Sanglantes énigmes
123 pages
Français

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Description

Norman Gray, jeune homme désœuvré et désabusé, a décidé d’en finir pour de bon en se jetant sous les roues d’un taxi.


Au moment de plonger vers l’au-delà, un individu le plaque à terre et le relève, dans un sourire, malgré la désapprobation du candidat au suicide.


Ainsi se nouera une indéfectible amitié entre le pauvre Norman et Fred Murray, le riche propriétaire d’une boîte de nuit huppée. Une relation d’autant plus forte que le sauveur qui, depuis six mois, échappe régulièrement à des tentatives d’assassinat, et n’ayant plus confiance en son entourage, va se reposer sur cet inconnu qu’il a tiré des griffes de la faucheuse.


Et, dès lors, les meurtres s’enchaîneront...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782373477672
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SANGLANTES ÉNIGMES
Roman policier
par J.A. FLANIGHAM
CHAPITRE PREMIER
Le taxi, à damiers noirs et jaunes, amorçait son vi rage. Fred, machinalement, jeta un regard au feu rouge. Il vit l'homme bondir, dans une sorte de saut fantastique, presque irréel, à la manière d'un danseur de ballet. Une femme hurl a, les freins crissèrent atrocement, et, sans savoir comment, Fred se retrouva, plaqué à terre, tenant fermement contre lui, celui qu'il venait d'arracher à une mort certaine.
Déjà on les entourait, quelqu'un aidait Fred à se relever, et le candidat au suicide, livide, regardait Fred avec des yeux que la colère rapetissait.
— Nom de Dieu, hoqueta-t-il, qui vous a demandé de foutre votre sacré pif dans mes affaires ?
Fred rigola doucement en lissant ses cheveux, il po sa sa main sur l'épaule de l'homme, continuant de le considérer avec une stupéfaction amusée. Les gens caquetaient autour d'eux, posant des questions que ni le sauveur ni le sauvé entendaient réellement.
— Je l'ai vu, criait une femme d'une voix incroyabl ement pointue, il attendait depuis quelques secondes déjà, et quand il a vu le taxi arriver, il a sauté littéralement dessus. C'est même incroyable que Monsieur ait pu le saisir à bras le corps et le ramener sur le bord de la chaussée.
— Viens, mon gars, dit Fred.
— Allez vous faire foutre !
Il était plus pâle que tout à l'heure, quand son regard étroit s'était posé sur Fred, couché sur lui. Il pouvait avoir trente ans, et il y avait dans la forme de son visage aigu quelque chose qui plut à Fred. Une sorte de défi, de l'arrogance, ce quelque chose d'indéfinissable qui s'appelle la classe, et que l'on peut trouver, aussi bien chez un voyou des bas quartiers de Chicago que chez un prince du sang. Fred écarta les gens, tenant toujours contre lui le miraculé. — On va boire un pot.
— Allez vous faire...
— Tu l'as déjà dit, coupa Fred d'un ton conciliant.
Les gens les regardèrent partir. Ils étaient sensiblement de la même taille, avec quelques centimètres de plus pour Fred, mais c'était uniquem ent parce que l'autre marchait un peu courbé, comme penché sous le poids d'une implacable fatalité.
— Comment t'appelles-tu ? — Norman ! répondit l'autre, comme à regret. — Pourquoi as-tu voulu sauter le pas ?
— Ça vous regarde ?
— Non, ça m'amuse.
— Trouvez pas qu'il y aurait d'autres moyens de rigoler que d'empêcher un gars d'assurer son avenir à sa manière ?
— T'es encore trop jeune pour aller jouer de la harpe à la droite du père Eternel, mon gars.
Ils s'arrêtèrent. Fred sortit un étui de sa poche, un briquet, introduisit une cigarette entre les lèvres de l'homme qui regarda longuement le briquet de platine avant d'aspirer la première bouffée. Au-dessus d'eux, l'éclairage violent de« Fish »faisait vibrer dans l'intensité mauve de la nuit des éclats rouges et verts. Norman eut u n sourire hésitant pour fixer la pin-up qui s'allumait puis s'éteignait au trente-deuxième étage de l'immeuble. — Tu as faim ? suggéra Fred d'une voix humble. — Pas tellement. J'ai plutôt furieusement envie de boire un coup.
— Alors je t'emmène chez moi. — Loin ? — À deux blocs d'ici.
Ils reprirent leur marche lente, dans le soir. Fred avait machinalement reposé sa main sur l'épaule de Norman, dans une geste d'instinctive protection qui lui était agréable. Il y avait, dans Princess Avenue, des rires, une frémissante et amusante cohue ; l'odeur des saucisses chaudes fouettait les narines, par brusques bouffées. À la porte des restaurants, les chasseurs commençaient leur racolage nocturne. Une belle de nuit se frotta à Fred :
— Alors, beau gosse ?
— La vie, bougonna Norman d'une voix écœurée, cette putain de vie qui se cogne à vous de partout, comme une garce... — C'est rudement agréable, cependant, constata Fred , humant l'air de ses narines palpitantes. Ils tournèrent dans Princess Avenue pour affronter Red Road, son atmosphère brusquement différente, avec les façades violemment illuminées des bars sélects et des boîtes de nuit. — C'est par là, votre chez vous ? fit Norman d'un ton ironique. — Nous arrivons.
Fred s'arrêta devant le fantastique« Ange Noir » qui trouait la nuit de son étonnante silhouette d'un violet soutenu. Un chasseur se précipita, casquette galonnée à la main. Fred l'écarta en souriant.
— Viens, mon gars !
Norman, ahuri, le vit pousser la porte, une tiède o deur délicate, étrange et raffinée, lui monta au visage. Immobile, il regardait le hall rutilant, les draperies soyeuses, le sourire de la belle fille du vestiaire. Venu de très loin, un slo w lancinant fit bourdonner ses oreilles, une mystérieuse langueur l'envahit, et il poussa un léger soupir, sentant ses jambes se dérober sous lui. Fred le saisit à bras le corps, et Norman se laissa doucement aller à l'évanouissement, recru de fatigue et d'émotions.
Il revint à lui dans une longue pièce claire dont le modernisme n'avait rien d'outrancier. Il se souleva, constata qu'on l'avait allongé dans un fauteuil. Fred, placé derrière un bureau qui faisait bien deux mètres de long, regardait sur un petit écran des images défiler. Quand il vit Norman revenir à lui, il tourna une manette et les images cessèrent de s'agiter.
— Télévision ?
— Si l'on veut. De mon bureau, je vois tout ce qui se passe dans la salle.
Norman hocha la tête, un sourire incrédule se joua sur ses lèvres minces, son regard restait froid et plein de morgue.
— Si j'ai bien compris, l'homme qui m'a empêché de sauter le pas n'est autre que Fred Murray, propriétaire de« l'Ange Noir »?
— Ça t'embête ?
— Pour ce que j'en ai à foutre.
Une lumière rouge s'alluma sur un tableau, Fred app uya sur un bouton à droite du bureau, et la porte, automatiquement, s'ouvrit, liv rant passage à un maître d'hôtel qui apportait un plateau.
— Nous allons casser une copieuse croûte, toi et mo i, fils !
Fred se leva, regarda le maître d'hôtel poser le couvert sur une table roulante.
— Ça ira, Burt, je continuerai moi-même ! L'homme s'inclina et sortit, après un dernier regard, s'assurant que tout était en place. — C'est votre B.A. quotidienne, j'imagine ?
— Tout juste.
Il agitait un shaker, et apporta un verre à Norman.
— Une de mes spécialités, un coquetèle tout ce qu'il y a d'euphorique et qui te fera voir la vie en rose en deux temps trois mouvements. — Un gars comme vous, Fred Murray, n'a certainement pas besoin de ce genre de boissons pour voir la vie en rose, ironisa l'autre. — Et qu'est-ce que tu en sais, jeune crétin ? — Merde, fit Norman, écœuré, vous êtes pourri de fr ic, et toutes les belles filles ne demandent certainement qu'à vous voir leur faire un clin d'œil.
Il posa son verre sur la table.
— Ta conception du bonheur s'arrête là ? dit Fred en remplissant le verre. Il heurta légèrement le sien contre celui de Norman : — Si tu me racontais maintenant pourquoi tu as voulu te suicider ?
— J'en avais marre. De tout. De la vie, de moi, des autres. Tout, quoi.
Légèrement admiratif, il regarda Fred.
— Ce qui m'épate, c'est que vous ayez su m'agrafer au moment pile. Je croyais pourtant avoir tout prévu, et j'étais bien certain que personne ne m'avait remarqué.
Fred eut un léger ricanement.
— Mon vieux, j'ai des yeux qui traînent. À facettes . Comme les abeilles. Et j'ai de bonnes raisons pour. Imagine-toi que j'allais trave rser, et depuis quelque temps, je m'y reprends à plusieurs fois avant de tenter le moindr e pas. Pour des raisons diamétralement opposées aux tiennes.
— Comprends pas, dit Norman, en tendant son verre vide.
— Tu as assez bu ! Maintenant, tu vas casser la croûte. — Vous pouvez tout de même éclairer ma lanterne. Po urquoi avez-vous des yeux à facettes ? — Depuis six mois, j'en suis à ma quinzième tentati ve d'assassinat, dit Fred, le regard rêveur. Trois fois, j'ai failli passer sous un taxi (et précisément un taxi à damiers jaunes et noirs). Les douze autres façons dont on a essayé de me faire passer de vie à trépas, je t'en fais grâce...
— C'est tout de même pas juste, fit Norman d'un ton rageur, parce que vous tenez à la vie et que vous redoublez de prudence, vous avez, ce soir, sauvé la mienne. Il regarda Fred déposer dans une assiette des sandw iches préalablement recouverts de foie gras. — Est-ce que, maintenant, tu tiens à me le reprocher ?
Norman réfléchit, le visage crispé, puis un vague sourire détendit ses traits.
— Réflexion faite, je trouve qu'après tout, la vie a du bon. Dans l'instant présent. Peut-être à cause de l'ambiance de cette pièce, des coquetèles et des sandwiches. — Tout à l'heure, nous prendrons un repas complet. Dans la salle du bas. Dans la musique, parmi les belles filles et les gens huppés. Ça te ferait plaisir ? — Vous me voyez dans la salle de« l'Ange Noir »dans cet accoutrement ? — Il y a tout ce qu'il faut dans la penderie. Je te vois très bien en smoking blanc, mon gars, tu seras tout simplement éblouissant, et tu n'as pas idée comme de changer de frusques peut vous transformer le ciboulot.
Norman prit un autre sandwich, et ses yeux, avec un e acuité soudaine, se posèrent longuement sur le visage buriné de Fred Murray, s'a ttardant sur les moindres détails, du menton carré aux pommettes saillantes, du regard en amande, d'un bleu soutenu, aux cheveux châtain foncé. — Vous êtes furieusement sympa, constata-t-il enfin, comme à regret, et je me demande pourquoi vous me prenez ainsi sous votre protection... — Peut-être bien parce que ça me donne des droits sur toi, d'avoir joué, à ton insu, un rôle dans ton destin. Peut-être bien parce que tu me rappelles le gars que j'ai été, il y a une vingtaine d'années de cela... Quel âge as-tu, fils ?
— Vingt-huit ans.
— J'en ai cinquante, tout juste. — Comment faites-vous pour être aussi bien conservé ? Fred eut un haussement d'épaules plein de lassitude , il continuait de sourire distraitement à Norman.
— ... Peut-être bien parce que tu as l'accent du Su d, et qu'il y a vingt ans, je devais avoir un peu ta gueule et ton allure, quand j'ai voulu, moi aussi, sauter le pas... Il eut un geste brusque de la main, se leva, et sourit à Norman : — Tu vas passer à côté, garçon, prendre une douche, et enfiler un de mes smokings. Ce soir, tu tournes la page, tu comprends ? Il regardait intensément le jeune homme dont le sou rire, brusquement, perdit de sa morgue. — Vous êtes un chic type, constata Norman, oui, un chic type. Ce n'est ni pour tout à l'heure, ni pour le sandwich, ni pour tout ce que vous faites ce soir, mais pour ce que je lis là, dans votre regard et dans votre sourire, que je le dis...
Fred le fixa gravement, et c'est d'une voix changée qu'il questionna :
— Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
— Je dessine. Enfin : je dessinais. Ça ne s'est pas exactement arrangé comme je l'espérais. Avant-hier, je vendais des journaux au kiosque de Hamplyre, et c'est hier que la décision est venue. J'en avais ma claque.
— Tu es né en Virginie, n'est-ce pas ?
— Ça s'entend tellement ?
Norman eut un sourire rêveur, et Fred hocha la tête.
— Je suis né à Hillary.
— Bon Dieu, moi à Chrissfurt — C'est le Destin qui a voulu cette rencontre, fils. Simplement à cause d'un sacré taxi
jaune et noir, et que je m'en méfie. Norman, natif d'Hillary où j'ai fait de sacrées parties dans ma garce d'enfance, veux-tu rester quelque temps à mes côtés ? Les bras collés le long du corps, Norman eut un mou vement d'avant en arrière, son sourire hésitait,
— Vous m'avez sauvé la vie. Je suis sans un sou. Vo us m'êtes drôlement sympathique, et qu'est-ce que vous aimeriez que je vous réponde ? — Ce que j'ai l'intention de te proposer n'est pas de tout repos, et je ne voudrais surtout pas que tu t'imagines que je crois désormais avoir des droits sur toi. Fred tendit son étui à Norman, puis du feu ; il le poussa vers la porte de droite qui s'ouvrit automatiquement quand ils en approchèrent. Norman, comme malgré lui, siffla en découvrant la salle de bains, noire et blanche, la baignoire encastrée, les glaces teintées.
— Prends un bain si ça te chante, je n'en aurai pas pour longtemps à te faire mon petit exposé. Que tu acceptes ou non, je suis prêt à t'aider. Comme tu me l'as fait remarquer tout à l'heure, je n'avais pas à flanquer mon nez dans tes affaires. De toute façon...
Norman, comme un enfant, faisait jouer les manettes automatiques et regardait l'eau envahir doucement la baignoire. Il ôta son veston, se tourna vers Fred, et, d'une voix nette :
— De toute façon, c'est oui... Je sais déjà, ou je le pressens, ce que vous attendez de moi. On a voulu, à quinze reprises, attenter à votre vie, vous vous méfiez de tout et de rien, et vous avez pensé que je saurais vivre dans votre ombre et veiller au grain ?
— Ce n'est pas exactement ça, dit Fred. J'ai besoin surtout d'un copain. Pas d'un garde du corps ; d'un compagnon. Quelqu'un qui saura voir av ec d'autres yeux que les miens. Ma protection est assurée par des professionnels, des gars à qui on ne la fait pas, et cependant, ils n'ont pas su mettre mes mystérieux ennemis en échec. Norman, complètement nu, s'enfonça dans la baignoire. — Si vous me faisiez un topo de l'affaire ?
Fred eut un bref petit ricanement, et c'est avec un certain étonnement que Norman dut constater brusquement l'affaissement des traits, la lassitude du sourire, la flétrissure qui marquait le regard d'une ombre de sourde détresse. Brusquement, Fred Murray, le lutteur, l'homme dont plusieurs journalistes avaient su mont er en épingle le romanesque d'une vie qui ressemblait à peu d'autres, brusquement, oui, i l se laissait aller, et Norman eut honte, soudain, de son geste insensé de tout à l'heure.
