Il pleut
150 pages
Français

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Il pleut , livre ebook

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Description

Aurore et sa petite famille ont une vie des plus banale. Mais des phénomènes inexpliqués vont embarquer cette jeune mère entre folie et paranormal. L'équilibre familial va exploser et la santé mentale d'Aurore va imploser.
Ce roman fantastique nous entraine entre psychiatrie et monde parallèle, vertiges et espoirs, là où certaines choses, même bienveillantes, ne devraient pas être découvertes...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414336555
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sylvaine Brachet Il pleut
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À ma famille, ou plutôt mes familles…
À mes Amours, soleils de ma vie, qui chassent les nuages en un éclat de rire.
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I
1 « Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille ; il pleut, il fait beau, c’est la fête à l’escargot ». En l’occurrence, les escargots que je suis en train de préparer ne sont pas à la fête. J’adore cuisiner ; je suis une amoureuse des odeurs d’oignons frits, des fumets odorants, des casseroles qui crachent des vapeurs colorées et des tintements des cuillères en bois contre l’inox. C’est une vraie symphonie. Je m’affaire derrière la table qui me sert de pupitre. Le téléphone sonne : c’est juste ma mère qui me rappelle de passer chez elle lui porter le journal d’hier (elle fait des mots croisés à une vitesse folle ; elle est toujours en manque comme une droguée. Les journaux ne sont que des amuse-bouches pour elle !). Bientôt midi ; Mathieu va rentrer avec les enfants ; ils étaient à leurs activités sportives encore ce matin avant un week-end familial, sous les nuages gris et peut-être même la pluie. Le froid en ce mois de janvier est particulièrement humide ; nous sommes heureux d’avoir une cheminée qui diffuse une douce odeur de bois à travers la maison tout en la chauffant agréablement. Ambre, une superbe setter
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irlandaise, me suit comme mon ombre toute la journée, surtout lorsque je cuisine. Son regard de pauvre malheureuse en mal de petites douceurs alimentaires me fait chavirer et je lui donne une gâterie. Sa bouchée terminée, elle se met à courir jusqu’à la porte d’entrée, laissant présager l’arrivée imminente de Colline, Jonathan et leur père. Tout mon petit monde est maintenant installé à table dans la cuisine. Colline est assise à côté de son papa chéri, tandis que Jonathan et moi-même leur faisons face. Les discussions vont bon train pour organiser notre week-end. Cet après-midi, nous irons acheter un cadeau d’anniversaire, une paire de rollers pour Colline, qui souhaite se lancer dans cette activité sportive ; l’entrée au CM2 en septembre dernier a produit chez elle un effet désinhibiteur, tout d’abord par le fait qu’elle est une des plus grandes de l’école, mais aussi parce qu’elle a rencontré de nouvelles copines très – trop – délurées pour leur âge. L’adolescence pointe le bout de son nez et à certains moments Mathieu et moi commençons à l’observer comme une étrangère. Jonathan, avec son caractère zen et « coulant », est d’accord pour ce projet de sortie ; du moment qu’il est avec sa sœur, tout va bien. À l’école, Colline le protège énormément ; il est au CP, elle au CM2. À la fin du repas, Mathieu ricane de me voir rincer la vaisselle avant de l’entreposer dans le lave-vaisselle ; je comprends que mon obsession de la propreté peut amener à la moquerie parfois. Mais avant de me vexer, je l’envoie s’occuper des enfants. La cuisine remise en ordre, je passe devant Mathieu et les petits ; ils jouent tous trois au salon à « La Bonne Paie ». Je monte à l’étage ; il fait si sombre dans la salle de bain que je dois allumer la lumière pour pouvoir
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mettre en route une machine à laver. J’éteins le luminaire pour regarder le ciel par la fenêtre côté sud ; c’est de là que vient toujours la pluie. Je pense que la sortie de cet après-midi sera vraiment de courte durée et que les parapluies seront indispensables. L’hiver est déjà bien installé, humide et maussade. Je ferme à moitié les volets des trois chambres de l’étage en prévision de la pluie ; j’ai nettoyé les vitres il y a quelques jours à peine et je dois être comme beaucoup de personnes : il suffit que je fasse les carreaux pour qu’il pleuve dans les jours qui suivent. Je me dis qu’en fait le mauvais temps est sûrement dû aux milliers d’obsessionnels du ménage comme moi et qu’il suffirait de nous interdire de laver les vitres pour avoir un été qui dure huit mois. Toujours dans mes absurdes pensées, je repasse devant la salle de bain, et me rends compte que la lumière est allumée. Peut-être un des enfants remonté un instant est-il passé par là ? J’éteins et redescends au rez-de-chaussée. Cette maison, nous l’avons faite construire lorsque j’étais enceinte de Colline. Sa construction s’est achevée peu après l’accouchement. À cette époque, mon père était toujours vivant. Il a énormément travaillé dans cette maison : Mathieu et lui y venaient tous les week-ends et même parfois les soirs de semaine après le boulot pour avancer dans les travaux. Ce sont eux qui ont fait toutes les peintures, les carrelages, posé la cuisine, la cheminée, préparé le jardin. Bref, il y a beaucoup d’eux dans ce lieu et c’est pour cela que je n’ai pas envie d’en partir. Mon père est mort brutalement la veille de la naissance de Colline. Ce fut un véritable choc. Mathieu m’a souvent proposé de déménager pour une maison plus grande où il pourrait réserver un espace pour son cabinet de kiné, et surtout où j’aurais pu peut-être faire mon deuil plus sereinement. Ce
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projet m’a plu du fait que lui et moi aurions été plus souvent ensemble (entre deux rendez-vous par exemple), mais chaque fois que j’entre dans ma cuisine ou que je déambule de pièce en pièce, je revois mon père en train de peindre un mur, ou bien je le réentends titiller Mathieu sur sa méticulosité à découper le carrelage. Et je n’arrive pas à m’en passer ; je n’arrive pas à me résoudre à partir. Ces lieux sont trop chargés de souvenirs heureux. En ce début d’après-midi, tout le monde est enfin paré pour affronter le mauvais temps. Ambre depuis la baie vitrée du salon nous regarde nous installer dans la voiture, triste de ne pas pouvoir attendre dehors l’arrivée de la pluie. Elle aime tellement l’eau ! Je m’installe derrière le volant – Mathieu n’est pas un fan de la conduite. A l’étage, la lumière de la salle de bain est à nouveau allumée. Je me retourne et d’une voix agacée demande aux enfants de ne pas oublier cette satanée lumière. – « Ça fait déjà deux fois que je l’éteins pour vous ! – Mais maman, réplique Colline, je te jure que c’est pas moi ! – Moi non plus Maman ! » coupe Jonathan. – « Laisse tomber, Aurore », me dit Mathieu d’un air las. Il sort du break et part éteindre la salle de bain.
La balade aura duré plus longtemps que prévu. Après l’achat de rollers pour notre demoiselle, nous avons eu le temps de déguster une bonne crêpe chaude, dégoulinante de chocolat. À l’intérieur de la voiture, lorsque nous empruntons l’allée de la maison, les enfants se chamaillent pour choisir le DVD que nous regarderons ce soir tous ensemble. Le samedi soir est réservé au visionnage d’un film en famille ; et malgré les disputes hebdomadaires, c’est un
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moment très agréable que de se lover les uns contre les autres dans notre grand canapé. Les cris à l’arrière s’arrêtent d’un coup lorsque nous arrivons devant la maison : toutes les lumières sont allumées. – « Ils font des essais, EDF, aujourd’hui ? demande Mathieu avec un air surpris. – J’en sais rien… On n’a pas reçu de courrier dans ce sens en tout cas… – Maman, pourquoi toutes les lumières sont allumées ? demande Jonathan d’une voix peu rassurée. – On ne sait pas… » rétorque Mathieu décontenancé. Tout le monde descend de la voiture. Mathieu ouvre la porte d’entrée ; Ambre nous saute dessus en jappant de joie. – « C’est toi qui t’amuses avec l’électricité, Ambre ? » demande Mathieu pour détendre l’atmosphère. Les lumières éteintes ne se rallument plus. On va pouvoir préparer le repas du soir. Au menu, un bon gratin de chou-fleur recouvert de sauce béchamel. « À TABLE ! » Ma voix traverse toute la maison. Jonathan se bouche le nez en entrant dans la cuisine : « Beurk Maman, ça pue le chou-fleur ! » Mathieu fronce les sourcils et Jonathan retire les doigts de son nez. Colline est toute excitée à l’idée de bientôt enfiler ses rollers neufs et scintillants de strass ; elle n’a même pas intégré ce qu’il y a dans son assiette. Toutes ses pensées sont tournées vers son anniversaire. Elle a prévu d’inviter quelques copines à la maison pour une soirée pyjama. Je ne savais pas que ça existait encore ! Nous nous préparons au pire : gloussements nocturnes, chansons de jeunes filles en fleur en boucle et éventuelles disputes entre meilleures amies. Le bonheur.
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2 Dimanche… Que c’est bon d’effleurer l’idée d’hiberner juste quelques heures… La douce chaleur de la couette, les bruits étouffés et peu nombreux qui proviennent de l’extérieur… La sensation que mes jambes sont là en bas à des kilomètres… Dehors, le vent froid agite les arbres. Je ne travaille plus ; je suis une « mère au foyer » comme on dit, bien que je sois plus à l’extérieur que quelconque travailleur, entre les accompagnements aux clubs de rugby pour Jonathan, de danse pour Colline, les courses, les visites à ma mère, les rendez-vous médicaux, etc. Mais ces dimanches matins où le réveil ne vrombit pas sont une bénédiction. – « Mamannn ! crie Jonathan. – Oui ? – J’ai faim !!! – … J’arrive. » Il fait beau aujourd’hui. Les enfants sont dans le jardin pendant que Mathieu et moi profitons de ce petit moment de tranquillité pour nous enlacer. Il m’embrasse ; ses mains caressent mes cuisses. Son souffle est chaud et rassurant. Notre rencontre remonte maintenant à plusieurs années ; c’était en formation de kiné. Il présidait le bureau des élèves et ses yeux bleus m’ont hypnotisée. – « Pars vite avant que je ne te saute dessus ! me dit-il tout en me serrant plus fort. – Que je parte où ? Chez mon amant ? – Très drôle Madame Dumatre. » Je réussis à me dégager de lui et monte dans notre chambre finir de me préparer. Ma penderie murale est dense vu le nombre de vêtements que j’ai pu accumuler tout au long des années. Je m’apprête à sortir un jean d’un cintre quand
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