Sans tes yeux
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Sans tes yeux , livre ebook

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Description

Un jeune homme vient de terminer ses études de droit, et devient avocat stagiaire dans un cabinet juridique. Mais tout bascule au moment de son accident de moto qui entraîne l’amputation de sa jambe droite.
Il rencontre dans le centre de rééducation un adolescent dont il accompagne quelques instants de vie. Devenu aveugle à cinq ans, ce jeune garçon est aussi victime d’un accident et d’une amputation de la jambe gauche.
Que répondre à la colère de ce dernier contre les autres et contre lui-même ? Aucune parole ne peut le consoler, mais risque plutôt d’aggraver sa souffrance. Pourquoi le sort s’acharne-t-il sur un individu sans raison apparente ?

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312050898
Langue Français

Extrait

Sans tes yeux
Didier Straitur
Sans tes yeux
Instants d’une vie
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2017
ISBN : 978-2-312-05089-8
Avant -propos
Un jeune homme vient de terminer ses études de droit, et devient avocat stagiaire dans un cabinet juridique. Mais tout bascule au moment de son accident de moto qui entraîne l’amputation de sa jambe droite.
Il rencontre dans le centre de rééducation un adolescent dont il accompagne quelques instants de vie. Devenu aveugle à cinq ans, ce jeune garçon est aussi victime d’un accident et d’une amputation de la jambe gauche.
Que répondre à la colère de ce dernier contre les autres et contre lui-même ? Aucune parole ne peut le consoler, mais risque plutôt d’aggraver sa souffrance. Pourquoi le sort s’acharne-t-il sur un individu sans raison apparente ?
Ces quelques lignes, où se mêlent vécu et fiction, racontent cette situation sensible autour de l’adolescent, avec trois personnages qui l’accompagnent en quelques instants de sa vie et tentent de le sortir de son impasse mentale.
Au centre de rééducation
Je me prénomme Paul, et je viens de terminer des études de droit, pour devenir avocat, avec un stage débuté récemment dans un cabinet juridique. Mais tout a basculé au moment de mon accident de moto.
Cet accident brutal m’a conduit dans un centre de rééducation, où j’apprends à remarcher et à revivre avec une prothèse, après l’amputation de ma jambe droite.
La mise en place de la prothèse et les nombreux soins engagés depuis cinq mois me laissent l’espoir de reprendre un jour une activité et peut-être une vie ordinaire avec ceux que j’aime, parents, frères et sœurs, amis et connaissances.
Mais je sais déjà, dans cette chambre, que ma nouvelle vie ne sera plus qu’une image dégradée de celle d’avant, malgré les progrès étonnants que je fais pour forcer cette jambe artificielle à me propulser debout et en avant !
Tout le monde autour de moi fera semblant de m’assurer des chances d’avenir, et je ferai semblant d’y croire. Mais tout sera différent, et à vingt-cinq ans, je sais intimement que mon destin sera amputé, comme mon corps, d’une part importante des promesses communes à tous.
Aujourd’hui, je partage une situation de handicapé avec d’autres handicapés qui tous se reconnaissent dans la diminution de leur corps ordinaire. Et cette présence amoindrie des autres autour de moi m’aide à supporter ma propre diminution de vie.
Mais qu’en sera-t-il quand je serai au milieu des gens qui marchent sur leurs deux jambes d’origine ? L’écart de fonctionnement me paralysera dès qu’il sera question d’une randonnée pédestre, d’une séance à la piscine ou d’une partie de football.
Et surtout, pourrai-je encore aimer une femme qui ne sentira pas ma présence physique entière, mais un vide quand j’aurai laissé ma prothèse au pied du lit ? Saurai-je faire oublier l’absence de ma jambe au moment de tenir mon amante serrée contre mon corps amoindri ? Ne sentirai-je pas sa pitié au lieu de son désir ? Comment faire l’amour dans ces conditions ?
Aujourd’hui, je ne sais pas où j’en suis. Un autre candidat a été engagé à ma place dans le cabinet juridique. Je n’ai plus de perspective, ni à court terme, ni à long terme.
Qui voudra me faire confiance pour courir les bureaux juridiques, les parloirs des prisons et les palais de justice ? Je vois devant moi de nombreux escaliers à gravir qui me décourageront. Et les prévenus feront-ils confiance à un avocat unijambiste ?
