Ombres dociles sur Yellow Drive
110 pages
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Ombres dociles sur Yellow Drive , livre ebook

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Description

C’est une chaussure abandonnée au bord du talus sur Yellow drive. Une chaussure de femme.


Spacek l’a vue et l’emporte avec lui. Ce qu’il n’aurait pas dû...


Cachée derrière sa fenêtre, Lola le regarde faire en ricanant. La suite s’annonce bien.


Voilà deux personnages qui ne gagnent pas forcément à être connus. Ils rêvent de se venger parce que la vie a transformé la leur d’une manière cruelle.


Dans les hauts de Mulholland, Meryl attend ses clients de l’après-midi alors que Abigail, actrice adulée d’Hollywood, joue l’ultime scène de sa vie.


Il y a aussi Julianne, avocate redoutable et son doberman sans nom.



Ces personnages, meurtris mais forts, n’avaient pas vocation à se rencontrer. Le destin a décidé de faire le ménage.


Et le lieutenant Sorros du LAPD, discret mais toujours présent, attend patiemment que ses proies s’entretuent...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782374538037
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
C’est une chaussure abandonnée au bord du talus sur Yellow drive. Une chaussure de femme.
Spacek l’a vue et l’emporte avec lui. Ce qu’il n’aurait pas dû…
Cachée derrière sa fenêtre, Lola le regarde faire en ricanant. La suite s’annonce bien.
Voilà deux personnages qui ne gagnent pas forcément à être connus. Ils rêvent de se venger parce que la vie a transformé la leur d’une manière cruelle.
Dans les hauts de Mulholland, Meryl attend ses clients de l’après-midi alors que Abigail, actrice adulée d’Hollywood, joue l’ultime scène de sa vie.
Il y a aussi Julianne, avocate redoutable et son doberman sans nom.
Ces personnages, meurtris mais forts, n’avaient pas vocation à se rencontrer. Le destin a décidé de faire le ménage. Et le lieutenant Sorros du LAPD, discret mais toujours présent, attend patiemment que ses proies s’entretuent…
 
 
*
 
 
Après avoir écrit des ouvrages d’histoire locale et des contes bretons, Serge Le Gall s’est tourné vers le roman policier. Dans ses polars historiques, il met en scène Samuel Pinkerton, détective espiègle et malin. Dans ses polars contemporains, il fait la part belle au commissaire divisionnaire Landowski, un grand flic solitaire et perspicace. Délaissant parfois ses deux enquêteurs fétiches, il vous entraîne aussi dans des histoires à vous créer des montées d’adrénaline. Suspense garanti !
OMBRES DOCILES SUR YELLOW DRIVE
Lieutenant Sorros - 1
Serge LE GALL
Les Éditions du 38
1
Son prénom à lui, c’était Spacek.
Je m’en souviens très bien. Maintenant, vous expliquer d’où venait ce prénom, j’en serais bien incapable. Lui-même d’ailleurs n’aurait pas pu le faire.
Et, à vrai dire, il n’en avait vraiment rien à foutre.
On disait que son père avait travaillé à Chicago au moment du déclin économique de la ville et que la famille avait émigré vers l’Ouest après la terrible inondation de la fin de siècle. Sa mère était morte pendant le voyage. Quelque temps après, son père avait rencontré une veuve très disponible qui possédait une maison. Il s’était rapidement mis en ménage avec elle, davantage pour le gîte et le couvert que pour vivre un amour fou sur le tard.
Vu l’ambiance, on peut comprendre que Spacek n’était pas le bienvenu au logis du nouveau couple. Du coup il s’était acoquiné avec une bande de désœuvrés comme lui et il avait vécu d’expédients allant de l’extorsion de fonds aux violences compulsives.
À chaque fois qu’il aurait pu finir assez justement derrière les barreaux, il disparaissait comme une ombre et laissait ses acolytes imbéciles porter le chapeau. Après quelque temps d’errance, il avait décidé de faire cavalier seul. Disons que cette orientation lui avait plutôt réussi.
Sous ses airs de biker endurci vous regardant de ses yeux bleus, Spacek était quand même un fumier de la plus belle eau. Du genre agréable, faussement gentil, mais absolument infréquentable côté personnalité. Et opportuniste avec ça ! Tout ce qui passait à sa portée, femmes, argent, victimes, il en faisait des choux gras. Sans le moindre remords évidemment. Sa chance à lui, c’était de passer entre les mailles du filet. Pour ça, il profitait sans vergogne des autres au risque de les perdre. Mais ça, c’était vraiment le cadet de ses soucis. En quelque sorte, il absorbait la substantifique moelle de ses proies occasionnelles et il jetait l’enveloppe vide une fois qu’il en avait fait le tour. Et parfois elles rencontraient leur mort au bout du chemin. Ce genre d’individu, ça existe. Plutôt chez les insectes d’ailleurs.
Ensuite, il faisait le beau, l’innocent aux mains pleines, mentait effrontément, se cachait et disparaissait du paysage comme s’il n’avait jamais existé. Il lui arrivait même de tuer, mais il fallait que ce soit plus que nécessaire. Disons indispensable à ses yeux…
Ou alors par accident à cause de cette vie si cruelle qui conduit des êtres fragiles à tuer leurs semblables.
Ou alors il assassinait par plaisir et sans la moindre humanité. Juste pour se déstresser un peu de ce monde où il faisait partie des brutes. À jamais.
Ne vous y trompez pas ! Spacek ce n’était pas un inculte ne s’intéressant qu’à la moto, les armes, le sexe et l’alcool. Il avait lu des livres sur des sujets qui vous surprendraient si vous en lisiez la liste. Il pouvait aussi converser aimablement avec un interlocuteur ou, mieux, une interlocutrice, surtout s’il était subjugué par la perle rare. Et ça pouvait être très dangereux pour l’élue.
Vous cernez un peu mieux le personnage ? Faut vous y faire puisque, tout au long de ces pages, vous avez rendez-vous avec lui.
À ce moment précis de son histoire, il se croyait à l’abri. De tout et de tout le monde. Il pouvait légitimement le croire puisque, malgré ses ignominies, son choix de vie lui avait donné raison jusqu’à cette minute. Pauvre idiot. Il allait mener le bal parce qu’il aimait ça. Sauf que, peut-être, à la dernière danse…
2
Les poteaux électriques qui supportaient tant bien que mal un incroyable enchevêtrement de câbles penchaient la tête vers le milieu de l’avenue comme s’ils avaient l’intention de se débarrasser de leur charge au moindre flocon de neige, pour peu qu’il y en ait sur la côte ouest. En cette saison tiède, ils servaient de perchoir à des volatiles inconscients qui s’amusaient à consteller les carrosseries des belles voitures de leurs fientes insolentes.
Quand on les observait de loin, en enfilade, ces colonnes immobiles, on pouvait être surpris par leur positionnement. Elles ressemblaient à des banderilles plantées dans le dos large d’un taureau puissant. On se prenait à croire, voire à espérer qu’il aurait suffi d’une secousse pour que ces pieux de bois trébuchent sur le sol comme un mikado géant manipulé par des monstres désœuvrés.
Spacek pressa le bouton de la télécommande qui actionnait à distance le portail de fer forgé. Il avait descendu l’allée ombragée en grinçant des dents. Comme souvent !
Cela s’était passé quelques minutes plus tôt. Spacek était remonté de la cave en pestant contre sa compagne qui le hélait depuis un quart d’heure comme s’il n’était rien d’autre qu’un majordome indolent. Parfois, et ce n’était un secret pour personne, il avait le désir, mollement réprimé, de gravir l’escalier une arme puissante à la main, de faire irruption dans le salon très kitch et de faire feu sur la mémère et son foutu cabot au risque de disperser dans la pièce des dizaines de marshmallows, la friandise préférée de l’une comme de l’autre. Ensanglantés de surcroît.
Mais pas question d’une réaction épidermique assez compréhensible si on peut dire ça d’un assassinat. Pour certains criminels, il n’y a pas que le résultat. Il y a aussi la manière. Pour Spacek, tout ça était superflu. Il préférait même que ça éclabousse partout, c’est dire. On est adepte de Tarantino ou on ne l’est pas. Sauf qu’il y a cinéma et réalité, une distinction dont Spacek se foutait royalement.
En y pensant, il imaginait assez bien le tableau du carnage. Le chien éventré gisant sur le tapis persan importé à grands frais et sa maîtresse culbutée par l’impact des balles de gros calibre. Il la voyait bien, surtout la partie basse de sa silhouette. Elle aurait dévoilé ses rondeurs d’un blanc laiteux et un peu flasques contenues par de la soie rose et devenues sanguinolentes du fait même que la charcuterie venait de relever son store.
Et un désordre indescriptible en toile de fond. Bien sûr, il aurait collé quelques pruneaux dans la collection de tableaux débiles qui ne représentaient que des jeunes filles très minces, façon rat crevé, visage compris. La grignoteuse de loukoums rêvait de leur ressembler à ces jeunes modèles décharnés. En d’autres temps bien sûr, elle avait été plus gracieuse. Pas très belle non plus, mais agréable à regarder même si l’on sentait déjà l’embonpoint maladif caresser les jointures.
En s’entourant de ces portraits originaux qu’elle contemplait souvent, elle s’imaginait peut-être en train de jouer au bilboquet en compagnie d’un boutonneux rieur du genre asexué puis de tâter du bout des doigts son embryon d’attribut endormi. Ou en plus léger, courir dans les champs, s’étendre dans les fleurs, se caresser sans penser à mal et regarder le ciel jusqu’à la nuit. Il l’imaginait aussi se passant la main sous la ceinture du slip, cherchant loin et s’abandonnant à des chevauchées fantastiques menant jusqu’à la Voie lactée. La miction fatale en plus. Des conneries.
Une fois le carnage rouge sang effectué, il aurait tourné les talons comme un lecteur la dernière page de l’ultime chapitre d’un mauvais roman, aurait fait une sortie triomphale avant de filer avec le magot. Parce que faut que je vous dise quand même que madame engrangeait les valeurs et les dollars dans des sacs de voyage rangés dans le couloir de l’étage à la manière des bagages de l’Orient-Express sur le quai de la gare. En cas d’incendie, il aurait suffi de tout balancer par la fenêtre, mais il n’était peut-être pas utile d’attendre.
Spacek avait des projets…
Julianne était lovée dans le canapé de cuir fauve comme une naïade frigorifiée alors que le feu de bois, attisé par un ventilateur encastré dans le bâti de la cheminée, ronflait comme un soufflet de forge. Alors que Spacek était au sous-sol à bichonner sa collection d’armes à feu et de lames en tous genres, elle l’avait contraint à abandonner la peau de chamois et le lubrifiant nourrissant l’acier pour aller promener le chien.
La bête, un doberman de trois ans, se prélassait sur le tapis persan pendant que sa maîtresse suivait attentivement un vieux film en noir et blanc. Quand sa patronne se mettait à pleurer en voyant l’actrice abandonnée par son bel amant, le chien gémissait.
Spacek en avait marre des deux. S’il pouvait se défaire assez facilement du chien, pour Julianne c’était une autre paire de manches. Il fallait passer par la case assassinat vu que c’était elle qui tenait les cordons de la bourse. Même si son contenu était conséquent, il n’avait pas l’intention de se contenter des sacs

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