Cœur de Ténèbres , livre ebook

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Certains amours s’épanouissent dans la passion, d’autres dans la souffrance...


Béatrice de Lacarme est l’héritière d’une prestigieuse lignée d’experts en paranormal. Sa nature est unique. Moitié humaine, moitié vampire, elle se voit écartelée entre les préceptes de la raison et ses instincts prédateurs.


Chasseuse solitaire, âme torturée, la jeune femme est abstinente des plaisirs charnels. Mais la providence s’en mêle lorsqu’à l’occasion d’un voyage en Suisse, Béatrice apprend à mieux connaître Léandre Wasker. Malgré sa réticence, le châtelain au mystérieux passé ne manque pas de la déstabiliser et sème le trouble en elle. L’homme l’intrigue, l’agace... la séduit.


Hélas, le destin peut parfois se montrer cruel. Alors que Béatrice effleure un bonheur inespéré, une implacable machination se met en marche contre elle et ceux qu’elle aime. Animée par les pires convoitises, une adepte de cultes démoniaques et ses complices vont tout faire pour s’approprier son corps immortel. La plus néfaste des conspirations aura-t-elle raison des sentiments ? Ou bien l’appel du cœur se révèlera-t-il plus fort que la soif de sang ?


Ténèbres et lumière s’affrontent dans ce troisième et dernier volet du cycle des âmes déchues.


