Aux quatre vents de l univers
174 pages
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Aux quatre vents de l'univers , livre ebook

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Description

Jim Char est la victime du professeur Muldaur qui se sert de lui pour le test de sa machine à suspendre la vie. Au même moment, une guerre atomique éclate. Les trois quarts de l'humanité sont détruits. Le reste devra survivre en luttant contre les maladies et la faim. Certaines races résisteront aux particules radioactives, d'autres disparaîtront. Que reste-t-il de l'homme? C'est la question que se posera Jim Shar en s'éveillant dix mille ans plus tard, dans un monde qu'il ne reconnait plus.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782357390218
Licence : Tous droits réservés
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

FRANK DARTAL
AUX QUATRE VENT DE L’UNIVERS
COLLECTION VEDA/SF
1
S
ASSOCIATION BDTRESOR & LIVREDUMONDE EDITIONS VEDA/SF © 2022 DIRECTEUR DE COLLECTION : GEORGES FERNANDES https://www.bdtresorlivredumonde.com
2
CHAPITRE PREMIER
La pièce possédait cette atmosphère feutrée, confortable, que les bruitsdu de-hors ne parvenaient pas à troubler. Presque imperceptible, le tic-tac d’une pendule rythmait l’écoulement des secondes. L’homme, assis dans un fauteuil près de la baie vitrée, regardait sans le voir le parc éclairé par la lune. Les ombres allongées des pins s’étalaient sur les pelouses et les allées soi-gneusement entretenues. Çà et là, le flamboiement d’un massif de fleurs interrompait la monotonie de l’ensemble. Plus loin, au-delà de la première ligne d’arbres et de la route qui traversait cet endroit militairement gardé, se dressait le laboratoire le plus proche. Il y en avait beaucoup d’autres disséminés sous la végétation ou derrière les col-lines. Celui-ci avait encore ses fenêtres illuminées. Sans doute quelques cher-cheurs rêvant à l’impossible devant leurs appareils sophistiqués. — Des fous ! grommela l’homme dans le fauteuil. Qu’espèrent-ils trouver de plus apocalyptique que ce qu’ils ont déjà découvert ? Si seulement… Seulement quoi ? Paresseusement, il s’empara d’un verre rempli de whisky qui se trouvait à sa portée, sur une table basse. Il but une gorgée. Bien sûr, si seulement ces grosses têtes pouvaient trouver une arme plus ter-rifiante que celles des autres, mais les autres pensaient la même chose et cher-chaient aussi. Un vrai cercle vicieux. Impossible d’en sortir. Tout compte fait, aucune idéologie ne valait qu’on s’étripe pour elle, mais allez donc faire en-trer ça dans le crâne des individus peuplant cette planète. Certains étaient prêts à faire renaître les guerres de religion. Même le pape parlait en chef de guerre. L’homme reposa son verre sur la table et laissa sa tête aller en arrière. La lune… Elle éclairait tout le parc et trônait dans le ciel comme une énorme topaze. Sa lumière glacée, irréelle, donnait un aspect funèbre aux choses les plus ordinaires, comme si la Terre entière s’était soudainement transformée en cimetière. Il y eut un léger déclic du côté de la pendule murale. La journée venait de se terminer et les secondes de la nouvelle commençaient à s’égrener dans le si-3
lence pesant. Le calendrier automatique qui se trouvait juste audessous chan-gea ses chiffres, le nombre 15 succéda au nombre 14 et on pu lire : « 15 juin 2048 ». La climatisation était réglée en permanence sur 19 degrés, mais il faisait cer-tainement plus chaud dehors. — Dois-je allumer et fermer la porte d’entrée ? demanda une voix nette, vo-lontairement basse. Naturellement, il n’y avait personne d’autre dans la pièce ; c’était seulement celle de l’ordinateur qui contrôlait tout dans la maison. — Non, répondit fermement l’homme. Je vais attendre encore un peu. — Hum ! fit l’ordinateur. L’homme se redressa brusquement et regarda machinalement du côté d’où venait la voix. Évidemment, il savait qu’il n’y avait personne à cet endroit, car cette voix désincarnée pouvait tout aussi bien surgir du plafond que du plancher. Ce n’était qu’un simple réflexe de sa part. — Savez-vous quelque chose, Oscar ? — Oui, monsieur. — Je vous écoute. — Mme Muldaur ne viendra