Dans l univers des Contes Interdits - Nadia, la journaliste déchue
110 pages
Français

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Dans l'univers des Contes Interdits - Nadia, la journaliste déchue , livre ebook

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Description

Nadia Doucet est devenue riche et célèbre en écrivant l’histoire de Cendrine, la fille du crématorium.
Son livre ne laisse personne indifférent ; il éveille même en elle des passions malsaines et dangereuses.
Elle sort tout juste d’une relation toxique, néanmoins son ex, un policier, refuse de la laisser partir. Elle n’est plus en sécurité nulle part.
Hantée par la mort de Cendrine, la journaliste est confrontée à des phénomènes surnaturels effrayants. Tant bien que mal, la jeune femme cherche à se
défaire de l’emprise de forces invisibles qui veulent la guider vers un lieu mythique tiré de ses cauchemars les plus macabres…
Découvrez l’histoire troublante de Nadia, journaliste spécialisée dans les récits de tueurs en série,
marquée à jamais par sa rencontre avec Cendrine, l’héroïne du Conte Interdit Cendrillon.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2023
Nombre de lectures 6
EAN13 9782898191343
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pour ma mère, partie trop tôt.


1
Yamachiche, Mauricie
Pierre Bélisle immobilisa sa vieille Chrysler rouge criblée de taches de rouille sur le côté de la route en terre battue. Les freins émirent leurs habituelles plaintes, un indice indéniable de l’usure au-delà du raisonnable de ces pièces qu’il jugeait trop coûteuses à remplacer. Le moteur surchauffait et l’aiguille de l’indicateur de température du liquide de refroidissement tanguait comme le marin sur le pont d’un navire. D’un tour de clé, le quinquagénaire fit taire la voiture. Il baissa ensuite sa vitre, malgré la chaleur suffocante de ce mois de juillet caniculaire qui s’engouffrait librement, pour tendre l’oreille à cette nature sauvage qui s’activait tout autour. Les oiseaux et les insectes formaient un agréable et apaisant concert. Aujourd’hui, Pierre entendait ces bruits ambiants, mais ce n’était pas toujours le cas. Son ouïe endommagée n’était qu’un problème parmi tant d’autres dans la multitude qui l’affectait.
Son regard passa de la forêt à la petite route de campagne en ligne droite d’une dizaine de mètres qui menait à une construction délabrée au terrain plus encombré qu’un dépotoir. Pas un centimètre de pelouse ou même l’entrée de cour ne se voyaient à travers ce fouillis. Gisaient en désordre des machines à laver, des carcasses de bagnoles, des appareils divers, des vélos, des tonneaux renversés et tant d’objets hétéroclites qu’on doutait de la possibilité d’y trouver un bâtiment habitable.
La sueur ruisselait sur le front de l’ex-agent des services correctionnels. Il se décida à sortir de sa voiture pour passer son arme à feu dans son dos, entre sa ceinture et son pantalon. Il titubait en s’éloignant de sa Chrysler. Marcher devenait de plus en plus difficile, sa jambe droite refusait parfois de lui obéir. Les jours de pluie, la douleur l’empêchait même de dormir. Pierre maugréa à voix basse avant d’avaler deux autres comprimés antalgiques, à sec. Il s’avança vers le capharnaüm où le soleil de plomb qui menaçait d’enflammer le décor se reflétait sur de nombreuses surfaces métalliques ou vitrées.
Pierre zigzaguait entre les objets et approchait de la structure de bois à la toiture en aluminium lorsqu’il entendit une faible musique. Elle semblait provenir de l’arrière-cour. Il prit donc cette direction, contournant le bâtiment pour découvrir une étendue sans fin de ferrailles. Il avait sous les yeux un champ d’une trentaine de mètres de large rempli d’articles de toutes les formes et grosseurs et de matériaux. Pierre s’était trompé en comparant l’endroit à un dépotoir, il ressemblait davantage au site d’un écrasement d’avion de ligne.
Un homme se tenait tout près d’un réfrigérateur à la porte ouverte et dans lequel il soudait quelque chose à grands jets d’étincelles. Pierre s’approcha de celui qui lui tournait le dos et qu’il suspectait d’être Laurent Quesnel, le propriétaire de ce commerce faussement répertorié sous le nom de Marché aux puces de Yamachiche. L’individu s’affairait à installer des tablettes dans l’appareil General Electric sans deviner la présence derrière lui. Sur une caisse de lait retournée, une petite radio à piles libérait la voix suave d’Elvis Presley qui chantait au sujet d’une prison. La coïncidence fit sourire Pierre, dont le séjour au pénitencier de Trois-Rivières en tant qu’agent de services correctionnels le suivrait jusqu’à sa mort. La détérioration rapide de sa condition physique lui avait coûté cet emploi qu’il avait occupé fièrement pendant dix ans.
Le soudeur s’immobilisa soudain, conscient de ne plus être seul, pour se redresser et retirer sa visière protectrice. Pierre esquissa un sourire poli au barbu qui se tournait vers lui. Laurent Quesnel le détailla d’un regard empreint d’une grande intelligence et son physique enviable pour un homme dans les soixante-dix ans déplut à son visiteur. Au fil du temps, le travail à l’extérieur et le dur labeur avaient transformé son corps en véritable nœud de muscles. Le soudeur se débarrassa de son casque et de ses gants pour s’approcher de Pierre, tout en sortant un mouchoir de sa poche pour s’en éponger le front. Sa voix rauque trahissait une maladie de la gorge quelconque.
— C’est vous qu’y avez appelé ?
— Oui, c’est moé, admit Pierre.
