Urbex, fantômes et drôle d enquête
83 pages
Français

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Urbex, fantômes et drôle d'enquête , livre ebook

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Description

Je profitais tranquillement de mon spot d’urbex préféré, une maison en ruine pas loin d’une petite rivière — idéale pour garder les bières au frais —, quand a débarqué le fantôme d’une fillette.


Si je m’attendais à un truc de ce genre, moi, un quadragénaire tout ce qu’il y a de plus normal !


Et me voilà à chercher son chien et ses parents !


Vous auriez fait quoi à ma place ?


Bien sûr, je ne pensais pas me retrouver au beau milieu d’une enquête pour meurtre !


Bref, je suis dans de beaux draps !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 décembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782493087287
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Urbex, fantômes et drôle d’enquête
Léon Maë Morgan

 
Avez-vous déjà essayé de savoir ce qui se trouvait au bout des chemins forestiers, à la fin des innombrables routes que vous n’empruntez jamais ? Vous êtes-vous déjà risqué après les passages marqués « entrée interdite », « route barrée », « voie sans issue » ? Moi, oui. Souvent. Très souvent, même. Je dois vous dire la vérité : neuf fois sur dix, c’est décevant. Soit c’est un cul-de-sac, soit une bête propriété privée, soit…
Mais laissez-moi vous raconter l’histoire depuis le début.