pas, monsieur. L’homme assis sursauta et se leva d’un bond. Il était grand et de carrure im-posante. Certes, il était arrivé à la même conclusion au sujet de Joy qui était sa maîtresse depuis quelques mois, mais qu’un ordinateur domestique pense comme lui et l’émette avec une telle certitude, c’est qu’il s’était passé quelque chose de grave. Généralement, un robot ne raisonne pas dans l’abstrait, il lui faut des données exactes. — Est-elle venue ici dans le courant de la journée ? demanda-t-il en imagi-nant les pires catastrophes. A-t-elle été surprise par son mari ? Muldaur était un savant de renommée mondiale tandis que lui, Jim Shar, n’était qu’un simple lieutenant de l’armée. Devant le scandale, ses galons et ses états de service ne pèseraient pas lourd. Muldaur n’aurait qu’à lever le petit doigt pour l’effacer définitivement de ses préoccupations. Quant à sa femme… Bon sang ! Pour quelle raison s’était-il attaqué à elle alors qu’il y en avait d’autres, aussi jolies, moins connues ? Ce type à la tête bourrée de formules ne pouvait pas l’aimer, il s’en débarrasserait certainement. jim Shar se sentait doublement fautif. — Non, monsieur, répondit l’ordinateur. 4
— Hein ? — Je viens de répondre à vos questions, monsieur. Bon, elle n’était pas venue et ne s’était pas fait surprendre par son mari. Il y avait autre chose. — Expliquez-vous, Oscar, dit Jim Shar rudement. Comment savez-vous que Mme Muldaur ne viendra pas ? — Pour la bonne raison, monsieur, qu’entre 23 heures et 0 heure, je suis en contact avec B.M.O. 985. Oui, monsieur. Une disposition prise par le précé-dent locataire de cette maison. Avant de partir, il a oublié d’effacer cette pro-grammation et, du même coup, il a certainement oublié de prévenir monsieur. Jim Shar se laissa retomber dans son fauteuil. — En effet, fit-il d’une voix mourante, je ne suis pas au courant. Voulez-vous me dire qui est B.M.O. 985 ? — Bébelle, monsieur. Il ajouta après un soupir électronique : — C’est le nom que donne Mme Muldaur à son ordinateur domestique. Exac-tement comme vous m’appelez Oscar. — C’est plus facile à retenir que les matricules, répliqua le lieutenant passa-blement soulagé, comme s’il se sentait obligé, devant la machine, de justifier les idioties des humains. Qu’est-il arrivé à Mme Muldaur ? — Elle a reçu des nouvelles de sa mère dont l’état semble avoir brusquement empiré. — J’ignorais totalement la maladie de sa mère. — Son mari aussi, monsieur. Il a été très surpris lorsqu’elle lui a annoncé son départ immédiat. Désirez-vous écouter les deux communications ? Elles ont été enregistrées par B.M.O. 985. — Non ! s’emporta brusquement Jim Shar qui pensait que Joy aurait pu trou-ver un moment pour le prévenir lui aussi et qui s’effrayait du danger que re-présentait ce contact entre les deux ordinateurs. Cessez immédiatement toute communication avec B.M.O. 985, cria-t-il, et effacez de vos mémoires toutes les conversations enregistrées entre Mme Muldaur et moi. Passez la consigne à Bébelle. — C’est fait, monsieur, annonça Oscar au bout de deux secondes. Jim se sentit mieux et se promit de faire plus attention à l’avenir. Son premier objectif serait de rompre avec la femme du savant. Là-dessus, il ne se faisait aucune illusion. Son orgueil de mâle en prendrait certainement un bon coup, 5
car la séparation se ferait très amicalement de la part de Joy qui n’en était pas à son premier amant. Avait-elle seulement mesuré le danger que repré-sentaient pour elle ces changements successifs ?… Certainement pas. Et lui-même, n’avait-il pas fait preuve d’inconscience jusqu’à maintenant ?… — Tant pis, grommela-t-il entre ses dents, ma décision est prise. Avec mélancolie, il revit le visage régulier de la jeune femme, son corps sou-ple, son sourire éclatant, sa voix grave teintée d’ironie. Une ironie qui savait être mordante parfois ; jusqu’à la méchanceté. Il la regretterait beaucoup et ce qu’il y avait de plus gênant c’est qu’elle le devinerait et n’hésiterait pas à le traiter de lâche. Peut-être en était-il un. — Tant pis, répéta-t-il plus haut. Je commence à en avoir marre de toutes ces femmes qui s’ennuient. — Oui, monsieur, dit l’ordinateur laconiquement. — Préparez-moi un bain chaud et redonnez la lumière. Oscar fit ce que son maître lui commandait. Une clarté diffuse envahit la mai-son, chassant les coins d’ombre, faisant briller les objets. Dans le fond, elles avaient raison de s’ennuyer. Ce camp où il fallait une au-torisation portant les signatures de deux ou trois ministres pour y pénétrer ressemblait à une prison. Une prison agréable, mais une prison quand même. En partant ainsi, avec précipitation, Joy avait dû supporter la présence d’un garde à ses côtés jusqu’à l’aéroport. Une fois là, la police avait pris la relève. Maintenant, elle était discrètement surveillée et ceux qui la suivaient ne la lâcheraient plus jusqu’à son retour. Qui sait ?… Lui-même n’était-il pas sous contrôle en ce moment ? Ces tracasseries inévitables lui firent hausser les épaules. Personne ne pouvait y échapper, autant ne plus y penser. Un jour ou l’autre, quelqu’un viendrait lui poser un tas de questions sur Joy Muldaur, sur leurs relations, sur les goûts particuliers de la dame, sur sa dis-crétion. Ce jour-là, il comprendrait que Joy, fatiguée d’attendre, lui avait trouvé un remplaçant qui ne plaisait pas aux services spéciaux. Naturellement, son mari ignorerait tout comme à son habitude. Il continuerait ses recherches en biophysique au fond de son laboratoire sans se préoccuper de ce qui se passait autour de lui. — Je me demande ce qu’il ferait s’il apprenait d’un coup que sa femme le trompe, ricana Jim Shar en faisant quelques pas dans la salle. Ce serait inté-6
ressant de le savoir. Il alluma pensivement une cigarette euphorisante et ferma à demi les yeux. Oui, ce serait intéressant de le savoir… Un savant doit avoir son petit orgueil, mais ce n’est pas forcément celui du commun des mortels. Viendrait-il jusqu’ici avec l’intention de le tuer ou de lui casser la figure ?… Ce serait une réaction logique, humaine. Une réaction que toute femme est en droit d’attendre de la part de celui qui partage sa couche, même si elle fait son possible pour empêcher la rencontre. La réaction du muscle et de la pro-priété, celle de l’homme des cavernes dont elle conserve inconsciemment l’image dans les méandres de ses synapses. Non, après réflexion, il ne croyait pas que Muldaur agirait ainsi. Il était suf-fisamment intelligent pour comprendre qu’il se rendrait ridicule en s’atta-quant à plus fort que lui. De plus, son éducation conditionnée lui interdirait de se comporter en fauve braillard. Non, son esprit froid, méthodique, trou-verait autre chose, une vengeance à son niveau, mais laquelle ?… En défini-tive, peut-être trouverait-il cette vengeance indigne de lui. Peut-être se contenterait-il d’essayer de reconquérir sa femme. Dans ce cas, il aurait beau-coup de mal. — Je lui souhaite bien du plaisir, murmura Jim Shar. — Votre bain est prêt, monsieur, annonça l’ordinateur. — Très bien, Oscar. Savez-vous que vous êtes un robot de première catégo-rie? — Je le sais, monsieur. On ne fait pas mieux dans le genre. Jim se précipita vers la salle d’eau où l’attendait un bain parfumé dont la température était juste à point. Il s’y plongea avec délices et oublia un mo-ment ses ennuis amoureux. Joy devait être en cet instant dans un appareil, entre ciel et terre, qui dépassait largement la vitesse du son. Elle n’était plus qu’un point minuscule qui s’éloi-gnait à toute vitesse. Bon voyage, Mme Muldaur ! — Quelles sont les dernières nouvelles, Oscar ? demanda-t-il. — Désirez-vous une projection, monsieur ? — Non, un résumé suffira. J’adore le son de votre voix. — Je fais mon possible, monsieur. Dois-je commencer par la politique inté-rieure ? — Allez-y, Oscar. Je vous écoute. 7
— Le président Omnès vient de faire un discours très remarqué. — Vous m’étonnez, Oscar. Par qui ce discours a-t-il été remarqué ? — Par la presse étrangère. — Ah, bon… C’est bien la première fois que ça lui arrive, continua d’ironiser Jim Shar. Que disait-il de si intéressant ? — Le Président pense que la situation devient de plus en plus critique entre les États-Unis d’Asie et l’Empire Russe. La guerre paraît inévitable d’ici deux ans. — Ce n’est pas nouveau. La tension n’a fait qu’augmenter entre eux, surtout depuis le couronnement du tsar Nicolas IV. S’il voulait se faire remarquer, il aurait pu trouver autre chose. — Ce qui est nouveau, reprit Oscar, c’est la suite du discours. — Continuez, mais ne vous noyez pas dans les détails. — Bien, monsieur. En conséquence, le président Omnès réclame les pleins pouvoirs pendant un an et le contrôle des navettes spatiales, celles qui sont équipées pour la réparation des satellites. Jim émit un petit sifflement en sortant à demi de son bain. — Du nouveau, en effet ! s’écria-t-il. Si c’est une manoeuvre politique je la trouve mauvaise et, si le danger est réel, c’est un manque de diplomatie en-vers ces deux pays. Du moins, n’importe quel État peut le prendre dans ce sens. En réalité, je crois qu’il veut faire peur au parti républicain qui ne cesse de le critiquer. De toute façon, ces navettes ne servent plus à rien depuis long-temps. Elles sont totalement désarmées. Que veut-il en faire ? — Elles sont toujours en état, protesta Oscar qui fouillait activement dans ses mémoires. Elles ont été révisées plus de cinquante fois en trente ans. La première fois… — Ça va, ça va, fit Jim Shar en se bouchant les oreilles, j’ai horreur des dates. Elles sont en état, bon, et alors ?… — Le Président veut commencer la chasse aux satellites des futurs belligé-rants. Surtout ceux qui sont placés en orbite polaire. Ainsi que les satellites d’alerte et de bombardement. Il demande l’intensification de la fabrication des engins antisatellites et la mise immédiate sur orbite de cinquante plates-formes supplémentaires armées de canons mésotroniques et de fusées. Jim Shar sortit de son bain et commença à se sécher rapidement. Les déci-sions du Président allaient fatalement attirer l’attention sur le centre qui était l’un des premiers producteurs de ce genre d’armes, du moins pour la re-8
cherche, et de bien d’autres choses encore. Était-ce prudent de la part d’Omnès d’avoir dévoilé ses batteries si rapide-ment ? Ce qu’il voulait c’était rien moins que le contrôle de la planète. Aucun pays ne le suivrait sur cette voie, même pour éviter une guerre. — Que fait le congrès ? demanda-t-il. — Il tergiverse. — Et la Confédération Européenne ? — Aucune réaction de la part du président Schneider, mais le gouvernement vient de se réunir. Quant au pape, il prêche en ce moment la croisade mon-diale contre les Asiates et vient d’en désigner le chef : Nicolas IV. Des troupes russes viennent de pénétrer en Mandchourie et les Japonais menacent d’in-tervenir. Jim Shar secoua doucement la tête. Il était persuadé que tout ceci n’était qu’un feu de paille qui ne tarderait pas à s’éteindre. Il y en avait eu beaucoup de ce genre au cours des dernières années, mais la peur avait fait reculer les plus entreprenants. N’importe, il commençait à regretter d’avoir eu l’esprit trop occupé par Joy. Il suffisait cependant d’un rien pour rompre l’équilibre instable dans lequel se complaisait l’humanité depuis des décennies. Un rien… Un grain de sable. Un ordre mal interprété et un bouton mal placé sous le doigt d’un imprudent. Souriant, il regarda la silhouette jeune, élégante, vêtue d’un uniforme strict que tranchaient quelques décorations et que lui renvoyait un miroir légère-ment embué. Sentinelle de l’Occident, l’Armée était toujours là. Peut-être allait-elle pouvoir enfin montrer ses capacités. Il passa dans la salle de séjour. — Projetez-moi ce qui reste des informations, commanda-t-il. La lumière diminua d’intensité. Brusquement, entre la paroi du fond de la salle et lui, se dessina un carré lumineux qui gonfla de volume au point de prendre pour limite la largeur de la salle elle-même. Au sein de cette opales-cence qui voilait les objets surgit un visage qui semblait sculpté dans l’espace et dont la démesure devait impressionner les foules qui le regardaient. Tout y était, le son, les couleurs, le relief. Ce visage d’ascète aux yeux brûlants, au front ridé surmonté d’une tiare d’or, c’était le pape Pierre II. Il lançait des phrases d’une voix vibrante dans un anglais châtié. Sa bouche grande ouverte montrait des dents trop blanches 9
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