Rencontre d une ombre
78 pages
Français

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Rencontre d'une ombre , livre ebook

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Description

Une nouvelle enquête du commissaire Allourd. Toutefois, le récit prend un tour nouveau lorsque l'auteur rencontre son personnage, ou en sens inverse, lorsque le personnage interpelle son auteur. Situation quelque peu étrange qui permet d'aborder les affres et en même temps les libertés de la création littéraire. L'intrigue reste présente mais dans un contexte particulier. Qui reste le maître du jeu ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2022
Nombre de lectures 52
EAN13 9782414587643
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-58764-3

© Edilivre, 2022
Dédicace
A Paca,
Tous les personnages cités dans ce livre sont des personnages de fiction, sauf peut-être l’auteur. Toutes les situations ne sont que le fruit de l’imagination de ce dernier.
1
— Hé, l’auteur, il faut qu’on parle !
Il est rare en tant qu’écrivain, écrivaillon ? écri-vaillant ? peu importe, il est rare donc d’être interpellé par son personnage récurrent, emblématique, son commissaire préféré. On pourra m’accuser de schizophrénie, ou bien me reprocher d’abuser de licence littéraire. Il n’en est rien. Je persiste et signe : je suis bien interpellé par le commissaire Allourd, Jules de son prénom, pure invention de mon imagination qui tout d’un coup devient réel. Pas pour m’aider à en finir avec le syndrome de la page blanche, ou pour m’épauler dans l’écriture d’un énième roman, mais pour me tancer, me faire des reproches, descendre en flammes tout ce que j’ai pu précédemment écrire à son sujet. Enfin, écrire est un bien grand mot ! Tout au plus, j’ai aligné des mots, entrecoupés de signes de ponctuation, qui finissaient par faire des phrases et se conclure dans un chapitre. L’accumulation des mots, des signes, des phrases et des chapitres débouchait sur un récit que certains lecteurs ont peut-être trouvé intéressant. Mais où est le talent dans tout ça ? Aligner des mots est toujours possible, devenir un écrivain constitue un challenge dont seul un ego surdimensionné peut faire croire qu’il est réussi.
— Hé, l’auteur, tu ne me réponds pas. Tu es encore parti dans tes délires !
— Euh non, je réfléchissais, mon cher commissaire !
— Plutôt que réfléchir tu ferais mieux de te documenter ! Ça t’éviterait de raconter des bêtises et encore je pèse mes mots, ce que de toute évidence tu ne sais pas faire, réfléchir ! Tu veux un exemple ?
— Je t’écoute.
— Tu continues à appeler inspecteur ce qui aujourd’hui correspond à lieutenant, capitaine ou commandant. À la rigueur, tu peux dire que je suis commissaire, ce qui est vrai car je suis bien commissaire divisionnaire. Mais entre tes Durieux, Fiore, Pigasse et les autres du commissariat, on s’y perd un peu !
— Mais ce qui compte c’est le récit, l’intrigue !
— Cela n’empêche pas la rigueur !
Il a raison mon commissaire. Le récit n’empêche pas la rigueur. Mais lui, il n’a jamais écrit la moindre ligne d’un roman. Il ne sait pas qu’on se laisse emporter par l’écriture, que la ligne se déroule au fil de l’inspiration. Même si dans sa tête, l’écrivain (un bien grand mot à mon endroit. Écrivaillon ou écri-vaillant serait certainement plus judicieux) dispose de la trame générale, il se peut qu’il soit dépassé par l’écriture elle-même. J’ai entendu dire qu’il existait deux types d’écrivains : les architectes, ceux qui ont tout prévu a priori, qui savent exactement d’où ils viennent et où ils vont tout au long de leur création, et les jardiniers, ceux qui se laissent guider par l’inspiration, qui peuvent changer d’idée au fil des pages, qui concluent leur récit sur des rivages où ils ne pensaient pas échouer. Moi, je suis de la deuxième catégorie. Alors, la rigueur !
— Oh, oh, l’auteur !
— Oui, oui. Mais à part le manque de rigueur, tu as d’autres reproches à m’adresser ?
— Pas qu’un peu ! D’où as-tu sorti que dans mon enfance, je n’aimais pas les études ? Tu aurais dû consulter ma mère. J’étais un élève sérieux, assidu. J’avais soif de connaissances, de culture. J’adorais les mathématiques, et l’histoire, surtout l’histoire ! Et je n’ai jamais aimé la pêche ! En revanche, je te concède que j’adore la pétanque !
— Cette fois, c’est moi qui suis déçu ! Qu’ai-je à faire d’un élève sérieux ? Tu crois qu’on peut en faire un héros ? Je préfère Tom Sawyer et Gavroche au Petit Prince ! Je t’imaginais râleur, critique, amoureux de la liberté et de la nature. Je te découvre conventionnel. Je suis un peu désappointé !
— Bof, choisis ce que tu veux ! Je n’y peux rien ! Passons à autre chose. D’où t’est venue cette idée de la mère Jeanne ? Tu crois vraiment à la véracité de ses contes ?
— Mais ce n’est pas une question de véracité. Juste une part d’imaginaire, d’irrationnel, comme un rêve au milieu du récit. J’ai eu la faiblesse de croire que la mère Jeanne apporterait un peu de nostalgie à tous les lecteurs qui ont connu les veillées au coin du feu de cheminée en hiver et les soirées au pied des immeubles des cités en été quand les vieux étalaient leurs souvenirs. J’avais dû cacher ça dans un coin de ma mémoire.
