BELUAS : LA TOUR MIDORI - Tome 1
392 pages
Français

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BELUAS : LA TOUR MIDORI - Tome 1 , livre ebook

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Description

New Midori City, XXIIIe siècle. La société terrienne a été infiltrée par les Beluas, une armée démoniaque résolue à anéantir l'espèce humaine. La Congrégation, une organisation secrète, leur mène une guerre sanglante depuis plus de deux siècles. Ses membres repèrent Yusuke grâce à ses capacités physiques surnaturelles et lui ouvrent les portes d'un monde dont il n'aurait jamais soupçonné l'existence. L'adolescent prend part au conflit, convaincu d'oeuvrer pour le Bien. Mais la Congrégation est-elle aussi fiable qu'il le pense ? Quelles frontières séparent véritablement les démons et les Hommes ? Dans La Tour Midori, premier tome plein de suspense de la trilogie Beluas, A. D. Bamba nous présente le destin fascinant de Yusuke, entre combats épiques et quête de lui-même.
quote testimonial

L'avis de l'équipe

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 44
EAN13 9782372232753
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

A. D. BAMBA
BELUAS LA TOUR MIDORI
CIV 3275
Tome I
BELUAS, la tour Midori
 Des cris, sourds, soutenus, puissants, graves comme aigus, mêlés, saturent l’espace sonore à un point tel que seule cette cacophonie est audible à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Cette ambiance n’est toutefois pas inhabituelle ici, puisqu’il s’agit d’un stade, ou plutôt d’une arène, vu les circonstances. Les gradins, bondés, sont remplis de vingt mille personnes survoltées, transportées par le spectacle qui se déroule sous leurs yeux passionnés. Dans cette fourmilière, un jeune homme aux cheveux sombres se fraye aisément un chemin vers la tribune qui l’intéresse : le Virage Vert, d’où il aura la meilleure vue possible. Les corps, surexcités et mouvants, ajoutent l’odeur de leur sueur à celles, déjà présentes, de la bière bon marché et des snacks distribués par d’efcaces robots stewards. Les plus nombreux sont des drones aux airs de soucoupes volantes. Petits et mobiles, ils livrent la majorité des commandes qui sont réglées d’avance. Les autres, bien plus imposants, sont semblables à de grandes malles contenant plusieurs compartiments. Ils lévitent lentement entre les allées an de déclencher un achat compulsif grâce aux nombreuses suggestions convaincantes générées par leurs hologrammes publicitaires. La conception de leur système interne permet à ces machines de s’accommoder aisément de la couche de buée qui les enrobe à cause de la moiteur ambiante. Poursuivant sa progression dans les travées, l’individu esquive avec une légèreté féline chaque obstacle se trouvant sur sa route, le pas assuré, désintéressé du résultat d’aujourd’hui qu’il connaît déjà. Autour de lui vocifèrent ceux pour qui le suspense reste entier. Certains scandent le nom de leur favori pour l’encourager, tandis que d’autres hurlent simplement leur enthousiasme. Quelques rires francs et discussions banales parviennent également aux oreilles du mystérieux jeune homme, qui trace son chemin sans que personne ne le remarque vraiment. Il arrive enn à destination, lunettes de soleil vissées sur le nez et sourire malicieux. Il peut enn poser les yeux sur l’objet de son attention. Il va rester ici un moment, le temps qu’ellele remarque.
