Une Affaire Corse
206 pages
Français

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Description

Un meurtre commis à Corte, une ancienne petite-amie suspectée et voilà les vacances de l’inspecteur Mattei compromises. Au fil de ses recherches, en marge de l’enquête officielle, qui le mènent sur la piste des dérives mafieuses de la Corse, Dumè Mattei replonge dans les souvenirs de son enfance à Pianellu et de son adolescence passée à l’internat du lycée Paoli de Corte. Cette quête di tempi fà teinte le propos d’une tendre nostalgie. Le récit mêle si étroitement la fiction de l’intrigue policière à la réalité des événements qui ont ensanglanté la Corse dans des luttes fratricides au sein du mouvement nationaliste et des règlements de comptes parmi les truands, que le lecteur a parfois du mal à faire la part des choses. La réalité présente et passée de la Corse constitue la trame d’un polar bien dans son temps qui combine « enquête à l’ancienne » et technologies informatiques avancées. Ce roman nous dit tout l’amour de l’auteur pour son pays natal, mais c’est un amour lucide. Ce qu’il nous donne à découvrir de la Corse actuelle dans sa criminalité, dans son ostracisme et dans les relations familiales est sans complaisance. Il enleva la chaîne de sécurité et posa la main sur la poignée. Il était à cent lieues d’imaginer qu’il avait rendez-vous avec la mort et qu’il ne lui resterait plus que quelques instants à vivre dès lors que sa porte serait ouverte. Il l’ouvrit et fit bon accueil à son bourreau. On découvrit son corps sans vie en fin de journée.

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2013
Nombre de lectures 7
EAN13 9782312009704
Langue Français

Extrait

Une affaire corse

Petru Pianellu
Une affaire corse

L’inspecteur Mattei enquête













LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Edouard Nieuport 92150 Suresnes
A te o Mà


Ritornu (Antoine CIOSI)

Infine grazia a Diu riveghu u campanile
Ch’un ghjornu aghju lasciatu una mane d’aprile
Zitellu so pertutu ritornu capu biancu
Venghu a circa riposu perché oghje so stancu.

Enfin, Dieu merci, je revois le campanile
Qu’un jour j’ai dû quitter, par un matin d’avril.
Enfant, j’suis parti, je reviens les cheveux blancs,
J’viens m’reposer un peu, c’était si fatigant.


À mon ami Claude











Cette version est une réédition de la première édition, revue et corrigée.

© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-00970-4
Prologue
A ntoine Baretti avait tout lieu de se réjouir en ce vendredi 13 octobre.
Longtemps, il avait partagé avec nombre d’autres, la superstition phobique des dangers qui s’attachaient à ce jour de malchance.
Héritage religieux des malheurs du Christ qui fut trahi par le treizième apôtre et crucifié un vendredi 13 ou survivance de croyances païennes vikings qui voyaient en Loki, leur treizième dieu, le dieu de la guerre, un esprit malfaisant, il ne s’était jamais trop posé la question de l’origine des craintes que lui inspirait cette date de malheurs jusqu’à ce vendredi 13 du mois de juillet de l’année dernière.
Ce jour-là fut un jour béni des dieux. Antoine Baretti avait vu, contre toute attente, son sort s’améliorer aussi fortement que brusquement.
Ce fut une journée à marquer d’une pierre blanche qui avait bouleversé son quotidien et qui avait dégagé l’horizon de son avenir.
Il était devenu du jour au lendemain, et par un heureux coup du sort, immensément riche. Il avait trouvé dans cette nouvelle fortune matière à conjurer ses vieilles peurs et à satisfaire ses envies les plus exubérantes.
Pendant quelques jours d’hébétement, il essaya en vain d’imaginer ce que représentait la dizaine de millions d’euros qui était devenue l’unité dans laquelle s’évaluait désormais sa nouvelle fortune. Il avait beau la convertir en nombre de voitures qu’il pourrait s’acheter ou en nombre d’appartements comme celui dont il avait hérité de ses parents, il n’arrivait toujours pas à évaluer sa richesse. Après avoir calculé qu’il aurait dû travailler pendant près de mille ans pour gagner la même somme, il comprit qu’il n’avait plus à se priver de quoi que ce soit et il donna libre cours à son goût pour les choses luxueuses et raffinées.
Il avait décidé de vivre en nabab.
Il en avait les moyens et se vautra sans états d’âme dans l’opulence.
Son vieux Lada 4X4 rouge – enfin qui avait été rouge – qui l’avait emmené si souvent sur les sentiers du Cortenais, et pour lequel il avait un profond attachement, lui avait paru subitement bien poussif et incapable d’affronter les chemins les plus pentus ainsi que les dévers un peu trop accentués.
Il pouvait en changer. Il en changea.
Il aurait pu s’offrir un Hummer, ce qui constituait le top de la frime en matière de tous-terrains, mais il n’osa pas aller jusque là. Ça faisait ostensiblement trop nouveau riche. Il était de fort mauvais goût – cela pouvait même devenir carrément dangereux –, surtout en Corse, de s’afficher au volant d’un tel monstre dans les rues de sa ville. Il valait mieux ne pas inspirer trop de convoitise si on ne pouvait faire état de protections plus ou moins occultes.
Il avait opté pour le 4x4 de chez BMW qui était nettement moins ostentatoire et surtout qui alliait les qualités d’une grande routière au confort indéniable à celles d’un avaleur de pistes particulièrement efficace qui se riait des obstacles dans les chemins de traverse.
Ses goûts de nouveau riche s’étaient en revanche portés sans restriction aucune sur des vêtements que ne lui avait pas permis de s’offrir son traitement d’employé territorial au musée de la Corse à Corte et dont il avait toujours raffolé.
Il avait un faible pour le chatoiement de la soie et plus particulièrement pour ses vêtements intimes. Aujourd’hui, il portait une robe de chambre en soie marron-glacé assortie à un pyjama, en soie naturelle également, de couleur crème.
Il aimait tant le froufroutement du tissu qui coulait à chaque mouvement, telle une caresse, le long de ses membres !
En cette fin de matinée, il aurait dû s’habiller plus décemment pour recevoir, car il attendait une visite, mais il se sentait si bien et se trouvait tellement à son avantage dans cette tenue particulièrement seyante qu’il décida de ne pas quitter ses vêtements de nuit. Et puis, en tout état de cause, il se savait suffisamment familier avec son hôte pour que celui-ci ne s’offusquât pas de sa tenue vestimentaire. Cette tenue d’intérieur pouvait n’être vue, après tout, que comme la marque d’une certaine intimité.

