Résistance TOME 1 : L insoumission
192 pages
Français

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Résistance TOME 1 : L'insoumission , livre ebook

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Description

Fin août. Thomas Saint-Louis entame des études universitaires à Montréal. En dépit d’un passé trouble, il s’efforce de mener une existence anonyme. Toutefois, son destin le rattrape et une série d’événements inopinés s’enchaînent à une vitesse folle, l’entraînant malgré lui dans les méandres d’une machination à laquelle il ne pourra pas échapper.
L’étudiant se voit confronté à une réalité parallèle et obscure dont il ne soupçonnait pas l’existence. Il rejoint les rangs des Invictus, un regroupement d’êtres surnaturels qui livrent depuis des siècles une guerre sans merci à l’Imperium. C’est au sein de sa division qu’il fera la rencontre de Yulia Lorentz, une mystérieuse lieutenante au caractère impétueux qui semble en savoir plus sur lui qu’il n’en sait lui-même.
Si Thomas parvient à s’adapter à sa nouvelle réalité d’insoumis, il est vite exposé à un constat qui le remuera jusque dans ses plus intimes retranchements : quelqu’un veut sa peau, quoi qu’il en coûte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782898312854
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À la vie, ce grand capharnaüm de dédales et de détours.
Certains détours, nécessaires, qui nous font éclater en morceaux.
Morceaux qui, une fois recollés, laissent passer la lumière.


Les méchants ne sont pas toujours punisni les bons récompensés.
OSCAR WILDE
Living in a shell with no soulSince you’ve gone awayLiving in a world so coldCounting the daysSince you’ve gone away
World So Cold – THREE DAYS GRACE


