qu’est-ce qu’il y a ?
— Oui, maman, c’est Alex.
Elle allait se lever quand ses enfants la retinrent.
— Mais voyons, il faut y aller. Il a eu un accident ? C’est grave ? Les enfants ? Comment vont les enfants ?
— Les enfants vont bien, maman, il s’agit d’Alex… il est mort.
— Non, non, Alex n’est pas mort. C’est impossible, voyons, il n’a que trente-six ans. Dites-moi que c’est un cauchemar, que je vais me réveiller.
La main à sa poitrine, en proie à une chute subite de tension, elle s’écroule. Cette révélation l’avait mise KO. Elle reprit connaissance à l’urgence de l’hôpital où un homme en blouse blanche était penché sur elle.
— Madame Marcil, vous m’entendez ? Si vous m’entendez, Mme Marcil, ouvrez les yeux.
— Mais où suis-je donc ?
— Vous êtes à l’hôpital, vous avez fait une petite syncope.
— J’ai fait quoi ?
— Vous avez perdu conscience quelque temps, mais tout va bien. Vos signes vitaux sont revenus normaux. On prend soin de vous.
— Je ne me souviens plus, est-ce que je perds la raison ?
Inquiète, les yeux hagards, elle se grattait la tête comme si le frottement de son cuir chevelu lui ramenait ses souvenirs par enchantement.
— Cela arrive souvent suite à un choc, vous allez retrouver la mémoire, ne vous inquiétez pas.
— Je ne me souviens de rien, même pas de mon nom ! Je ne sais plus qui je suis !
La panique se lisait sur son visage, sa vie n’était qu’une page blanche.
— Docteur, j’ai peur !
— Mme Marcil, tout va rentrer dans l’ordre, juste un peu de patience. Il se peut que tout vous revienne spontanément ou peu à peu, mais ce phénomène n’est que passager, je vous l’assure.
Sa voix chaude, presque paternelle malgré son jeune âge, voulait se faire rassurante.
— Il y a une jolie demoiselle qui vous réclame dans le corridor. Si vous me promettez de rester calme, je vais lui dire d’entrer. Cela va peut-être vous aider à retrouver la mémoire.
Étonnée, qui pouvait bien vouloir lui parler ?
— Docteur. La demoiselle, c’est qui ?
— C’est votre fille.
— Quoi ? J’ai une fille ?
— Oui et quatre autres enfants apparemment.
— Cinq ? J’ai cinq enfants ? Et je ne me souviens pas ? Comment une femme peut-elle oublier qu’elle a des enfants ? Non, non, voyons, c’est impossible.
— Le cerveau est un laboratoire complexe. Il s’y passe des choses étranges. Des moments de votre vie que vous croyez avoir oubliés reviennent vous hanter et à d’autres moments, vous cherchez à savoir et il enfouit ses réponses très loin dans votre mémoire inconsciente, la plupart du temps pour vous protéger parce que vous n’êtes pas prête à entendre la vérité.
— Mais quelle vérité est si difficile à croire pour m’évanouir ?
— Commencez par retrouver votre mémoire immédiate et vous récupérerez vite ce que votre inconscient refuse.
Le docteur Chambord prit la peine d’aller voir la fille de sa patiente lui-même pour lui donner des nouvelles de sa mère et la préparer à ce qu’elle ne la reconnaisse pas. C’est toujours difficile pour des enfants de constater que leurs parents ne se souviennent plus d’eux. Le cas de Mme Marcil n’était que passager et cela, il pouvait le confirmer.
Annie sortit de la salle d’attente pour entrer dans la salle des urgences où des patients plus ou moins souffrants étaient allongés sur des civières tout alignées le long des murs pour enfin arriver au lit de sa mère, une dame au regard interrogateur qui la dévisageait. Elle semblait être assez en forme malgré le grand trou noir qui lui avait volé ses souvenirs.
Elle osa un petit bonjour. Le regard posé sur elle était celui d’une inconnue, elle était inconsolable, sa mère la regardait comme si elle ne la connaissait pas. Elle ressentit une vive douleur, sentant son cœur se déchirer en mille morceaux, elle pensa s’évanouir à son tour.
— C’est trop pour la même journée, je vais devenir folle ! dit-elle en pleurant.
— Mais voyons, ma belle, je ne me souviens pas de toi, mais le docteur a dit que ce n’était que passager, alors ne panique pas. Tu ne penses pas que ce serait à moi d’être affolée ? C’est tout de même moi qui ai perdu la mémoire.
— Cela ferait bien mon affaire de perdre la mémoire avec ce qui arrive.
— Mais qu’est-ce qui arrive justement ? Explique-moi.
Il n’en fallait pas plus pour qu’un torrent de larmes déferle sur ses joues et comme la source ne tarissait pas, elle la prit dans ses bras pour la consoler. Mais son étreinte ne la calma pas.
— Dis-moi ce qui ne va pas, je peux peut-être t’aider.
Elle n’avait pas fini sa phrase que ses autres enfants entrèrent. Elle sourit à Lyne et Isabelle, mais lorsque son regard se posa sur Jean-François, la mémoire lui revint comme un « boomerang » et elle cria de douleur. Alex. Non seulement la mémoire lui revenait, mais toute la douleur de la perte de son fils s’emparait de chacune des cellules de son corps. Lyne alla chercher le médecin à toute vitesse pour le supplier de passer voir sa mère, mais elle ne put que laisser un message au poste des infirmières. Tout le monde était affairé. On n’appelle pas cela urgence pour rien. Vous attendez de longues heures pour qu’un médecin passe en urgence votre dossier, mais il ne s’attarde pas à chacun des patients, car il y a toujours des urgences ailleurs. Ils ont tendance à confondre « urgence » et « rapidité »,

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