Retour à Frauensee
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Description

Peut-on rattraper le temps perdu ? Peut-on retrouver un amour oublié ? Peut-on ressusciter les êtres que la maladie vous a ravis ? C’est à cette expérience douloureuse qu’un écrivain est convié par une toute jeune fille au Salon du livre où il dédicace son premier roman.

Dans les rues de Berlin, puis à Frauensee, l’ancien camp de pionniers est-allemand où il a vécu sa plus belle histoire d’amour, Vincent tente de convoquer à nouveau ce passé qui l’a tant marqué. Bien sûr il n’est pas raisonnable de croire aux miracles, pas davantage dans l’Allemagne désormais réunifiée qu’au temps du socialisme triomphant. Mais la littérature possède ce privilège unique d’effacer les frontières que les hommes ou la mort érigent entre ceux qui s’aiment...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juillet 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414366064
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-36607-1

© Edilivre, 2019
Présentation
Peut-on rattraper le temps perdu ? Peut-on retrouver un amour oublié ? Peut-on ressusciter les êtres que la maladie vous a ravis ? C’est à cette expérience douloureuse qu’un écrivain est convié par une toute jeune fille au Salon du livre où il dédicace son premier roman. Dans les rues de Berlin, puis à Frauensee, l’ancien camp de pionniers est-allemand où il a vécu sa plus belle histoire d’amour, Vincent tente de convoquer à nouveau ce passé qui l’a tant marqué. Bien sûr il n’est pas raisonnable de croire aux miracles, pas davantage dans l’Allemagne désormais réunifiée qu’au temps du socialisme triomphant. Mais la littérature possède ce privilège unique d’effacer les frontières que les hommes ou la mort érigent entre ceux qui s’aiment…
Chapitre 1
– Tu n’oublies pas la réunion demain au ministère !
– T’inquiète, je ne pense qu’à cela…
Vincent range précipitamment ses affaires. Il déteste arriver en retard et c’est ce qui va se produire s’il ne se dépêche pas, même s’il n’est qu’à quelques stations de tram’ de la porte de Versailles. En une après-midi, ils ont fait le point sur tous les dossiers en cours. Le chiffre d’affaires de la société a un peu baissé ces derniers mois et Patrick, avec sa faconde habituelle, l’a abreuvé de chiffres, de statistiques et de références. Ils se doivent de réagir, et Vincent en est convaincu. Mais comme toujours il laisse son associé prendre les initiatives et indiquer la conduite à tenir. Il admire l’énergie de Patrick, son optimisme à toute épreuve, son talent aussi pour sentir les opportunités naissantes et dénicher les bons appels d’offres. Sans lui, Vincent ne se serait jamais lancé dans la création de leur bureau d’études, et surtout il n’aurait pas su passer le cap du premier exercice ! Dans ce partage des rôles établi depuis près de dix ans, il est l’homme du terrain, des missions difficiles, des rapports longs et fastidieux. Il s’y est résolu, laissant à Patrick le soin de gérer les relations extérieures et commerciales de la boite. À Patrick les déjeuners d’affaires, les cocktails en ville, les réponses aux appels d’offres et la relance des donneurs d’ordres. À lui les longs courriers vers l’Afrique ou l’Asie, les attentes dans des aéroports sinistres et les ministères poussiéreux, les journées sans fin à éplucher les rapports et comptes rendus de réunion, à interviewer les responsables locaux, à visiter les dispensaires de brousse à six heures de mauvaises pistes de la capitale. Cela ne le dérange pas, bien au contraire, même s’il envie parfois la vie familiale qu’a su bâtir Patrick, avec son appartement non loin de leur bureau, ses enfants qui fréquentent l’école du quartier et son épouse qui s’investit dans la vie locale.
Son ordinateur portable en bandoulière, Vincent quitte la maison de ville qu’ils ont acquise en copropriété et s’engage dans la rue Victor Hugo en direction de la porte de Vanves. Il aime bien ce quartier de Malakoff aux portes de Paris, qui garde un aspect populaire, avec son épicerie arabe et son café tenu désormais par des Chinois, ses immeubles en brique rouge et ses maisons de ville aux volets colorés. Cela lui rappelle la banlieue où il a grandi, un mélange de population ouvrière d’origine française et immigrée, une convivialité de gens modestes qui apprécient simplement les moments de répit que leur offre l’existence : un rayon de soleil et les tables du café sont dressées sur le trottoir, les enfants descendent dans le petit square qui jouxte le centre de prévention infantile, on joue même aux boules sur le terre-plein qui sépare le périphérique des premières habitations Quand bien sûr il n’y a pas une brocante sauvage qui envahit les trottoirs ! Là ce sont les chiffonniers, les biffins et les vendeurs à la sauvette africains qui tiennent le haut du pavé. Tout s’achète et tout se vend aux portes de la capitale. Des exemplaires originaux des « Voyages au centre la Terre » ou « Autour de la Lune » de Jules Verne, des perroquets empaillés, des masques bantous issus de quelques trafics interdits, des habits d’occasion et des sous-vêtements « made in Vietnam », des disques en vinyle des années 60 et des meubles brinquebalants. Et puis – effet de la crise – on y trouve aussi depuis quelques années des produits alimentaires à la date de péremption dépassée, des appareils électroménagers usagés, des chauffe-biberons et des poussettes, quand ce ne sont pas des produits de maquillage à l’origine douteuse et des médicaments sans emballage !
