Journal d'une métamorphe , livre ebook

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Camille est une fille exceptionnelle. La nature, joueuse, l'a affublée d'un handicap inhabituel : c'est une métamorphe. Au moindre contact physique, elle se transforme en la personne touchée. Impossible à contrôler, ces métamorphoses ne peuvent être admises dans notre société moderne où le fantastique n'a sa place qu'à la télévision. De péripéties en rebondissements, Camille cherche à construire sa vie. Alors que son originalité génétique l'isole du monde, son destin la conduit à faire des rencontres encore plus étonnantes. L'auteur conduit délicatement le lecteur dans la découverte de personnages et de situations aussi originales que fantastiques. S'attachant aux sentiments et aux émotions de l'héroïne, il offre une critique des valeurs de notre société moderne à travers ce récit improbable que l'on rêverait possible, parfois. Étrangement proche du traitement réservé, dans notre société, à ceux qui sont différents, l'auteur semble raconter une histoire qui pourrait être vécue par bien des personnes.

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Publié par

Date de parution

16 novembre 2016

Nombre de lectures

1

EAN13

9782342057904

Langue

Français

Journal d'une métamorphe
Itaï Zaoui
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Journal d'une métamorphe
 
 
 
« Les héros sont ceux qui magnifient une vie qu’ils ne peuvent plus supporter. »
De Jean Giraudoux Extrait de Pour Lucrèce
 
Mon premier souvenir
« La liberté d’être commence lorsque l’obligation de ressembler est abolie. »
Emmanuel Gomez
Voilà six ans que Dominique est décédé et ce n’est qu’aujourd’hui que je me décide à écrire ce journal auquel il tenait tant.
Ce n’est pas facile de m’y mettre, et pour tout dire, je ne sais pas par où débuter. Alors, sans aucune originalité et sans surprise, je me suis décidée à commencer par le début : ma naissance.
C’est en 1987 que ma mère donna naissance à son premier enfant : moi. Après moins de cinq heures de persévérance, je naquis sous les traits d’une superbe fille que mes parents nommèrent Camille.
Si je me réfère à ce que mes parents m’ont raconté, c’est au moment où le Docteur Richard m’a attrapé pour m’examiner que mes ennuis se sont amorcés. Je n’avais pas encore deux minutes de vie.
Contrairement à la sage-femme et à ma mère, le médecin constata que je n’étais pas une fille, mais un garçon ! Pour le prouver, il n’eut qu’à exhiber mon sexe à la vue de tous et la démonstration n’appela aucune contestation.
Après cinq minutes de rouspétances, de railleries et de reproches envers son personnel, il me repassa à la sage-femme afin de prendre congé. C’est à ce moment-là que je perdis mon statut d’enfant pour commencer à devenir un sujet de recherche.
Sous les yeux ahuris de tous, je venais de me transformer de nouveau, mais en une fille, cette fois-ci !
Inutile d’être devin, intuitif ou psychologue pour imaginer autant, la stupeur, le trouble ou la tempête que cet exceptionnel événement a pu provoquer dans l’esprit de chaque personne présente.
Je n’avais que quelques minutes de vie que déjà, je bousculais toutes les idées reçues sur le possible, l’impossible, la génétique et les notions de vraisemblance qui occupaient trop souvent les certitudes des « sachants », j’ai nommé les médecins.
Ce qui en découla, n’était guère plus que la suite logique des choses. En l’espace de quelques heures, j’allais concentrer l’attention de l’ensemble des scientifiques du monde médical pour être rebaptisée. On ne m’appelait plus Camille, mais « la métamorphe ».
Mes parents sont des gens simples. Avant notre « déménagement », mon père occupait un poste d’agent d’entretien dans un foyer pour travailleurs handicapés. Il s’y sentait bien malgré une ambiance perpétuellement tendue dans une équipe de jeunes professionnels inexpérimentés. Il disait souvent qu’il ne faudrait pas grand-chose pour faire de cet endroit un havre de paix ou les résidents pourraient s’épanouir loin des intérêts individuels de ceux qui ont la responsabilité les accompagner. Pour autant, mon père n’aurait changé sa place avec personne d’autre. Lui, il s’y épanouissait aisément, loin de tous ces conflits puérils.
Ma mère était programmatrice informatique. Elle passait le plus clair de son temps devant un écran d’ordinateur géant à lire des codes, à changer des données, à chercher les origines de bugs ou à écrire des programmes pour une entreprise quelconque dont le nom n’a jamais eu aucun intérêt pour moi. Elle travaillait dans une société qui n’avait aucun égard pour ses salariés. Tout changeait sans cesse. Tenez, par exemple : après avoir passé toute une série de contrôles de sécurité, chaque matin, elle arrivait dans un grand bureau où était rassemblée une vingtaine d’autres collègues. Son espace personnel de travail se cantonnait au dossier de son siège et au demi-mètre carré de surface d’un bureau comportant trois tiroirs et une étagère. Presque tous les matins, elle devait changer de place dans la même pièce. Presque chaque mois, elle devait changer de pièces au sein du même étage. Presque tous les semestres, elle devait changer d’étage dans le même immeuble, et malgré cela, elle ne s’est jamais habituée à mes métamorphoses !
A contrario , cela a amusé mon père durant… jusqu’à aujourd’hui, où il lui arrive encore de jouer avec !
Mais… Non ! Ce n’est pas comme cela que l’on écrit un journal. Il faut que j’énonce les événements chronologiquement. Je raconterai cela plus tard.
Jusqu’à mes six ans, toutes les anecdotes que je pourrais raconter seront le fruit de ce que l’on m’aura rapporté. Mon vrai premier souvenir, clair et précis, date de ma sixième année. Avant cet instant, je n’ai que des bribes de moment en tête dont je ne suis pas vraiment sûre du bien-fondé.
J’ai bien des réminiscences fugaces qui ne riment probablement pas toutes à quelque chose. Ou peut-être que si ? Seulement… ce n’est pas net ! En fait, il m’arrive de croire que je me souviens, mais je doute qu’il s’agisse bien de ma mémoire. Par exemple : il m’arrive de croire me remémorer, toute petite, au moment du bain… Je me revois, la tête penchée, me demandant ce que c’est, ce « truc » qui pend entre mes jambes. M’oui ! Voilà, peut-être, un vrai souvenir qui m’appartient. Cela reste du domaine du vraisemblable étant donné que mon père n’a jamais rechigné à me donner le bain. Évidemment, vous l’aurez compris. Si mon père s’occupait de me laver, son contact me transformait inévitablement en garçon. Mais, bon ! Je ne suis pas totalement convaincue… car si les souvenirs de ce genre sont aussi possibles que plausibles, je sais aussi qu’ils m’ont été de nombreuses fois racontés par mes parents comme anecdotes afin de m’enseigner qui j’étais. De plus, ce ne sont pas des souvenirs clairs et marquants. J’ai trop souvent été fille ou garçon durant les premières années de ma vie pour que cela ne m’impressionne au point de m’en laisser un vrai premier souvenir. Lorsqu’on est habituée à changer de sexe depuis toujours, il n’y a rien d’extraordinaire à cela. Ce qui peut être extraordinaire, c’est que cela ne soit pas le lot de tous, mais ça, lorsqu’on a trois, quatre ou cinq ans, on n’en sait rien. Cela ne peut donc pas constituer un support de souvenir exceptionnel.
Mon vrai premier souvenir, celui qui a déclenché la série de tous les autres que je peux me remémorer maintenant, s’est déroulé à l’orée de mes six ans.
La scène est la suivante. Je me trouve dans le potager familial à côté de ma mère affairée au jardinage. Il fait beau, chaud et le village où nous demeurons est calme et paisible en ce mois de juillet 1993. Pour l’occasion ma mère m’a vêtue d’une belle robe blanche avec des fleurs bleues, vertes et roses et d’un chapeau de soleil assorti. J’ai une petite paire de gants de jardin aux mains sur le dessus desquels est brodé un personnage de bande dessinée que j’affectionne particulièrement. Entre nous deux, les rôles sont bien établis. Elle coupe et arrache des mauvaises herbes, tandis que je ramasse les déchets pour les jeter dans la brouette. Mon père, à l’autre bout du jardin, exécute des travaux de force, puisqu’il abat les vieux thuyas qui bordent la mitoyenneté avec l’un de nos voisins. Nous écoutons s’alterner les bruits de la tronçonneuse avec ceux de la chute des branches. De temps à autre, nous l’entendons pester, râler puis se satisfaire du résultat.
Ma mère sourit discrètement en l’écoutant et parfois, elle lève les yeux comme pour vérifier que tout se passe correctement, autant de mon côté que de celui de mon père.
Lorsque notre brouette et pleine, mon père attentif, arrête son bûcheronnage pour venir la vider dans la remorque rehaussée en vue de l’amener, plus tard, à la déchetterie.
Comme tout le temps, le portail du jardin est ouvert. Je ne pense pas l’avoir jamais vu fermé celui-là, ou bien uniquement le jour du départ en vacances. À cette seule période, mon père rajoutait même des planches de bois spécialement coupées et adaptées pour augmenter l’étanchéité de sa partie basse. Comme notre maison se trouvait au bout de la rue qui se trouvait dans la continuité des rigoles spécialement aménagées pour canaliser l’eau descendant des champs cultivés sur le plateau, au-dessus du village, vers le tout-à-l’égout, il arrivait que, suite à un gros orage, le trop-plein déborde, envahissant la rue, se déversant chez nous pour inonder le garage. Ces planches étaient là pour réduire la quantité d’eau qui se répandrait, quand même. Pour pouvoir les positionner, il fallait donc que le portail soit clos. C’est donc les seuls moments où je me souviens l’avoir vu fermé.
Ce jour-là, nous jardinions paisiblement lorsqu’un cri brisa le charme de ce moment tranquille. Je n’ai pas compris tout de suite qui criait, ni pourquoi. Par contre, je me rappelle très précisément du claquement de dents qui résonna à mon oreille avant d’apercevoir la mâchoire acérée de ce chien endiablé qui venait d’essayer de me mordre au visage. Ses babines rétractées laissaient apparaître une série de crocs impressionnants, badigeonnés de salive et accrochés à des gencives rougeoyantes. C’était Nathan, le vieux chien à moitié aveugle du voisin, Monsieur Compatissier. Il était entré dans notre jardin et, au hasard de ses pérégrinations, il était arrivé à ma hauteur. N’y voyant pas plus qu’une taupe souffrant de la cataracte, il avait dû être aussi surpris que moi lorsqu’il fut à ma hauteur. Par réflexe, plus qu’autre chose, il eut une réaction de défense propre aux chiens, en cherchant à mordre. Le problème, c’est qu’il a failli me mordre réellement ! Le problème, c’est que c’était un rottweiler ! Le problème, c’est que nous avons tous eu très

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