Depuis la fin de l’été, les choses avaient sensiblement changé pour lui : des nuages lourdement chargés de menaces s’étaient accumulés dans le ciel, jusque là serein, de sa nouvelle vie.
Le conte de fées qu’il vivait depuis plus d’un an virait au cauchemar, et dans ses nuits, souvent sans sommeil, il méditait la morale de la fable de La Fontaine qui s’attachait au sort d’un savetier et d’un financier. Ce n’est pas qu’il eut regretté le temps où il partageait l’insouciance du savetier, mais trop souvent il attendait avec impatience les premières lueurs de l’aube qui allaient le délivrer de ses angoisses nocturnes et mettre fin à une nuit blanche.
Pourtant, la nuit dont il émergeait avait été calme et il ne désespérait pas de voir sa situation s’arranger en ce vendredi 13.
Il avait espoir qu’il en fut ainsi.
Il attendait quelqu’un qui saurait lui apporter du réconfort. Il allait pouvoir s’ouvrir des angoisses qui le minaient, et les personnes dignes de partager un tel secret et de bon conseil n’étaient pas légion à Corte. Certes, il ne manquait pas de copains de bistrot mais là il s’agissait d’une toute autre histoire : il avait besoin qu’on l’aide à trouver une solution aux problèmes qui le hantaient tout au long de ses jours et plus encore de ses nuits. Il espérait beaucoup de cette matinée.
C’est la mine épanouie et l’esprit tranquille qu’il se dirigea vers la porte d’entrée lorsque la sonnette annonça la visite tant souhaitée.
Il enleva la chaîne de sécurité et posa la main sur la poignée. Il était à cent lieues d’imaginer qu’il avait rendez-vous avec la mort et qu’il ne lui resterait plus que quelques instants à vivre dès lors que sa porte serait ouverte.
Il l’ouvrit et fit bon accueil à son bourreau.

On découvrit son corps sans vie en fin de journée.
La tête, fracassée d’un coup de chenet, reposait sur la table de sa salle à manger, dressée pour le repas. Ses somptueux habits étaient maculés du sang séché qui s’était écoulé du nez, des oreilles et du cuir chevelu profondément entaillé.
Nul doute que, s’il était resté fidèle aux peurs ancestrales que lui inspirait jadis le vendredi 13, il n’aurait rien entrepris d’important ce jour-là ; il aurait ainsi échappé à son funeste destin.
Il aurait été bien inspiré de rester dans le clan des triskaïdékaphobes {1} .
Chapitre 1
L ES VACANCES CORSES DE L ’ INSPECTEUR M ATTEI …

– Q uatre-vingts pique.
– Passe.
– Dis-moi, on annonce toujours quatre-vingts , deux as ?
C’était l’inspecteur de police Mattei qui posait la question à son partenaire. Il n’eut pas le temps de répondre que déjà leurs adversaires s’étaient récriés en chœur :
– Les conventions des annonces, on les fait avant de commencer la partie. La belote contrée c’est pas la parlante.
Dominique Mattei qui avait provoqué le courroux des deux joueurs prit un air contrit pour laisser tomber :
– Désolé ! Je joue aux cartes une fois par an et je me souviens plus, d’une année sur l’autre, de ces fichues conventions des annonces.
Il venait d’arriver la veille, en vacances, dans son village natal, ce qui lui valut l’in

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