Sous un soleil de plomb, au centre de l’écrin, deux silhouettes haletantes et exténuées s’affrontent. Le combat est proche de son
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dénouement. L’un des combattants lance, sans grande conviction, un coup de pied droit retourné. L’attaque est facilement esquivée par son adversaire qui engendre une brèche furtive dans sa garde. L’autre remarque l’ouverture et prote de cette fenêtre d’une fraction de seconde pour placer un direct du droit en plein visage et mettre immédiatement le premier au sol, hors d’état de combattre. C’était un contre précis et indubitablement maîtrisé. Il ne se relèvera pas. C’est le KO. D’un geste sans équivoque, l’arbitre met un terme à l’opposition, puis prend le poignet du vainqueur et le lève vers un ciel bleu dépourvu du moindre nuage pour valider sa victoire. Il n’en faut pas plus pour déchaîner la foule de spectateurs qui célèbrent l’histoire qui s’écrit sous leurs yeux éblouis. La voix du speaker émerge alors de la clameur et retentit dans tout l’édice :
« Ça y est ! C’est fait ! À l’âge de dix-sept ans et au terme d’un combat mémorable, Yusuke Honda est notre nouveau champion du monde d’arts martiaux libres des moins de vingt ans et succède ainsi à son compatriote Hiro Shimada ! »
Yusuke sort enn du contre-jour et la silhouette se transforme en un adolescent au teint brun et aux cheveux rouge grenat mi-longs gorgés de sueur. Son visage est marqué par l’épuisement mais aussi par l’ivresse de la joie. Cette victoire est l’accomplissement d’une vie dédiée à une discipline stricte qu’il s’est appliquée à lui-même. Il a toujours su qu’il avait une destinée hors du commun et il considère cet instant comme le premier jour du reste d’une vie glorieuse. Les pensées et perspectives d’avenir afuent si vite qu’il ne peut complètement les assimiler. Plusieurs opportunités s’offrent à lui : la ligue de combattants professionnels ? le cinéma ? les contrats publicitaires ?C’est le plus beau jour de sa vie. Il rééchira à la suite plus tard, car il voit sa mère approcher. L’inquiétude des dernières semaines s’est envolée, laissant place à un regard imbibé de erté. Elle est souvent absente à cause de ses obligations professionnelles, mais s’est toujours assurée que les moments passés avec son ls soient les meilleurs possibles et il lui en sera à jamais reconnaissant. Ils tombent dans les bras l’un de l’autre, pour un moment d’anthologie immortalisé par la presse spécialisée. Ils sont rejoints peu après par
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Tulio, le compagnon de sa mère, et deux autres adolescents, Joel et Tsukasa, ses amis.  Au milieu de la foule en délire, une femme observe calmement la scène, comme si le combat proposé dans ce temple du sport à la pointe de la technologie ne l’avait pas vraiment impressionnée. L’homme du Virage Vert, situé juste en face du jeune vainqueur étreignant sa mère folle de joie, arbore toujours son sourire énigmatique. Le moment de sa rencontre avec Yusuke est proche, mais ce dernier n’est pas sa priorité aujourd’hui. La femme est quant à elle postée dans les tribunes derrière le gagnant. Les yeux dissimulés sous un grand chapeau blanc, elle observe discrètement le centre de l’arène, sans dévoiler la moindre émotion. Elle est venue voir de ses propres yeux le phénomène Yusuke Honda. Elle l’observe depuis plusieurs années déjà, sans qu’il ne soupçonne son existence mais elle compte bien changer cela. Il est temps pour elle de se présenter à lui. Étant d’un naturel froid, dur et distant, elle ne sait vraiment comment approcher cet adolescent énergique. Leurs différences sont si nombreuses et évidentes qu’elles éclipsent sans mal leur unique point commun. Il ne sera pas facile à convaincre.
 Alors qu’elle se laisse porter par le courant de ses réexions, un surprenant frisson parcourt son corps. Son énergie spirituelle est comme soumise à des interférences volontairement causées par une tierce personne. C’est une sensation aussi déplaisante qu’un caillou logé dans sa chaussure. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est assez inconfortable pour entreprendre d’y remédier soi-même. Quelqu’un en ce lieu semble déterminé à la déer. Elle ne se souvient même plus de la dernière fois qu’elle a été provoquée de manière aussi frontale, tant elle est habituée à inspirer la crainte et la soumission aux légions sous ses ordres comme à ses ennemis. Elle lève la tête et ge son regard sur les tribunes face à elle, apercevant, à plus de deux cents mètres, l’homme aux lunettes de soleil dont elle vient de sentir la présence. À cet instant, son visage se découvre. C’est une belle femme aux traits ns, à la peau teintée d’un vert très pâle, quasiment imperceptible, et à la chevelure d’une couleur végétale, évoquant le feuillage d’un arbre tropical. Ses grands yeux rouges semblables
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à des rubis xent l’inconnu avec un soupçon de condescendance et plus de contrariété qu’elle ne voudrait le laisser paraître. Sa décon-traction en toutes circonstances, son attitude détachée, cette paire de lunettes ridicule et ce sourire toujours aussi irritant qu’il arbore en permanence… Elle le reconnaît et n’aurait jamais cru qu’il se sen-tirait assez conant pour être aussi audacieux. Soit il est suicidaire, soit il a un plan vraiment bien rodé. Mais aucun plan échafaudé contre elle n’a jamais fonctionné. Le dénouement est invariablement le même depuis toujours.