Entre les pages d’un livre
En ce moment de mon séjour en centre de rééducation, j’entame la lecture d’un livre qui me frappe l’esprit, D’autres vies que la mienne , d’Emmanuel Carrère. J’ai téléchargé le texte sur ma liseuse, et cette longue lecture, dans les nombreux moments vides dont je dispose, me plonge dans un questionnement sans réponse sur moi-même et les autres.
Dans le livre, plusieurs personnages apparaissent dans des rencontres fortuites et dramatiques dont l’auteur se veut à la fois le narrateur et l’un des acteurs.
Ce sont d’abord des parents éplorés après la mort de leur très jeune fille, Juliette , prise dans un tsunami au cours d’un séjour de vacances au Sri Lanka . La vague haute comme un immeuble de neuf ou dix étages s’est abattue sur le rivage et a déferlé sur le village touristique jusqu’à son point final, avant de se retirer tout aussi brutalement. Tout a été emporté, bousculé, assommé et malaxé, arbres, maisons, voitures, animaux, habitants et touristes dans le même massacre aveugle. Et la petite Juliette avec tout le reste.
Le narrateur et sa famille ont échappé au péril, en restant cet après-midi-là à l’hôtel sur les hauteurs, par suite d’une décision fortuite, au lieu de suivre un stage de plongée sous-marine. Que dire aux parents de la petite Juliette qui est descendue, elle, jouer sur la plage avec son grand-père à ce moment-là ? Elle n’en est pas revenue.
Le narrateur rencontre les parents de Juliette , et saisit son incapacité à les soutenir comme il le voudrait, tout au long des jours qui suivent, jusqu’au retour en France . Témoin de ce drame, il est appelé à y prendre part malgré lui, jusqu’à écrire le récit de ces destins brisés. Et cela devient presque un devoir humanitaire qui remplit le livre.
Puis les pages suivantes racontent l’histoire d’une autre Juliette .
C’est la sœur de la compagne du narrateur avec laquelle il termine ce séjour de vacances au Sri Lanka . De retour en France , ils apprennent la reprise du cancer de cette sœur, Juliette , et l’accompagnent jusqu’au terme de sa vie.
Le narrateur rencontre à cette occasion un collègue de Juliette , juge d’instance comme elle dans une ville de province, et lui aussi handicapé par l’amputation d’une jambe qui a suivi un cancer dans sa jeunesse.
La connivence de ces deux personnages, par le partage de leur métier et de leur maladie, les pousse à tout dépasser pour traiter leurs dossiers professionnels en faveur des plus démunis. Une amitié profonde les réunit tandis que Juliette fait tout pour combler son mari et ses filles, s’occuper de sa maison jusqu’au jour du retour à l’hôpital.
En entreprenant le récit de ces destins, le narrateur introduit sa perception des autres vies que la sienne, ses suppositions et ses doutes face à la catastrophe et à la maladie. Il met à jour quelques ressorts cachés qui tracent le chemin de chacun.
Tout au long de cette lecture, je suis bouleversé par ces drames qui suivent un courant inexorable, avec brutalité ou en sourdine, dont on ne réchappe pas.
Surtout, je me sens concerné par ces deux personnages infirmes, comme moi. Ils ne renoncent pas à suivre leur destin échappant à leur volonté, contrairement à mon accident de moto, survenu en quelque sorte par mon propre désir de vaincre une machine si attirante pour moi.
La lucidité de la narration me place dans un doute profond, car, moi, je peux mourir plus ou moins tôt, certes, mais pas des suites de mon accident. Les médecins me garantissent une vie entière avec ma prothèse. Ma situation propre ne constitue pas un drame final, tout juste une contrariété à laquelle je devrai m’adapter. Un devenir différent, mais pas une fin de vie.
Alors mon regard devient plus aigu. Autour de moi, dans le centre de rééducation, je vois AUSSI d’autres vies que la mienne. Je côtoie des compagnons d’infortune, mais je ne sais rien d’eux, sinon leur infirmité. Que peuvent-ils m’apprendre ? Ou bien que puis-je leur apprendre ?
De même, les lieux et les personnels médicaux du centre me paraissent étrangers ou réduits à leur seul rôle sanitaire. N’ont-ils pas autre chose à dire ?
Un grand point d’interrogation se dresse dans mon esprit : où trouver un sens à ma vie après l’amputation de ma jambe, sinon en découvrant la vie des autres ?

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