Seules, les femmes survivent...
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Seules, les femmes survivent... , livre ebook

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Description

Théodore ROUMA, le célèbre cambrioleur mondain, en vacances dans les Vosges, décide de visiter le château d’Holdincourt dont il a entendu parler comme recelant divers meubles anciens et bibelots rares.


Il s’y présente sous l’identité du comte de Brémonval. Chaque occupant du domaine réagit avec stupeur en le voyant.


Retenu à dormir par la vieille duchesse, ses filles et sa jeune nièce, Théodore ROUMA profite de la nuit pour explorer le bâtiment.


Intrigué par une tapisserie, il découvre, derrière, la porte d’une pièce secrète. À l’intérieur, il trouve le portrait d’un homme lui ressemblant trait pour trait.


Il n’a pas le temps de se remettre de sa surprise, qu’un coup de feu éclate...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791070031865
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SEULES, LES FEMMES SURVIVENT...

Par
Jean d’AUFFARGIS
CHAPITRE PREMIER
LE CHÂTEAU DES OMBRES IMPÉRIALES
 
Théodore Rouma, gentleman cambrioleur, dont la presse et l'opinion publique suivaient le destin avec un prodigieux intérêt, suivait lentement, au volant de sa petite Buick, une mauvaise route rocailleuse qui dévalait des Faucilles, tel un torrent desséché.
Les Vosges manquaient d'horizon pour le besoin d'activité qui était en lui, après ces quinze jours de vacances passés chez des amis en Haute-Saône. Il avait grande envie de fuir ces bois sans limites, de rattraper la route nationale et, par la trouée de Vittel, de foncer sur Paris. Pourtant, il hésitait encore. Rien de très urgent, en ce mois de septembre expirant, ne l'appelait nulle part et on lui avait parlé d'un château vosgien comme d'une curiosité qu'il ne fallait pas manquer : meubles anciens, bibelots rares. Il est difficile d'échapper au réseau des vieilles manies quand il vous enchaîne avec rigueur. Et le célèbre aventurier était, on le sait, un bibelotier impénitent. Que n'eut-il pas risqué pour la possession d'un Saxe, d'une miniature du XVII e  !
Ce domaine, voyons ? Le château d'Holdincourt... Où pouvait-il se nicher ? On lui avait dit de laisser Darney sur sa gauche, puis de suivre pendant cinq ou six kilomètres ce chemin encaissé entre deux ballons volumineux tout couverts de bouleaux. Seulement avait-il vraiment l'intention de pousser jusqu'à Holdincourt qui devait maintenant se trouver à main droite, de s'y faire recevoir sous un prétexte quelconque ? La contrée suait l'ennui, en dépit de son indéniable majesté. Elle semblait surtout manquer d'imprévu et, depuis le passage des Faucilles, Rouma n'avait pas rencontré âme qui vive.
S'il le voulait, le Thermal de Vittel lui offrirait, dans une heure ou deux, les séductions de sa cuisine réputée et de ce confort dont il était par-dessus tout friand.
Or, Théodore Rouma ne le voulut pas. Sans trop savoir comment cela s'était décidé, vingt minutes plus tard il klaxonnait devant une grille qui s'ouvrit sur une longue allée de peupliers encombrée de mauvaises herbes. Il y avait une clochette, mais elle ne fonctionnait pas et, d'ailleurs, qui, derrière ces murs en ruines, dans ce parc à l'abandon, mangé de broussailles, l'eut entendue ? Après avoir balancé quelques secondes, Rouma prit le parti, après avoir poussé les deux battants, d'engager sa Buick sous la voûte dont les ramures chantaient aux appels légers du vent des Vosges.
 