Arrivé boulevard Brune, Vincent accélère le pas car il aperçoit venant de la porte d’Orléans la silhouette bleutée d’un tramway. Il est rassuré, il arrivera à l’heure. Ce soir, la population du T2 n’a rien à voir avec les passagers habituels de la ligne ; on y côtoie des femmes élégantes avec des colliers de perle, de jeunes hommes ténébreux en chemise blanche largement ouverte sur des torses imberbes, de toutes jeunes filles semblant sortir d’un roman de Nabokov et vêtues de robes légères. Et une forme d’excitation se lit sur les visages des uns et des autres, comme avant une cérémonie heureuse, mariage ou baptême. Quand ils arrivent à la Porte de Versailles, la rame se vide d’un coup et Vincent se laisse entraîner par la foule vers le Hall 1 où se déroule le Salon du livre. Dans la poche de son imperméable, il sent le carton du laissez-passer où il est mentionné qu’il est un auteur des éditions « Encre blanche », convié à une séance de signatures ce vendredi 27 mars, premier jour d’ouverture du Salon 2009. Vincent éprouve un sentiment de fierté, mêlé d’excitation et d’inquiétude. « La force de Coriolis » est en effet son premier roman. Il a mis dix ans à l’écrire, et presque cinq à trouver le courage de l’envoyer à un éditeur. Mais ensuite les choses sont allées très vite. Il a reçu un coup de fil sur son portable de quelqu’un qui se présentait comme Nathalie Lamongie, des éditions « Encre blanche ». Elle lui a dit que sa maison d’édition hésitait encore à le publier et qu’elle souhaitait le rencontrer afin de mieux le connaître. Par chance il était cette semaine-là sur Paris et ils se donnèrent rendez-vous dans un café de la place Saint-Sulpice. C’était une grande femme blonde à l’allure sportive et l’air décidé, que l’on imaginait plus sur une plage d’Hawaï à faire du surf que dans le bureau sombre donnant sur cour d’un éditeur parisien. Elle lui demanda à brûle-pourpoint s’il connaissait le Rwanda et ce qui l’autorisait à écrire sur le génocide de 1994. Vincent lui confessa qu’il avait été volontaire du service national dans les années 80 à Kigali, qu’il avait épousé alors une Rwandaise dont il avait eu un fils, mais dont il était désormais séparé. La dernière fois qu’il avait mis les pieds au Rwanda, c’était en 1991. Mais l’histoire de « La force de Coriolis » s’était imposée à lui avant même le début des événements, tant il était convaincu que les choses allaient se dérouler ainsi. Il lui avait simplement fallu de longues années pour donner au récit sa forme définitive et se résoudre à l’envoyer chez un éditeur.
– Vous savez, dans la maison, je suis la seule à défendre votre texte, lui a-t-elle dit avec agressivité, comme s’il en était quelque part responsable. J’ai eu un choc, je le reconnais, et je l’ai lu en une nuit. Mais mon directeur de collection dit que c’est impubliable, que vous n’avez aucune référence sur le sujet, que toute la critique nous tombera dessus à bras raccourcis, sans oublier l’association de défense de l’armée française et l’amicale des ambassadeurs de France à la retraite ! En plus il trouve votre style un peu suranné. Cela fait cinquante ans que l’on ne publie plus des romans de cette facture !
Vincent leva les yeux au ciel.
– Pour le style, votre directeur a peut-être raison. En revanche, sur les événements, j’ai essayé de m’en tenir aux faits établis. Je n’ai pas le sentiment d’avoir écrit un pamphlet et je ne porte aucun jugement. J’ai juste voulu raconter une histoire qui aurait pu être la mienne à quelques années de distance.
– Si je comprends bien, Clarisse n’est pas restée avec son Prince charmant dans leur cabane au Canada…
C’était une allusion à la fin de son roman.
– Non, c’est vrai. J’étais toujours par monts et par vaux. Et elle a préféré un compagnon qui lui apporte une plus grande stabilité…
Nathalie sembla se contenter de cette réponse.
– Et votre fils ?
– Il poursuit ses études aux États-Unis. Nous nous voyons une ou deux fois par an. Il est content d’avoir un pied-à-terre à Paris et de recevoir tous les mois un chèque pour subvenir à ses besoins.
– Et que faites-vous dans la vie ?
– Je m’occupe avec un associé d’un petit bureau d’études spécialisé dans les problèmes de santé publique. Nous sommes installés à Malakoff, mais je me déplace beaucoup, essentiellement en Afrique et en Asie. Un peu aussi dans les Caraïbes et en Amérique centrale. Nous répondons à des appels d’offres concernant l’audit des systèmes de santé ou la mise en place de projets de santé…
Elle le regarda avec consternation. « Comment un écrivain peut-il se consacrer à des choses aussi triviales ? », semblait-elle penser. Les sujets de conversation s’épuisèrent rapidement et l’entretien prit fin. Vincent avait l’impression d’avoir déçu son interlocutrice. Un profil trop terne sans doute, avec son blazer bleu marine, ses cheveux grisonnants et un début d’embonpoint qu’il n’arrivait pas à dissiper malgré les footings auxquels il s’astreignait dès qu’il le pouvait, des bords du Mékong aux allées de Central Park. Rien du baroudeur ou du grand reporter qui aurait pu enflammer les

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