Tigres et châtiments
148 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
148 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description


Le grand jour approche : le mariage de Gopika Pathak et de Sonam Lepcha sera célébré sous peu. Mais la fête tombe à l’eau quand le colonel Lepcha est appelé d’urgence sur une enquête très délicate, mettant en jeu les intérêts de l’Inde dans sa rivalité avec la Chine. L’affaire s’annonce longue. Elle risque de repousser à loin la date du mariage si nos héros n’arrivent pas à démêler rapidement cet écheveau d’assassinats sordides, de trafics d’objets d’art et de rivalités religieuses anciennes.



Sous les torrents d’eau de la mousson du Bengale, Gopika et son fiancé vont se trouver confrontés à des trafiquants rapaces, des sâdhus inquiétants, et même des tigres mangeurs d’hommes... Mais Gopika est prête à tout pour sauver leur bonheur !







Ce 6e épisode des Crimes en Himalaya met en scène le couple Gopika-Sonam, qui n’est pas sans rappeler les Beresford d’Agatha Christie. Délicieusement dépaysante, cette série himalayenne de Bernard Grandjean, sous ses aspects bollywoodiens, nous sensibilise avec humour à la complexité des rapports entre l’Inde, la Chine et le Tibet.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juillet 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782374537771
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Le grand jour approche : le mariage de Gopika Pathak et de Sonam Lepcha sera célébré sous peu. Mais la fête tombe à l’eau quand le colonel Lepcha est appelé d’urgence sur une enquête très délicate, mettant en jeu les intérêts de l’Inde dans sa rivalité avec la Chine. L’affaire s’annonce longue. Elle risque de repousser à loin la date du mariage si nos héros n’arrivent pas à démêler rapidement cet écheveau d’assassinats sordides, de trafics d’objets d’art et de rivalités religieuses anciennes.
Sous les torrents d’eau de la mousson du Bengale, Gopika et son fiancé vont se trouver confrontés à des trafiquants rapaces, des sâdhus inquiétants, et même des tigres mangeurs d’hommes… Mais Gopika est prête à tout pour sauver leur bonheur !
Ce 6e épisode des Crimes en Himalaya met en scène le couple Gopika-Sonam, qui n’est pas sans rappeler les Beresford d’Agatha Christie. Délicieusement dépaysante, cette série himalayenne de Bernard Grandjean, sous ses aspects bollywoodiens, nous sensibilise avec humour à la complexité des rapports entre l’Inde, la Chine et le Tibet.




Bernard Grandjean est l’auteur d'une quinzaine de romans. La plupart de ses livres sont centrés sur l’Asie et l’Himalaya, tel Moi, Das, espion au Tibet , sorti en 2014 aux Editions Tensing.
Ces 15 dernières années, l'auteur a publié chez Kailash Editions les biographies romancées de personnages hors du commun de l'Histoire du Pays des Neiges (le VIe Dalaï lama et la reine Bhrikuti), ainsi que 9 titres de la série des enquêtes de Betty Bloch, bien connue des amoureux du Tibet.
Crimes en Himalaya est sa nouvelle série policière, qui met en scène un duo atypique : Gopika, jeune enseignante indienne et Doc Tenzin, médecin traditionnel tibétain. Ensemble, sur les terres himalayennes et sur fond de turbulences politiques entre Tibet, Chine et Inde, et de corruptions en tous genres, ils vont mener l’enquête pour résoudre meurtres, intrigues, mystères...
Tigres et châtiments
CRIMES EN HIMALAYA #6

Bernard GRANDJEAN
38 rue du polar Les Éditions du 38
Tigre, Tigre ! Flamme luisant Dans les forêts de la nuit, Quelle main, quel œil immortels Ont pu fabriquer ton effrayante symétrie ? William Blake
PRINCIPAUX PERSONNAGES