* * *
 
Le château d'Holdincourt offrait la forme d'un croissant, avec à ses deux extrémités des tours flanquantes, chaperonnées, massives et mangées de chèvrefeuille. Il n'était pas question d'attribuer un style quelconque à cette longue et puissante bâtisse, œuvre de plusieurs siècles, édifiée pour défier le temps, sans nul souci d'esthétique. Holdincourt n'avait qu'un étage et des combles, mais pour accéder au rez-de-chaussée, il fallait gravir une bonne dizaine de marches moussues et franchir une terrasse à balustres sur laquelle un vieux chien aux poils roux faisait philosophiquement la chasse aux insectes.
De plus en plus indécis sur l'attitude à tenir, Rouma, après deux ou trois appels du klaxon qui demeurèrent, sembla-t-il, sans résultat, fit quelques pas vers la tour de droite qu'il contourna bientôt. Une seconde pelouse et des dépendances s'offrirent à sa vue, mais sans révéler d'autre présence que celle d'une basse-cour nombreuse et à peu près maîtresse de ses ébats. Plus loin, il n'y avait plus qu'un étroit sentier, coupé par un puits et menant jusqu'à l'orée d'un bois.
— Le château de la Belle au Bois dormant. Mais je donnerais beaucoup, murmura Rouma, pour voir la Belle.
Ce vœu fut exaucé instantanément. Sans qu'il l'eût vue ou entendue venir, en effet, une éblouissante apparition se dressa à son côté. Il fit face et s'apprêtait déjà à présenter ses devoirs quand l'apparition poussa un cri de frayeur. Elle se serait certainement laissée glisser à terre si Rouma ne l'avait aussitôt soutenue.
— Mademoiselle !... Excusez-moi... Je suis navré de vous avoir causé cette peur. Je cherchais...
Déjà elle se reprenait.
— C'est à moi de m'excuser, monsieur. Un léger malaise, moins que rien. Monsieur ?...
— Comte Paul de Brémonval, affirma audacieusement Théodore Rouma. De passage dans la région... Des amis m'ont vanté les beautés d'Holdincourt... Si bien que...
— Oui, oui, je comprends, fit-elle comme machinalement, mais sans cesser de l'examiner de ses yeux d'où tout sujet d'effroi ne semblait pas banni.
Ce trouble persistant, qu'un observateur tel que Rouma ne pouvait pas ne pas remarquer, et dont la cause, toutefois, lui échappait, n'était pas ce qui surprenait le plus le soi-disant comte de Brémonval. Belle, la jeune fille – on lui donnait au plus vingt-deux ans – l'était incontestablement. Mais elle était très exactement arrangée et vêtue selon une mode que Rouma situa tout de suite au début du Premier Empire. Encore, sa longue robe brochée de soie d'or, à taille haute et à demi manches, qui laissait un léger décolleté à la gorge et retombait avec ampleur sur les pieds, tenait-elle plus du costume de cour que de la robe du soir d'une jeune châtelaine de l'époque 1804.
Et l'après-midi s'achevait à peine ! D'autre part, l'aspect rébarbatif d'Holdincourt, et plus encore les grands yeux gris rêveurs et toujours en émoi de la travestie, qui semblaient regarder plus loin qu'eux-mêmes, enlevaient toute idée de bal costumé ou de fête au château. Elle avait d'abondants cheveux châtains à reflets d'or, bouclés et relevés sur le front pur et pâle. Cette coiffure aussi datait étrangement, mais Rouma décréta in petto que nulle autre n'aurait mieux convenu à l'inconnue. Aucun fard sur le visage, aucun artifice. L'éclat seul d'une resplendissante beauté, le rayonnement de ces yeux mélancoliques, immenses, bien propres à livrer les moindres sentiments qui pouvaient agiter leur propriétaire.
Précédé de la jeune fille, dont il admira la démarche harmonieuse, Rouma gravit les marches menant à la baie d'entrée. Ils se trouvaient maintenant dans un vestibule d'honneur sur lequel s'ouvraient un escalier à révolution ainsi que plusieurs portes ouvragées. L'inconnue poussa l'une d'elles, toujours sans mot dire et comme sans se soucier de savoir si Rouma la suivait.
— Mon Dieu, Pauline ! Qui donc m'amenez-vous là ? fit entendre une voix cassée, mais encore autoritaire qui montait d'un profond fauteuil en acajou au dossier incurvé.
Celle qui se prénommait ainsi fit signe à Rouma d'avancer.
— Par exemple !...
Une vieille femme, petite, sèche, au visage parcheminé, coiffée et habillée, elle aussi, comme on ne l'est plus, mais comme on l'était sous l'Empire, s'était dressée d'une pièce devant le prétendu comte de Brémonval. Puis elle parut subitement fauchée aux genoux et retomba dans son fauteuil. Ses lèvres minces et gercées tremblaient et, dans ses yeux, qui allaient du visiteur à la jeune fille, dansait une lueur dont Rouma n'aurait su dire si elle trahissait la frayeur ou la colère, le doute ou l'alarme. Mais la vieille dame sut vite dominer son émotion.
— Brémonval ? chercha-t-elle après que notre héros se fut respectueusement présenté. Brémonval, oui, certainement... Peut-être ai-je connu votre père, monsieur ? Ou bien s'agit-il sans doute d'une vague ressemblance. Mes yeux ne sont plus très sûrs, et puis nous...

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