Pompes funèbres
316 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Pompes funèbres , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
316 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Alors qu'il prépare sa reconversion professionnelle, Achille Quarteron se prend de passion pour le tarot de Marseille. Il reste perplexe devant les prédictions que lui révèle le jeu de carte. Lorsqu'il est engagé par une entreprise de pompes funèbres, il lui arrive fréquemment, grâce à son jeu, de retracer la vie des défunts. Sans se douter qu'un jour, l'un de ces défunts va l’entraîner dans les méandres d'un monde sous-jacent, et lui apprendre l'existence d'un tueur qui semble surgir des tréfonds de l'enfer.
Aidé par une mystérieuse société secrète, Achille Quarteron va tenter d'empêcher ce meurtrier d'atteindre se prochaine victime.
Possessions diaboliques, meurtres atroces, la police qui enquête sur cette affaire va vite s’apercevoir que ces événements dépassent tout entendement...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332950956
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-95093-2

© Edilivre, 2015

Le Mat
1)
Il commence à se faire tard, la lumière du jour périclite petit à petit. Esméralda s’est cachée toute la nuit sous l’alcôve d’un rocher puis, après avoir été débusquée au petit matin, elle court, se dissimule, puis court encore. Ses chaussures sont alourdies par l’humidité et par la boue, rendue visqueuse après les pluies incessantes de ces derniers jours. Elle sent cette présence derrière elle, une présence latente, oppressante, menaçante. Esméralda sait qu’elle ne pourra lui échapper éternellement, même si ses diverses pratiques mantiques lui ont permis de le tenir à distance jusqu’à présent. Elle sait que l’issue sera fatale. Elle ressent la peur comme jamais elle ne l’a ressentie. Une peur que l’homme n’a plus connue depuis des milliers d’années : la peur de l’humain face à un prédateur. Car pour la fugitive, ce n’est pas un homme qui est à ses trousses, c’est le mal à l’état pur. Ce qu’elle avait craint toute sa vie est en train de la pourchasser.
Les rafales véhémentes du vent soufflent par vagues successives entre les arbres en faisant crépiter leurs feuilles, siffler leurs branches pour démontrer son impétuosité. Esméralda se faufile dans un dédale d’arbres, de branches, de buissons et de rochers. Elle glisse, se blesse sur les racines humides dépassant du sol ruisselant d’humidité, comme les pattes d’une araignée figée en plein galop. Le feuillage dense des arbres ne laisse passer que de trop rares rayons de lumière diaphane. Elle est épuisée, affamée. Elle ne pourra plus se cacher très longtemps.
2)
Lisa, quant à elle, est toujours au volant de sa VW Golf. Depuis trois jours, elle ne dort presque plus. Elle scrute la moindre route, le moindre chemin, le plus petit buisson. Elle questionne les passants et les habitants des maisons qu’elle croise sur sa route. Depuis plusieurs jours, elle sentait que sa maman n’allait pas bien. Mais pas au point de partir sans ses papiers ni argent ni cartes bancaires, sans même quelques vêtements de rechange. En fait, partir sans laisser de traces un matin, après avoir écrit seulement quelques lignes sur un bout de papier posé sur la table de la cuisine.
– Ma chérie, je ne reviendrai pas, ce n’est ni à cause de toi ni de notre environnement. Je dois fuir une partie de mon passé qui a fini par me rattraper. J’espère m’éloigner le plus loin et le plus vite possible pour que jamais tu ne sois mêlée à tout cela. S’il te plaît, ne me recherche pas. Je t’aime maman. –
Après avoir pris connaissance de ces quelques lignes, Lisa avait immédiatement prévenu la police, mais celle-ci n’avait pas voulu considérer cette disparition comme ostensiblement inquiétante, même après que Lisa ait expliqué la tendance dépressive de sa maman.
L’inspecteur Bastien, qui avait été dépêché sur les lieux, avait mis l’accent sur le fait que de vouloir changer de vie et d’endroit, alors qu’elle ne souffrait d’aucune maladie physique ni psychologique, ne représentait aucun danger potentiel pour la personne. Il lui avait dit qu’elle ne tarderait probablement pas à appeler de chez une amie chez qui elle avait trouvé un certain réconfort. De toute façon, sans argent, ni papiers d’identité, elle ne pouvait aller bien loin. Néanmoins, si cette absence pouvait occasionner une quelconque inquiétude, il lancerait un avis de recherche et mettrait un dispositif en place afin de la localiser.
L’inspecteur Bastien était un policier d’un style bravache, il avait dans la cinquantaine. Un teint de couleur purpurine, un début de calvitie, une moustache mal entretenue et un surpoids évident donnaient à sa complexion et à son attitude un air désinvolte. Son uniforme trop étroit ne faisait qu’en rajouter à l’incongruité de l’individu.
Lisa rejoint la bretelle qui mène à l’autoroute de l’E42, puis prend la sortie après le pont de Polleur quelques kilomètres plus loin.
Arpenter ce pont dans un sens puis dans l’autre, Lisa le fait plusieurs fois par jour depuis la disparition de sa maman. Elle sait que sa mère est d’un psychique instable qui tendait parfois à une indicible mélancolie et elle craint que, dans ces moments difficiles, elle ne se sente inspirée par les dizaines de personnes ayant gravi le pont pour mettre fin à leurs jours.