— Il n'y a pas « d'affaire », répondit Fred d'une v oix soudain changée, dans le sens toutefois où l'on pourrait admettre que quelqu'un ait de fameuses raisons de m'en vouloir. Tu as peut-être entendu parler de moi ; je suis, malgré moi, un homme connu. Je suis parti à zéro, il y a trente ans de cela, d'Hillary que tu connais bien puisque mon patelin n'est qu'à quelques milles du tien. J'avais de l'ambition et d e la volonté. Entré comme garçon de courses dans un quotidien de Chicago, j'étais stagi aire deux ans après, et journaliste chevronné cinq ans plus tard. J'eus le tort, à l'époque, de m'occuper de quelque chose qui ne
me regardait pas, et tous les ponts me furent coupés. Aucun canard n'avait le droit de me prendre. Ajoute à cela une déception sentimentale, et ma décision bien arrêtée d'en finir avec une existence qui ne m'intéressait plus. Moi, c'est un bus que j'avais choisi, c'est plus lourd, mais comme pour toi, ce soir, le Destin veillait. L'homme qui m'arracha à l'autobus avait un peu plus de cinquante ans, il me fit venir chez lui, me donna à manger, et des habits. Tout comme moi, ce soir...
— Le cycle infernal ! dit Norman en s'ébrouant.
— Tout recommence, toujours. C'est la danse sacrée, le cercle magique, oui, tu as raison. Bref, mon sauveur était un magnat de l'indu strie. Il me fit une proposition directe, en deux temps trois mouvements. Ça consistait à devenir son homme de confiance, son garde du corps, tout ce que tu voudras, et l'accompagner dan s le Nord où il avait des affaires colossales. — Il me souvient avoir lu quelque chose d'approchant dans un canard qui parlait de vous. — Ce que les journalistes n'osent pas raconter, c'est que Brett Harvord était un fieffé coquin. Ses affaires étaient toujours à mi-chemin de la légalité et de l'escroquerie, mais bon Dieu, quel panache il avait le vieux ! Nous avons vécu des heures héroïques, lui et moi. J'ai épousé sa fille cadette, Jane. Je l'adorais. Elle était rouée, cynique, coureuse, aux trois quarts cinglée, mais je l'adorais. Nous eûmes une fille. J e devais apprendre longtemps après que je n'en étais pas le père, elle m'avait trompé, ce mois-là, comme bien souvent, l'aventure avait eu des suites, mais est-ce que cela comptait ? J'aimais Jane, j'aimais notre enfant, je luttais dur et ferme pour gagner du fric, du fric à la pelle. Jane adorait l'argent, elle en aurait bouffé. Elle est morte, un jour, bêtement, dans un accident d'automobile, elle était avec un jeune et beau garçon, ceci n'est qu'un détail, je te raconte tout, Norman, parce que j'essaie de me souvenir de tout, et qu'il faut que tout, ou à peu près, soit dit.
Il eut un rire bref.
— De cette période de ma vie, les journalistes ont dit :« C'était l'époque aventureuse de Fred M urray. »j'ai bagarré dur, dur et ferme, mais quand Jane est morte, j'ai tout Oui, plaqué, liquidé l'affaire et je suis revenu ici. Il me fallait du monde, de l'intensité, le grouillement de la vie autour de moi. Je voulais faire autre chose, j'ai tâté un peu de tout. J'ai été l'ami de gens célèbres et respectés, et celui de gens beaucoup moins bien. Mon sens personnel de l'éclectisme et un manque total de conformisme me permettaient de côtoyer avec un égal bonheur, financiers ou gangsters. Puis j'ai décidé de faire une fin et j'ai créé l'Ange Noir, cette boîte de nuit qui sort de l'ordinaire, il y a cinq ans de cela. Tout allait bien, ou à peu près. Seule Hilda me donnait des soucis.
— Votre fille ?
— Ma fille. Aussi inconséquente, nymphomane comme sa mère. J'ai dû étouffer deux scandales, négocier l'achat de quelques photos licencieuses où elle figurait en gros plan, puis il y eut sa mort, il y a six mois.
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