Sanglante Istanbul
230 pages
Français

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Description

Paul Smet, philologue enseignant à l’Université de Montréal, est invité par l’Université d’Istanbul à prononcer une conférence pour donner suite à deux articles qu’il vient de publier. Son arrivée sur le sol turc coïncide avec une série d’attentats non revendiqués. Erkan Çelik, chef de l’unité anti-terroriste, mène l’enquête. Son équipe met la main sur le fragment d’un mystérieux document codé.
Aspiré malgré lui au centre d’un conflit qui le dépasse, le professeur Smet devra mettre à profit toutes ses connaissances sur les langues disparues du monde antique et affronter ses démons personnels s’il veut pouvoir sauver sa peau…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juin 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782898033506
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Copyright © 2019 François Massie
Copyright © 2019 Éditions AdA Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Directeur de collection : Simon Rousseau
Révision éditoriale : Elisabeth Tremblay
Révision linguistique : L. Lespinay
Conception de la couverture : Mathieu C. Dandurand
Photo de la couverture : © Getty images
Mise en pages : Sébastien Michaud
ISBN papier : 978-2-89803-348-3
ISBN PDF numérique : 978-2-89803-349-0
ISBN ePub : 978-2-89803-350-6
Première impression : 2019
Dépôt légal : 2019
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada
Téléphone : 450 929-0296
Télécopieur : 450 929-0220
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com Diffusion Canada : Éditions AdA Inc. France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99 Suisse : Transat — 23.42.77.40 Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Participation de la SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Sanglante Istanbul / François Massie.
Noms : Massie, François, 1963- auteur.
Description : Mention de collection : Collection Corbeau
Identifiants : Canadiana 20190011971 | ISBN 9782898033483
Classification : LCC PS8626.A7992 S26 2019 | CDD C843/.6—dc23
« Il est vrai que bien au loin au-delà de ce royaume, encore vers Tramontane, est une province qui est appelée la Vallée de l’Obscurité, et l’on peut dire qu’elle est bien nommée, parce qu’en tout temps il y fait sombre, sans soleil, ni lune, ni étoiles ; la plus grande partie de l’année, il y fait aussi obscur que chez nous au crépuscule du soir, lorsqu’on y voit et n’y voit point. C’est à cause de l’épais brouillard qui s’y étend toujours, et n’est jamais détruit ni chassé… »
— Marco Polo, Le devisement du monde, 1298
– 1 –
Avril 2014
L ’eau froide pénétrait par les interstices et commençait lentement à emplir l’habitacle. Le niveau montait progressivement, caressant le bout de ses doigts pour atteindre sa cuisse. Le contact de l’eau glacée la fit tressaillir. Elle était prisonnière de cet espace clos, incapable de bouger. La mort, léchant son corps inanimé, poursuivait son ascension inexorable. Le liquide pénétra doucement dans ses narines, provoquant son réveil soudain. La sensation d’étouffement, le lieu sombre et glauque, l’absence totale de repères déclenchèrent un affolement absolu. Sa main longea la paroi, cherchant désespérément…
Il ouvre les yeux. La scène familière du plafond et des murs de la chambre à coucher le ramène peu à peu à la réalité. Il sort progressivement de sa torpeur, des profondeurs du sommeil dans lequel il s’est englouti aux petites heures du matin. Encore un de ces mauvais rêves. Les souvenirs sont vagues, englués dans la léthargie dont il cherche à s’extirper. Il ne tient pas à se les remémorer. Peu lui importe les détails, toutes les nuits, c’est la même histoire ou une variante sur le même thème. Il referme les yeux pendant quelques secondes, inspire profondément et les rouvre de nouveau. Toujours le même décor, c’est déjà ça.