Cet endroit, situé à quelques kilomètres de chez elle, était en effet réputé pour ce genre de faits divers, si bien que ses hauts grillages sont surplombés de cameras reliées à un système de surveillance permanente. Ce qui n’empêchait pas certaines personnes bien décidées à braver ces différents dispositifs afin de se libérer d’une existence qu’ils jugeaient trop insupportable.
Elle regarde la petite horloge digitale à la base du cadran kilométrique de son tableau de bord éclairé de petites lueurs bleuâtres fines et apaisantes : vingt-deux heures treize. Après ce passage, elle rentrera et tentera de dormir quelques heures avant de reprendre ses recherches.
3)
Esméralda relève la tête, elle est à bout de force. Après être sortie du bois, elle a couru le long d’un étroit sentier avant d’arriver à de plus vastes étendues vertes. Elle ne distingue pas bien ses pieds, elle est souvent surprise par un relief accidenté. De petites cavités gorgées d’eau dans lesquelles claquent ses pieds, marqués par une course lourde et hésitante, éclaboussent de grosses gouttes boueuses son visage marqué par l’effort. Pourtant Esméralda essaie de contrôler ses mouvements, sa respiration, évite de faire trop de bruit, elle court le dos courbé. Elle est depuis un moment à découvert, épuisée, vulnérable. Seul espoir au loin, des lueurs, certaines suspendues, d’autres en mouvement, des ronronnements qui s’atténuent en s’éloignant, prises en relais par d’autres dans un bruit de frottement continu : l’autoroute ! Peut-être que le bruit, la lumière, le flux incessant des voitures pourront le tenir à distance un moment, comme une bête sauvage face à un brasier.
Traverser une pâture sombre, dernière étape avant d’emprunter le talus escarpé qui mène à la voie autoroutière. Elle s’écorche le dos, déchire sa veste en tentant de ramper sous les barbelés. Esméralda n’a plus la force nécessaire pour passer par-dessus. Après l’avoir franchie, elle se fige à plat ventre, elle scrute le chemin, les pâturages sont recouverts d’une pénombre oppressante. Le silence est fréquemment rompu par le frottis du vent sur le relief bucolique de Wallonie. Elle ne voit rien, aucune trace de LUI. Pourtant, LUI la voit, il l’observe comme un rapace méprisant sa proie, prêt à bondir. Elle est persuadée qu’il joue un jeu pervers, cynique, il cherche à l’épuiser, une usure péremptoire.
Esméralda se relève, trébuche, chute. Son visage, ses vêtements sont maculés de boue. Son jeans est déchiré aux genoux, sa veste anorak est éventrée du bas de la nuque jusqu’au milieu du dos. On ne sait plus de quelle couleur ils sont vraiment. Ses cheveux sont collés sur ses joues et dans son cou, le reste est encore attaché à un semblant de queue de cheval ruisselant le long de sa veste. Elle n’a plus qu’à escalader le terre-plein avant d’arriver au sentier lumineux.
A droite, la route semble se perdre dans les méandres des profondeurs ardennaises. A gauche, elle remonte. Au loin, elle donne l’impression de s’élargir, sûrement à cause des aires de repos sur les côtés, elles aussi éclairées. C’est par là qu’elle va se diriger et essayer de trouver un abri aux abords du parking, sûrement sous un banc ou dans un recoin des toilettes pour éviter le froid et espérer sécher un peu ses vêtements pendant la nuit.
Entre elle et l’aire de repos, se trouve le pont de Polleur. Au moment où elle s’apprête à le traverser, elle stoppe, se retourne : il est là immobile en bas du talus, il la fixe de ses yeux. Il est d’un flegme stupéfiant, terrifiant. De loin et malgré l’ombre du terre-plein, elle distingue son irascible regard. La luminosité de l’endroit ne le décourage pas. Il n’a pas peur d’être vu ni même reconnu. L’échéance est proche. Mais elle ne lui laissera pas le plaisir de la tuer et de lui prendre son âme. Elle ne veut pas subir les souffrances inhumaines qu’il a l’intention de lui infliger.
Elle enjambe la rambarde du pont. En se retournant, elle s’aperçoit qu’il n’est plus là. A-t-il simplement déjà été là, n’est-ce pas une projection eidétique de son imagination due à son état d’épuisement extrême ? Son visage est fouetté par le vent, son regard est aspiré par le vide. Derrière, les voitures ralentissent. Certaines freinent, marquant plus franchement leur décélération que d’autres. Ces conducteurs se demandent ce qui se passe dans la tête de cette femme, seule, à cheval sur la rambarde du pont à cette heure tardive.
Elle plonge sa main gauche dans sa poche et en ressort une photo de sa fille Lisa. Accolée à cette photo, une carte de tarot. Elle les pose dans sa main droite, replonge à nouveau sa main gauche dans sa poche et en ressort encore une autre carte de tarot. Elle la prend à son tour de sa main droite, porte ensuite la main à son cou, retire son crucifix, regarde les deux cartes, la photo et embrasse son crucifix.
4)
Lisa, au volant de sa Golf, s’apprête à emprunter le pont. Elle est surprise par les ralentissements qui la précèdent à cette heure de la soirée. Son attention se porte alors sur la droite, à plus ou moins cent mètres devant elle. Elle aperçoit une silhouette, précisément là où les ralentissements semblent le plus se marquer. Lisa déglutit suite au rictus de sa mâchoire. Son estomac se noue, ses jambes se dérobent, une terrible angoisse la gagne au moment où elle semble identifier sa vision. Elle n’a pas de doute : c’e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents