Salem
270 pages
Français

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Salem , livre ebook

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Description

Salem ! Jérusalem ?



Un livre où il est question des Juifs, bien-sûr, mais aussi des croisades, des Chrétiens, des Musulmans, de Saladin, de Caligula, de Theodor Herzl mais encore d’un américain, d’une palestinienne, de musique et d’amour, de sexe, de mort et d’éternité.



Un livre somme sur la ville de tous les conflits, le lieu de tous les prodiges, des horreurs et des merveilles...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 juillet 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332741264
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-74124-0

© Edilivre, 2017
Dédicace

A Alain Finkielkraut
Exergue

Nombreux sont, certes, les actes commis par des méchants contre la volonté de Dieu mais telle est sa sagesse, telle est sa puissance que tout ce qui paraît opposé à sa volonté tend vers des issues ou des fins qu’il savait à l’avance bonnes et justes.
Saint-Augustin, La Cité de Dieu (chapitre XXII)
« Jérusalem est à nous autant qu’à vous… » Saladin , Lettre à Richard Cœur de Lion
Avons-nous en Orient ou Occident, un lieu d’espoir où placer notre confiance hormis la terre pleine de portes vers laquelle s’ouvrent les portes du Ciel ? Judah Halévi
Iesod
Le professeur Baldwin savait qu’il allait mourir mais comme chacun de nous, il ignorait où, quand et comment…
Du treizième étage de sa tour avec vue sur l’Hudson, il contemplait le ballet incessant des hélicoptères, quelques dizaines de mètres au-dessus ou s’abandonnait au vertige pour détailler sur le ruban d’argent les remorqueurs qui vrombissaient tout en bas.
Ce spectacle monotone et changeant lui servait d’échappée au cercle obsessionnel de pensées qui assaillent souvent les retraités récents : bilan de la vie professionnelle, souci des enfants, retour sur les réussites et les échecs…
Il avait enseigné l’histoire – fort peu la géographie – pendant quarante ans au Lycée français de New-York et l’amour pour sa discipline, bien plus que pour ses élèves, ne l’avait pas quitté : il poursuivait des recherches sur le monde antique et travaillait désormais gratuitement pour la gloire.
Son fils unique, Eric, brillant journaliste, impétueux, aventureux était un sujet de préoccupation, sinon d’inquiétude pour un père fonctionnaire qui jamais n’avait vécu avec autant d’intensité : encore célibataire à trente-quatre ans, il multipliait les aventures avec des partenaires des deux sexes, aidé en cela par le prodigieux dynamisme de « la cité qui ne dort jamais » à peine empêché par les parkings et les ascenseurs…
Heureusement, le professeur avait une sœur, de quinze ans sa cadette, Myriam, l’enfant du miracle. Elle était née en Europe, en Espagne et non comme lui aux U S A.
Elle non plus n’était pas mariée mais c’était bien là le seul point commun avec Eric : à la différence de ce dernier, elle ne chassait pas, elle donnait ; elle ne courait pas, elle flânait. C’était une fille douée pour la vie, qui aimait tellement cette vie, les autres, tous les autres qu’elle avait décidé de ne se donner à personne pour mieux se prêter à tous.
Enfin, le professeur qui était veuf vivait avec un chien qu’il avait surnommé Azor, un chien dont souvent il se serait bien passé…
Mais, tiens, justement, Azor jappait, il voulait sortir…
La séquence de l’ascenseur avait toujours le même effet : sur le maître, une curieuse sensation entre les jambes, nullement désagréable mais déstabilisante tandis que la rapidité de la descente pouvait laisser craindre un dysfonctionnement du frein à partir du second étage ; quant au chien, il remuait la queue frénétiquement.
En bas, sur le trottoir, le soulagement, la suite des stations odorantes, les attentes aux feux jusqu’au square et parfois le dérangement d’un spectacle inopiné : au milieu de la chaussée, un couple d’animaux en pleine action : la chienne les yeux fixes, placide comme une vache, offrant complaisamment son arrière-train humide au va-et-vient du vit d’un boxer bien monté, scène à ce point suggestive que le professeur se souvenait alors d’une maîtresse qui l’avait vite rejoint après une telle amorce pour être prise bien à fond et faire partir toutes les fusées d’un feu d’artifice hitchcockien…
En attendant, la circulation était interrompue et personne ne protestait : aucune irritation chez les conducteurs interdits mais une fascination, une contemplation avide…
Quant au professeur, il s’en remettait vite : la maîtresse s’était éloignée et il avait vieilli.
En réintégrant l’ascenseur, Baldwin s’abîmait en réflexions sur le parallèle entre les animaux et l’homme : que de similitudes d’abord : un corps sensible et une âme provisoire en ce corps ; la lutte pour la vie, pour la nourriture, souvent au détriment de ses congénères ; la fatalité de la reproduction et du sexe avec ses parades, ses danses et ses leurres…
Que de différences pourtant : le corps de l’un, dépourvu de poils pour l’essentiel, ainsi tellement plus sensible, plus apte aux caresses, aux raffinements de l’érotisme qui confèrent à l’amour humain l’avantage et le prestige d’une culture, d’un art du jouir…
Face à cela, l’étreinte souvent rapide, parfois douloureuse de tant d’animaux qui font cela comme sous contrainte, sans choix, sans élection, sans joie, méritant l’adage latin qui n’exige pas même de traduction : « post coïtum animal triste »
Après le coït, la femme souvent rit ou sourit ; l’homme pense à récidiver…
Quant à lutter pour vivre, si les animaux tuent pour se nourrir, ils le font rarement par plaisir et en tous cas jamais ils ne mettent au point une stratégie de destruction massive au sein de leur espèce.
Pour ce qui est de l’âme, sans la refuser aux uns et aux autres, le professeur estimait qu’il y avait bien une hiérarchie, une inégalité entre l’âme des bêtes et celle des hommes ; il se mettait souvent en colère intérieurement contre ces gens qui, mettant l’homme et l’animal au même niveau, provoquaient chez ces derniers de véritables crises de désespoir en leur tenant de longs discours auxquels ils étaient incapables de répondre ; d’ailleurs, il avait remarqué – dans les tableaux des musées représentant, généralement en bas, à droite ou à gauche, mais tout petits, des chiens ou des chats (c’était pire quand le peintre avait donné une expression humaine à ces animaux : grotesque garanti) – une expression soit égarée soit triste.
En dehors des musées, dans la vie courante, il était souvent frappé de la tristesse, de l’apathie, du sentiment d’abandon qui se dégageait du regard des animaux, des fauves en particulier, si bien dotés pour tuer et pour courir, si royalement habillés, si pauvrement habités.
Quant aux animaux domestiques, chiens et chats de compagnie, leur joie n’est au rendez-vous que lorsque leur maître daigne jouer avec eux un moment.
Ainsi, des êtres dépendants, inférieurs, pitoyables, la plupart d’ailleurs attendant le carnage ou la boucherie, tels étaient les animaux aux yeux du professeur.
S’il n’avait aimé profondément son fils Eric et sa sœur Myriam, Baldwin aurait pu passer pour un cœur sec, un vieux mandarin rigide ; mais outre ces attachements, outre ses recherches, il y avait la nature et la musique, il y avait eu l’amour des femmes, il y avait toujours l’amour de l’art.
Et puis, il était le père, il se sentait un père qui devait être responsable, d’autant plus responsable que son fils prenait tous les risques : journaliste américain mais d’origine juive, Eric se trouvait alors en Israël ou plutôt en Palestine car il ne cessait de se déplacer entre Jérusalem, Ramallah et Tel-Aviv, multipliant les contacts, jouant de sa compétence linguistique – il parlait outre l’anglais, l’hébreu et l’arabe – n’hésitant pas à entrer dans les maisons, à se lier aux familles, en quête d’informations au plus chaud des milieux activistes des deux bords, sans vraiment cacher le tropisme de ses sympathies, sans déguiser sa fierté, sans masquer son assurance d’appartenir au peuple élu.
Heureusement, Myriam, la sœur qu’il chérissait, le laissait d’avantage en repos : après des études de commerce, elle avait travaillé dans l’import-export d’agrumes puis ayant démontré son efficacité, avait pris la direction d’une supranationale.
Depuis plusieurs années, elle permettait aux boutiques de comestibles de « la grande pomme » de regorger des fruits du soleil : oranges, figues, pastèques, cédrats auxquels s’ajoutaient les fruits secs – noix et pistaches – en particulier mais comme la dame était belle et voulait rester belle, elle prenait soin de sa peau et de celle des autres en commercialisant les produits de beauté de la mer Morte et de Naplouse : crèmes, savons, masques et sels de bain. Le savon de Naplouse, essentiellement à base d’huile d’olive, l’avait rendue riche et douce comme seule la richesse (quand elle ne se limite pas à l’avoir bancaire) peut conférer un surcroît de douceur à une femme de cœur.
Cette sœur ne l’avait pas appelé depuis trois semaines ; il s’inquiétait ; comme il s’inquiétait au sujet d’un ami d’Eric, un certain Jonathan, homme de media, bisexuel amateur et organisateur de partouses.
Insinuant, entreprenant, intelligent, il fascinait Eric qui semblait prêt à le suivre dans toutes les aventures…
On peut affirmer que le professeur était un homme inquiet, inquiet de tout, torturé depuis toujours par de multiples questions, un homme véritablement « mis à la question » et ceci d’autant plus qu’en raison de ses longues études, de ses compétences en de multiples domaines, de son immense culture – outre sa discipline fondamentale, l’histoire, il connaissait la géographie, la géologie, le grec, le latin, (il venait de décider de s’initier à l’hébreu) l’allemand, l’anglais et le français ; il avait des lumières en physique, en biologie, en mathématiques ; il avait reçu en outre une solide formation en linguistique.
Ces options, ces leviers, ces angles d’attaque du réel, ces points de vue, ces éclairages lui avaient fait une vie passionnante mais plutôt décalée, à l’écart de ses semblables qui l’étaient si peu…
Plusieurs femmes l’avaient quitté faute d’être suffisamment reconnues, faute de se sentir nécessaires.
En ce moment, à la retraite, Baldwin plus que jamais disponible se posait beaucoup

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