— D’accord, d’accord mais quand même : tes prétendus contes moraux avec des chutes inattendues, tu y crois vraiment ? Tiens, l’histoire du bouilleur de cru qui fait croire qu’on peut duper facilement tout un village, c’est un peu fort de café si j’ose dire !
— Alors là, je t’arrête ! Non seulement c’est crédible mais c’est très actuel. Aujourd’hui, on trompe des foules entières avec des discours électoraux qui, je te le rappelle, ne sont faits que pour ceux qui y croient. On connait des sectes et des gourous aux quatre coins du monde. Des foules entières se prosternent ou se sont prosternées devant des dictateurs. Et tu oses me dire que je n’étais pas crédible ! Je ne te permets pas de remettre en cause mon inspiration !
— Pas la peine de t’énerver ! Mais dis donc, tu deviens susceptible ! La mère Jeanne ne te rappellerait pas quelqu’un qui t’est cher. Une tante, une grand-mère, une tata du voisinage ?
— Ça ne te regarde pas. Je te prie de rester dans ton rôle de personnage ! Tu n’es pas mon psy !
— Quoique. Sais-tu ce qui se cache derrière ton désir d’écrire ? Bon, je te concède l’apparence de réalisme pour la mère Jeanne. Et je n’ai pas voulu te fâcher. Je dois t’avouer quelque chose. Je te suis reconnaissant de m’avoir fait naitre dans un village de Corrèze. Ces origines ancrées dans la terre me conviennent. Tu y es allé souvent en Corrèze ?
— Jamais !
— Jamais ? Mais comment peux-tu en parler aussi bien ?
— L’imagination, des photos sur le Net, l’accent rocailleux d’un ancien rugbyman, la joie de vivre d’un animateur, l’empathie d’un certain homme politique et l’humour d’un autre. Mais je te révèle tout ceci parce que tu me poses la question. Sinon, sur le moment, c’était tout à fait inconscient. Les secrets de la création, mon ami !
— Mon ami ?
— Oui, au fil des pages, je t’ai d’abord apprécié, puis je t’ai aimé et à la fin je t’ai admiré. Ça t’étonne ?
— Un peu, mais disons que surtout ça me flatte !
— Quand on écrit, on finit par s’attacher à ses personnages. Combien de fois celui ou celle dont j’avais imaginé qu’il serait mon coupable, m’est devenu sympathique ! Alors, je devais changer le déroulement des événements pour qu’il ne le soit surtout pas. Je vais même te dire mieux. Parfois, le personnage, le héros dépasse l’auteur. C’est lui qui guide la plume. Étonnant, n’est-ce pas ?
— Si je comprends bien, au départ nous sommes fictifs et, petit à petit, on devient réels ?
— Il ne peut pas en être autrement puisque l’auteur vous situe dans des circonstances qui ont l’apparence de la réalité, dans la vraie vie, quoi !
— Surprenant. Pour ne pas dire plus. Il en va de même pour les lieux ?
— Pas vraiment. Là, il faut être pragmatique. Je suis obligé de m’inspirer d’endroits où je me suis déjà rendu ou bien de photos, comme pour ton village. Parfois, c’est encore plus étrange. Tiens, dans une de tes histoires, tu passes un séjour en Corse dans la maison de ton ami Laurent.
— De celui dont tu as écrit qu’il était mon ami !
— Si tu veux. Donc, tu passais les vacances dans cette maison. Et je l’avais complètement imaginée. Tu penses bien que je suis souvent allé en Corse et j’avais dû certainement enfouir au fond de ma mémoire quelque chose qui ressemblait à la maison. Aussi, grande fut ma surprise quand, plus tard, une amie me convia dans sa maison, dans les terres, non loin de Moriani plage, qui ressemblait en tout point à celle que j’avais décrite. C’était pourtant la première fois que je me rendais en ce lieu ! Parfois, l’inspiration se cache dans des recoins insoupçonnés !
— Pure coïncidence ! Tu en as d’autres de cet acabit ?
— Peut-être. Je ne vais pas te révéler tous mes secrets de création…
Tout à coup, la « Marseillaise » retentit sur le portable de mon héros. Il décroche et blêmit :
— Excuse-moi cher auteur, le devoir m’appelle.
2
Deux jours que Jules Allourd m’a quitté et il me manque déjà. Je me demande bien où il a pu passer. Je suppose qu’il est occupé à une de ses enquêtes, mais pour l’instant, je ne sais pas laquelle. Manque d’information ou d’inspiration ?
Parfois, le récit coule de source. Aucun effort de réflexion. Il s’impose à l’auteur. Il ne reste qu’à trouver les bons mots, les phrases justes et emballer le tout dans un style agréable, enlevé et pourquoi pas talentueux. Mais parfois, l’histoire s’embourbe. Elle est arrivée dans une ornière d’où il est difficile de sortir. Alors l’écrivain, est en panne ? Je crois entendre Jules qui se moque. Rien de mieux pour me motiver.
— Ah, te voilà ! Mais où étais-tu passé ?
— Je te laisse le choix, l’auteur. Ou dans les limbes de ton cerveau ou sur une scène de crime. C’est comme tu veux.
— Je pense au lecteur. Les limbes de mon cerveau ont peu de chances de l’intéresser.
— Tu veux que je te décrive la scène de crime ?
— Bien sûr.
— C’est Durieux qui m’a appelé sur mon portable. On venait de retrouver une jeune femme dans le parc Heller.
— Je connais. C’est un grand parc de plus de neuf hectares avec des essences rares pour la région : des magnolias, des chênes pédonculés, des micocouliers et même un cèdre de l’Himalaya.
— Je constate que pour une fois tu t’es

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