Triple meurtre à Neuilly
47 pages
Français

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Triple meurtre à Neuilly , livre ebook

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Description

Une jeune sténodactylo se fait embaucher en tant que secrétaire dans une agence de détectives.


Passionnée de romans policiers, elle se voit déjà mêlée à des aventures exaltantes.


Mais, quand elle rencontre son patron, celui-ci, au lieu de s’intéresser, comme tous les enquêteurs et journalistes de France, aux crimes, à Neuilly, de trois personnes d’une même famille, lui demande de se renseigner sur des assassinats datant de plus de cent ans et ayant rapport avec les chouans.


Décontenancée, elle va se lancer, dans les journaux d’époque, à la recherche de la moindre information sans se douter qu’à travers ces événements, son boss espère trouver l’identité de l’assassin du « Triple Meurtre à Neuilly »...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791070031544
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TRIPLE MEURTRE À NEUILLY

Par
Jean d’AUFFARGIS
CHAPITRE PREMIER
LA SECRÉTAIRE DE L'AGENCE MARCEL COMPULSE DE VIEUX DOSSIERS
 
Reine Fertans avait tout juste vingt et un ans, les cheveux châtains, les plus beaux yeux gris du monde, changeants, frangés d'épais cils noirs, un visage extrêmement jeune, à l'ovale pur et séduisant. Elle avait le cœur et la tête libres, du moins le croyait-elle. Elle portait d'ordinaire une robe toute simple en tissu imprimé, avec un petit chapeau clair incliné sur l'oreille.
Reine Fertans était sténodactylo et elle lisait des romans policiers, surtout ceux où le téméraire redresseur de torts terrassait les ravisseurs de la jeune héroïne et l'enlevait, avec son consentement, pour son propre compte.
Une secrétaire romantique, mais alerte, ponctuelle et souriante, un produit de la capitale. À seize ans, elle avait trouvé sa première place. À dix-huit, elle était orpheline et à vingt, son patron, un entrepreneur, lui avait proposé de... l'aider, si... Et comme il s'apprêtait à souligner d'un geste sa proposition, Reine l'avait souffleté – la quatrième gifle administrée de la sorte.
Après quoi, elle s'était cherché une nouvelle place.
« On demande sténodactylo sérieuse... »
Sérieuse... Il en avait de bonnes, l'annonceur. N'est-ce pas plutôt les employées qui demandent des patrons sérieux ? Circonspecte malgré les termes rassurants de l'annonce, Reine Fertans avait fait l'emplette d'une énorme paire de lunettes à verres neutres et s'était tiré les cheveux en arrière, une chevelure si jolie et mousseuse ! Mais baste ! ne fallait-il pas gagner son pain dans la tranquillité et le respect ?
L'adresse : Agence Marcel, avenue de l'Alma.
Monsieur Marcel – Agence Marcel, recherches, disait la plaque – ne répondait pas à l'idée que Reine Fertans, d'après ses lectures, s'était faite d'un « détective ». Il présentait même un aspect assez quelconque. La trentaine, un visage plat, le nez écrasé, les oreilles déformées comme celles des boxeurs, sans élégance, peu causant et passant le plus clair de ses après-midi sur les champs de courses.
— Bien jeunette, avait-il constaté, lorsqu'elle s'était présentée.
Puis, il avait eu un geste comme pour signifier : « Après tout, vous ou une autre... »
C'est Gilbert, le garçon de bureau, grand et sec, mais poli et prévenant, l'air maître d'hôtel, décida Reine, qui l'avait initiée au travail : journaux, classement, courrier, moins que rien, beaucoup de loisirs, coupés par de rares visites de maris trompés, que M. Marcel, lorsqu'il était là, éconduisait sans prendre garde de tenir son sérieux. Gilbert y mettait plus de tact et nuançait ses propos de quelques formules consolatrices, marquées au coin d'une philosophie désabusée, mais, à part cela, le résultat était identique.
Parfois, aussi, se présentaient, l'œil humide, de vieilles dames du quartier.
— J'ai perdu Azor, mon loulou...
— Il n'est pas ici, ma brave dame. Mais avez-vous pensé à la Fourrière ? faisait, narquois, M. Marcel, sans lever le nez de dessus son Paris-Sport.
Et la cliente, éplorée, de partir en claquant la porte.
Il y avait encore les intrusions volcaniques de Maître Baron, avocat d'affaires, attaché à l'agence.
— Mademoiselle, je suis pressé...
Néanmoins, il perdait un quart d'heure à tourbillonner dans le bureau, déplaçant un presse-papiers, une corbeille, feuilletant, sans les lire, des collections de vieux journaux, s'épongeant le cou, qu'il avait gras et luisant comme toute sa personne, d'un mouchoir de batiste large comme le creux de la main. Puis, il dépliait sa serviette de cuir sur un meuble et toujours debout, dictait des pièces, des rapports, farcis de noms, de dates. Il n'attendait pas que ce fût fini, arrachait la dernière copie de la machine et partait sur un sonore :
— À demain, mademoiselle !
On ne le revoyait plus de plusieurs jours.
Malgré le peu de travail et le marasme des affaires, marasme que l'Agence Marcel semblait cultiver amoureusement, Reine Fertans se félicitait d'avoir trouvé une place en or. M. Marcel lui versait régulièrement, tous les mois, la somme de deux mille cinq cents francs, soit un quart de plus que ce que lui donnait son dernier employeur, et toutes les semaines, un billet de cent francs qu'elle devait convertir, à la Civette, en paquets de cigarettes Chesterfield.
Pendant trois mois, Reine ne cessa de se perdre en conjectures sur la destination de ces paquets de Chesterfield, dont elle remplissait un tiroir du bureau ministre de son patron et auxquelles onques personne ne touchait. Tous les détectives des romans anglais qui la tenaient en haleine entre deux copies faisaient bien leurs délires de ces cigarettes à miel d'outre-océan, dont le parfum devait être si agréable. Mais, M. Marcel, lui, s'en tenait à ses éternelles Celtiques. Quant à Gilbert et à Maître Baron, le premier détestait le tabac et le second fumait, de loin en loin, que d'affreux cigares.
Interrogé sur ce petit mystère, propre à exciter sa curiosité, mais qu'elle désespérait de percer seule, Gilbert s'était borné de répondre, un sourire amical aux lèvres :
— Vous verrez....
Elle allait bientôt voir, en effet.
Un matin qu'elle venait d'arriver et se disposait à prendre place devant sa machine, l'avertisseur qui reliait son bureau à celui de son patron se mit à vibrer. Surprise, elle leva la tête. Pas d'erreur, c'était elle qu'on appelait. Le fait était d'autant plus surprenant que M. Marcel lui avait fait savoir qu'il comptait s'absenter deux ou trois jours et que, d'ailleurs, quand, par exception, il avait besoin de ses services, il se dérangeait avec familiarité.
Renonçant à comprendre, Reine poussa la double porte de séparation. C'est ainsi que commença toute l'histoire.
 
