Octave a disparu
166 pages
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Octave a disparu , livre ebook

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Description

Un épais mystère entoure la disparition d’Octave, survenue il y a près d’un an. Marco accepte d’accueillir sa femme et ses deux enfants pour rendre service à son ex-petite amie Lauren, elle-même flic. Curieux par nature, il ne peut s’empêcher d'enquêter sur l’individu. Très vite, il se rend compte que tout ce qui concerne Octave est plus que trouble. Déjà, il est né dans une Roumanie encore ultra communiste dont il s’enfuit – selon la légende familiale – en traversant le Danube à la nage. Il s’engage ensuite dans la légion étrangère et parcourt une bonne partie du globe au gré des conflits. Mais la suite de sa carrière professionnelle apparaît encore plus étrange. Ayant quitté l’armée, il se fait engager par différentes compagnies toutes liées à l’industrie gazière et pétrolière où là encore, il multiplie les affectations et les missions à l’étranger. Mais quelle était sa véritable fonction, lui, un simple ex-légionnaire sans formation particulière dans un domaine pourtant pointu ? Tout est décidément trop flou pour Marco qui n’hésite pas à poursuivre ses recherches sans savoir encore quel danger il court en allant plus avant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 octobre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414260867
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-26087-4

© Edilivre, 2019
1
Je cours comme un dératé. Je suis à bout de souffle. J’ai le cœur qui se décroche de sa cage thoracique. J’ai le crâne au bord de l’implosion comme s’il se comprimait sur lui-même. Ça cogne dans ma tête, dans ma poitrine, dans mes jambes. J’ai l’épaule qui me lance comme si un corps étranger voulait s’en extraire. Le cœur remonte comme pour s’extirper de sa cavité. Je saute par-dessus un parapet. J’atterris sans souplesse. Encore un escalier. Stop ! Je dis stop ! J’arrête ! Fini de courir ! Je n’en peux plus.
J’entends le bruit des pas lancés au galop qui martèlent le bitume, qui s’amplifie, qui hésite soudain. Des voix s’élèvent vociférant des mots dans une langue incompréhensible. Puis, la cavalcade reprend plus rapide et s’éloigne. Je ne suis pas “Bebel”, bondissant sur les toits de Rio, je ne suis que Marco crachant ses poumons dans les rues de la vieille ville. C’est l’infarctus ou la lame d’un couteau qui m’achèvera. Dans les deux cas, c’est la mort assurée. Sur ma gauche une porte cochère. Je m’y adosse pour tenter de reprendre mon souffle et attendre la fin. Rester digne, enfin, au moins une fois. Mais la peur me pousse à poursuivre ma folle échappée, folle et vaine. Retrouver d’abord un semblant de souffle et ensuite, j’y vais, j’essaierai d’y aller. J’ai encore trente secondes, peut-être une minute, avant de les voir surgir tout en haut sur la place de la chapelle Sainte Claire, car je les entends faire demi-tour au son qui résonne dans le dédale des rues au-dessus de ma cache. Le corps en avant, les mains en appuis sur les cuisses, le regard fixant de biais le haut de la rampe d’escaliers, j’avale des goulées d’air. Respirer par le nez et expirer par la bouche, pas l’inverse. Tu t’hyper-ventiles. Facile à dire. J’ai la gorge engluée dans une salive épaisse.
