Panique à la banque - Tome 1 : La chute de la maison Lehman
147 pages
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Panique à la banque - Tome 1 : La chute de la maison Lehman , livre ebook

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Description

2 septembre 2008, nous sommes à la veille d’un des plus graves cataclysmes financiers de l’histoire moderne. Le cadavre du Président Picquart, patron du Crédit national de France, est retrouvé dans son bureau, une balle dans la tête. Gauthier de Montpazier, Directeur Général et numéro deux de la banque, prévient aussitôt l’Élysée. Mais lorsque il retourne sur les lieux du crime avec un proche conseiller du Président, le corps de Picquart s’est volatilisé ! Craignant que la nouvelle ne provoque une catastrophe sur les marchés, Montpazier charge la seule personne en qui il ait une absolue confiance, Venugopâla Patel – dit Venugo -, le patron de la toute puissante inspection de la banque, de mener son enquête. Remontant la piste du Président Picquart, Venugo s’envole pour New York, où il débarque en pleine tempête financière : malgré les ultimes efforts des autorités américaines et la règle théorique du too big to fail, Lehman Brothers vient de faire faillite. Tandis que Montpazier fait de son mieux pour protéger la banque du cataclysme financier qui déferle sur le monde, Venugo multiplie les aller-retour entre Paris et New York, et essaie de comprendre si l’affaire Lehman a un rapport avec l’assassinat du président du Crédit national de France. Et lequel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 septembre 2015
Nombre de lectures 21
EAN13 9782359301120
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0720€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
• POINT DE RENCONTRE •La chute de la maison Lehman - Droits réservés
ISBN : 978.2.35930.112.0
©SARL Les points sur les i Editeurs
16 Bd. Saint-Germain
75 005 Paris
www.i-editions.comL. Gordon - Olivier Marbot
Panique à la banque
La chute de la maison Lehman
I« Si on en était arrivé là, si l’Empire romain, en Occident, s’était réduit à une coquille vide, qui
pouvait être abolie par un chef barbare sans que nul ne proteste, ce fut à cause d’une série de
coups durs qui avaient commencé exactement un siècle plus tôt »
« Le jour des barbares
Andrinople, 9 août 378 »
Alessandro BarberoVENDREDI 12 SEPTEMBRE 2008, PARIS, 23 H 10
Irène chantonnait.
Quand il n’y avait plus personne dans les bureaux, Irène aimait bien chantonner en travaillant.
Malgré son âge et de méchantes courbatures, elle aimait son travail. Certes, il y avait sans doute
plus palpitant que de faire le ménage au siège d’une grande banque parisienne. Mais Irène aimait
à penser que, comparé au probable destin qui aurait été le sien si elle ne s’était pas résolue à
quitter son Inde natale, c’était presque le paradis.
Ce qu’elle aimait le plus, c’était le nettoyage de la Grande Galerie, ce lieu de pouvoir où elle
croisait parfois les grands messieurs de la Direction Générale. Toujours un mot gentil.
Bonjour, Madame Irène, Comment allez-vous aujourd’hui, Madame Irène ? , Vos douleurs au
dos, ça va mieux Madame Irène ? Ces messieurs importants avaient toujours une attention pour
elle, la modeste employée vieillissante entrée illégalement en France, régularisée après bien des
efforts grâce à l’aide dévouée de militants gentils et attentionnés, eux aussi.
Et votre fille, comment va-t-elle ? C’était la question qui revenait le plus régulièrement. Cet
intérêt non feint pour la progéniture de la femme de ménage indienne leur était venu lorsqu’ils
avaient appris, par le plus grand des hasards, que la fille d’Irène était diplômée d’HEC. Ces
messieurs, malgré leur exquise courtoisie, ne parvenaient pas à cacher tout à fait la stupéfaction
que leur inspirait cet état de fait. Irène, elle, ne s’en émouvait guère. Sa petite n’était pas sotte.
L’école, ça avait marché tout seul, sans qu’il soit besoin de l’aider ni même de la pousser à
travailler. Mention Très Bien au Bac, prépa à Henri IV, reçue à HEC. La petite avait choisi le
commerce pour gagner de l’argent, disait-elle. Beaucoup d’argent. Pour elle et pour sa mère.
L’école avait coûté cher, très cher, mais la petite avait obtenu une bourse. Elle s’était
débrouillée, comme toujours. Bénie soit la France.
À peine diplômée, la petite avait été engagée par une banque concurrente. Quelques jours
plus tard, alors qu’elle nettoyait précisément la Grande Galerie, le Président Picquart, son
Président, s’était planté devant Irène. Les mains sur les hanches, il l’avait toisée d’un air
faussement courroucé, un petit sourire bienveillant démentant l’allure menaçante de ses