1
— Est-ce que tu as des plans pour ce soir ?
Arraché à ses pensées, Thomas releva la tête et fit glisser ses yeux vers Sebastian. Un calme plat régnait dans toute la superficie du supermarché. Les quelques sons qui composaient le bourdonnement ambiant étaient pour la plupart d’origine mécanique. Tantôt s’additionnait, tantôt se soustrayait le souffle de la ventilation au grésillement des tubes fluorescents. On entendait, deux rangées plus loin, le ronronnement des compresseurs de l’allée des surgelés. Les clients étaient rares en ce dimanche soir, si bien qu’on aurait pu croire que l’heure de fermeture était dépassée.
Sebastian inclina légèrement la tête devant l’hésitation de son collègue et, l’air affable, il gratta son menton au travers de sa barbe de quelques jours, aux poils sombres et ondulés.
— Une petite soirée tranquille ? supposa Sebastian dans l’espoir de dissiper le malaise qu’il voyait grandir dans le regard de son collègue.
Ce dernier s’éclaircit la gorge, puis passa une main dans les cheveux châtain clair qui tombaient devant ses yeux afin de les ramener vers l’arrière.
— Non… J’ai des plans…, révéla-t-il en empoignant une des boîtes qui se trouvaient à leurs pieds.
Il adressa un sourire énigmatique à son collègue avant de reporter ses yeux bleus sur le carton qu’il était en train d’ouvrir – un geste prudent lorsqu’on manipule un exacto.
— Je vais boire un verre avec une fille…, avoua-t-il à mi-voix.
Un large sourire éclaira le visage de Sebastian et celui-ci initia un high five en direction de Thomas. Ce dernier lâcha un rire gêné et chercha à se départir de son couteau avant de taper dans la grande main levée devant lui. Les paumes des deux jeunes hommes se rencontrèrent dans un claquement sonore qui résonna dans toute l’épicerie.
— Nice ! Comment l’as-tu connue ? Sur Tinder ? ne put s’empêcher de demander Sebastian, emballé.
— Ha ! ha ! Non… Plus old style que ça…, admit Thomas, les joues empourprées, en déballant des bocaux de cari. Tu sais, la belle blonde qui vient tous les vendredis soir faire ses courses…
Il marqua une pause pour déposer les contenants en verre sur la tablette devant lui. Son interlocuteur, impatient de connaître la suite, hocha vivement la tête et, d’un geste énergique de la main, encouragea Thomas à lui en dire plus.
— Elle m’a laissé son numéro au dos de sa facture.
Les yeux marron de Sebastian s’écarquillèrent.
— Nooon ! s’exclama-t-il en prenant un carton au sol pour ensuite en extirper des sachets de fines herbes. Est-ce que tu lui as téléphoné ?
Thomas plongea habilement son bras entre les tablettes en face de lui pour ensuite avancer différents pots d’épices vers la devanture de l’étalage afin d’uniformiser leur positionnement – une façon habile de se soustraire au regard surexcité et taquin de son ami. Il décocha un regard en coin à Sebastian et céda enfin devant son impatience fébrile.
— J’ai commencé par lui envoyer un texto. Puis on en a échangé plusieurs…
Cette maigre mise en appétit ne contenta pas Sebastian. Il connaissait le caractère taciturne de son compagnon de travail et savait qu’il devrait lui tirer les vers du nez s’il voulait en savoir davantage.
— Vous allez où ?
— Je lui ai donné rendez-vous au bar Le Lab, expliqua Thomas en regardant droit devant lui, intimidé par l’enthousiasme et la curiosité de Sebastian.
Il retourna sa boîte vide et, afin de la démonter, il donna un coup de couteau sur le ruban adhésif. Il la pressa ensuite contre lui pour l’aplatir, puis il consulta sa montre. L’heure de fermeture approchait.
— Je vais aller porter tout ça au compacteur, on close dans cinq minutes, déclara-t-il en rassemblant les cartons vides qui jonchaient le sol.
— Parfait ! Good luck pour ce soir. Tu m’en donneras des nouvelles ! s’exclama Sebastian en enfilant une dernière pile de sachets de persil sur le crochet du présentoir.
— Sans faute. À demain ! le salua Thomas, un sourire aux lèvres.
Il tourna le dos à son collègue et se dirigea vers l’entrepôt. Il entendit le comptage des caisses s’amorcer derrière lui. Les pièces de monnaie comptabilisées retombaient lourdement dans les compartiments en plastique des tiroirs-caisses. Il y avait toujours une certaine fébrilité dans ce décompte, en particulier après une soirée interminable où les secondes s’étaient égrainées lentement. Les jours où Thomas était assigné à la caisse, il n’échappait pas non plus à cette frénésie de quitter le bâtiment le plus vite possible pour retrouver sa liberté.
En passant les portes battantes de l’entrepôt, Thomas analysa la courte discussion qu’il venait d’avoir avec Sebastian. Comme chaque fois où il y était confronté, il était ébranlé par la gentillesse et la bonhomie dont faisait preuve son collègue. Il faut dire que leurs personnalités étaient diamétralement opposées ; Thomas était plutôt renfermé et introverti. Plusieurs épreuves imposées par la vie l’avaient conditionné à se méfier des gens et à considérer la solitude comme une mesure de protection aussi nécessaire que rassurante. Les personnes qui étaient parvenues à gagner sa confiance étaient ou bien privilégiées, ou bien tenaces – parfois même les deux. Tenace, il fallait l’être, car Thomas avait développé l’habitude malsaine de remettre en question les intentions des gens. D’ailleurs, sa propension à la méfiance avait gâché plusieurs de ses relations par le passé. Thomas était pourtant le premier à être las de ce réflexe rebutant et, pour l’heure, il ne voulait pas se laisser aller à cette sombre manie. Il essaya plutôt de se raisonner et de reconnaître les faits : l’amitié de Sebastian lui semblait sincère et le temps passé en sa compagnie lui faisait du bien.
Ce soir-là, la vie plaçait sur la route de Thomas une autre opportunité de briser son isolement : Valérie Therrien. Une vague d’angoisse frappa le jeune homme en plein ventre lorsqu’il pensa à la rencontre qui approchait à grands pas. Il prit une profonde respiration pour chasser sa nervosité, puis il jeta un coup d’œil à sa montre et constata que le temps filait rapidement. Thomas était une personne ponctuelle, peut-être un peu trop même – il préférait arriver d’avance, quitte à poireauter durant de longues minutes. Cette habitude lui permettrait d’apprivoiser son environnement, de trouver ses marques. Il n’y avait donc pas de temps à perdre. Thomas avait promis à la jeune femme de la rejoindre à 21h30 et le bar se situait à une quinzaine de minutes de marche.
Sans perdre une seconde de plus, Thomas lança les boîtes qu’il transportait dans le compacteur à carton, fit coulisser l’imposante grille d’acier et actionna l’engin. Le lourd piston hydraulique s’abaissa lentement tandis que le jeune homme s’éloignait vers l’horodateur pour marquer son heure de sortie, fébrile.
* * *
Thomas s’était établi à Montréal au début de l’été. C’était – selon ses calculs – le moment idéal pour s’y installer en vue de son entrée à l’université en septembre. Il avait dégoté un petit appartement tout à fait convenable, quoiqu’un peu éloigné du campus universitaire. Il avait par la suite rapidement déniché un emploi saisonnier qu’il pourrait, selon toute vraisemblance, conserver une fois l’été passé. Pour une fois, le hasard ne semblait pas lui réserver de mauvaise surprise et tous les éléments de sa vie paraissaient se mettre en place pour ouvrir la porte à un quotidien simple et agréable.
Thomas et Sebastian avaient été engagés à l’épicerie la même semaine et avaient reçu leur formation de caissiers-étalagistes en même temps. Son collègue était, selon ses dires, arrivé en ville à peu près en même temps que lui. Étudiant étranger venu de Serbie, il était, à l’instar de Thomas, inscrit au Bac en travail social. Leurs points en communs avaient jeté les bases d’une éventuelle amitié. Durant les premiers quarts de travail au supermarché, leurs discussions s’étaient limitées à des échanges timides strictement en lien avec leurs tâches. « Peux-tu me prêter ton feutre ? », « As-tu un rouleau de vingt-cinq cents dans ta caisse ? Je suis à sec. » En dépit de ses origines, Sebastian parlait un assez bon français, mais il s’exprimait plus aisément en anglais. Il lui arrivait donc parfois de chercher ses mots lorsqu’il devait répondre à un client dans la langue de Molière. À quelques reprises, il s’était retrouvé dans l’embarras, incapable de terminer une phrase ou d’énoncer clairement une idée, handicapé par la gêne qui lui faisait oublier son vocabulaire et qui empourprait ses joues. Parfaitement bilingue, Thomas était venu à sa rescousse à plusieurs reprises. De ces sauvetages, une franche camaraderie était née et, bien vite, elle les avait rapprochés. Le jeune Serbe restait néanmoins vague sur son passé dans son pays d’origine. Thomas n’était pas lui-même du genre à s’épancher sur sa vie personnelle, aussi cet accord de discrétion tacite paraissait leur convenir parfaitement à tous les deux.
* * *
Thomas s’enferma dans une cabine des toilettes publiques du complexe commercial où son employeur avait pignon sur rue. Il changea son uniforme pour la tenue de rechange qu’il avait prévue pour son rendez-vous avec « la belle blonde du supermarché », puis il sortit de l’isoloir en poussant son uniforme de travail au fond de son sac à dos. Il posa ensuite son bagage sur le comptoir et se pencha pour lacer ses souliers.
En se redressant, Thomas inspecta son reflet dans le miroir. Le jeune homme

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