Laurent le considéra un moment, comme pour le jauger, mais aussi pour constater que la moitié droite du visage de l’ex-agent des services correctionnels ne répondait plus. Les muscles étaient atrophiés depuis son empoisonnement au mercure à la prison de Trois-Rivières. Cette exposition au produit toxique représentait la source de tous ses problèmes, mais les administrateurs de l’établissement ne lui avaient octroyé, en dédommagement ridicule, qu’une maigre solde mensuelle, insuffisante pour payer son loyer.
Laurent fit signe à Pierre de le suivre avant de pénétrer plus profondément au cœur du cimetière métallique. Une épaisse végétation verdoyante entourait le site, offrant une intimité non négligeable. Pierre comptait sur la solitude d’un tel bonhomme, sur l’absence de toutes autres traces de présences humaines pour mettre à exécution son plan. Tout indiquait que le vieux vivait seul. Ils progressaient dans le fouillis aux articles qui étonnèrent Pierre à plusieurs reprises, mais l’ultime surprise fut de rencontrer un char d’assaut auquel il manquait les chenilles.
En chemin, Pierre ressentit enfin l’effet tant attendu des comprimés antidouleurs dont il abusait, ce qui lui permettait de bouger un peu mieux. Il titubait quand même et devait fréquemment essuyer la bave sur son menton, mais suivre Laurent devenait plus facile.
Ce dernier s’arrêta non loin d’une énorme bâche étendue sur un objet cubique qui devait mesurer trois mètres de large. Pierre fixait la chose et réalisa que le vieux lui parlait. Les mots ne parvenaient cependant pas à pénétrer son conduit auditif pour y être analysés. C’était une autre séquelle de son séjour dans la prison où la folle de Cendrine avait déployé son mercure meurtrier dans le système de ventilation.
— Désolé, pouvez-vous répéter ? demanda Pierre.
Les yeux plissés par la curiosité, Laurent s’exécuta.
— J’espère que cé c’que vous cherchez.
L’aîné fit le tour de l’énorme cube pour retirer les blocs de parpaings qui tenaient les quatre coins de la bâche en place lors des grands vents. Il tira ensuite le polyéthylène pour le déposer au sol. Pierre retenait son souffle tandis qu’apparaissait devant lui l’incinérateur en briques doté d’une porte métallique. Il avait reconnu l’horrible chose entrevue sur de nombreuses photographies dans les journaux ou brièvement à la télévision.
Face à lui, se dressait le vieux four du crématorium de la famille de Cendrine, un objet vendu par Carmen après l’emprisonnement de sa belle-fille meurtrière. Il était devenu la source de multiples légendes urbaines, en particulier depuis le livre de l’Arabe. Les collectionneurs payaient cher pour de tels articles.
Les rayons du soleil, très haut dans le ciel, frappaient la nuque de Pierre avec la ferme intention de le brûler. La sueur imbibait ses vêtements quand il posa une question.
— Vous avez acheté ça où ?
Laurent retira un sachet rempli de tabac de sa poche arrière pour en engloutir une pincée dans sa bouche. Le soleil n’avait pas épargné un centimètre de sa peau visible, son teint brun tranchait avec la blancheur de son interlocuteur. De la graisse couvrait les mains du vieux qui cracha un long jet noir avant de répondre.
— Un encan des affaires d’un vieux mort d’une crise cardiaque. Ses enfants voulaient se débarrasser de son stock sans s’impliquer.
Pierre tentait de demeurer calme, malgré son excitation. Un éclair de douleur traversa sa jambe gauche, le forçant à se retenir à une carcasse de camion de Postes Canada, non loin de lui, pour éviter de tomber. Il songea à prendre d’autres comprimés, mais il connaissait le danger d’une consommation abusive. Le visage de Laurent se rembrunit pendant qu’il parlait.
— C’est quoi que vous avez ?
Pierre essuya la rivière qui lui coulait dans les yeux, le goût du liquide salé dans sa bouche ne lui plaisait pas du tout. Il osa un regard circulaire pour s’assurer de leur solitude, avant de reporter son attention sur Laurent sans répondre à sa question.
— Je peux voir l’intérieur ?
Laurent hésita, ce fut tout juste perceptible, mais il haussa finalement les épaules et s’approcha de la porte en acier couleur rouille pour l’ouvrir. Le métal grinça et Pierre avança, se plaçant derrière le vieil homme qui jetait un coup d’œil dans le four sombre. Une bonne couche de cendres en garnissait le fond. Laurent parla d’une voix déformée par l’écho.
— J’espère qu’vous payez cash, j’fais pas confiance aux banques.
— Bien certain, répondit Pierre avec intérêt.
Il connaissait bien ce genre de bonhomme, insistant sur des transactions en argent liquide, à la fois pour éviter de déclarer ses revenus au gouvernement et aussi par crainte d’un système qui ne favorisait que l’enrichissement des institutions financières. Cette préférence pour les billets donna une idée à Pierre, qui ne put dissimuler son sourire. La tête dans l’incinérateur, le vieil homme s’exprima.
— D’après moi, cé les restes des morts du salon funéraire.
Pierre récupéra l’arme cachée dans son dos pour la pointer vers Laurent, qui reniflait, se raclait la gorge et cracha une mixture de tabac et de mucus à ses pieds. Avant que le vieux puisse esquisser le moindre mouvement, Pierre lui tira dans l’épaule. La déflagration résonna tel un grondement de tonnerre. Laurent fut poussé vers la monstruosité devant lui. Il se retourna avec un visage défiguré par la surprise et la douleur. Il trouva toutefois la force de crier.
— Quessé tu fais tabarnak ? !
Pierre avait attendu ce moment si longtemps ! En fait, depuis son départ de l’hôpital, et il agissait dans un état second, presque en extase. À cause de cet

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