Gopika Pathak , professeure d’anglais et de hindi à l’école tibétaine de Namdang (Sikkim, Inde).
Sonam Lepcha , Sotcha pour les amis, officier de police de l’État du Sikkim.
Tenzin Mingour , Doc Tenzin pour les amis, médecin traditionnel tibétain à Namdang.
Baba Karnaripa , gourou d’un ashram proche de Cooch Behar.
Swami Debnath , disciple favori de Baba Karnaripa.
Rakesh Prabhu , commerçant à Cooch Behar.
Tanju Patil , marchand d’art de Bombay.
Bharati , jeune femme adepte de la secte de Baba Karnaripa.
CHAPITRE I
Dans la petite hutte, faiblement éclairée par la flamme vacillante d’une lampe à huile, règnent un silence de tombeau et une chaleur d’étuve. Sur un plateau de cuivre, à côté d’un chillum 1 et d’un bol en bois, trône une image colorée de Shiva dans son cadre argenté. Le dieu est représenté assis sur une peau de tigre, tenant un trident, la main droite en mudra de protection. Un noir serpent nâga lui fait un collier. Son corps bleuté se détache sur fond d’Himalaya, d’où s’écoule le Gange.
Au centre de la pièce, sur une natte usée, un couple nu est assis face à face, les jambes de la jeune femme ceinturant les reins de son compagnon. L’homme n’a guère plus de trente-cinq ans. Ses cheveux tressés en dreadlocks sont remontés en pyramide, et dominent un visage encadré par une fine barbe. Il porte à l’oreille un kundala , gros anneau de bois qui est la marque de sa secte, et un long collier de graines de rudraksha 2 , aussi noir que le serpent de l’image sainte, pend à son cou.
La femme semble avoir à peine vingt ans. Ses longs cheveux flottent librement jusqu’au bas de son dos. Elle est frêle, ses bras minces et ses épaules étroites contrastent avec ses seins lourds. Elle porte un collier identique à celui de l’homme.
La sueur donne à leur peau une brillance de statue de bronze. La tête droite et les yeux mi-clos, ils restent immobiles ; seul leur souffle anime leur corps, creusant leur ventre et gonflant leur poitrine selon un rythme lent et maîtrisé. Abandonnés corps et âme à leur quête d’Absolu, ils sont unis ainsi depuis le moment où, afin d’ouvrir les portes de leur esprit et maîtriser leur corps, ils ont bu le breuvage sacré et fumé le chillum . Une prière muette semble s’échapper de leurs lèvres closes.
Le temps passe, mais alors que le regard de la jeune femme demeure extatique, celui de l’homme soudain s’anime. Ses doigts se crispent sur les épaules de sa partenaire, ses lèvres s’entrouvrent, il semble revenu de son voyage vers l’indicible. Progressivement, son visage serein de quêteur d’absolu fait place à un masque de souffrance. Son corps frémit, ses reins se cambrent, sa respiration s’accélère. Le regard de la jeune femme s’affole, elle tente vainement de s’écarter de lui.