Depuis la descente Crotti, je cours. J’ai remonté la rue de la Boucherie, puis à droite la rue du Collet, de là je me suis précipité dans la ruelle Saint François débouchant sur celle du Saint Hospice. Que de saints ! Au bout, la rue de la Providence me ramène sur mes pas jusqu’à la placette Sainte Claire. Dieu que ça monte, forcément ! Je redescends l’escalier, les marches quatre à quatre, jusqu’à la rue Guigonis, sans avoir pu réellement semer mes poursuivants, je ne les vois pas, je les entends, telle une horde barbare ayant flairée une proie. Je remonte par la deuxième ruelle à gauche après avoir contourné le pâté de maisons par la rue Droite puis celle de Saint Joseph pour rejoindre l’ilot des Serruriers et le couvent de la Visitation. Je me retrouve à nouveau devant la chapelle Sainte Claire. L’escalier, au-delà du muret qui longe la place, me ramènera vers la foule, la place Saint François au milieu des étals de poissons. Mais, après la première volée de marches, j’avise un palier qui s’enfonce vers ma gauche jusqu’à cette porte cochère où je dis stop, je n’en peux plus de fuir. Je reprends mon souffle dans ce mince abri, qui ne me dissimulera pas bien longtemps à ceux qui me pistent depuis déjà une heure. Je pensais les semer dans ces ruelles étroites, de la vieille ville niçoise, que je connais par cœur. Mais ils me suivent toujours.
Des pas saccadés ! Le son se rapproche au-dessus. Je ne distingue pas les hommes qui sont encore masqués par le mur d’angle du monastère qui fait sailli. J’ai bien cru plus d’une fois m’étaler, glisser, finir la face contre le pavé luisant, j’ai bousillé mon genou contre une bite qui protège, encastrée dans l’arête du mur, l’angle des maisons. J’ai bien cru que le boulet séculaire fiché à l’angle de la rue de la Loge allait se décrocher de sa niche et me fracasser le crâne lorsque je me suis démis l’épaule en bousculant un quidam, sans même m’excuser, et que, comme une balle molle, je me suis écrasé contre le mur rugueux au crépi grossier. Mais non, il est fiché là, satané boulet, semble-t-il, pour l’éternité. J’ai poursuivi ma fuite éperdue.
Soudain, un cliquetis déverrouille la gâche de la porte contre laquelle je me suis appuyé. Le battant recule sous mon poids. Déséquilibrer, je fais deux pas en arrière et me retrouve dans la pénombre d’un vestibule. La porte se referme sous l’effet du bras de force qui la ramène vivement vers l’avant. Mais elle ne claque pas brutalement. Ouf ! Au dernier moment, elle ralentit sa course et se verrouille dans un clic à peine audible. A l’extérieur, des pas précipités dévalent l’escalier, puis s’arrêtent. Deux voix échangent des mots. Je ne peux comprendre ce qu’ils se disent dans une langue à la croisée des chemins, ni de l’italien malgré les intonations, ni du slave malgré le rythme des phrases, ni de l’arabe malgré les consonances. Ils se séparent. L’un poursuit la descente de l’escalier, l’autre remonte. Ils veulent me prendre en tenaille. Me couper la route, m’empêcher toute retraite. Ils viennent de comprendre que je ne fais que des boucles, un coup à droite un coup à gauche, monter une ruelle, descendre un escalier, et revenir sur mes pas. Mais, je suis là, haletant à moins de cinq mètres, occulté par une porte en bois…
Soudain, La minuterie se déclenche, je sursaute. Une lumière faible, jaunâtre et tremblante envahit le hall. Une voix provenant de l’étage, presqu’un murmure, siffle dans la cage d’escalier située tout au fond de l’entrée : « montez ». Je respire profondément. Je n’ai plus rien à perdre au point où j’en suis. Qu’est-ce qui me pousse à obéir ? Je ne sais pas. Certainement la voix, simple et tranquille, qui m’appelle. Je monte les marches une à une, lentement, le visage en sueur, le corps dégoulinant, ma respiration trop appuyée en essayant de la contenir. Au palier du premier, une porte est entrebâillée. Je la pousse avec lenteur. Elle donne sur un couloir qui s’ouvre dans une salle à l’éclairage tamisé. Deux pièces à ma droite, plongées dans les ténèbres, si ce n’est le rai de lumière qui s’insinue entre les persiennes closes. De ma gauche me parvient un léger bruit de verres qui s’entrechoquent, le glougloutement d’un liquide qui s’écoule. Je m’appuie à l’encadrement.
– Ne rester pas là, assoyez vous dans le séjour.
C’est dit sans manière. Le « assoyez-vous » ne fait pas contemporain. L’homme se tourne vers moi, soixante peut-être soixante-dix ans ou peut être moins, cheveux gris, petit, râblai, un visage doux, une voix légèrement sifflante. Il me tend un verre de bière tout en sortant de la cuisine. Il se dirige vers la salle de séjour au bout du couloir. Je lui emboite le pas. Il s’installe dans un fauteuil cramoisi d’un autre âge, rehaussé de ces bandes de tissu damassé, serties d’un liseré doré à franges nouées, reposant sur les accoudoirs et le haut du dossier. Il m’indique le canapé fatigué qui est adossé au mur. Par la fenêtre située à ma gauche, je peux voir la placette et l’escalier qui en descend.
– Buvez, ça va vous requinquer.
Je réalise que c’est le quidam contre lequel je me suis démonté l’épaule. Que me veut-il ?
– Vous avez failli me renverser, me dit-il en se frottant le sommet du bras. Vous avez aussi dû le sentir passer. J’ai cru que vous alliez vous emplâtrer dans le mur.
– Excusez-moi. Je ne vous avez pas vu.
– Vous ne regardiez pas devant vous.
Il fait une pause, avale goulument d’un trait un demi verre de bière, puis poursuit :
– Je les ai vus, les deux margoulins qui vous coursaient. Qu’est-ce vous leur avez donc fait ? Je suis indiscret, peut-être.
Margoulins ! Le terme que j’aurais employé serait plutôt tueurs à gage, sbires, voyous, mais pas margoulins… Mais je le garde pour moi.
– Roger, me dit-il en me regardant par-dessus ses lunettes et me tendant la main.
– Marco. Puis-je vous demander pourquoi ?
– Pourquoi vous secourir ? Je ne sais pas. Je vous ai vu cavaler dans l’escalier par ma fenêtre et venir vous adosser à la porte de l’immeuble. J’ai entendu les autres, derrière les volets clos, la fenêtre de ma chambre est ouverte et donne sur la rue du haut. Je ne sais pas ce qu’ils baragouinaient. Ils parlaient dans une langue étrangère, non ?
– C’est du grec, enfin je le suppose.
– Ah ! Vous parlez grec ?
– C’est une longue histoire. Merci pour le verre. Je ne voudrai pas vous attirer des ennuis. Je vais vous laisser. Je crains n’avoir pas à faire à de petits voyous mais à quelque chose de plus… J’ai le don d’attirer les ennuis.
Sur ce je me lève. Mais d’un geste presqu’autoritaire, Roger me retient.
– Quels ennuis ? L’ennui, c’est ce qui me tue. Vous ne pouvez pas savoir, vous êtes trop jeune encore. Mais l’inactivité, la retraite, bien nommée puisque la société, le système, vous place en retrait de l’essence même de ce qui fait le sel de la vie : l’imprévu. Vous ne savez pas l’ennui que cela représente ! Alors, les désagréments causés par l’imprévu qui surgit, moi, j’appelle ça des péripéties qui vous forcent à vivre, non ?
– On peut le voir ainsi. Pour l’heure, j’essaie seulement de survivre. Mais à vrai dire, Je ne sais plus où j’en suis.
Il me regarde de son air bonhomme, comme désolé pour moi. Alors, sans réfléchir, je lui fais le récit de ce qu’il nomme péripéties…
2
Tout avait commencé dans un champ de blé, un blé mûr, fourni, aux senteurs si particulières, quand la fraîcheur de la nuit pas encore totalement évaporée frissonnait de parfums légers. Je marchais dans un champ de blé, parsemé de coquelicots d’un rouge vif éclatant sous le soleil de juillet. Je dis juillet parce que les blés étaient encore debout, mais dans le fond je n’en sais rien. Je savais cependant que je me trouvais près de Saint Roman en Diois car, au-delà de la frondaison des arbres qui bordait le Bez , j’entrevis le clo

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