Quand j’étais petit, je passais fréquemment devant ce que j’imaginais être un château abandonné. Dans mon souvenir, en tout cas, c’était un château. En vérité, je pense que c’était plutôt un corps de ferme qui finissait de s’écrouler décennie après décennie. Tous les jours, je me disais : j’irai visiter le vieux château, et tous les jours, je remettais mon expédition à plus tard.
Parfois, la porte vermoulue était fermée et d’autres fois, entrouverte. Sans doute des inconnus plus téméraires que moi se hasardaient à l’intérieur. Plus âgés, aussi. J’avais huit ans et je n’avais pas le droit de me risquer dans cet endroit si dangereux.
Un jour, la ruine a disparu. J’en ai conçu un vrai chagrin, comme seul un enfant de cet âge peut en ressentir pour un vieux jouet que tout adulte aurait jeté à la poubelle.
En grandissant, cette envie d’inconnu ne s’est pas tarie. Lorsque l’occasion s’est présentée, en une vision d’antiques briques rouges à travers des branches dénudées par l’hiver, je n’ai pas hésité. J’étais adulte, et un peu plus courageux.
Le bâtiment en question, une école abandonnée, n’offrait pas grand intérêt. Des salles vides à l’odeur de poussière, de la peinture qui s’écaille, quelques vieux magazines aux côtés de canettes de bière plus récentes, tous ces signes d’un délabrement ancien rendaient cette bâtisse pitoyable. Mais alors, quelles sensations ! Seul dans cet endroit secret que je voulais croire inexploré malgré les preuves du contraire, je parcourais ce lieu avec une vigilance animale. Un silence que je n’osais briser et que je n’avais rencontré nulle part ailleurs mettait tous mes sens aux aguets. Ce jour-là, j’avais contracté la passion de l’urbex. Ceux qui partageaient l’engouement pour l’exploration urbaine, la visite plus ou moins légale de bâtiments, anciens ou non, m’avaient réconcilié avec la perte de cette vieille ferme-château, disparue à jamais.
Depuis lors, j’ai visité de nombreuses et anciennes constructions. Quelques-unes détruites par le temps, d’autres par l’activité humaine, et d’autres encore, qui semblaient avoir été préservées par quelque pouvoir surnaturel.
De ces visites, je n’ai jamais rien emporté. Aucun souvenir, rien de rien. J’ai toujours respecté les règles, celles qui me donnaient le sentiment d’appartenir à un ordre secret, une confrérie, bien mieux que Fight Club .
Première règle : on ne dégrade rien ; deuxième règle : on n’emporte rien ; troisième règle : on ne dit à personne où se situent ces merveilles d’un autre temps.
Comme je l’ai dit, j’ai toujours respecté ces règles. Sauf une seule et unique fois. Et ça m’a mis dans tout un tas d’ennuis, jusqu’au cou.
Je n’avais pas eu le choix, cette fois-là, c’est vrai. C’était une gamine, alors quoi ? J’allais pas la laisser dans ce coin paumé ! Le seul et unique souvenir que j’ai jamais ramené d’une journée d’urbex, c’est une gosse. Une blondinette aux yeux noirs, d’environ huit ans, plutôt turbulente.
Bon, quand je dis que je l’ai ramenée, il faut comprendre : elle s’est collée à mes basques. Et elle n’était pas ordinaire. Pas ordinaire du tout.
SAMEDI
J’étais, ce jour-là, bien peinard à siroter une bière bien fraîche quand la gamine s’est montrée. J’étais posé contre un arbre dont les racines sapaient depuis pas mal de temps le mur en moellons pas loin, et je n’avais pas envie de bouger. Cette bière bien fraîche, donc, passait super avec le paquet de cacahuètes que j’avais ce fameux jour, et tout à coup la gosse a débaroulée du sentier.
Bon sang, je l’avais pas entendue venir. Vous m’auriez dit normal, c’est un ectoplasme et moi, je vous aurais répondu d’aller vous faire… Non mais sans blague ! J’étais en train de me dire que je pourrais rester dans ce chouette coin sans personne pour me demander de rappliquer à la maison, et voilà que cette môme me passe devant le nez !
Et j’ai vu tout de suite qu’il s’agissait d’un fantôme, merci bien ! J’en étais qu’à ma première bière !
Donc la môme me voit et, of course , vient vers moi. Si quelqu’un peut m’expliquer le sixième sens des chiens et des enfants qui se précipitent vers les adultes qui pensent très fort « fichez-moi la paix », je vous épouse ! (Surtout si vous êtes un homme de plus de quarante ans, plutôt brun, bon compte en banque).
Elle :
— Bonjour, monsieur.
Bon point. Elle est polie, c’est déjà ça.
— Est-ce que vous pouvez m’aider à retrouver mon chien ?
TRÈS MAUVAIS POINT.
— Écoute, petite, je pense que ton chien, il doit fiche la pagaille dans le terrier d’un pauvre petit lapin innocent. Pourquoi tu ne demanderais pas à tes parents de t’aider, hein ?
— Ils dorment encore…
J’aurais dû faire pareil, tiens, ce jour-là, elle aurait sans doute demandé à quelqu’un d’autre, et moi, je serais encore peinard.
— Bon, je fais. Il s’appelle comment, ton chien ?
— Bijou.
Sans rire ? J’espère que vous avez honte. Tous autant que vous êtes. Moi, je dis que le déclin de la société, c’est à cause des gens qui donnent ce genre de nom à leurs clebs. J’étais prêt à parier que c’était encore une de ces races moches et débiles, une de ces pauvres bêtes que l’on dit casanières, parce que leur museau est tellement écrasé que juste respirer les fait souffrir. Genre, les carlins. J’espère pour vous que vous n’avez pas ce type de chien.
Je reprends. Une gamine fantôme, donc morte, me demande à moi, bon vivant, de me balader partout pour l’aider à retrouver son chien-chien nommé Bijou. J’allais lui demander si le toutou en question était aussi du genre transparent, quand un petit truc à quatre pattes est sorti des fourrés. Un spitz nain. C’est pas tellement mieux qu’un carlin, mais nettement plus sympa.
— Bijou ! s’est exclamée la petiote, et elle s’est mise à courir vers son chien.
Ouf, mission réussie, retour à la base, Bravo, Zulu, etc.
Sauf que. Quand la gamine a voulu attraper son clébard, elle n’a pas réussi. Normal me diriez-vous, c’est un fantôme, et vous auriez eu raison une fois de plus, bravo.
Sa bestiole l’a traversée comme un voile et s’est retournée, prête à jouer. La petite fille, encore accroupie comme pour attraper l’animal, semblait avoir compris quelque chose. Et bien sûr, ÉVIDEMMENT, elle s’est mise à pleurer, de toutes ses forces. Mon après-midi peinard fichu à l’eau. Tout comme la gosse.
J’ai vu son corps, le vrai celui-là, en train de flotter dans la rivière, là où j’avais mis à refroidir la bière que j’étais en train de boire.
Bloquée à cause d’une roncière, les cheveux et la robe étales comme un voile, la petite fille morte se trouvait devant moi, et devant le fantôme de la petite fille morte, qui pleurait toujours.
Qu’est-ce que vous auriez fait à ma place, je vous le demande ? Il n’y avait personne pour me dire quoi faire, alors j’ai attrapé un bâton et je l’ai jeté au chien, loin du cadavre. Le gentil toutou a couru après le bâton et la petite fille après le chien.
— On va essayer de retrouver tes parents, si tu es d’accord. Si tu es sage et que tu ne pleures pas, je joue avec ton chien, okay ?
À ces mots, la petite a séché ses larmes spectrales et a accepté que je lance un bâton pour jouer avec le chien nommé Bijou, tandis que je les éloignais du cadavre qui flottait près de mon coin.

