Stella
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Description

« Par la vitre du TGV qui l’emporte vers Marseille, Bernard regarde sans le voir, le paysage qui défile à vive allure dans la grisaille bas de plafond de l’Yonne. Comment pouvait-on passer ainsi, en seulement quelques instants, d’un bonheur parfait à … "ça" ? Il n’arrive pas à le comprendre. Tout avait pourtant été organisé avec le plus grand soin… Il regarde dans sa main crispée, les deux billets de train. Deux billets et, maintenant, un seul voyageur. Immobile, il regarde cette même main qui, quelques heures plus tôt, avait brandi ce pistolet. Un pistolet ridiculement petit et pourtant assez puissant pour la tuer ». Avec ce second roman, J.N. Thibault vous propose une promenade dans les codes gris des intrigues dites convenues, pour mieux les faire voler en éclats. Révélant les âmes sombres des gens ordinaires, il vous entraînera dans une spirale vertigineuse, une descente en vrille allant du polar addictif aux abysses d’un roman noir-foncé.

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2015
Nombre de lectures 6
EAN13 9782312033211
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Stella
Jean-Noël Thibault
Stella LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN :978-2-312-03321-1
À Coralie.
Introduction
L9ndi 10 j9in 2013, 10:30. Bernard D9p9y a cinq9ante-et-9n ans, cinq9ante hioers et 9n printemps et si q9elq9’9n l9i aoait dit 9n jO9r q9e sOn nOm fig9rerait dans la première phrase d’9n rOman, il a9rait sûrement été pris de dO9tes q9ant à la santé mentale de sOn interlOc9te9r. Il fa9t dire q9’il est l’incarnatiOn parfaite d9 q9idam, 9n être transparent dOnt l’éoent9elle prOfOnde9r est masq9ée par 9n cr9el manq9e d’épaisse9r, 9n de ces innOmbrables incOnn9s q9i oioOtent des existences mOnOchrOmes sans q9e jamais persOnne n’y prête la mOindre attentiOn. NOn, rien n’aoait jamais été oraiment digne d’intérêt dans sOn jardin infra-Ordinaire. Pendant de lOng9es années, il était resté prisOnnier dans la tOile d’9ne c9lpabilité sOigne9sement tissée par 9ne mère trOp présente et n’aoait pas p9 oiore sa oie. COnditiOnné dès l’enfance, il s’était oO9é à elle, prenant sOin de ses simagrées hypOcOndriaq9es aoec la bienoeillance d’9n fils mOdèle, sans jamais se rebeller, jO9r après jO9r, année après année, j9sq9’à ce q9e finalement, elle parte pO9r le grand oOyage et le laisse se9l et désœ9oré. C’était l’année dernière et dep9is, la oie de Bernard semblait prOmise a9 silence d’9ne sOlit9de implacable. Chaq9e jO9r s’entassait s9r l’enn9i d9 précédent, dans 9ne interminable s9ccessiOn de oides, 9n mille-fe9ille de papier sans rien écrit dess9s. Et p9is, s9rgie de n9lle part, Stella était entrée dans sa oie. Un ilOt inespéré dans cet Océan gris, 9n si bea9 rioage q9e Bernard ne pO9oait crOire à sa chance. En à peine q9elq9es mOis, il était passé d9 oide absOl9 à la pl9s br9lante des passiOns, de la sOlit9de d’9n silence assO9rdissant a9 fOl espOir d’9ne oie he9re9se… Et tO9t ça pO9r finir ce matin, anéanti en à peine q9elq9es instants. Par la oitre d9 TGV q9i l’empOrte oers Marseille, Bernard regarde sans le oOir, le paysage q9i défile à oioe all9re dans la grisaille bas de plafOnd de l’YOnne. TO9t en l9i n’est q9e sO9ffrance. COmment pO9oait-On passer ainsi, en se9lement q9elq9es instants, d’9n bOnhe9r parfait à… "ça" ? Il n’arrioe pas à le cOmprendre. PO9rtant, tO9t aoait été Organisé aoec le pl9s grand sOin. Il aoait oidé sOn cOmpte bancaire, acheté les billets de train et de ferry pO9r Stella et pO9r l9i, aoant de partir la rejOindre chez elle. Ce matin, ils aoaient préo9 de f9ir ensemble pO9r tO9jO9rs, partir oiore le9r amO9r, ne pas tO9rner la page, nOn, mais l’arracher aoec fOrce d9 liore de le9rs oies, disparaitre par s9rprise et repartir à zérO. A9 pOrt de BOnifaciO, sOn oOilier était prêt à les empOrter oers des hOrizOns lOintains, rien q9’elle et l9i et assez d’argent pO9r la oie simple à laq9elle ils aspiraient tO9s les de9x. Il regarde dans sa main crispée, les de9x billets de train. De9x billets et, maintenant, 9n se9l oOyage9r. ImmObile, il regarde cette même main q9i, q9elq9es he9res pl9s tôt, aoait brandi ce pistOlet… Un pistOlet ridic9lement petit et pO9rtant assez p9issant pO9r la t9er. Il reoOit, cOntrastant aoec la blanche9r d9 tapis, cette immense flaq9e de sang, si rO9ge, jailli de ce même cOrps q9’il aoait tant de fOis caressé, embrassé et serré cOntre l9i. Ô9i, en cette jO9rnée f9neste, le destin les aoait rattrapés et maintenant, s’il ne oO9lait pas finir en prisOn, il deoait f9ir a9 pl9s oite. Marseille et p9is la COrse, disparaitre à jamais, cOmme ils aoaient préo9 de le faire, mais sans elle, laissant derrière l9i cette oie q9i était redeoen9e sOmbre ce matin, 9n pe9 aoant sept he9res.
Chapitre 1
06:58, le même jour. Encore un matin, un matin pour rien… Brice Paulard n’a pas d’âge, du moins en apparence. Pour ceux qu’il croise, il n’est plus assez jeune pour être jeune et pas encore assez vieux pour l’être non plus. A tout le moins, il est à l’âge où l’on sait enfin que les jours sont comptés et qu’il ne faut plus laisser passer le temps sans le regarder en face. Ce matin encore, Goldman s’est invité dans sa tête avant même qu’il n’ait ouvert les yeux. Juste les deux premiers vers de la chanson qui tournent en boucle dans son crâne comme un mantra et, comme s’il s’agissait d’une mauvaise haleine qu’il aurait trainé avec lui depuis trop longtemps, Brice aurait bien aimé qu’il existe des brosses à cerveau… Un nouveau genre de balai à chiottes, se dit-il en soulevant péniblement les stores grinçants de ses paupières. Assis sur son lit, il tient dans ses mains son réveil et le regarde, comme toujours, juste avant qu’il ne sonne : 06:59… et dès qu’il se déclenche, il lui met une petite tape sur la tête pour le faire taire, avant de le reposer soigneusement à sa place, sur la table de nuit. Il jette un rapide regard à sa chambre, à peine éclairée par le jour qui s’est levé avant lui et pointe le bout de son nez entre les doubles rideaux volontairement mal fermés. Les bibelots démodés sont soigneusement alignés, comme autant de témoins de la maniaquerie de leur propriétaire, sur les meubles de style héritage. Seul un peu de c ourrier posé négligemment sur le secrétaire semble prendre en défaut ce lieu suspendu hors du temps. Brice se lève, s’étire, enfile ses chaussons posés toujours à la même place, sur la carpette en fausse laine beige qui borde le lit et trainant un peu des pieds, s’avance jusqu’à la cuisine, allume la cafetière préparée de la veille, puis glisse à travers le couloir jusqu’à la salle d’eau, se fait couler un bain avant de retourner dans sa chambre. Après s’être lavé, il remet méticuleusement la couette en place sur le lit, prend dans l’armoire un autre polo à crocodile, identique à celui qu’il portait la veille, une paire de chaussettes et un slip noirs qu’il enfile sans y prêter attention. Un rapide coup d’œil sur le pantalon d’hier lui confirme que ça fera encore l’affaire aujourd’hui. Brice approche le bol fumant de son visage et souffle doucement. Il boit, le regard perdu dans le silence de sa cuisine puis il lave son bol dans l’évier et le replace sur l’égouttoir, où il le reprendra demain matin. Sa petite routine matinale est terminée et il est prêt à partir au boulot. Il jette un œil à l’horloge du four qui indique 07:30, comme tous les matins, retourne dans l’entrée, attrape le holster en cuir marron qu’il fixe à sa ceinture, y enfourne son 38 spécial après avoir machinalement vérifié le contenu du barillet, seulement cinq balles et la chambre vide en face du percuteur, enfile son vieux blouson et s’en va travailler. C’est un de ces rares moments que Brice affectionne. Les rues ne sont pas encore pleines de bruit et les gens qu’il croise ont davantage une mine endormie que cet air ronchon tellement caractéristique des Parisiens. Il fait encore frais, le ciel est parfaitement bleu-ciel. Une belle journée, quoi… Machinalement il sifflote la chanson de Goldman. – Et merde ! Va falloir que ça me sorte de la tête maintenant. Avant d’être mis à l’écart, Brice consacrait toute son énergie mentale à son travail mais maintenant, son cerveau lui joue du Goldman… C’est tout ce qui lui reste. Ça et cette routine administrative sans intérêt dans laquelle on l’a cantonné pour le punir. Avec une profonde
amertume, il repense à toutes ces années passées au 36, à la brigade criminelle, où il était apprécié pour son flair. Perdu dans sa nostalgie, il tourne au coin de la rue La Condamine, enjambe les quelques mètres qui restent de la rue Truffaut et s’engouffre dans le commissariat du XVIIème arrondissement. Il dit bonjour, parce qu’on dit bonjour quand on est bien élevé et Franck, à l’accueil, lui répond d’un clin d’œil et d’un signe de main amical, puis réexplique au jeune homme énervé qui lui fait face, vêtu comme un champion de poker (sweater à capuche, lunettes noires et gros casque audio parce qu’il faut bien avoir un truc gros pour faire plaisir à tonton Sigmund) qu’il ne prendra pas sa plainte pour ce soi-disant vol de téléphone portable qu’il vient de subir. Brice descend les quelques marches qui mènent au sous-sol, arpente le couloir enguirlandé de néons partiellement défectueux, dont la lumière fatiguée s’étale sur les murs gris, passe devant les cellules de garde à vue et entre dans ce merveilleux local qui, avant de devenir son bureau, était un cagibi encombré d’archives poussiéreuses. Il s’assied à sa place, allume son vieux PC hors d’âge et regarde, l’air rêveur, le vasistas rectangulaire, seule ouverture sur le monde extérieur en haut du mur jauni. Il boit doucement son tafé. Du tafé… C’est comme ça qu’il appelle son "long sans sucre", parce que c’est du café pour taffer et comme c’est presque aussi peu fort que du thé, il appelle ça du tafé. Lui, ça l’amuse et après tout, cette blague est un peu à l’image de ce qu’est devenue sa vie, vraiment pas de quoi en faire un plat. La torpeur matinale de Brice est interrompue par l’arrivée d’un homme relativement jeune qui se tient immobile au seuil de la porte et s’exclame d’un ton narquois : – Slalom ! Brice sursaute et lève les yeux en affichant une mimique quelque peu inhospitalière. – Quoi ? – Slalom, j’ai dit. Brice fait une moue exprimant une incompréhension entachée de mépris qui pousse son visiteur à préciser : – C’est un mélange de Salâm et Shalom. Brice soupire. – Ça va pas mieux, mon pauvre Hadrien. C’est la nouvelle mode au 36 ? – Non, j’ai trouvé ça tout seul ce matin, précise Hadrien, fièrement. Je mets la Charia avant l’Hébreu, ajoute-t-il, ne pouvant s’empêcher de rire de sa propre blague. Brice sourit. – Pas mal, celle-là. Tu as fait des progrès, côté vannes. Qu’est-ce qui t’amène dans mon placard ? – On m’a confié une affaire, une scène de crime dans le quartier et Morisset m’a dit de te prendre pour me seconder. En d’autres circonstances, l’idée qu’on lui demande de faire équipe avec un bleu comme Hadrien lui aurait été insupportable mais ce matin, Brice ne boude pas sa joie. Son regard s’allume. – Génial ! – Ouais. Il a peut-être pensé qu’il était temps de te redonner ta chance. – C’est une bonne nouvelle, ça. Alors, de quoi s’agit-il ? – Un double homicide. Police Secours a été alerté vers sept heures ce matin et les blancs sont sur les lieux.
– Tu as des infos sur les victimes ? – Eh bien, d’après les premières infos qu’on a, c’est une arpenteuse et son barbichon. Le mac est refroidi et elle, apparemment, elle n’est pas près de retourner courir l’aiguillette, d’après ce qu’on m’a dit. Il parait qu’elle est en train de calancher. – Hébé, tu regardes trop de vieux films, Hadrien, ça fait du tort à ton vocabulaire. On a autre chose ? demande Brice en se levant de sa chaise. Hadrien regarde son Smartphone, à la recherche d’informations et finit par répondre : – Non, je n’ai pas encore reçu les pédigrées. On y va ? Sans rien répondre, Brice part en direction de la sortie. Dehors, les deux hommes partent à l’aventure dans la vieille Clio banalisée qui est garée sur une place réservée, juste devant la porte du commissariat. – On va où ? demande Brice. – Pas loin, rue de Clichy.
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