Chroniques Verticales - Saison 1 - Épisode 3 , livre ebook

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Vol Parfait en veut terriblement au clan pour le sort qu'ont connu son père et son grand-père. Mais l'ascension doit continuer. Du moins, jusqu'à l'intersaison, un temps de repos pour le clan, mais aussi de décisions pour le Conseil. Le clan est en péril, il faut prendre des mesures. Et éviter, à tout prix, un nouvel accident...

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Nombre de lectures

3

EAN13

9791095442271

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Chroniques Verticales Laurent Copet Saison 1Épisode 3
1 Ombre du Néant se tenait au centre de la vire. Lors que Mendeku arriva, un soulagement imperceptible traversa son visage. Le shaman joignit ses mains devant lui et le salua. L’ancien en fit autant. À sa suite, Akira s’inclina respectueusement. Ombre du Néant le releva. « Mes amis, dit-il, grâce soit rendue aux membres d e ce clan encore capables de témoigner de la considération aux anciens. — Ombre du Néant, répondit Mendeku, le statut d’ancien, comme celui d’adulte ou de jeune, est une invention. Les dieux nous ont faits semblables, sans distinction de considération. Pour le Sommet, un petit ne vaut pas moins qu’un chef ouvreur. » Le vieux fabuliste soupira. Intrigué, Vol Parfait o uvrit la bouche pour parler. Chilam Balam lui posa la main sur l’épaule et le fit taire. À un clou de là, Fantomastic allumait le feu. Il jeta un rapide coup d’œil à la scène avant de s’en désintéresser. Pichenibule était parti chasser. Un long silence s’installa. Ombre du Néant et Mendeku restèrent face à face. Tous les autres s’écartèrent. L’ancien ferma les yeux. Le shaman s’approcha, lui saisit la tête et vint coller son front contre le sien. Il ferma les yeux à son tour et entonna une prière. Vol Parfait connaissait ces paroles, sa mère les lui av ait apprises et ils les répétaient tous ensemble aux intersaisons. Sans s’en rendre compte, il se mit à les marmonner, comme tous les membres présents. Même Fantomastic les avait rejoints. Les voix se turent. Au loin, El Cap flottait sur la croûte brumeuse. Le shaman déplaça ses mains sur le visage d’Ombre du Néant et vint po ser ses paumes contre les yeux de l’ancien. « Ombre du Néant, dit-il d’une voix caverneuse, père de Chilam Balam et de Kallistée. Au nom des dieux du Sommet, sanctifie cet endroit. » À cet instant, Ombre du Néant décrocha son poignard . Il se laissa tomber à genoux et l’abattit de toutes ses forces dans le sol. Surpris par la violence et la soudaineté de ce geste, Vol Parfait sursauta. L’ancien se releva et enleva son sherpa. Il retira ensuite l’habit qui le recouvrait et se retrouva nu. Sur l’épaule d u jeune tisseur, la main de Chilam Balam se crispa. Vol Parfait, choqué par la nudité de son grand-père, eut envie de rire, puis de fermer les yeux. Il ne fit ni l’un ni l’autre et resta prostré, au comble de la stupéfaction. Mendeku recula d’un pas. « Ombre du Néant », dit-il. L’ancien se tourna face aux cordées présentes. Il prit une profonde inspiration. « Ce que j’ai à dire importe peu, commença-t-il. Je ne souhaite pas renier le clan après cinquante-neuf, presque soixante saisons passées su r cette Falaise. J’aurais pu, j’aurais dû le faire à un moment de ma vie, mais il est maintenant trop tard pour moi. » Son regard se posa sur Vol Parfait. « Le clan n’est pas toujours infaillible. Il s’efforce de justifier au mieux l’absurdité de l’existence, mais si le mystèr e de la vie et de notre présence en ce monde seront peut-être un jour révélés, je ne pense pas qu’il faille chercher un sens à tout ça. Je pense au contraire que ceux qui le peuvent d oivent suivre leur voie. C’est ce que je n’ai jamais eu le courage de faire. » Les paroles de l’ancien résonnèrent à travers la tête de Vol Parfait. Il n’en saisit pas le sens, mais, au cours des nombreuses fois où il se l es remémorerait par la suite, il ne manquerait pas de se rappeler les jours vécus, seul en compagnie de son grand-père, perdus sur la Falaise. Les jours où, malgré son jeu ne âge, il avait réalisé qu’Ombre du Néant remettait en cause le clan. Vol Parfait regarda son grand-père approcher du bor d de la vire, incrédule. Il voulut l’appeler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. I l voulut le rejoindre, mais sa mère le retint. Ombre du Néant se laissa tomber dans le vide.
Vol Parfait hurla. Il échappa à l’étreinte de Chilam Balam et se rua au bord du gouffre. Il eut à peine le temps de voir disparaître la silh ouette de son grand-père, s’éloignant sans bruit, de plus en plus petite, happée au loin par la blancheur du Néant. « Granpa ! Granpa ! » répéta Vol Parfait, proche de l’hystérie. Chilam Balam le rejoignit et le fit reculer d’une main ferme et dou ce à la fois. « Granpa ! Tu l’as laissé sauter ! l’accusa Vol Parfait. Tu savais ce qu’il allait faire et tu l’as laissé ! — Ombre du Néant a terminé son ascension. — Mais… — Nous devons respecter son choix. C’est du passé maintenant, n’en parlons plus. — Non ! » Vol Parfait se débattit de toutes ses forces en pou ssant des cris. Il se mit à courir sur la vire et, bloqué par le vide, grimpa de quelques clo us. Il trouva une cavité de faible profondeur et alla s’y enfouir, le visage ruisselant de larmes. « Vol Parfait ! » cria Chilam Balam. Le shaman lui posa une main sur l’épaule. « Laisse-le, dit-il. Il est triste. Son apprentissa ge de la vie n’est pas fini. Quand la Falaise lui aura dispensé tous ses enseignements, il comprendra. — Je suis triste aussi, répondit la jeune femme. Ma lgré tout ce que j’ai appris de ce monde. Je me demande… Ce qu’a dit mon père… — Comme tu l’as dit toi-même, c’est du passé. Chaque jour, le passé est englouti par le Néant. Nous devons regarder vers l’avenir. Vers le Sommet. » Chilam Balam sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle n’arrivait pas à penser à autre chose. Ombre du Néant venait de les quitter. Le der nier fabuliste. Après lui, elle avait l’impression que le clan ne serait plus jamais le m ême. Il était le dernier gardien de leur histoire, le dernier à faire l’effort du souvenir. La fin de son ascension sonnait comme une nouvelle et terrible étape dans la vie du clan. En silence, Mendeku et Akira se préparèrent et quittèrent le campement. Les pleurs de Vol Parfait parvinrent jusqu’aux oreilles de Chilam . Elle repensa à ce qu’il avait dit un jour : il voulait devenir fabuliste. Et pourquoi pa s ? Une intuition lui disait que le comportement du clan n’était pas le bon, qu’à ne vo uloir conserver que l’utile on en viendrait un jour à se débarrasser de son identité. Les paroles d’Ombre du Néant la troublèrent. Suivre sa propre voie. Mais comment su ivre sa propre voie en dehors du clan ? Elle en voulut au vieil homme d’avoir dit ça. Pichenibule se hissa sur la vire. Il balaya les lie ux du regard, les sourcils froncés, tomba sur le poignard planté dans le sol, leva la t ête en direction des pleurs qui s’échappaient de la paroi. Il regarda Chilam Balam et hocha la tête, l’air grave. Il se réjouit, pensa la jeune femme.Même s’il se tisse un visage de circonstance, il est soulagé de ne plus avoir d’ancien dans sa cordée. Une sensation désagréable lui vrilla le ventre lors qu’elle réalisa que la disparition d’Ombre du Néant la soulageait, elle...
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