Il jette un coup d’œil au réveil-matin : 7 h 35. Il repousse les couvertures et s’assoit sur le bord du lit. Un mal de tête lancinant l’accable, lui rappelant les dernières heures. Il se dirige d’un pas hésitant vers la salle de bain, s’arrête devant le lavabo, puis lève les yeux et se regarde dans la glace. Les miroirs ne mentent jamais : ils vous renvoient votre image, belle ou mauvaise, sans jamais faire la moindre cachoterie. Sa mine est affreuse. Sinistre même, un mot sans doute plus approprié. Il ouvre un tiroir, trouve des cachets et les avale, engloutissant du même coup deux verres d’eau par grandes rasades. Il demeure debout un moment, les mains sur le comptoir, observant son reflet comme s’il s’était soudain transformé en statue de sel. Finalement, il ouvre le robinet, laisse couler l’eau et s’en asperge le visage. La fraîcheur du liquide le ranime un peu.
Encore une nuit en compagnie d’Alex, à boire du scotch et à jouer au backgammon. Il a laissé la voiture et plutôt pris un taxi pour rentrer, conscient qu’il n’était pas en état de conduire, risquant d’avoir un accident. Le genre d’accident bête qui ruine une vie. Il gagne la cuisine du même pas mal assuré. Machinalement, il pèse sur le bouton de mise en marche de la machine à café et s’appuie contre le comptoir en attendant que l’appareil ait terminé de laisser couler le liquide brunâtre dans la tasse. Il enfile l’espresso, puis s’en fait couler un deuxième et l’apporte au salon, attrapant au passage sa tablette numérique sur la table de la cuisine.
Il s’écroule dans un fauteuil en laissant échapper un gémissement : son mal de tête ne s’améliore pas. Il est sans doute préférable d’éviter tout geste brusque, du moins tant qu’il n’aura pas terminé son deuxième café. Son regard erre dans son bel appartement, acheté dix ans plus tôt dans le Mile-End, ce quartier de Montréal que plusieurs appellent maintenant le Petit Brooklyn. La décoration est plutôt banale : des bibliothèques remplies de livres couvrent presque tous les murs du salon, des piles de magazines spécialisés encombrent la table, des bibelots témoignent de ses voyages et une raquette de tennis gît sur le sol. Un véritable foutoir dans lequel il faudra bien un de ces jours mettre de l’ordre.
Il ferme les yeux quelques secondes, puis les écarquille après avoir pris une longue respiration. Toujours cette sensation de vide omniprésent, tant dans sa vie que dans son environnement quotidien, un vide qui l’accompagne depuis des mois et occupe tout l’espace sans pour autant se faire oppressant. Il s’y est habitué. C’est comme ça depuis que Karen a subitement disparu de sa vie. Il jette à nouveau un œil à la ronde pour se convaincre qu’il est bel et bien seul dans cette pièce. Rien que des livres. À peine distingue-t-on le titre et le nom de l’auteur sur le dos de certains. C’est à se demander s’il n’est pas sur le point de devenir un de ces cinglés qui accumulent des choses jusqu’à ce que le moindre espace soit presque entièrement occupé. Pour l’instant, ce ne sont que les murs, ça peut toujours aller. Il essaie de se rappeler le nom de cette pathologie. Peine perdue, ses neurones refusent de fonctionner. Rien à faire, c’est le chaos dans ses pensées. Le battement régulier dans son crâne s’amplifie au point de devenir une torture dès qu’il esquisse le moindre geste.
Il regarde sa montre, fait la grimace avant d’ouvrir sa tablette pour lire les nouvelles de la BBC News World. À la une, un attentat perpétré dans le quartier touristique d’Istanbul : une trentaine de morts et de nombreux blessés, dont certains dans un état grave. Il demeure songeur un bon moment. Au cours des dernières semaines, plusieurs attentats ont frappé des villes du Caucase et de la Crimée. Sans oublier la crise qui a éclaté entre la Russie et la Turquie. Cette fois, c’est du sérieux et les Turcs ne manqueront pas de réagir.
Dès le départ, il a suivi, chaque jour et presque à chaque heure, le développement de la crise syrienne. Surtout l’histoire de jeunes torturés qui a servi de déclencheur. Au début du conflit, des adolescents avaient reproduit, sur les murs de la ville de Deraa, des slogans qu’ils avaient vus à la télévision lors de reportages montrant les manifestations du printemps arabe en Tunisie et en Égypte. Le gouverneur de la province de Deraa les avait fait arrêter pour leur faire avouer le nom de leurs commanditaires. Tous avaient été affreusement mutilés avant de succomber aux mains de leurs tortionnaires. Les chefs de tribus s’étaient alors rendus à Damas pour rencontrer le président et réclamer les corps de leurs enfants. Le gouverneur

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