Demain, vite...
302 pages
Français

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Description

Charly, au bout du rouleau, passe par accident pour un héros. Mais le destin s'acharne inexorablement, et sa désastreuse situation le rattrape. Qui n'a jamais senti par moments les rênes de sa vie lui échapper ? Qui n'a jamais souhaité revenir en arrière afin de remodeler la réalité à son avantage ? Le temps passe et s'écoule, parfois d'une douceur sédative, parfois avec une cruauté aux lignes tortueuses ; mais la résignation doit-elle pour autant l'emporter ? Doit-on accepter cette fatalité, être simple spectateur devant le film de sa vie ? On enquête ici sur sa propre vie, sur ses rêves oubliés. On y parle de science-fiction, du rapport au temps, mais pas seulement : car pour Charles Rosen, la rédemption n'est peut-être pas loin, là, juste là, au bout du chemin sinueux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342159950
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Demain, vite...
Alexandre Morgan
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Demain, vite...
 
Prologue
Vendredi 22 mai 2043 19 h 23
— Je n’ai pas à m’excuser. C’est comme ça, c’est tout. Je l’ai compris il y a peu.
— C’est un peu léger, professeur McKinley…
Un silence épais emplit l’espace, d’une densité étouffante. Dehors, l’université de Genève, aux portes de l’été, respire une autre réalité, indifférente à tout cela. La bonne humeur aérienne des étudiants a envahi les pelouses du campus. À l’inverse, dans la pièce aux boiseries séculaires, l’intensité du moment est palpable. Le professeur McKinley se saisit du verre d’eau qu’on a bien voulu lui servir.
— Mais pourquoi ? Pourquoi diable avez-vous fait ça ? questionne Daniel Stilberg, un de ses collaborateurs, qui ressemble plus à cet instant à un juge de cour martiale.
La question a fait éclater une bulle d’indignation. Ils lui font face. Elle les regarde un à un, le doyen et cinq des plus éminentes têtes grises du département de Physique appliquée, nullement impressionnée mais juste curieuse de les voir se questionner, elle les regarde comme si elle les voyait pour la première fois, comme un scientifique face à une découverte majeure ; puis elle soupire en secouant la tête :
— Pour me comprendre, il faut le comprendre, lui.
— Eh bien, nous sommes tout ouïe !
C’est le professeur émérite Wilbert. Toujours sûr de lui. Elle n’aime pas le pH acide de son ton.
— Nous disposons encore de cent vingt-sept minutes standard, égrène-t-elle avec espièglerie en regardant sa vieille montre Décathlon, une antiquité.
— Comment ça ? éructent à l’unisson les membres du Grand Jury improvisé.
— Les distorsions rétrogrades. Elles créent une légère fluctuation, l’équivalent des frottements de l’air lors de la chute d’un corps dans l’atmosphère.
Elle ne peut pas s’empêcher de faire la leçon. De la fenêtre entrouverte, un petit courant d’air malicieux vient jouer avec une de ses mèches de cheveux qu’elle vient promptement replacer derrière son oreille.
— Le voyage programmé, continue-t-elle, devrait mettre environ deux heures trente pour être effectif.
— Vous plaisantez ? tonne le doyen Roberts.
— En ai-je l’air ?
— Et après ?
Elle hausse les sourcils, mutine.
— Alors pressez-vous, bon sang ! Pressez-vous ! ordonne maladroitement Virginia Salabrie, visiblement moins à l’aise ici que sur sa théorie des cordes chérie.
— Il était à la fois pathétique et génial, dit simplement le professeur McKinley. Mais qui pourrait se vanter de connaître véritablement quelqu’un ? Pas moi, ça c’est certain.
— Nous ne sommes pas sûrs de comprendre.
— Charly avait coutume de dire que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, que c’est un grand lac.
— Un lac ? demande Salabrie. Un lac. Quelles idioties nous racont…
— Parlez-vous de celui d’Annecy, le lieu de la singularité ? la coupe le doyen Roberts.
— Ne soyez pas mystérieuse, voulez-vous…
John Paul vient de prendre la parole pour la première fois. Il parle peu, mais quand il parle, tout le monde l’écoute. Elle a travaillé avec lui de nombreuses années. C’est quelqu’un de bien, de droit. Elle ressent soudain une bouffée d’empathie pour eux tous, eux qui tentent de comprendre. Comment leur reprocher ?
— Mystérieuse, je ne cherche pas à l’être, John, reprend-elle calmement face à la fébrilité de son auditoire. Comprenez-moi bien : je n’ai pas toujours apprécié Charles Rosen, mais j’ai fini par le cerner. Bizarrement, les « mémoires » qu’il a rédigées m’y ont beaucoup aidée : saisir sa façon de voir les choses, c’est là un de mes plus grands succès, le plus noble à mon sens, le seul digne d’intérêt.
— Mais qu’avez-vous fait Professeur ? Pourquoi ?
Roberts s’agace, mais comme un grand-père s’agacerait de voir sa petite fille faire une nouvelle fois la même bêtise. Sa voix a gagné en rondeur, on sent qu’il a dépassé un seuil mais elle devine que l’acceptation est encore loin.
— Vous rendez-vous compte des conséquences ?
Elle le détaille à nouveau, prend son temps pour peser chaque mot. Le droit de comprendre, ils ont mérité ça au moins. Alors elle prend une bouffée de courage en constatant qu’à l’extérieur, la vie déroule son tapis de normalité apaisante, et reprend.
— Plus que personne, chers collègues, chers amis. Plus que personne ! Mais je l’aime, et j’aime ce qu’il a voulu faire. J’aime sa vision de l’avenir et ce qu’il en a fait. J’aime son courage.
— Voulez-vous nous faire croire que ce que vous avez fait se résume à un acte d’amour ?
— Tous les actes dignes de ce nom en sont un, soyez-en sûrs !
Première ligne
Là où on va, il n’y a pas besoin de routes.
Ronald Reagan, discours de 1986.
1. Charly
Mardi 13 octobre 2015
07 h 12
Il y a comme une petite musique dans l’air humide. L’orage gronde encore au loin comme un souvenir enroué, de l’autre côté du lac, par-delà les forêts. La lumière sur Annecy, tendre et veloutée, accompagne la fraîcheur d’octobre et carillonne sur la beauté du petit matin. C’est jaune bleuté, avec une pointe de magenta.
 
Charly regarde les nuages fins à l’horizon. Le soleil essaie de percer, de se faire une place dans le monde. Il va réussir, c’est certain. Ses rayons lèchent les voies de l’autoroute, déjà balayées de voitures, flèches argentées dégainées de l’amont.
La clarté a quelque chose de spécial à cette heure-ci. Charly observe les subtiles longueurs d’onde du spectre, il essaie de comprendre. Pourtant, rien n’y fait. Depuis quelque temps, il ne comprend plus grand-chose, Charly.
Ses doigts grattent le métal froid. Il sent les anfractuosités de la rambarde du pont sur lequel il est mollement accoudé, dominant l’A41. Dans son dos, un véhicule double sa vieille Peugeot mal garée sur le bout de trottoir. Il n’entend pas le klaxon. Il est déjà loin, l’heure n’est plus aux questions.
Il passe une jambe par-dessus le garde-fou et il se met assis, les pieds dans le vide. En dessous, les insectes mécaniques roulant à vive allure jouent avec l’effet Doppler comme un virtuose le ferait avec son instrument préféré. Mais ce concert n’est pas pour lui.
À un moment, il a espéré voir sa vie défiler. En super-8, avec les petites bandes noires sur les côtés. Un condensé de quelques bons moments tout au moins. Même une bande-annonce mensongère lui aurait suffi. Mais non, rien.
 
Regardez-le, Charly. Il ferme les yeux et inspire. Mais oui… c’est mieux ainsi.
2. Un repas en famille
Lundi 12 octobre 2015
20 h 25
Il était une fois Charly.
Ses pieds connaissent parfaitement la chanson, la mécanique est fluide, le chemin à emprunter cartographié par son inconscient depuis bien longtemps.
La boîte à lettres, déjà. Charly l’explore sans y prêter d’attention particulière : une carte postale de sa belle-famille, Brest et ses environs. Un petit colis Passion Déco pour sa femme, un nouveau tract biblique annonçant l’apocalypse ou une connerie du genre. Une lettre en recommandé de chez Dacti Confort également. Elle pique sa curiosité, il n’attend rien de particulier venant de son lieu de travail… Il hausse les épaules, glisse le tout sous son bras, et laisse une bourrasque l’emporter, le guider vers les lumières de la maison. Il frissonne et se calfeutre dans sa routine.
Le soir est pratiquement tombé sur la rue paisible mais le tonnerre qui gronde annonce une nuit agitée. Charly jette machinalement un coup d’œil alentour, sans rien chercher de spécial. Juste comme ça, pour s’assurer du calme, comme un commandant de navire depuis trop longtemps en poste sur son bâtiment. Cette sécurité confortable, il l’aime plus que tout. La prise de risque, ça n’est pas son truc, à Charly. Depuis toujours. Il s’est construit comme ça, brique de tranquillité sur brique de tranquillité. Mais là, le dossier LumiTex pèse sur son moral. Sale affaire. Troisième semaine consécutive à en cauchemarder. Beaucoup de pressions. Physiquement, il est bien au 14 rue des deux pins, mais sa tête est restée au boulot. Comme souvent.
La petite allée. Gobbolino vient pour une caresse en passant. Un petit coup dans le postérieur, hop ! Satané chat. La pelouse qui ne s’est jamais vraiment remise d’un été trop sec. La petite planche de bois de la barrière qu’il doit réparer depuis combien… Un an ?
Il la pousse par réflexe, pour enfoncer un petit peu le clou qui s’empressera de ressortir demain. Encore.
Toc-toc. Toujours deux fois. Il entre. Pose ses clés. Retire ses mocassins fatigués. Le répondeur. Trois messages. Bip. Une publicité. Bip. Un message de Mme Lahore.
— Bonjour M. Rosen. Il faut impérativement que vous veniez rechercher un jeu de clés pour vider les derniers cartons sans quoi les visites ne pourr…
Bip. Une craie qui raye un tableau noir : la voix de l’agent immobilier l’horripile ; pourtant, Maïwenn dit qu’elle a l’air bien. Il passe au message suivant.
— Bonsoir Rosen. Laura à l’appel, la secrétaire de M. Vignancour. Vous avez dû recevoir le courrier. Passez dès demain matin à mon bureau pour que l’on prenne les dispositions nécessaires. Bonne soirée.
Le ton est neutre mais l’évocation de Lionel Vignancour, son patron, lui fait froncer les sourcils. Charly déglutit et raccroche, exténué. Il verra ça plus tard.
Son regard morose tombe sans le vouloir sur le type dans le grand miroir vertical de l’entrée. L’homme barbu mais soigné, petites lunettes rondes, cheveux grisonnants et clairsemés, pantalon en velours côtelé, veste défraîchie de prof de fac. C’est lui. Charly Rosen, quaran

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