 Le jeune homme, pour sa part, prend un air amusé et lui fait un signe de la tête, comme pour lui signier qu’il l’a, lui aussi, re-marquée. À n’en point douter, ces deux individus se connaissent et ne s’apprécient guère. Le monde semble comme gelé autour d’eux. Arriver à repérer quoi que ce soit à l’œil nu, parmi des dizaines de milliers de personnes déchaînées et dans une enceinte de cette enver-gure n’est absolument pas humain. Ils ne le sont pas. Du moins, pas tout à fait. Ils s’observent pendant de longues secondes puis, faisant onduler sa crinière verdoyante, la femme casse brutalement leur jeu de regards. Vêtue de sa robe moulante rouge et blanc, elle quitte sa tribune, se dirigeant hâtivement, d’un pas élégant et sûr, vers la sortie du stade. Contrairement à ce que son visage inexpressif laisse paraître, elle est presque déçue. Au l des années passées à observer cet enfant de loin, elle, qui ne s’attache à personne, a, semble-t-il, développé quelque affection pour lui. Elle préférerait écouter son discours de vainqueur alors qu’il s’empare du micro, mais se débar-rasser de ce gêneur est la priorité.
 Une fois arrivée à l’extérieur, elle regarde les hologrammes diffusant la réaction à chaud de Yusuke au-dessus du stade. Ils sont visibles dans un rayon d’une douzaine de kilomètres, estime-t-elle négligemment. Elle arpente les ruelles alentour à la recherche d’un endroit discret. Sa robe la dérange, à présent. Pas physiquement, puisqu’elle est très sensible à l’idée qu’elle se fait de la mode, mais plutôt psychologiquement, car elle lui évoque un relâchement coupable et une sufsance dangereuse. Dans ses plus jeunes années, elle aurait été parée à toute éventualité d’attaque en prévoyant une
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tenue de rechange plus adaptée à la situation. Elle mène une existence paisible depuis si longtemps, vivant presque comme une humaine, qu’elle en a oublié qu’elle n’en était pas une. Même fondue dans cette masse de créatures inférieures, elle reste une cible à abattre, en dépit du statut d’épouvantail qu’elle est parvenue à se forger au l du temps. Elle arrive dans une allée étroite peu fréquentée. L’endroit, désert et à l’abri des regards, est un point de départ satisfaisant. Sans un bruit, ses sandales rouges décollent progressivement du sol. Elle s’élève ainsi avec uidité dans les airs, lévitant avec la grâce d’une sirène, puis s’envole, tel un ange, loin, très loin du stade. Elle est en train d’attirer cet idiot dans un combat qu’il ne gagnera jamais. Elle a, au cours de sa longue existence, cultivé sa méthode, entretenu son détachement et accumulé plus d’expérience que ce poseur n’en aura jamais, même en vivant deux vies supplémentaires. Alors… pourquoi ressent-elle un tel malaise ?
 Le jeune homme, qui vient de sortir de l’enceinte, marche calmement avec le même sourire énigmatique sur le visage. Il la regarde s’en aller au loin, hors de la ville, sous le ciel estival, qui, aux abords du stade, est à présent zébré d’une circulation dense mais uide, comme d’habitude à New Midori City. Une étrange sensation se manifeste sur sa main droite, qu’il scrute. À sa grande surprise, elle tremble comme jamais elle n’a tremblé jusqu’à ce jour. Cela déclenche un nouveau sourire. Il rassemble ensuite ses doigts pour en faire un poing qu’il serre fermement, sans parvenir à contenir le frémissement, qui s’est propagé dans tout son être. Il observe à nou-veau l’horizon vers lequel la femme est partie. L’heure de leur duel approche et son issue, hautement incertaine, sera cruciale.
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er Chapitre I L’île
 Il est dix heures du matin. De l’électrorock à la mode en-vahit la petite chambre encore sombre du jeune prodige. La tête à moitié enfoncée dans un oreiller qu’il a toujours trouvé trop mou, il grommelle quelque chose. La musique s’arrête et l’opacité totale de sa grande fenêtre donnant sur l’effervescence de la cité s’amenuise progressivement. Un rai de lumière traverse la pièce et pose déli-catement une agréable chaleur sur sa joue. Yusuke nit par se lever et essuie machinalement le let de bave qu’il décèle sur le coin de sa bouche. Il en sourit, amusé. Il n’a pas souvenir d’avoir jamais passé une meilleure nuit que celle-ci. D’un pas nonchalant, avec des vêtements plus ou moins propres à la main, il sort de sa chambre et traverse le passage entre le salon à sa gauche et la cuisine à sa droite, tous deux richement aménagés par sa mère.
 Le salon est une pièce spacieuse dans laquelle trônent des meubles aux courbes nobles, épurées et aux couleurs pastel, aussi nombreuses que variées, du plus bel effet. Yusuke ne fait presque plus attention au grand canapé bleu en textile autonettoyant puricateur d’air qu’il a toujours connu, ni aux fauteuils qui l’entourent comme pour souligner sa place quasi primordiale dans le séjour, voire dans tout l’appartement. Disséminés dans la pièce, de nombreux meubles sont spécialement disposés pour exhiber les nombreux souvenirs de voyages ramenés par sa mère. Les murs-écrans sont parsemés de photographies et de vidéos. Celles-ci montrent, bien entendu, Yusuke à chaque étape de sa vie. Du bébé potelé incroyablement mignon à l’adolescent subtilement impertinent, en passant par l’enfant à la mine enjouée. Ces images ne reètent pas vraiment celle que Yusuke
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renvoie généralement. Ces expressions faciales de garçon modèle ne sont réservées qu’à sa mère et, dans une moindre mesure, à Tulio, le petit ami de celle-ci, qui fait ofce de timide gure paternelle à ses yeux. Le regard de Yusuke s’attarde sur les images dépaysantes des différents mondes que sa mère a eu le privilège de visiter. Comme sur cette superbe photographie de groupe prise devant une navette spatiale pour immortaliser sa remise de diplôme, elle est toujours entourée des nombreuses personnes qu’elle a pu côtoyer. Son ls est un peu différent. Hormis Joel, son compagnon d’entraînement avec lequel il s’entend bien, et Tsukasa, qui a probablement plus d’amitié pour lui que lui n’en a pour elle, il n’a pas d’attache solide. Cela s’explique notamment par le fait que Joel est la seule personne à lui résister – un peu – lors de leurs exercices et à ne pas lui en vouloir d’être aussi fort. Concernant Tsukasa, il se dit qu’elle traîne avec lui car elle se sent redevable pour une vieille histoire datant de l’école primaire. À part ces deux-là, avec lesquels il a fait le strict minimum, les autres adolescents de son âge sont relégués au rang de camarades, de potes ou de simples connaissances. Il cultive une cer-taine distance avec les gens et n’a aucun souci à paraître insondable auprès des autres. Il en résulte donc un personnage apprécié mais peu entouré qu’il campe depuis plusieurs années. En cela, il se dis-tingue de la disponibilité de sa mère, qu’il juge excessive, tant leur entourage est nombreux. Ce trait de personnalité qui la caractérise exaspère Yusuke autant qu’il suscite son admiration. Il est très er d’elle et se surprend souvent à espérer voyager aussi souvent et aussi loin qu’elle, un jour. Il ne saurait dire si ces pérégrinations ont forgé le caractère de sa mère ou si elles sont plutôt la résultante la plus évidente de son tempérament.
 La cuisine, ouverte sur le salon, est un peu bruyante. Sa mère, qui repart pour six mois en cette n de matinée, prote de ces der-niers instants chez eux pour lui préparer quelques bons petits plats et s’affaire avec l’aide précieuse d’un robot cuisinier vintage. Les trois grands bras de la machine sont comme autant de tiges sorties du pla-fond qui gesticulent dans une partie de la pièce au gré des commandes vocales dictées par la maîtresse de maison. Ces instruments sont ca-
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