Seule, les dimanches
226 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Seule, les dimanches , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
226 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Ma main est étendue sur la moquette du salon, une teinte vert d’eau assortie à la couleur de mes boucles d’oreilles. Sa position me rappelle une sculpture de Rodin. Le sang qui coule de ma bouche n’a pas de goût, je n’ai plus de goût.Elle me regarde, enfile des gants de latex. Elle retire les cheveux collés sur mon visage. Avec douceur, une douceur que je ne ressens plus, mais que j’imagine couler dans mes veines et me réchauffer. Me redonner vie. » Marie Renoir est retrouvée morte dans son appartement. Le commandant Madeleine Rousset enquête sur cette disparition. Deux portraits au féminin qui se côtoient, s'entremêlent parfois, chacune partageant sa réalité et la vérité de ses sentiments.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juillet 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414467839
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson - 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-46781-5

© Edilivre, 2020
Exergue
Chaque individu se protège derrière sa propre vérité
La seule solution pour ne pas mourir
Ou pour ne rien vivre
24 avril 2019, la fin
Toute ma vie, j’ai eu des relations avec des hommes mariés. Une sorte de névrose dirait-on. La femme qui prend l’homme d’une autre femme, qui profite des bons moments, qui ne s’engage pas. Aucune psychanalyse, séance de réflexologie, cours de yoga n’ont changé cet état de fait. Entre culpabilité et bonheur de vivre, loin de la vie quotidienne qui tue l’amour, j’ai aimé ces hommes avec passion, dans le secret. Avec un grand respect pour l’Autre, la femme trompée. A aucun moment, je n’ai voulu détruire l’équilibre même fragile de leur vie à deux, tuer un autre amour. Pour leur bien, pour son bien, pour ne pas être accusée de produire une souffrance innommable. Chacun de ces hommes aux désirs assouvis m’a aimée pour cela mais n’a jamais voulu tout quitter, franchir le pas pour mon bien-être à moi.
A l’aube de mes quarante ans, j’ai décidé d’arrêter ces conneries. De vivre en étant celle que l’on choisit, avec qui on décide de construire sa vie au grand jour. De croire en mon simple bonheur.
Mais rien ne s’est déroulé comme je l’avais prévu et mon passé, aux allures de garce, m’a rattrapée au coin de mon futur bonheur tant imaginé et désiré.
Ma main est étendue sur la moquette du salon, une teinte vert d’eau assortie à la couleur de mes boucles d’oreilles. Sa position me rappelle une sculpture de Rodin. Le sang qui coule de ma bouche n’a pas de goût, je n’ai plus de goût.
Elle me regarde, enfile des gants de latex. Elle retire les cheveux collés sur mon visage. Avec douceur, une douceur que je ne ressens plus mais que j’imagine couler dans mes veines et me réchauffer. Me redonner vie.
1
— C’est à quel étage ?
— Cinquième.
— Merde…
— Vous fumez trop Commandant.
— Je sais Lieutenant.
Le lieutenant Carl Philibert me devance de quelques mètres et m’attend à chaque palier. Cage d’escalier d’immeuble moderne où les portes donnent sur un couloir aux multiples entrées. Si j’arrivais à arrêter de fumer et à perdre mes quelques kilos de trop, ça m’aiderait à monter ces foutus escaliers. Et ces vêtements d’hiver en plein mois d’avril qui me font transpirer et ahaner comme un bœuf, une vache, une grosse vache.
— Qu’est-ce qui nous attend ?
Si Carl a entendu cette question sortie d’outre-tombe, chapeau ! J’ai juste envie de cracher mes poumons ou de vomir le déjeuner que je viens d’engloutir.
— Une femme, Marie Renoir, morte dans son salon d’une hémorragie au niveau de la tête. Elle a dû heurter violemment la table basse en verre. C’est pas beau à voir. Pas de témoignages, de bruits étranges mais les voisins directs sont en vacances et ceux du dessous partent tôt le matin et rentrent tard. Le troisième appartement du même étage est encore vacant, l’immeuble a été construit l’année dernière.
— Elle vit donc ici depuis peu.
— Sans doute.
— Seule ?
— Oui, il n’y a pas de traces de présence d’une autre personne, pas d’homme ou d’enfant en tous les cas.
— Une autre femme peut-être ?
— Non je ne pense pas.
Encore une femme seule. Dernier étage, un couloir aux panneaux colorés. Carl attend quelques secondes que je passe devant lui et lâche la porte. Le bruit sec nous fait sursauter tous les deux.
— Si le meurtrier est passé par là sans connaître les lieux, il n’a pas dû se faire très discret. L’ascenseur est en panne depuis hier.
— A droite ou à gauche ?
— 2 ème porte à droite.
L’appartement est surveillé par un jeune de la Police municipale de la Commune, deux personnes de ma brigade sont déjà sur les lieux, le Major Catherine Marcus nous tend des surchaussures. Ceux de la scientifique vont bientôt débarquer ; encore un peu de tranquillité avant l’invasion des fourmis blanches comme les appelle Carl.
Enlever cette écharpe au plus vite !
Le corps est étendu au centre de la pièce, près de la table basse en verre. Quelques gouttes de sang se reflètent sur la vitre du meuble, un rouge transparent. La tête est tombée sur le côté, au sol. Le tapis vert d’eau fait ressortir la tâche écarlate répandue à droite de son visage. Une forme abstraite comme celle des tests de Rorschach, ces taches d’encre qui évaluent l’état psychologique d’une personne. Libellule, papillon, simple amas sanguin ?
— L’heure de la mort à ton avis ?
— Milieu, fin de matinée. Le corps était encore chaud lorsque les secours sont arrivés. On attend le docteur Grabowski pour confirmer.
Marius, Marius Grabowski ! Je chavire rien qu’en regardant ses lèvres bouger lorsqu’il me détaille l’autopsie des victimes.
— Qui nous a prévenus ?
— Une amie qui devait prendre un café chez elle. Elle n’a pas répondu quand cette amie a sonné à l’interphone mais un voisin qui sortait lui a ouvert. Pas de réponse non plus à la porte de l’appartement, un silence total à l’intérieur. Le rendez-vous avait été confirmé le matin même. Elle est allée chercher le concierge qui a les clés et…
— A quelle heure s’est faite la confirmation du rendez-vous ?
— Un peu avant 10H ce matin par texto. On vérifiera avec son portable quand Fatou l’aura débloqué.
A 9H47 précisément !!
— Tu as des gants ?
— Tenez.
Cette femme est assez jolie, avec des formes ici et là, habillée simplement : jean, petit chemisier, gilet et une écharpe fine en soie, posée sur les épaules, sans nœud d’attache. Ses pieds nus. Le vernis, sans doute assez ancien, laisse des petites marques rouges sur le bout des ongles. Ses mains longues et fines. Ses cheveux sont collés sur sa bouche et lui cachent la moitié du visage. Je les retire avec le plus de douceur possible et soulève délicatement une partie de l’étole. Deux boucles d’oreilles en or, très fines, pendent à ses oreilles. Une petite pierre vert clair à leur extrémité.
— Elle a des marques sur le cou.
— Etranglée ?
— Possible. Où est son amie ?
— Un des agents de la Police municipale l’a emmenée prendre quelque chose au bar du coin, elle est choquée.
— Et le concierge ?
— Il est avec l’adjudant Pietra, dans sa loge.
La pièce à vivre – je n’ai jamais compris cette désignation, j’adore vivre aussi dans ma chambre – salon, salle à manger, cuisine ouverte, le lieu de rassemblement est plutôt spacieux. Le ménage est fait, un certain désordre ordonné donne à cet appartement une chaleur humaine. Sur les murs différentes œuvres peintes, toutes de style différent mais avec un certain goût. Une grande bibliothèque faite sur mesure emplit un des murs de la pièce principale, une collection de canards de différentes tailles, matières, allures, de nombreux livres, romans et livres d’Art. Je remarque un petit livret recouvert d’une protection de plastique rose : “la méthode Boscher”. La vision de ce livre provoque chez moi un certain trouble ; je me retrouve avec plusieurs centimètres de moins, assise sagement sur une petite chaise en bois, devant mon institutrice Madame Garoute. Je suis persuadée que ce livre n’a pas appartenu à Marie Renoir. J’ai une bonne dizaine d’années de plus qu’elle et les méthodes de lecture ont énormément évolué entre les années soixante et quatre-vingts. Ce petit livre aux dessins d’un autre âge, posé à côté du Père Goriot de Balzac et entouré de chefs d’œuvre de la littérature me donne un petit goût de madeleine dans la bouche.
— Commandant, venez voir !
La chambre à coucher, seule autre pièce, à vivre. Lumineuse, agréable. Le lit est recouvert d’une jolie courtepointe. Une autre bibliothèque pleine de livres. D’autres sont posés à même le sol ou sur les deux tables de nuit. Comme si Marie Renoir avait besoin de s’entourer de mots, de se confronter au monde ou au contraire de se protéger de sa réalité derrière ces pages noircies.
Catherine montre un des tiroirs du bureau placé dans un coin. Il est rempli d’une montagne de photos déchirées. De minuscules bouts de couleurs mélangés, des petits bouts de vie éparpillés.
Ma vie en mille morceaux.
— T’es douée en puzzle ?
Nous repartons vers la gendarmerie située à cinquante kilomètres de la commune de S après avoir échangé avec l’adjudant Robin Pietra, nouveau venu dans notre brigade. Le concierge n’a pas dit grand-chose, Marie Renoir était une femme discrète et polie, arrivée dans l’immeuble en début d’année. Elle partait régulièrement courir le matin, elle était toujours seule lorsqu’il la croisait. Les fourmis blanches sont en train de faire des prélèvements. Pas plus d’informations du côté de Marius. Le choc violent sur la table basse, les marques de strangulation sur le cou. Une double peine dont on ne connaît pas encore le mode opératoire. L’autopsie complète en dira plus.
La cigarette allumée avant de rentrer dans la voiture banalisée me redonne du courage. Ma seule drogue pour tenir, je ne peux pas m’en passer, pour l’instant.
Carl conduit. La route traverse une grande forêt de chênes. J’aime lorsque le soleil du début de printemps, ni trop fort, ni trop doux, traverse obliquement les arbres et marque le sol de petites taches dorées. Impressionnisme.
Carl n’est pas très bavard. J’ai l’impression que c’est une période compliquée de sa vie personnelle mais il n’en parle pas. Je suis passée par là, je peux comprendre. Je travaille avec lui depuis cinq ans. Il est lieutenant et n’a que trente-huit ans. Il est efficace et concentré et s’il ne se laisse pas perturber par sa vie intime, il peut gravir les échelons facilement.
— Ça va ?
— Oui. Pas beaucoup de sommeil en ce moment mais ça va aller.
Il se concentre sur la route et ne dit plus un mot jusqu’à notre arrivée.
Les rêves
Lorsque je sortais d’une séance de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents