Un poignard dans la nuit
98 pages
Français

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Un poignard dans la nuit , livre ebook

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Description

La curiosité est un vilain défaut !


Sylvain Forêt, tennisman et professeur de bridge, va l’apprendre à ses dépens.


C’est en voulant découvrir pourquoi ses amis et partenaires de cartes ont refusé, dans une gêne évidente, de passer la soirée de Pâques avec lui et sa fiancée, qu’il se rend chez les Muray où toute la bande a coutume de se réunir.


Face à la réticence du vieux domestique, Sylvain force l’entrée : il ne manque que lui autour des tables de jeu.


Énervé et déçu, il décide de s’incruster et de regarder les autres taper le carton.


À son grand étonnement, chacun commet des erreurs qui leur sont inhabituelles, comme s’ils n’étaient pas concentrés sur la partie.


Soudain, la lumière s’éteint.


Quand elle se rallume quelques minutes plus tard, Sylvain constate que l’une des participantes a été poignardée en plein cœur...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385011444
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UN POIGNARD DANS LA NUIT
Roman policier

par René BYZANCE
CHAPITRE PREMIER
TENNIS ET BRIDGE EN GUISE DE PROLOGUE

Sur les courts du Nice Lawn-Tennis Club, le Tournoi de Pâques s'achève. Une assistance à la fois nombreuse et choisie suit la danse rapide et capricieuse de la balle qui vole de raquette à raquette, rase le sol, s'élève, rebondit.
Deux hommes sont en présence qui s'affrontent en un combat singulier. Entre eux tout s'oppose. Le premier, Pier Petersen, est un géant blond qui descend tout droit des Vikings. Le second, de taille moyenne, mince et souple, les cheveux sombres, la peau mate, est un fils de la Méditerranée, Sylvain Forêt oppose l'adresse à la puissance, les subtilités de l'esprit à la force brutale.
L'arbitre compte les points tandis que le silence s'épaissit. « Balle de match », proclame-t-il. Petersen, les muscles tendus, la face crispée, décoche un boulet de canon que Forêt ne peut reprendre...
La partie est jouée. Forêt, souriant, va tendre la main à son vainqueur, tandis que des « Ah » de déception partent des enceintes. Puis, nullement fatigué en apparence, il saute par-dessus le filet pour rejoindre plus vite quelqu'un. Avec peine, il fend la foule pressée qui entoure le vestiaire. Du regard il cherche quelqu'un, le reconnaît, sa physionomie s'éclaire.
— Attendez-moi ici, je serai à vous dans un instant, mon petit.
Combien sa voix s'est faite douce pour dire « mon petit ». La caresse de l'eau tiède, l'étreinte brutale de la douche glacée : revigoré, sifflotant un refrain à la mode, Sylvain se rhabille en hâte. Non, il ne la fera pas trop attendre.
Mireille Carle est jeune et frêle. Est-elle jolie ? À cette question, chacun répondra selon son goût. Elle ne frappe pas par une de ces beautés éclatantes qui éblouissent et fascinent au premier aspect. Mais, si on la considère, on se sent lentement conquis par le charme discret qui émane de sa personne, par sa chevelure châtain clair encadrant un profil de page florentin, par ses yeux noisette au regard un peu lointain, par la chaste vénusté d'un corps à peine sorti, semble-t-il, de l'adolescence. Elle a déganté d'avance sa main aux doigts fuselés pour la poser dans celle de Sylvain, et son cœur bat sur un rythme rapide.
Le battant de la porte s'écarte. Il est là devant elle et elle l'admire.
— Oh ! Sylvain, dit-elle, vous n'avez pas eu de chance.
— Ne parlons plus de cela. Petersen était le plus fort. Le résultat est régulier.
— Oui, dit Mireille en se suspendant à son bras, oublions ce vilain tennis qui vous enlève à moi, qui vous accapare. Emmenez-moi vers la ville. J'ai une envie folle de manger des gâteaux.
— Vos désirs sont les miens, mon petit.
Un peu à l'écart, un personnage rondelet, à l'élégance quelque peu voyante et vulgaire, a épié la fin du colloque. Il s'approche.
— Forêt, fait-il, Marchal et Lili Boucher comptent sur vous pour le bridge, et moi-même j'aspire à prendre une leçon de notre incomparable professeur.
— Un bridge ! répond Sylvain tout joyeux, quelle bonne idée ! Ça me délassera.
— Mais Sylvain, vous m'aviez promis..., objecte Mireille, navrée.
— Pardonnez-moi. Quand un quatrième manque, compléter une table est un devoir. Vous vous assiérez bien sage à côté de nous et vous marquerez les points tout en suivant le jeu.
Mireille Carle se retient de pleurer. Elle se faisait une fête de se rendre avec son Sylvain, par le chemin le plus long, vers quelque confiserie, dont l'arrière-boutique offre des fauteuils profonds et un éclairage tamisé à ceux qui s'en vont deux par deux. Et, en dedans d'elle, elle murmure :
— Maudit tennis et maudit bridge qui m'enlèvent Sylvain !
Dans la salle vaste et claire du Club-House, serrée contre son ami très cher, elle se rassérène. L'atmosphère est pleine de quiétude, le thé embaume et les toasts croquent sous la dent. Et puis, il joue si bien ! Sans feindre la négligence, il ne laisse passer aucune faute et il exploite savamment les moindres erreurs de ses adversaires.
Cornil, gros éleveur de Camargue, propriétaire, par snobisme, d'une écurie de courses, confond le bridge et le poker. Il surestime sa main, ne consent à aucun prix à laisser une enchère à un autre, fût-ce à son partenaire. Rougeaud, rondouillard, promis à une proche calvitie, parle un peu trop fort, laisse éclater avec trop de véhémence sa joie ou son dépit. Mais, malgré tout, il est sympathique. Plus sympathique à coup sûr que Georges Marchal, un grand dépendu, raide comme un candélabre et qui, le monocle vissé dans l'orbite, laisse de temps en temps tomber un mot et administre son jeu avec la parcimonie d'un vieux grigou malgré ses vingt-cinq ans. Plus sympathique, peut-être aussi, que Lili Boucher, une femme entre deux âges, à l'allure et à la tenue masculines, qui écrit des poèmes ésotériques et choisit chaque carte d'après d'interminables méditations, comme si le sort du monde était en balance.
Les robres succèdent aux robres sur des rythmes divers. L'heure s'écoule. Sur le papier tenu par Mireille, la colonne des profits de Forêt s'allonge comme le total des pertes de Cornil. Un quatre cœurs contré, enlevé par Sylvain et Lili Boucher termine la partie. Cornil, radieux, ouvre son portefeuille. Il a perdu assez gros, mais la leçon valait plus que cela. Avant de se séparer, on échange quelques propos mondains. Forêt demande, par pure courtoisie :
— Que ferez-vous ce soir ? On pourrait se retrouver.
C'est étrange, cette question banale provoque une gêne. Cornil, Marchal, Lili Boucher toussotent et se consultent du regard. Une pause, et l'éleveur camarguais bredouille :
— Nous ne savons pas... Nous n'avons arrêté aucun programme.
— Ah ! vous savez, fait Forêt, désinvolte, mon intention n'était pas de vous imposer ma présence.
In petto, il se dit :
« Je me demande ce qui peut bien les troubler. Y aurait-il un mystère là-dessous ? ».
Ses yeux pétillent. Sylvain Forêt adore, pour les percer à jour, les mystères.
Dehors, il fait bon. L'air qui s'endort est parcouru par les premiers frissons du printemps dont les fleurs attestent la présence. Pour la fête nocturne, la Baie des Anges pare sa courbe harmonieuse d'un collier de clarté. Au bras de Sylvain, Mireille se fait lourde. Dans la foule, elle s'enivre de solitude : près de lui, la multitude s'évanouit.
Il est distrait. Une énigme hante son cerveau.
« Pourquoi, se répète-t-il, les ai-je troublés quand je leur ai demandé ce qu'ils feraient ce soir ? La question est pourtant bien innocente. »
Un camelot lui tend un journal du soir dont il parcourt les titres sous un lampadaire. Tiens ! un rentier a été assassiné près de La Garenne-Colombes. Malgré les protestations de Mireille qui déteste rester immobile au milieu de la cohue, il ne peut écarter la tentation de lire le fait-divers jusqu'au bout de même d'en reprendre le texte. Déjà, il bâtit tout un roman dans son crâne. Quel est le coupable ? Le laitier, la femme de ménage ou le marin retraité, tous trois en rapport avec la victime ? Sylvain Forêt, en dilettante, s'est souvent distribué le rôle de détective. Il est à croire qu'il a le don de résoudre les problèmes criminels, car plusieurs fois il a découvert la solution bien avant la police. Pour lui, les enquêtes sont aussi un jeu, le plus passionnant de tous : la liberté et la vie des hommes en constituent la mise.
CHAPITRE II
UNE ÉTRANGE SOIRÉE

Sylvain Forêt et Mireille Carle ont dîné en tête à tête dans un petit restaurant dont la clientèle se recrute dans des milieux différents. Roublard, le patron tutoie indifféremment le fils du coiffeur qu'il a presque vu naître et le lord. De la terrasse, on entend la mer invisible et proche jouer aux castagnettes avec les galets. Il semble qu'elle apporte elle-même, avec ses effluves salés, les coquillages vernissés, les rougets, les mostelles qui achèvent, sur les tables, leur vie aquatique. Ces tables sont étroites. Mireille a beau replier ses jambes sous sa chaise, ses genoux touchent ceux de Sylvain. Elle rougit : c'est une jeune fille sérieuse. Si elle fréquente Sylvain – la chose est entendue entre eux – c'est pour le bon motif. Exceptionnellement, ce soir, parce que c'est Pâques, ses parents lui ont donné la permission de minuit.
Pour charmer les heures nocturnes, loin des cinémas populeux, la nature offre ses espaces et le ciel son plafond lumineux. Leur cœur dictera un scénario sans surprise, mais toujours enchanteur.
En apparence, ils errent à l'aventure. Mais Sylvain, inconsciemment peut-être, ramène sa compagne vers la colline du Parc Impérial, au flanc de laquelle le tennis accroche ses terrasses ocrées. Le Club est dépassé. Le long de l'avenue sinueuse se détachent des rues désertes.
Si, en passant, nous allions dire un petit bonsoir à nos amis Muray, propose Sylvain avec nonchalance. Ils se couchent tard, d'ordinaire.
Rue Anatole-France, une grande villa, dont les murs paraissent plus blancs encore sous la lune, dresse une architecture vaguement mauresque. Sylvain sonne à la grille. Non, ses amis britanniques ne sont pas couchés : toutes les fenêtres du rez-de-chaussée sont illuminées.
Un pas traînant. Un valet de chambre aux favoris et au gilet rayé classiques vient ouvrir.
Bonjour, Joseph. Je ne dérange pas Sir et Lady William ?
Le domestique reste coi. Il a l'air fort ennuyé et il barre l'entrée de son corps.
Enfin, Joseph, reprend Sylvain, agacé, vous n'êtes pas devenu soudain sourd et muet ?
C'est-à-dire, monsieur Forêt... Je ne peux pas expliquer à Monsieur...
L'homme bafouille. Sylvain, de plus en plus intrigué le bouscule et entraîne Mireille à sa suite. Il bougonne :
Ce Joseph est totalement stupide. Il a dû célébrer Pâques par des libations excessives.
Dans le couloir, il perçoit des bouffées de musique, le bruit de pas glissant sur le parquet ciré. Cette fois, Sylvain est furieux. Les Muray sont des amis intimes, ils donnent une soirée et ils ne l'ont pas invité. D'une bourrade, il écarte les deux battants de la porte du salon. Le swing, déjà

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