* * *
 
Un homme de trente-cinq ans environ occupait le fauteuil patronal. Le corps paraissait mince et musclé sous l'impeccable complet de serge bleue. Les yeux noirs, pétillants d'intelligence, avec un brin de mélancolie dans le regard, qui en adoucissait l'éclat, la fixaient, non sans trahir quelque étonnement.
— Vous paraissez bien jeune, dit l'inconnu. Ne vous défendez pas, c'est un privilège enviable... Cependant... Attendez.
Sa voix, bien timbrée, vibrait d'une puissance contenue. Il appuya l'index sur l'avertisseur et Reine vit alors seulement que l'autre main jouait avec un de ces fameux paquets de cigarettes Chesterfield dont une achevait de se consumer dans le cendrier.
Gilbert parut à ce moment.
L'inconnu avait froncé les sourcils.
— Ne m'avais-tu pas parlé, Gilbert, d'une personne d'un certain âge, une cousine à toi, si je me souviens bien, Gilbert ? Je ne pense qu'il s'agisse de Mademoiselle...
— Reine Fertans.
— Merci, mademoiselle.
Un frisson courut sur le visage de Reine. En dépit de ses lunettes et de l'arrangement de sa chevelure, l'inconnu – l'associé ou le commanditaire, sans doute – la trouvait trop jeune. Dommage ! Une si belle place et cet homme au visage ouvert, à l'élégance sûre et discrète, aux gestes aisés et ces yeux qui ne cessaient de l'examiner... Reine aurait aimé à travailler sous le regard de ces yeux-là. Elle ressentait un vif dépit. Les femmes sont ainsi faites. Elles s'écartent de qui les recherche et finissent par tomber amoureuses de qui veut les fuir.
Mais Gilbert était lancé dans une histoire compliquée, de laquelle il ressortait que sa cousine lui avait fait faux bond. M. Marcel et Gilbert avaient eu l'idée d'insérer une petite annonce dans un quotidien. La jeune fille, Reine Fertans, présentait d'ailleurs toutes les garanties. Elle leur avait raconté ses avatars dans ses précédentes places, elle était sérieuse, attentive, discrète et tout.
...

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