sourcils froncés. Madame Irène, je suis très mécontent ! Qu’apprends-je ? Votre fille ? Chez la
concurrence ? Ça ne va pas du tout. Parlez-lui. Ou mieux : envoyez-la moi. Il faut qu’elle
vienne travailler chez nous ! Nous avons besoin de talents.
Le simple fait de repenser à cette scène la fit sourire. Quel homme charmant ! Vidant une
corbeille dans un grand sac poubelle, Irène chantonna de plus belle.
Justement, elle arrivait devant la porte du bureau de ce Président si gentil, si aimable, si
humain. Dernière pièce à nettoyer, ensuite il serait l’heure de ranger son matériel et d’attraper
l’un des derniers métros. L’accès était protégé par un système à combinaison de chiffres, mais
Irène possédait un code universel.
Elle pianota machinalement sur le clavier, entendit le déclic familier du pêne, poussa tout
aussi machinalement la porte et… s’y cogna durement. La serrure, au lieu de s’ouvrir, venait de
se verrouiller.
Connaissant la maniaquerie du Président, Irène n’imaginait pas une seconde qu’il ait pu
quitter son bureau sans le verrouiller. Peut-être était-il encore là, malgré l’heure tardive ? En
s’accroupissant, priant pour que personne ne la surprenne, elle s’aperçut qu’un petit filet de
lumière filtrait sous la porte.
Elle se releva, perplexe. Il arrivait au Président de travailler tard le soir, mais Irène savait par
expérience que dans ces cas-là, il n’était jamais seul. Et qu’on entendait toujours des bruits et
des éclats de voix. Or il régnait un silence absolu.
Intriguée, Irène frappa à la porte. Frappa à nouveau, après quelques secondes.
N’obtenant pas de réponse, elle composa à nouveau son code et entrebâilla timidement la
porte. Une faible lumière tamisée baignait la vaste pièce meublée Louis XV, qui semblait tout à
fait vide. Écartant un peu plus le battant, Irène se décida à entrer, s’engageant dans la pièce d’un
pas mal assuré, comme on pénètre à contrecœur dans une eau un peu trop froide.Tout semblait à sa place. Elle essuya nerveusement ses lunettes – cela faisait longtemps que
le médecin lui conseillait d’en changer – et les rechaussa. C’est alors qu’elle vit la masse
sombre affalée, comme écrasée sur le grand bureau.1.
PARIS, VENDREDI 12 SEPTEMBRE 2008, 23 H 37
La première panique passée, Irène s’était reprise. Elle s’était élancée dans les sombres
couloirs qui allaient zigzagant jusqu’au bureau du gardien de nuit, à l’autre bout de la banque.
L’institution financière, fort soucieuse de son image Grand Siècle, avait échappé à un
déménagement à la Défense et avait maintenu son siège en plein centre de Paris, dans un
superbe immeuble datant du règne de Louis XIV, ce dont, d’ailleurs, l’ensemble du personnel se
félicitait. Certes, les bureaux, hormis ceux de la Direction Générale, étaient parfois un peu
vétustes et biscornus, mais c’était un prix bien modique à payer pour échapper à la dictature
architecturale, impersonnelle et ennuyeuse, de la modernité.
Une dernière volée de marches avalée en toute hâte, Irène, haletante, atteignit enfin le bureau
du gardien de nuit.
Râblé, portant moustache, le quinquagénaire originaire de Vierzon et, comme il se doit,
ancien fonctionnaire de police, considéra d’abord son interlocutrice avec la plus extrême
circonspection. Les propos incohérents d’une femme de ménage dont l’origine ethnique qu’il ne
parvenait pas à déterminer lui paraissait des plus suspectes, ne l’émurent guère et c’est sans
ménagement qu’il la rabroua. Il fallut à Irène des trésors d’entêtement pour qu’enfin le garde,
qu’elle avait saisi par la manche, consente à se lever de son siège, maugréant. Traîné en
remorque jusqu’au bureau présidentiel, l’homme se figea à la vue du corps inerte qui gisait sur
le bureau.
- Nom de Dieu, nom de Dieu, nom de Dieu…
Incapable d’un discours plus élaboré, le gardien rejoignit le bureau à pas lents et hésitants.
Posté à côté du fauteuil, il approcha son visage suffisamment près de celui qui s’écrasait sur le
plateau de bois précieux pour vérifier ce qu’il avait déjà compris. Le corps était celui du
Président Picquart. Reculant vers la porte, l’homme sortit de sa poche un mouchoir douteux
dont il s’enveloppa deux doigts, avant d’actionner l’interrupteur. Le lustre ancien, qui faisait la
fierté de l’occupant des lieux, ainsi qu’une série de lampadaires design bien plus modernes
s’allumèrent simultanément, baignant la pièce d’une clarté agréable, presque apaisante.
- Il ne faut toucher à rien !, lâcha-t-il brutalement à l’intention d’Irène qui le regardait, figée.
Observant attentivement la femme de ménage, il hésita un assez long moment. Détailla son
allure, son visage, son regard. La pauvre semblait encore plus perdue que lui, ce qui lui parut
tout à la fois logique,

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