Nous avancions dans la forêt, loin de ma bière et de ma tranquillité et le chien aboyait tout ce qu’il savait. Il était plutôt mignon, en fait. Retenez bien ça, je ne le répéterai pas.
— C’est par là, m’indiqua le fantôme. Mais vous devez faire attention, ils dorment encore, il ne faut pas faire de bruit !
Bah tiens. Ce pressentiment, vous l’avez ? Depuis quand ? Moi, ça fait trente secondes, parce que je pensais toujours à ma bière pas finie qui s’éventait, à mon après-midi fichu, et au fait qu’il me faudrait sans doute faire quelque chose, comme appeler les autorités pour qu’ils sortent la petite de l’eau, un truc dans ce genre-là. Mais comme je suivais la version spectrale de la petite fille en question, je me disais que je ferais mieux d’attendre d’en savoir plus. Je me disais aussi que les parents de la petiote avaient envoyé balader leur gamine parce qu’ils voulaient lui fabriquer un petit frère ou une petite sœur, et qu’ils verraient d’un sale œil un étranger intrusif, surtout si cet étranger avait une mauvaise nouvelle à leur apporter. La gosse marchait devant moi en babillant et me paraissait bien pâlichonne sous le soleil brillant. Je me demandais si ses parents la verraient aussi. Je pensais qu’il ne s’agissait que de l’un de ces drames comme il en arrive quelquefois, lorsque les enfants échappent à la surveillance de leurs parents.
Ça faisait juste trente secondes que je me disais que le sommeil de deux adultes, en pleine nature, au beau milieu de l’après-midi, était très suspect, surtout avec ce clébard qui faisait un boucan de tous les diables. Et aussi, j’avais vu la progéniture numéro un qui flottait en contrebas. Ça sentait la sale journée.
J’arrivai enfin dans un grand pré, non loin d’une tente de campeur qui valait sans doute pas mal de fric, et où se trouvaient sans doute deux autres macchabées. Je devais en savoir plus sur mon guide spectral.
— Comment tu t’appelles, au fait ?
— Je m’en souviens plus.
Est-ce que j’aurais dû m’en douter ? Je ne sais rien sur les fantômes, alors on va dire que non. Je l’ai donc nommée Lou-Ann parce que j’allais pas dire « la gosse » tout du long, et que c’est le dernier prénom à la mode. Je connais au moins trois Lou-Ann parmi les chiards, je v

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