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Date de parution

25 janvier 2014

Nombre de lectures

23

EAN13

9782919550715

Langue

Français

Coeur de Ténèbres
Le Cycle des âmes déchues 3
Stéphane Soutoul
Éditions du Petit Caveau - Collection Sang d'Âme
Avertissement
Salutations sanguinaires à tous ! Je suis Van Crypting, la mascotte des éditions du Petit Caveau. Je tenais à vous informer que ce fich ier est sans DRM, parce que je préfère mon cercueil sans chaînes, et que je ne suis pas contre les intrusions nocturnes si elles sont sexy et nues. Dans le cas contraire, vous aurez affaire à moi.
Si vous rencontrez un problème, et que vous ne pouv ez pas le résoudre par vos propres moyens, n’hésitez pas à nous contacter par mail ou sur le forum en indiquant le modèle de votre appareil. Nous nous chargerons de t rouver la solution pour vous, d'autant plus si vous êtes AB-, un cru si rare !
Tout affligés et malheureux que nous sommes, on ne peut nous ôter cette douceur d'aimer. George Sand – La petite Fadette
Prologue
18 juillet 1930. Forêt de Wasker, Suisse. Certaines nuits exposent une voûte céleste chargée de ténèbres si denses, si oppressantes, qu'elles occultent la légitime présence de la lune et des étoiles. Le ciel des dieux et la terre des Hommes se voient alors re couverts par une vaste étendue d'encre noire. Comme si quelques esprits échappés d es abîmes se complaisaient à bannir toute source de lumière. Depuis l'aube des temps, le règne indicible de l'obscurité ne manque pas d'éveiller les peurs les mieux enfoui es, d'affoler les superstitions ancestrales. D'instinct, l'être humain a conscience de certaines choses tapies entre les replis des ombres… Une influence chargée de mystères, comme celle exer çée par cette sombre nuit d'été. Bientôt une heure du matin. Moment propice entre to us pour voir ressurgir les plus néfastes appréhensions. Un homme trentenaire, lampe à huile en main, se dressait seul au milieu d'une forêt suisse à la noirceur insondable. Florestan Labrière était son nom. Le souffle du vent dans les branchages ainsi que le s mouvements indéterminés provenant des buissons amplifiaient l'aura sinistre de la végétation alentour. Cependant, le noctambule préférait encore cette compagnie-là, aussi lugubre fût-elle, à un silence absolu. Florestan se tenait devant les fondations d'un puits en ruine. La construction semblait déplacée en ce lieu, ainsi érigée au milieu de nulle part. Des apparences trompeuses, car il s'agissait en réalité d'un passage dérobé. C e dernier, à l'abri des regards indiscrets, conduisait directement vers des catacombes oubliées… Un endroit vieux de plusieurs siècles, sorti des mémoires depuis plusieurs générations. Quelque part dans le sous-bois nébuleux, s'éleva un hululement de chouette. Mauvais présage. L'homme hésita à se risquer dans le gouffr e qui l'attendait sous ses pieds. Seulement voilà, sa détermination n'avait pas le dr oit de faillir. Son père adoptif n'accepterait ni échec, ni lâcheté. Florestan jeta un bref regard par-dessus son épaule. Personne ne l'avait suivi, mais ce calme apparent ne le rassura pas pour autant. Ma lgré sa réticence, il se résigna à emprunter l'échelle rouillée qui s'offrait à lui. B ien qu'il n'était pas particulièrement enthousiaste de descendre, il n'avait pas le choix. Trop d'enjeux dépendaient de son excursion dans ces souterrains abyssaux. Et puis, il ne serait pas seul. Là en bas, quelqu'u n l'attendait : la châtelaine résidant dans le domaine situé à quelques lieues d'ici… C'était elle qui lui avait indiqué cet accès dérobé. Afin qu'il puisse la rejoindre en toute discrétion, à l'insu de tous. Le rendez-vous clandestin de deux conspirateurs, de deux amants. Sa motivation le surprenait lui-même. Malgré sa répugnance à affronter l'obscurité, à assumer les responsabilités qu'incombait une telle rencontre, Florestan éprouvait une vive impatience à retrouver la femme qui patientait dans les catacombes. Il en rêvait même ! Le goût de ses lèvres, la douceur satinée de sa pea u, l'enivrant parfum de ses cheveux… Tout en elle embaumait l'obsession. Florestan n'était pas habitué à ressentir pareil ém oi. Avant de faire la connaissance de cette femme envoûtante, son existence tout entière se cantonnait à un carcan rigide. Pas de place pour les frivolités du plaisir, et enc ore moins pour l'amour. Hildéric, son père, l'avait conditionné à un objectif unique : br iser le clan Lacarme et purger l'Humanité de toute forme de vampirisme ! Peu importaient les moyens pour y parvenir, seul le résultat comptait. Hildéric était homme à e xiger un sacrifice total de la part des siens, et surtout de son fils adoptif. Cette doctrine sans concession, Florestan l'avait s uivi avec discipline jusque récemment. Sans jamais se permettre la moindre incartade, sans jamais manquer à ses devoirs. Les sentiments affectifs étaient malvenus, lui avait-on martelé. S'y adonner n'était rien de plus qu'une perte de temps. Pas de fréquentations, peu de contact avec
autrui. La tendresse féminine ? Il ne l'effleurait qu'entre les bras et les cuisses de quelques prostituées. Des aventures charnelles d'une nuit, vénales et éphémères. Toutefois, le destin s'en mêla pour sonner le glas de cette soumission. Hildéric Labrière envoya un jour son fils adoptif négocier avec un membre éminent de la Société Thulé. Le vieil homme se méfiait comme la peste de ce groupe versé dans l'occultisme et les croyances hérétiques. Selon lui, il ne s'agi ssait que d'un rassemblement d'illuminés tout juste bons à finir sur le bûcher. Cependant, son propre mouvement, Le Cercle des Chasseurs de Ténèbres, pouvait tirer de substantiels avantages en s'alliant avec ce groupe mystique. Les dés furent jetés, un pacte entre les deux groupes se mit en marche. C'est au cours d'une entrevue protocolaire que Flor estan posa les yeux pour la première fois sur la beauté plantureuse de la comte sse Lavinia. Cette dernière personnifiait l'élégance et la grâce attendue chez une Dame de haute lignée. Sa famille était établie de longue date dans le district de Wa sker. Autoritaire, âgée d'une cinquantaine d'années mais toujours auréolée par une séduction glorieuse... Lorsque le regard du jeune Labrière plongea dans les étangs ab sinthe de l'aristocrate Suisse, toutes les convictions qui avaient pu régir sa vie jusqu'alors s'effondrèrent. Un corps aguichant, la cascade de ses cheveux auburn tombant par vagues dans son dos… Belle, inaccessible, et pourtant si désirable… L'attitude de cette muse aussi maniérée que distinguée se voulait hautaine. Pourta nt le jour de cette entrevue, déguisée derrière le sourire offert à Florestan, s'insinua la plus fiévreuse des invitations. La différence d'âge, qui séparait la comtesse et le fils adoptif de Labrière d'une vingtaine d'années, ne fût pas en mesure de ralentir leur ardeur. Et puis, le physique de Lavinia était d'une splendeur inaltérée. Par quel m iracle se voyait-elle ainsi graciée du poids de l'âge ? Le jeune homme n'en savait rien et observa le tact de ne jamais aborder ce sujet. Car lorsqu'enfin un jour leurs lèvres se scellèrent l'une à l'autre, dans la clandestinité la plus absolue, Florestan sut que cette femme allait changer le cours de son existence. Irrémédiablement. Rien, pas même son éducation de fer, n'aurait pu lu i ravir le réconfort d'avoir trouvé l'âme sœur à laquelle chaque être vivant aspire en ce monde. À la lueur frémissante de sa lampe à huile, le cœur palpitant parmi le sombre dédale jonché de crânes et d'ossements humains, Florestan puisait son courage dans sa passion pour Lavinia Wasker. Car il s'agissait bien de passion entre eux. Personne, et surtout pas son archaïque de père au seuil de la to mbe, ne pouvait saisir la teneur de cette vague charnelle qui déferlait pour balayer toute raison de son esprit, à chaque fois que leurs peaux communiaient. Lui, le tueur de vamp ires sans attache. Elle, la châtelaine érudite drapée dans le mystère de sa nob lesse. Une ivresse à l'état brute, partagée d'égale façon par deux cœurs embrasés de jouissance... Voilà sur quelle vérité flirtait leur relation secrète. Après de longues minutes à piétiner des os et à err er dans la sinistre galerie au silence glacial, Florestan déboucha sur une salle c irculaire où se rejoignaient d'autres couloirs. Une odeur de moisissure et d'humidité flo ttait dans l'air. Garnissant les murs bâtis en pierres grossières, flamboyaient des torch es qui atténuaient la présence des ténèbres. C'est à cet embranchement, parmi le sifflement des courants d'air et la décrépitude, qu'attendait Lavinia Wasker. Elle était là, pour lu i. Elle… Cette femme à la beauté marmoréenne. La seule capable de pervertir les sens de Florestan comme nulle autre ne saurait le faire. Assise dans l'une des alcôves creusées à même la ro che des murs, la châtelaine, enveloppée dans une cape de velours noir, dévorait de son regard vert liquide le visiteur. Autour d'elle, les torchères incrustées dans les pa rois diffusaient une lumière tamisée, lui conférant un charme céleste. Il y avait un mala ise indéfinissable à la voir ainsi installée à son aise parmi les crânes humains blanc his par les siècles. Comme si, araignée patiente et vénéneuse, les filets de son élégance tissaient un inextricable piège vers lequel se dirigeait Florestan. Lavinia s'était apprêtée avec soin pour ravir son a mant. La longue robe indigo qui esquissait les lignes de sa silhouette et de ses fo rmes aguichantes accompagnait à merveille l'éclat cuivré de ses cheveux. À ses bras et à son cou, scintillaient rivières de diamants et bracelets en or. Les parures précieuses tenaient en l'une des passions de la châtelaine de Wasker… Cela, ainsi que les hommes, l a soif de connaissance et son ambition d'éternelle jeunesse !
Et le jeune français qui venait vers elle, en quête de complices pour appuyer les dessins de son père, allait lui offrir sur un plate au d'argent le moyen de ne plus jamais craindre les affres du temps qui passe, de la longu e dégradation dispensée par l'impitoyable ouvrage des années. Pour être belle et désirable à jamais. La morbidité du lieu de leur rendez-vous ne refroidissait pas pour autant les ardeurs de Florestan. Il avait tant de choses à deviser avec Lavinia, au sujet de leurs affaires en cours. Sans oublier ce besoin de caresses à prodiguer sur la peau de la représentante de l'ordre de Thulé… Vêtu d'une chemise sombre à manches courtes, d'un pantalon de coton et de mocassins en cuir, il se dirigea à la r encontre de la femme qui épiait son arrivée. Celle-ci lui décocha son sourire le plus sensuel, tandis que le jeune homme se rapprochait d'elle avec un aplomb nouveau. Ses craintes se désagrégèrent au profit d'un délicieux frisson. — Curieux endroit pour un flirt, plaisanta Florestan en déposant un baiser au creux de la main de Lavinia. — Les morts ont cette prodigieuse qualité d'être au ssi silencieux que leur tombe, argua la comtesse avec malice. Cette nuit sera-t-elle la nôtre, Monsieur ? Un courant d'air siffla dans la salle funèbre, form ant un halo de cheveux autour de son visage. Un minois à la beauté lisse et éthérée, mais dépourvu d'innocence. — Pourquoi ne devrions-nous pas nous entendre ? s'enquit Florestan. Le Cercle des Chasseurs de Ténèbres et la Société Thulé ont des objectifs qui se rejoignent, et… — Il n'est pas question d'intrigues politiques, le coupa Lavinia d'un ton doucereux, en passant un bras autour de son cou. Toi et moi, amour, avons à parler. De notre avenir, des épreuves qui nous guettent… et du présent que tu vas m'offrir ! Intrigué, Florestan délaissa sa lampe à huile dans une alcôve, et prit place à côté de son hôte drapée de soie. Avec une évidente tendresse teintée de respect, il enlaça entre ses doigts la main froide de la châtelaine. — Nous parlerons de tout ce qu'il vous plaira, Madame. Dites-moi donc, quel serait ce présent dont l'acquisition vous rendrait si heureus e ? Quel serait, à la lumière de vos yeux, le gage qui rendrait irréfutable ma dévotion à votre égard ? Lavinia fixa son regard émeraude, dur comme le diamant, dans les yeux bleu clair de son amant. À cet instant, elle parut songeuse sans raison apparente, comme emportée dans une réflexion de la plus haute importance. Ell e ne ressemblait plus à une bien-aimée réclamant sa part de confidences et de douceu rs. Là, dans ce mausolée sous-terrain devenu royaume de pénombre et enseveli par le temps, s'effrita le verni de son leurre pour dévoiler sa nature réelle. Surgit alors l'esprit d'une femme mûre et calculatrice. Elle demeura ainsi, à méditer ses fut urs arguments dans l'étreinte de Florestan suspendu à ses lèvres. Des lèvres corail qui ne tardèrent pas à s'éclairer d'un sourire sournois, misérable de candeur. — J'ai plaidé en votre faveur, lâcha enfin l'intrig ante. Après concertation et malgré certaines réticences, mes confrères de Thulé sont p rêts à soutenir le Cercle des Chasseurs de Ténèbres. De mêler leurs intérêts aux vôtres. Croyez bien que la chose ne fût pas aisée, mais c'est fait. Mes pairs m'ont désignée en tant que déléguée, afin de superviser le respect en bonne et due forme de notre traité. À cette nouvelle, Florestan ne put réprimer un soupir de soulagement. — L'Ordre de Thulé accepte de mettre à notre dispos ition sa science, ses connaissances ? s'enthousiasma-t-il. Afin que se termine l'hérésie vampirique ? Afin de balayer le clan des Lacarme, ces usurpateurs qui brident les agissements de mon père depuis si longtemps ? Formidable nouvelle ! — N'est-ce pas ? se délecta Lavinia en caressant les cheveux de son homologue. Et pour en revenir à ce fameux présent, il est une cho se appartenant à cette famille que j'aimerais justement me voir offrir de votre main. Une chose, ou préférerais-je dire dans un langage plus romantique, une offrande qui symbol iserait l'alliance de nos deux respectables sociétés. De nos deux âmes. Pour la première fois depuis sa descente dans les c atacombes, Florestan se trouva confus. — Un objet détenu par les Lacarme ? Quoi donc ? Lavinia effleura de ses doigts fuselés la joue de l'homme plus jeune qui la tenait par la hanche. Sa caresse descendit sur son épaule. — Trois fois rien, le rassura-t-elle. Il ne s'agit pas d'un objet, mais d'une personne de
moindre importance. Quelqu'un qui ne fera défaut ni à vous, ni à votre père, bien au contraire. Ma proposition va arranger tous vos problèmes, au-delà de vos espérances : laisse-moi Béatrice de Lacarme ! Fais-moi cadeau de cette créature, que je puisse en disposer à ma guise, avant sa destruction. Accorde-moi ce plaisir ! — Cette Béatrice… C'est justement par la faute de c e démon que mon père et les siens n'ont pu se défaire des Lacarme, s'indigna Florestan. C'est pour réduire à néant cette bâtarde moitié humaine, moitié vampire que no us sommes contraints de faire appel à la Société Thulé. Le jeune homme cherchait à déchiffrer l'expression du visage de sa compagne. N'y parvenant pas, il demanda : — Mais quel intérêt représente pour vous cet hybride ? D'après ce que mon père m'a appris sur elle, sa nature est bâtarde. Le sang dan s ses veines serait corrompu par l'essence maléfique de Caïn, le démon à l'origine de la malédiction vampirique. Florestan marqua une pause, à la recherche de ses m ots afin d'appuyer sa mise en garde. — Cette femme, si l'on peut l'appeler ainsi, est au ssi dangereuse que l'enfer. Les années qui passent n'ont plus d'emprise sur elle, et les plus effroyables rumeurs courent sur le compte de ses parents. Il se murmure que ce sont eux qui ont invoqué l'esprit de Caïn. Sans l'intervention du Cercle des Chasseurs de Ténèbres, il y a de cela trente ans, qui sait comment aurait pu se finir cette abjection païenne. Sans se départir de son sourire, Lavinia soutint le regard alarmé d'un Florestan réellement soucieux. Elle trouvait sa naïveté touchante. Il prenait pour argent comptant tous les mensonges de son père. Il était si facile à manipuler… La châtelaine était au fait des évènements survenus à l'époque de la mort de Lé onore de Lacarme et de son fiancé. Elle se demandait la façon dont réagirait l e fils adoptif d'Hildéric Labrière s'il apprenait la vérité sur la tragédie de Saint-Martyr, celle qui coûta la vie aux parents de Béatrice de Lacarme. S'il venait à découvrir que c'était en réalité son père et les fanatiques à son service qui avaient essayé par tous les moyens de ressusciter le démon Caïn. Cependant, son aveuglement lui rendait service. Elle n'avait aucun intérêt à lui ouvrir les yeux sur sa crédulité. Entre ses mains expertes , le jeune homme faisait une marionnette de choix. Pour s'en convaincre, il n'y avait qu'à constater avec quelle ferveur il la couvait des yeux. Chaque fois qu'elle battait de ses longs cils, c'était comme si son soupirant se voyait momentanément sous l'emprise d'un puissant charme. — Rassure-toi, l'apaisa-t-elle de sa voix veloutée. J'appréhende pleinement le péril représenté par Béatrice de Lacarme. Seulement voilà, amour : c'est un spécimen unique ! Je tiens à comprendre la magie qui la souille, afin que plus jamais les morts ne rêvent du sang des mortels. Car la connaissance, c'est la prévenance des périls à venir. — Le Cercle des Chasseurs de Ténèbres exècre le bla sphématoire et ses manifestations sataniques, désapprouva Florestan. S ous quelque forme que ce soit. Tous ces risques encourus seront-ils justifiés ? Percevant la contrariété de son amant, l'aristocrate déposa un chaste baiser sur son cou pour le rasséréner. Une cajolerie cupide. Elle prit alors le temps de humer le parfum de son eau de Cologne. — Plus que tu ne l'imagines, assura-t-elle. Ce cher Hildéric a bien implanté en toi les graines de sa philosophie étriquée. Mais pour faire tomber les Lacarme, il faudra au préalable rendre inoffensive leur ange déchu. L'étu dier donnera le remède au mal vampirique, n'est-ce pas ce que nous voulons tous les deux ? Lavinia serrait un peu plus fort la main de Florest an. Derrière son éloquence enjôleuse, sa volonté inflexible ne souffrirait aucun refus. — En preuve de ton amour, de ce que je représente à tes yeux, le pressa-t-elle. Accorde-moi cette faveur, mon bel ami. J'en appelle à ta confiance. Laisse-moi m'occuper de Béatrice de Lacarme comme je l'entends ! Florestan se contenta d'observer un point invisible devant lui. Un repère dans le néant que lui seul pouvait distinguer parmi la noirceur des bas-fonds. — Avez-vous une idée pour mettre un tel plan à exéc ution ? Quoi qu'il en soit, j'emprunterai dorénavant le même chemin que vous, dans vos pas. Mon sort sera lié au vôtre, dans le succès comme dans les déconvenues. Les ombres sur le visage de la châtelaine s'animère nt, comme douées d'une vie propre. Un signe qui trahissait son exultation contenue.
— La société Thulé a trouvé quelqu'un qui pourra no us venir en aide dans notre tâche. Quelqu'un doté de pouvoirs très spéciaux : u n être capable d'emprisonner les âmes. Votre père ne l'apprécierait pas. Visiblement résolu au pacte qu'il venait de conclure, en son nom et en celui de son père, Florestan se leva et caressa le genou de Lavinia. — Pour sauver des vies et réduire à néant les impures, le jeu en vaut la chandelle. Il comprendrait, aussi borné soit-il. Avide, soumis à l'appel de ses désirs, le jeune hom me s'inclina sur le corps de la femme nichée entre ses bras et commença à la couvrir de baisers. Consentante, Lavinia répondit en enroulant ses jambes autour de la taille de son amant. — Ainsi, nous sommes d'accord, se réjouit-elle en g lissant une main langoureuse dans son dos. Les terres de Wasker, mon fief, seront le lieu idéal pour tendre les filets de notre piège. Sur l'intrigue de ces mots funestes, lourds de mena ce, le silence retomba tel un suaire. Dans les catacombes oubliées, des gémissements lascifs profanèrent bientôt le sanctuaire des défunts. Dans les ténèbres du domaine de Wasker, se signa da ns la chair un pacte... L'alliance la plus terrible qui soit !
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