Plus tard, alors qu’ils sont assis épaule contre épaule et qu’elle pleure en silence, il lui tient un long discours :
— … Je vois un temple en marbre blanc incrusté de pierres colorées comme le Taj Mahal, illuminé la nuit par des dizaines de lustres scintillants. Des fidèles du monde entier viendront y prier, et déverseront de l’or à nos pieds, des monceaux d’or que je transformerai en images sacrées et en autels à la gloire du Seigneur Shiva… Tu seras ma Shakti, le véhicule sacré qui me mènera vers l’Unicité Ultime, et moi, l’esprit apaisé, j’échapperai aux griffes des démons de la luxure…
— Debnath, tu sais que ma vie est consacrée au Seigneur Shiva, dit-elle, les yeux rougis. Pas à toi, pas aux unions charnelles que tu m’imposes, et qui ont déjà eu de si tristes conséquences…
— L’amour charnel ne m’a jamais attiré non plus. Il n’est que le fruit pourri de l’air fétide qu’on nous fait respirer. Je constate qu’il arrive toujours un moment où l’esprit divin finit par s’écarter de moi. Nos rituels ne sont plus des portes vers l’Absolu, car à chaque fois, un démon parvient à s’insinuer en nous pour nous rabaisser au rang de bêtes…
— Un démon s’insinue dans ton esprit, Debnath, pas dans le mien, et de nous deux, la bête, c’est toi !
— Ce démon, je te jure que je le chasserai, afin qu’il n’y ait plus rien d’impur en nous. Et ensuite je t’épouserai, dès que les circonstances le permettront…
Il l’abreuve encore de propos exaltés traçant un avenir merveilleux, mais rien ne semble pouvoir apaiser la jeune femme :
— Mon seul souhait est de servir mon gourou, et le reste ne m’intéresse pas. Ce que tu m’imposes est pour moi un dévoiement ignoble, plus qu’un péché, un sacrilège !
— Ne me juge pas trop vite, Bharati, ni trop mal. Je te supplie d’ouvrir les yeux. Pendant que Baba-ji s’est mis en tête de sauver le monde, notre communauté s’épuise. Quand nous regardons autour de nous, que voit-on, sinon un petit groupe de sâdhus 3 faméliques qui ont tout juste encore la force de prier, quelques misérables paillotes près d’un temple quasi effondré, le tout perdu au milieu d’une jungle infestée de tigres ! Aucun pèlerin ne vient jusqu’ici durant la mousson, et il en vient de moins en moins à la saison sèche…
— Notre dénuement n’est rien d’autre qu’un acte de soumission à Dieu.
— Peut-être, mais il devient suicidaire. Encore quelques années, et il ne restera plus rien de cet ashram.
— Nous n’avons pas besoin de pèlerins ici, et tu oublies que pour gagner le peu d’argent nécessaire à la communauté, nous avons notre temple de Cooch Behar, où tu te rends pourtant très souvent !
— Ouvre les yeux… Ce temple ne représente rien, c’est une coquille vide. N’oublie pas que c’est sous ma pression que Baba-ji a accepté de le construire, et cela n’a été possible que parce que j’ai obtenu l’aide de généreux donateurs. Ce temple est ce que tu dis, juste le moyen de gagner quelques roupies pour que nous ne mourrions pas de faim. Mais jusqu’à quand ? Je me refuse à voir disparaître notre tradition sacrée !
— Tes discours sont parfois si élevés, Debnath, et tes actes si bas…
— Tu as raison. Je dois hisser mes actes à la hauteur de mes paroles, en prenant en main le destin de notre ashram avant qu’il ne soit trop tard !
— Baba-ji est très âgé, et il te considère comme son successeur. Il te reviendra de diriger cet ashram après son départ, et alors tu pourras prendre toutes les décisions qui te paraîtront justes.
— Nul ne connaît l’âge de Baba-ji, et il ne mourra que quand lui-même l’aura décidé, selon une ancienne pratique que les grands maîtres sont seuls à maîtriser. Mais il apparaît chaque jour plus clairement qu’il n’est plus en mesure de guider notre communauté, pour laquelle son départ rapide devient une question de vie ou de mort. De deux choses l’une : soit nous forçons Baba-ji à se retirer, soit notre communauté disparaît. Ce choix est entre nos mains, plus exactement entre les tiennes, Bharati !
— Chacun ici sait combien Baba Karnaripa s’est approché de la Délivrance ultime. Il a atteint un niveau de sagesse et de pratique tels qu’il peut obtenir cet état sublime. Mais tu sais aussi qu’un terrible souci lui commande de rester en vie : il craint que le Seigneur Shiva cesse de récréer le monde, qui disparaîtrait alors à jamais. C’est pour empêcher cela qu’il refuse la mort qui le libérerait… Je vois combien il est triste quand il m’en parle. Cette question le torture, et elle m’effraie aussi !
L’homme hausse les épaules :
— Je n’ai pas cette crainte. Depuis des temps immémoriaux, les fidèles de notre tradition prient le Seigneur Shiva créateur et destructeur, et il ne les a jamais abandonnés. Il est le feu, il est l’amour, il est le temps qui détruit et régénère. Je sais quoi faire pour qu’il n’en aille pas autrement à l’avenir.
— Pourtant, Baba-ji se fonde sur les textes anciens de notre tradition, qui annoncent cette fin du monde. Et les faits semblent donner raison aux textes : la terre se meurt !
Le sâdhu saisi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents